Il était temps ...(libre)

L’émotion à été forte, plus que je ne l’avais prévu. Je ne pensais pas que se serait ce genre de château et pourtant…
Ce matin là, je me suis dépêché de me rendre devant les portes de ce fameux château. Le choc. Celui-ci fut passé assez vite, pour laisser place à ma curiosité. Elle fut récompensée ainsi que mes espérances. On est venu me chercher pour m’emmener directement vers l’administrateur de ce lieu. A ma grande surprise je me suis retrouvé devant un ancien gardien et pas le moindres, Pythagoras de la flaam, en personne, celui qui m’avait guidé dans la prison Sadismus. Il m’avait « enseigné » quelque rudiment envers les prisonniers, mon premier passage dans les sous-sols. Une expérience que je ne suis pas prêt d’oublier, et que j’essaie de parfaire.
Après quelques discutions, j’appris que le règlement n’avait pas trop changé, surtout pour les gardiens … Soupire de soulagement … Puis vint mon attribution de ma chambre. Je le quitte avec un sourire en coin, qui ne peut que lui signifier que tout va pour le mieux.

Et me voilà, depuis quelque temps maintenant dans mes « appartements », seul pour l’instant. Nous sommes que peu, mais comme « cendres et flammes »ne vient que d’ouvrir je pense revoir bientôt d’anciennes têtes, gardiens ou détenus, et des nouveaux aussi, c’est probable.

Finis le temps ou je me morfondais dans un boulot qui ne me plaisait plus vraiment. Surtout qu’en tant que tireur d’élite je n’avais pas le pouvoir que faire ce que je voulais des meurtriers. Même pas une balle dans l’épaule, dans le bras, le ventre avant de l’achever. Une petite souffrance avant de passer dans l’autre monde par mes soins. C’est devenu si ennuyeux que j’arrivais à laisser ma place à d’autres. Quelle aubaine ce château, je pouvais dire merci à mon lieutenant d’avoir pensé à moi, faut dire aussi qu’il avait mon dossier sur les yeux et un papier officiel pour l’ouverture des cendres et des flammes.

Je ne mis pas longtemps avant de faire mon changement et repartir sur de nouvelles bases. Une fois installé, je me suis promené dans cet endroit, il est parfait. Cela m’a fait penser à ces seigneurs et maitres qui avaient un droit sus toutes âmes qui vivaient sur ses terres. Des cachots ou oubliettes ou on laissait moisir des criminels, en quelque sorte, c’est un retour aux bonnes choses, une réhabilitation pour ce château.

Maintenant, je suis allongé sur mon lit douillé, mes affaires sont en place, mon sabre a mes cotés, comme toujours.je porte mon nouvel uniforme, qui me sied à merveille, la plénitude est revenue enfin. Et je repense à cette visite. Un truc m’a étonné, dans « La Question » tout était parfaitement utilisable, comme neuf. Au premier abord je pensais que c’était qu’un lieu qui avait servi il y a des siècles et que l’on avait laissé en état, comme musée. Mais pas du tout, elle est fonctionnelle, comme tout ce qui s’y trouve. Mais alors, la question est … Pourquoi « La Question » ?
Du coup mes songes m’emmènent très loin, là-bas ou j’étais et ici ou je suis dorénavant, est-ce semblable, à quelques différences près, je dirais oui. Ce n’est plus l’Allemagne mais le Luxembourg, la prison est différente d’aspect mais pour le reste, non pas vraiment. Donc c’est parfait pour moi, je souris.

Youhouuu, c'est moi ! Ba quoi, faut bien prévenir lorsque l’on entre dans une pièce. Nan, en faite, j’ai même pas pris la peine de toquer à la porte, j’suis rentré et puis voilà. Sauf que petite erreur technique, yavait quelqu’un.

