Cendres et Flammes
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Cendres et Flammes

Un univers carcéral violent et sans limites où les prisonniers n'ont plus aucun droit.
 
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 Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre]

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Anastasiah H. Von Stern
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Anastasiah H. Von Stern


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MessageSujet: Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre]   Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre] Icon_minitimeSam 25 Avr - 23:06

Je crois que j’ai un problème.
Comment dire. Voyez-vous, certaines choses arrivent, parfois. Des choses, des événements, plutôt… imprévus. Désagréables. Disproportionnés.
Inconfortables.
Tenez, par exemple… Ce gardien, qui plaque inconsidérément mon visage contre ce mur de pierre. Qui est-il ? D’où vient-il ? A-t-il femmes, enfants, joie, respectabilité ? Rêve-t-il, de paix, de consolation, d’ententes ? Ah… Là sont les véritables questions. Pas ailleurs.
Car si je lui demandais…

« Pourquoi ? »

...sa réponse ne serait qu’une nouvelle source de questionnement stériles. Au mieux répondrait-il par un excès nouveau de violence, à mon endroit. Comme il le fait, d’ailleurs, Ma chute, en passant, n’est pas… n’est pas des plus douces. Mais je vous passerai, si bien sûr, vous me le permettez, cet instant privé de toute grâce. Et puis. Quelques bleus. A quoi bons ?

« Parce qu’il n’y a pas de raison. Ou non. Parce qu’il pleut. »

Ah.
Je comprends. Mieux. Pourquoi le bout de sa botte est venue se loger dans mes côtes. Il y a, il y mon ami un enfer où les hommes frappent les hommes, simplement parce que le Soleil ne peut pas les voir. C’est d’ailleurs, mon frère, c’est d’ailleurs, mon âme, le seul enfer qui exista jamais.

Bah.
Je n’en suis pas là. Lui un peu plus.
Je ne comprends pas. Je n’ai jamais compris. La violence. L’envie de lancer son poing dans le visage d’un autre. De presser ses doigts contre un gorge, pour autre chose que pour l’amour. De voir un autre ramper à terre, plus bas, bien plus bas que ses propres pieds.
N’empêche que.
Cela fait mal.

« Qu’est-ce que c’est ? »

Lui se penche, et saisit entre deux doigts un petit morceau de papier glacé, échappé de ma poche. La pièce est sombre. Il plisse les yeux. Il voit.
Ah… Pas encore.
Je serre douloureusement les mâchoires. Je sais. Je sais que je ne devrais plus porter sa photo, à elle, sur moi. Une raison de plus pour ma faiblesse. Une façon supplémentaire, de m’atteindre. Mais que voulez-vous ? Je ne suis qu’un idiot, et je ne sais pas m’en séparer. Alors… alors tout le monde en profite.

« Attends… Mais je me rappelle de toi… C’est toi, Von Stern… L’aristo avec un nom de gonze qui se tapait sa pétasse de sœur… Mais si c’est pas mignon ?

Rien. Je ne pense à rien.
Mes mains. Mes ongles. Enfoncés dans ma chair. Comment. L’a-t-il. Appelée ?
Lui, d’un suprême dédain, ignore ce qu’il vient de perpétrer, ce qu’il vient de violer. Se penche pour attraper mon visage entre ses doigts trop froids. Rapproche ses yeux des miens. Sourire trop fin, sourire trop dur.

« Tu me dégoutes. »

Je tremble. Mais je n’ai ni froid, ni peur. Qu’est-ce que c’est, dites moi ? C’est ça, la colère ? Ah… Il m’a encore frappé. Du pied. Ma tempe. Et maintenant, il pose sa botte sur ma poitrine. Appuie lentement, peut-être conscient de cette chose de métal toute proche de mon cœur, qu’il déplace imperceptiblement.
Son regard.
Bouge pas.

« Alors, petit frère, qu’est-ce que ça fait ? Il faut dire que maintenant, tu es tout seul. Tu as égorgé ta salope de sœur. Et ta fratrie consanguine et dégénérée est partie en flammes. T’as pas lu ta Bible mon grand ? ‘Faut pas baiser sa sœur. T’iras en enfer.

Je le fixe, le regard exorbité, les lèvres blanches. Tous… Tous ces mots, je sais, je sais qu’il les choisit, peut-être même sans les penser, mais qu’il les choisit, pour me faire mal… Pour me torturer. C’est pour cela que nous sommes là, non ?
Oui. Je le sais.
Mais de me dire cela ne m’empêche pas de ressentir comme une douleur, là, tu vois, qui veut, qui veut sortir…
Lui, encore, lui, prend ma main, soulève mon bras, abaisse ma manche.