J’viens donc d’arriver dans le château des Terres Brûlées. Ya pas âmes qui vivent dans c’patelin, vie sociale quand tu nous abandonnes. J’ai déjà rencontré des gens donc c’est cool. Bon, forcément, le directeur de la prison, De La Flaam et un gars qui va faire gardien comme moi, Irvin Durand. J’suis contente, ouais, il m’en faut peu. Bref, j’viens aussi de monter un paquet de marches, c’pourquoi on peut pas dire que j’suis en grande forme. Hum, faut juste me laisser le temps de reprendre mon souffle, ensuite on verra pour le reste. Petit air, viens à moi. A part ça, on peut dire que j’vais bien. J’ai encore parlé à aucun prisonnier mais j’en ai vu certains. Faudra que je pense à me procurer une liste de tous les détenus et pourquoi pas avec des photos de chacun. J’ai une bonne mémoire visuelle, autant s’en servir. Oh et pourquoi pas aussi me tenir au courant des agissements de chacun, genre lui il a violé des gamines, celui-là il a tué des gens. J’préfère être prudent, j’tiens pas à mourir dès ma première ronde, ce s’rait con, très con même. J’espère qu’avec Irvin, on aura l’occasion de se reparler parce qu’il avait l’air sympa comme gars. Et puis bon, j’espère aussi que mon colocataire le sera aussi. Je me force pour ne rien imaginer, j’voudrais pas me faire des illusions, ça peut faire mal, souvent.

Après ce petit intermède pour vous remettre à la page, j’reviens là j’m’étais arrêté il y a un paragraphe. J’viens donc de pénétrer sans gêne dans ma nouvelle piaule et de tomber sur un mec affalé sur le lit le plus proche de moi. Si j’avais été un minimum entraîné, j’aurais immédiatement sorti mon arme et l’aurait pointé sur ledit. Sauf qu’ayant un minimum de jugeote, je laisse seulement ma valise tomber lourdement sur le sol, mon regard étant essentiellement focalisé sur le sabre qui trône bien mignonnement à côté de lui. S’en suit un déglutissement à peine audible et un sourire qui se veut gentil. J’suis innocent, j’ai rien fait, j’suis gardien ! Nerveusement, je passe ma main dans mes cheveux et replace ma mèche puis pour clôturer le tout, je lance maladroitement :

« Heu… moi, c’est Shu. Enchanté… »

Sous mon bras, ya l’uniforme que j’devrais porter et dans ma main, ya toutes les clés. Autant dire que je suis dans la merde si j’les perds. Mais bon, ne nous portons pas la poisse maintenant. C’est pas l’tout mais je vais pas rester planter devant la porte, surtout qu’avec ces conneries je l’ai laissée ouverte. Donc, je la referme derrière moi, me baisse lentement pour reprendre ma valise et pose tout mon bordel sur le lit, celui qu’est pas occupé, logique. Et comme je vais pas me mettre à ranger devant lui, je m’assois sur le bord du matelas, face à lui. J’en profite même pour l’observer assez méticuleusement mais bon discrètement, j’suis pas un voyeur non plus. L’atmosphère est trop tendue à mon goût, il faut que je dise quelque chose. Dans ce genre de situations, j’ai toujours un don pour sortir un truc bien idiot, histoire de plomber encore plus l’ambiance. Le pire, c’est que je suis pratiquement persuadée que ça aura l’effet inverse, c’est-à-dire que ça détendra tout ça. Du coup, j’me jette à l’eau et sors :

« Tu dois être Thorkel… »

Je ferais mieux de me la fermer avec mes déductions à la con.

[ah désolé c'est pas terrible ... Pardon, je ferais mieux la prochaine fois^^]

Mes yeux se ferment lentement, le calme est si agréable, pour l’instant. J’en profite un peu. Si seulement cela pouvait durer encore un temps. Je suis dans une prison de haute sécurité, et comme tel, il y a d’autres gardiens que moi. La porte s’ouvre soudainement et j’entends un gaie « Youhouuuuu » m’agacer. Qu’est-ce que c’est que cette chose débile ? Qui vient perturber ma solitude du moment ?
Je sais très bien que nous serions deux dans cette chambre, mais je n’ai pas été prévenu. J’ouvre les yeux et fixe l’inopportun. Peut être devrais-je être plus amical avec un collègue, oui surement. Mais je n’aime pas que l’on soit si discourtois, même pas un coup frapper à la porte, ni même un bonjour. J’espère que se sera tout ce que j’ai à lui reprocher. Je ne tiens pas à être énervé après une journée de boulot et l’avoir sur le dos.
Je vais certainement lui donner une seconde chance, c’est ainsi. Mais pas de profit, j’ai horreur que l’on abuse de ma "gentillesse". Je pousse un soupire, oui, je le pousse du plus profond de mon être. Après tout j’aurais pu avoir à faire avec un gardien grincheux, pire des cons et des salops réunis. Je ne crois pas qu’il en fasse parti, de toute façon je le saurais bien tôt ou tard, il aura quand même affaire à moi. Comme si on avait besoin de ça après une journée avec les abominables détenus.


« Heu… moi, c’est Shu. Enchanté… »

Ah, il parle en plus, c’est beaucoup mieux que son "Youhou "… Wouais bon passe. Shu est encore avec ces affaires sous le bras. Pas très à l’aise apparemment. C’est sur que je ne lui ai pas donné matière à être différent.
Je n’ai pas bougé d’un poil, je le regarde toujours avec autant de désinvolture. Ça me fait marrer ce genre de situation, et mettre les gens à mal. C’est méchant … Oui, mais on rit aussi, parfois.
Il jette ses effets personnels sur son lit. Le plafond est le seul endroit intéressant que je vois, toutefois j’entends parfaitement. Je lui donne mon pire caractère, une sorte de petite vengeance. Mais bon pas la peine de s’éterniser à faire l’abruti de première plus longtemps.

« Tu dois être Thorkel… »

Lui a décidé de revenir à la charge, comme pour se faire pardonner ou un truc du genre. L’ambiance est froide, je ne le nie pas et nous sommes appelés à se voir assez souvent. Je crois qu’il est temps de baisser les barrières. Enfin surtout de mon coté, il n’avait pas les siennes sous la main.

-Tu as au moins un avantage sur moi, je ne savais pas que j’allais avoir un compagnon avant ta venue. Je suis bien Thorkel. J’espère que tu te plairas ici. Ce n’est pas le boulot qui manque.

Je me redresse sur un coude, je l’examine de plus près. Ma fois, pas mal, jeune, encore un avec des piercings, ce n’est pas vraiment des lèvres qui appellent le baiser, quoique je n’en ai pas envi non plus. Cependant je trouve que le rose lui va à merveille, ce n’est tellement une couleur de mon gout mais sur lui … Bon je ne vais pas m’arrêter là. Grand, mince, très mince devrais-je dire.
Cette fois je me mets debout, ma carrure prends de la place dans cette chambre. C’est une des raisons pour laquelle j’ai toujours voulu être seul, mais sans succès. Bien que la chambre soit acceptable pour deux, j’ai toujours l’impression de manquer d’espace.
Je m’approche de lui, baisse la tête dans sa direction, sans faire le moindre geste. Encore plus proche, même malgré sa grandeur, il me parait petit. N’y voyez aucune d’insulte là-dedans, mais quand on mesure 1M98 et une carrure assez large, il ne peut en être autrement.
Ma main se tend vers lui …

-Soit le bienvenue parmi nous Shu … Heu Shu quelque chose ?

-Soit le bienvenue parmi nous Shu … Heu Shu quelque chose ?

Et là, c’le drame. Un géant de deux mètres s’approche de moi. Je fais vraiment pas le poids avec mon mètre quatre-vingt et mes soixante-cinq kilos. Ouais, c’est seulement maintenant que j’m’en rends compte. De toute façon, il fallait bien que je réalise que je n’étais pas apte pour ce job mais qu’importe, je l’ai voulu, je l’ai. Bref, le dénommé Thorkel s’avance vers moi et me tend la main. En fait, j’ai même pas eu le temps de déglutir fébrilement qu’il est déjà sur moi. Bref, je vais pas faire mon associable et je tends à ma tour ma main pour la lui serrer. Un sourire maladroit au coin des lèvres, je m’empresse de répondre :

« Ha, merci ! Nop, Shu tout court, enfin Toucourt, c’est pas mon nom de famille, hein ! J’ai juste pas de nom de famille… »

Ca y est, je la sens venir la question du genre : « Ba pourquoi t’as pas de nom de famille ? » Et puis, j’ai vraiment pas envie d’en parler maintenant alors, c’était vraiment pas le bon moyen pour éviter cette question. Bravo l’ami, j’te félicite pas. Petit raclement de gorge discret et j’enchaîne sur une question anodine :

« Hum, et toi c’est quoi ton nom de famille ? J’ai mémorisé que ton prénom. »

Ha ha, vive le mensonge. Je sais parfaitement que son nom de famille, c’est Daarkenwald mais là, il devenait pressant que je change de sujet. Il m’est encore inconnu alors l’idée de lui déballer ma vie dès notre première rencontre me plait pas tellement, bizarrement. Histoire de bien enterrer le tout, il me vient à l’esprit quelques questions à lui poser. Sur ce coup-là, je me félicite. Bref, je regarde sur le lit pour vérifier que les clés sont toujours bien à leur place sur mon uniforme plié à côté de ma valise. C’est le cas, s’en suit un soupir de soulagement. Je sens déjà venir la montée d’angoisse si je paume ce putain de trousseau de clés. Très sérieusement, je vais arrêter d’y penser sinon c’est ce qui va vraiment arriver. Le directeur est peut-être sympa mais pas jusqu’à accepter que je perde les clés dans un couloir de la prison. J’imagine bien un prisonnier avec : le drame. Un gardien tué par son directeur pour cause de maladresse. Gloups. Alors j’enchaîne :

« Ca fait longtemps que t’exerces c’métier ? »

Si j’lui pose la question, c’est pour qu’il me donne des conseils, savoir ce qu’il faut faire et pas faire. Etre informé des bourdes du métier. En gros, j’aimerais être briefé avant de faire mon tour de garde et rencontrer des détenus. Les détenus, c’est le maaal. Hum. Non, en fait, j’ai assez hâte de voir de plus près les prisonniers d’ici, pour me faire une idée de qui peuple la plus grande prison du monde ! Là, je m’emballe. Peut-être même qu’il y a des gens sympas dans les cellules qui sait. Tout le monde les juge avec méchanceté mais, si ça s’trouve, ya même des innocents dans les rangs. Horreur et damnation ! J’aurais vraiment pas aimé être incarcéré ici. Je préfère encore être dans un p’tit camp de détenus sans importance plutôt que d’avoir à subir les mornes plaines des Terres Brûlées. Tu regardes le paysage, t’as étrangement envie de te suicider. Tout d’un coup, il me vient à l’esprit que cette prison succède à celle de Sadismus en Allemagne. Je demande alors, curieux :

« Dis, t’étais dans l’ancienne prison… tu sais, celle en Allemagne, Sadismus ? Simple curiosité. »

Parce que si c’est l’cas, t’as de l’expérience. Et par conséquent, c’est une très bonne chose d’être dans la même chambre que toi. Calcul d’intérêt me direz-vous ? Et bien, vous n’avez pas complètement tort. Cependant, j’tiens à préciser que je cherche aussi et avant tout à me faire des amis. Des amis et des connaissances pour pas rester tout seul comme un con tout le temps. Surtout que me cailler dans les couloirs, j’pérfère le faire à plusieurs, c’mieux. Et puis, si on s’fait attaquer, c’est aussi bien si t’es plus d’un. D’ailleurs, je m’enquiers :

« Et les détenus, ils sont comment ? Enfin, j’veux dire, ils sont pas trop agressifs ? »

[un peu court, oups, T_T mais bon ... Dsl encore une fois ]

La première question que je me pose en le regardant c’est :

*Qu’est-ce qu’il fout là ?*

Pas parce qu’il n’est pas capable, il a été embauché après tout. Non, il est devant moi, ne sachant vraiment quoi faire, ni dire. Alors il est bien normal que je me pose ce genre de question. D’ailleurs, il m’en formule beaucoup, ce qui prouve que Messieur est un novice en la matière.
Néanmoins, le doute est permis. Je fronce les sourcils, en repensant à une de ces questions. Oui, j’ai vécu à Sadismus, oui je suis capable d’évoluer dans ce milieu sans problème. Mais que dire de lui. Même s’il est de bonne grandeur, pour le reste l’évolution n’a pas fait son œuvre.

-Mon nom est Daarkenwald ; et j’exerce depuis un bon moment.

Son comportement est des plus bizarres. Je ne sais pas pourquoi, il ne me semble pas très à l’aise. Aurait-il oublié quelque chose ? Tête en l’air ? Si c’est le cas, je me demande s’il fera pareil avec les détenus. Je n’ose imaginer. " L’ai-je bien mis dans sa cellule, ou est-ce le bon dans la bonne cellule ? "
Heu là … Je ne veux certainement pas penser à ça. Surtout aux conséquences désastreuses qui en découleraient. La seule pensée qui me soulage, est que ce château des Terres Brulées est tellement bien garder que rien ne peut passer à travers. J’espère, avant tout, qu’il n’est pas du style maladroit. Mais cela, je le verrais plus tard, commençons par le connaitre mieux, pour se faire une idée bien précise. Je me trompe surement sur son compte. Mentalement, je croise les doigts.

-Exact, j’étais à Sadismus, jusqu’à ce qu’il ferme ses portes. Ensuite, j’ai été parachuté ici, à ma demande.

Autant mettre les choses au clair et ne plus y revenir. Que Shu ne soit pas habitué des établissements comme Sadismus ou les " Terres brulées" est un concept mais j’espère au moins qu’il connait l’univers carcéral.
Entretenant toujours la conversation, surtout les questions, il serait temps de faire l’inverse. Juste avant Shu doit savoir, puisqu’il le demande.

-Les détenus, ici, sont pires qu’ailleurs. Rien à voir. Se sont des rebus de la société qui ne verront plus le jour, qui n’auront surtout pas la peine de mort, trop douce pour eux. La liberté est un mot tabou. Ils sont meurtriers, violeurs, certains ont massacrés, peu importe l’âge, en grands nombres. Agressifs ? Oui, toujours, à jamais.

Une pause s’impose. Je lui laisse juste le temps de tout ingurgité. Pas facile, si on est nouveau. Je ne veux pas lui faire peur mais autant qu’il sache. Bien que certains soient dociles.

-Dis-moi Shu, tu as travaillé dans une prison avant de venir ici ? Est-ce que tu savais ce qu’était les "Terres brulées" avant de venir ? Et Sadismus ? Tu y étais ? Pourquoi ai-je le sentiment que tu t’es perdu en chemin ?

Pour cette dernière, il aurait été plus convenable de me la poser intérieurement. Seulement cette éventualité ne m’a pas effleuré, vu le contexte. Je ne juge pas, jamais, je constate parce que Shu me donne matière à réflexion par sa simplicité.

-Mon nom est Daarkenwald ; et j’exerce depuis un bon moment.

Ca y est, j’suis dans la peau du p’tit nouveau qui débarque de nulle part. C’rôle me convient bien, vous trouvez pas ? J’ai l’impression que son regard me fixe et ça me rend vachement mal à l’aise, comme si sa carrure m’impressionnait déjà pas assez.

-Exact, j’étais à Sadismus, jusqu’à ce qu’il ferme ses portes. Ensuite, j’ai été parachuté ici, à ma demande.

Dites-moi ce que je dois faire, ce que c'est d'être un homme. Dites-moi quels sont vos critères pour rester dans la norme. Et puis dites-moi que vous me détestez. On se quitte et c'est bien. Que vouloir être cool, c'est pas masculin. Alors laissez-moi, j’ai pas envie de vous plaire ni le temps d'expliquer. Laissez-moi je ne veux pas vous ressembler. Laissez-moi si ce que je suis vous indispose. Ya qu'une chose que je sais, les garçons portent du rose quand ils n'ont rien à cacher. Vous, vous n’aimez pas la musique quand ça parle d'amour. Vous, vous voudriez qu'on s'explique comme des hommes, comme des sourds. Et moi que voulez-vous que je vous dise ? On n'est pas fait pareil. Je suis comme je suis, gardez vos conseils.

Cependant, je prends note de tout ce qu’il me raconte, surtout sur les détenus. Ca fait flipper sérieux. J’me suis embarqué dans un truc de fou, une prison de cinglés, de déficients mentaux et c’est maintenant que je m’en rends compte. J’ai plus la possibilité de faire marche arrière, mon boss et mes collègues se foutraient trop de ma gueule et jamais je ne le leur permettrais. Du coup, j’vais devoir affronter tous ces détraqués mentaux, déglutissement à peine audible mais tellement significatif. Ca va bien s’passer. J’lui tire un sourire chaleureux, histoire de lui faire croire que je maîtrise totalement la situation, même si c’pas du tout le cas. Finalement, il me balance la question qui tue :

-Dis-moi Shu, tu as travaillé dans une prison avant de venir ici ? Est-ce que tu savais ce qu’était les "Terres brûlées" avant de venir ? Et Sadismus ? Tu y étais ? Pourquoi ai-je le sentiment que tu t’es perdu en chemin ?

En temps normal, je me serais bien marré. Sauf que là, ça m’laisse tellement perplexe que je ferme ma grande gueule. Puis j’risque un grand sourire et plante mes yeux dans les siens. Autant jouer franc jeu avec lui, c’est tout de même mon colocataire pour un p’tit bout de temps, à moins que j’me fasse tuer dans les jours qui viennent. Vive l’inexpérience ! Bref, je masque mes émotions du moment gardant ce sourire immuable et rassurant. Mais c’est sur un ton que je fais sérieux que je lui réponds le plus concrètement possible :

« Nop, j’ai jamais travaillé dans une prison, c’est ma grande première en tant que gardien. Donc j’étais pas à Sadismus. Bien sur, je sais parfaitement ce que cette prison et celle-là représentent. Si j’te pose toutes ces questions, c’est que… hum… j’suis un peu tendu. »

Oh tu sais maintenant j'ai mieux à faire, tu peux remuer ciel et terre, au lieu de te satisfaire. Tu n'm'en voudras pas, j'espère. Les temps ont changé et la roue a tourné. A moi de jouer alors va te faire ! Je clos alors mes propos en répondant à sa dernière question qui m’avait laissé sur le cul :

« Si t’as cette impression, j’sais pas quoi te répondre du coup. J’fais peut-être trop jeune à ma tête. On va m’prendre pour un détenu, génial… Plus sérieusement, tu veux que je fasse quoi pour être plus crédible ? Comme ça, c’mieux ? »

Je prends alors un air de premier de la classe, cale ma mèche derrière mon oreille et fronce les sourcils. J’éclate alors de rire, conscient d'être parfaitement ridicule. Rapidement, je replace ma mèche sur mon œil et sourit de nouveau, gêné et ajoute :

« Excuse, je décompresse. J’arrête mes conneries, promis… »

Bien qu’il essaie de paraitre très sûre de lui, je ne peux m’empêcher de penser qu’il aura certainement besoin d’aide. A un moment ou un autre, mais j’espère me tromper, à lui de me prouver le contraire. Je ne sais pas pourquoi je devrais m’inquiéter pour lui. La seule chose qui me vient à l’esprit, c’est que s’il a des problèmes certains gardiens, comme moi, se jetterons dans la mêlée au cas où. A condition que se soit pour de véritables bonnes raisons.

« Nop, j’ai jamais travaillé dans une prison, c’est ma grande première en tant que gardien. Donc j’étais pas à Sadismus. Bien sur, je sais parfaitement ce que cette prison et celle-là représentent. Si j’te pose toutes ces questions, c’est que… hum… j’suis un peu tendu. »

C’est bien à quoi je m’attendais. Si seulement il faisait un peu gaffe dans les hautes sphères. Peut être qu’il a des capacités ce gamin, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Je verrais plus tard. Des moments qu’il ne fait pas en sorte de mettre ses collègues en danger, ça me va.
Les temps sont durs, même pour cette prison. Il faut qu’elle redresse les manches pour voir revenir un temps soit peu les valeurs d’autrefois. Bon, on commence par des gardiens, nouveaux certes, mais qui peuvent en faire beaucoup, s’ils mettent du cœur à l’ouvrage. Rien qu’à cette pensée je ne peux que sourire. Se serait amusant de le voir à l’œuvre.

« Si t’as cette impression, j’sais pas quoi te répondre du coup. J’fais peut-être trop jeune à ma tête. On va m’prendre pour un détenu, génial… Plus sérieusement, tu veux que je fasse quoi pour être plus crédible ? Comme ça, c’mieux ? »

Ben voyons, on y croit ferme. Ce n’est pas convainquant du tout, il s’amuse bien. Croit-il que je vais me mettre à rire de ses bêtises ? Raté, je n’ai pas le cœur à ça, je suis fatigué. Depuis qu’il est entré, je me demande quand il va enfin saisir l’importance de cet endroit.

« Excuse, je décompresse. J’arrête mes conneries, promis… »

Je lève les yeux vers le ciel, s’il était présent, je me contente du plafond. Ce n’est pas trop tôt, il va pouvoir commencer sérieusement son boulot.

-Tout de même une bonne parole de ta part. Je n’y croyais plus. Pour essayer d’être crédible, pourquoi tu ne débuterais pas par un peu d’exercices. Cela se voit que tu en manques cruellement, et ce n’est pas bon.

Pour bien faire, je pose une main sur son épaule. Peu être un peu brusquement, parce que là, je me rends compte de l’épaisseur de ce corps. Un rachitique, Shu a vraiment besoin de s’élargir un peu l’horizon et les muscles. J’ai presque peur de le casser si j’appuie sur mes doigts.

-Il faudrait aussi que tu vois ce qu’il se passe ici. Prendre connaissance des lieux par toi-même, on n’est jamais mieux servis que par soit. Je serais là si tu as besoin de moi petit, n’hésite pas. Mon petit doigt me dit que se sera bientôt.

J’esquive un sourire pour lui. Est-ce que cela suffira, certainement pas. Mais bon, je ne suis pas un ours non plus. J’arrive à être sociable, même si maintenant je ne le serais moins depuis que j’ai rencontré une certaine personne. Il devra se méfier aussi, les collaborateurs non sont pas des anges.

J’vois clairement que je l’emmerde. Que je le désespère mais à un point de non-retour, c’est assez impressionnant. Je déglutis silencieusement et attends sa sentence. Ca me plait pas trop d’être à la place du prisonnier. Bizarrement, même si je suis pas un type fantastique, j’aime bien tenir le rôle de gardien. Ca fait genre tu sais de quoi tu parles, tu préserves la sécurité de tous et t’es un héros (ou presque). J’en rajoute peut-être une couche, là.

-Tout de même une bonne parole de ta part. Je n’y croyais plus. Pour essayer d’être crédible, pourquoi tu ne débuterais pas par un peu d’exercices. Cela se voit que tu en manques cruellement, et ce n’est pas bon.

Ca, c’est fait, à dégager. J’viens de me prendre un poing dans la gueule invisible mais je crois que c’est aussi efficace que si je l’avais réellement reçu. Du coup, j’ouvre et ferme les paupières comme si j’avais été victime d’hallucinations. M’endurcir physiquement, il a pas tort. Sauf que le seul problème à tout ça, c’est que j’aime pas le sport. Si vous vous y attendiez, excusez-moi de cette prévision. Bref, j’hoche la tête et réponds tout bas :

« C’pas que j’dis non… mais c’pas trop mon truc, en fait… »

Et là, je croise les doigts pour qu’il ne m’ait pas entendu parce que ça fait tellement con. Mais au lieu de rajouter quoique ce soit qui puisse m’enfoncer encore plus, je le laisse causer.

-Il faudrait aussi que tu vois ce qu’il se passe ici. Prendre connaissance des lieux par toi-même, on n’est jamais mieux servi que par soi. Je serais là si tu as besoin de moi petit, n’hésite pas. Mon petit doigt me dit que ce sera bientôt.

J’acquiesce, conservant un mutisme froid et distant. En fait, je réfléchis, la main sur la nuque et l’autre sur la hanche. J’ai bien noté qu’il m’a appelé ‘petit’ et j’ai un mal fou à ne pas exploser de rire dans la seconde. C’est sa dernière phrase qui me rabat le clapet instantanément. Il est pas non plus obligé d’enfoncer le couteau dans la plaie. Je soupire et essaye de répliquer sans la voix qui tremble :

« Ouais, j’aurais l’occasion de visiter un peu avec mes rondes. De me faire un opinion sur l’architecture aussi… Ahem, et j’espère bien ne pas me retrouver dans un putain de pétrin. En tout cas, j’te remercie de te proposer comme sauveur potentiel parce qu’on sait jamais avec les pas doués dans mon genre… »

Bin Shu, pourquoi tu baisses le ton de ta voix ? T’en aurais honte ? Ou alors est-ce que tu aurais pris conscience d’être un con fini ? Je chasse toutes ces idées noires de ma tête et pose mon regard dans le sien. Sa main posée sur mon épaule me semble tellement lourde. Un poids que j’ai soudain peur d’assumer. Heureusement, son sourire me réchauffe un peu le coeur. Mais s’il est là et que les autres collègues sont sympas, ça devrait l’faire. C’est pourquoi je lui demande :

« Dans l’personnel, tu les connais tous ? La plupart sont sympas ou pas ? »

Tu sais, j’suis déjà en train de me faire un film où on est tous amis pour la vie. C’est beau, plein de couleurs, de danses et de sourires. Je sors de ma poche mon paquet de clopes, en place une entre mes lèvres entrouvertes et crame le bout. Je jette le paquet et le briquet sur mon lit derrière et tire une latte. Soudainement, je lui demande :

« Oh, je préfère te prévenir, je fume. J’espère que ça te dérange pas ! Si c’est le cas, j’fumerais en dehors de la piaule, ya pas de souci. »

Si je veux m’assurer un peu de protection, il faut que je me montre coopératif avec les bonnes personnes, et il fait parti de cette liste non exhaustive.

Mon sourire devient quelque peu ironique. Même s’il me parait un brin gringalet, il se pourrait qu’il fasse l’affaire. Lui qui se dit pas douer aura certainement des preuves à faire. Il a de bonnes intentions, je ne peux tout de même pas lui retirer ça.
Devrais-je arrêter de le vanner ? Surement, je ne voudrais pas qu’il tombe dans la déprime à cause de mes dires.
Ma main quitte son épaule. Fraterniser certes mais en douceur. Je ne sais pas encore à quelle sauce je dois le manger. En tout cas, il sait parfaitement à quoi s’en tenir. D’ailleurs il ne se ménage pas non plus, il se casse tout seul. Mon pauvre Shu, j’espère qu’il ne t’arrivera rien ici, se serait dommage, t’es un bon gamin.
Non mais qu’est-ce que je suis en train de faire ? Me prendrait-il l’envi de le prendre d’amitié ? Pourquoi pas, un compagnon de chambre, un gardien, jeune, pourquoi je ne le prendrais pas sous mon aile ? Mais ça, c’est à lui de le demander.

« Dans l’personnel, tu les connais tous ? La plupart sont sympas ou pas ? »

Là, je pause un instant. La question est fort pertinente, je ne dois pas faire de vagues non plus. Sympa oui, quelques uns. Tiens, je viens de penser que non, je ne les connais pas encore tous. Certains ou certaines viennent de Sadismus, les autres sont plutôt nouveaux comme lui. Aussi jeunes, aussi pleins de vie, qui ne savent pas très bien ou ils ont vraiment atterris. Cependant je suis convaincu que de ces jeunes il y en a qui ont un autre tempérament. Autant qu’il fasse connaissance avec eux au fur et à mesure.

-Je ne connais que ceux qui viennent de Sadismus. Il n’y a pas très longtemps que je suis ici. Donc pour l’instant je réserve mon jugement pour les autres.

C’est bien trouvé, pas la peine de lui faire peur. Je n’ai envi qu’il fasse une connerie avec eux. Les gardiens peuvent s’en prendre aux autres pour montrer leur supériorité. Je ne m’occupe pas de ces cons, sauf s’ils ont le malheur de s’en prendre à moi ou à un ami.

-Bah, je crois que sur ce coup là nous sommes à égalité. Je te ferais connaitre les anciens. C’est pas ce qu’on appellerait des tendres mais ils connaissent la chanson. Je te dirais à qui tu peux te fier. Mais met-toi en tête que se sont avant tout tes collègues. Respect !

Ça me fait penser que je ne fais pas parti des gentils non plus. Mais avec les gardiens c’est différent, se sont des collègues et je les juge avec déférence. Je le regarde prendre une cigarette entre ses lèvres. Ce n’est pas que ça me dérange qu’il fume, mais empester la chambre, non. Et c’est sympa qu’il me pose la question, ça c’est de la politesse.

-Humm … Oui ça me dérange. Désolé, je n’aime pas particulièrement m’endormir avec une odeur de tabac froid qui flotte dans la chambre. Je te remercie de fumer en dehors.

Je hoche la tête pour un merci. Puis il me vient une idée. Si moi je suis aussi nouveau dans cette prison, il ya des endroits que je n’ai pas encore visité. Ma main reprend sa place sur Shu. Mais cette fois, je le tiens la nuque avec une pression, mais vraiment léger. Je m’en voudrais de lui dévisser la tête. Je me penche légèrement vers lui, lever tout le temps son visage va lui donner le torticolis.

-Ça te dirait de venir faire une petite promenade dans ce château ? On pourrait en faire le tour ensemble, je n’ai pas tout vu moi-même.