« Tss, mais qu’est-ce que j’ai là ? Mais c’est que t’as essayé de te soustraire à tes responsabilités ? Tu sais pas ça, ma biche ? On faute, on assume… Nan, vraiment… Tu es pitoyable. On a même pas envie de te tuer. Parce que ce serait encore ce qui pourrait t’arriver de mieux. Et tu sais quoi ? »

Sa main migre dans ma chevelure. En saisit une pleine poignée. Ma tête bascule violemment en arrière. Ses yeux, encore, ses yeux, son sourire… Ces choses… Laissez-moi…
Stop.
Que fait-il. Le cliché. Dans sa main. Où est-il ? Que… Attendez… Là, oui, par terre… Six petits morceaux de papiers.
Non.

« NON ! »

Je… je ne me croyais pas capable de cela. Je, non, je ne pensais pas que je pouvais… le frapper… et… et y prendre ce plaisir… Encore, encore… Il n’y a plus rien. Il n’y a que ce sang sur mes mains. Son nez cassé. Son arcade sanguinolente. Ses paupières closes.
Pesant de tout mon poids sur le gardien évanoui, je pleure.
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Adélie Roche
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MessageSujet: Re: Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre]   Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre] Icon_minitimeSam 25 Avr - 23:55

[Je peux ? *.*]

Je n'en peux plus de ce château et de ses murs, je veux partir, je veux rentrer chez moi. Mon pays me manque, et ma chambre rassurante, et ma montagne. Je me suis trompée, je ne changerai jamais. L'espoir, c'est juste une belle connerie inventer pour tomber de plus haut encore. Je hais cet endroit et je me hais. Malgré les quelques rencontres agréables que j'ai faites ici, je me sens mal, oppressée. Je n'ai plus remis les pieds dans ma chambre depuis plusieurs semaines. En fait, depuis que j'ai fait un peu plus ample connaissance avec celui qui la partage, je n'y suis allée que lorsque j'étais sûre d'y être seule. Cet homme me fait peur. J'ai voulu me mentir, me faire croire qu'il était un homme bon, un homme « normal ». Mais ça aussi, c'était de la connerie. Il est fou et il me fait terriblement peur. Comme chaque personne ici. À part le docteur Hunter, Damara et Siriel. En gros. Et le directeur. Il me fait un peu peur également, mais c'est différent. Je crois... qu'il m'aime bien. Du moins est-il très patient avec moi. Beaucoup plus que ce que je mérite.
Je n'aurais pas du venir, je le savais, je le savais ! Quelle idiote j'ai été de croire ce psy de malheur ! J'aurais mieux fait de me terrer dans ma chambre. J'aurais eu honte, je m'en serais voulu... mais au moins, je serais en sécurité à l'heure qu'il est. À force de vivre recluse, on acquière une certaine... sérénité. Non, pas précisément. Plutôt une sorte d'indifférence, d'hébétude. On ne craint plus rien, parce que l'on sait que nul ne viendra troubler notre repos, notre exil. On ne pense plus à rien, on est juste vidés. Mais il arrive d'en oublier jusqu'à la souffrance. On crée autour de soi une bulle... vide. Vide comme le blanc d'un hôpital. Aseptisé, froid et morne. Mais vide de peur. On est seul. Alors... Laissez-moi partir, laissez-moi retourner chez mes parents. Je ne veux plus travailler ici. Je ne suis pas faite pour une existence normale, je ne suis pas faite pour travailler. J'ai échoué. Alors laissez-moi. Tranquille, seule. S'il vous plait...

Où suis-je ?
J'ai trop marché, sans me rendre compte, sans savoir où j'allais.
Une nuit de plus, j'ai dormi au fond d'un couloir. Tout en haut du donjon. Je n'ose pas demander à dormir dans l'infirmerie. À qui pourrais-je m'adresser ? Au docteur ? Au directeur ? Je l'ignore. Mais je ne veux pas tenter avec le risque d'essuyer un refus. Ou de devoir m'expliquer sur mes raisons. Alors je dors dans un couloir. Parfois, je me fais déloger. Alors je change de couloir. Aujourd'hui, j'ai pu dormir jusqu'au bout. Puis le soleil s'est levé, alors j'ai fait de même. Puis j'ai marché. Je dois descendre pour aller prendre une douche dans la tour du personnel, puis je reviendrai pour prendre mon service à l'infirmerie. J'ai commencé à descendre les escaliers interminables... Mais j'ai trop pensé, et j'ai trop marché. Comme ce soir-là, à Sadismus... où j'ai rencontré Adeline. Mon double. Elle était une hallucination, j'en suis à présent convaincue. Je n'ai plus jamais entendu parler d'elle. Durant quelques temps, j'ai cru qu'elle était ici, aux Terres Brûlées. Mais non. J'ai dû rêver. Je ne l'ai jamais croisée parmi le personnel – ni parmi les prisonniers, soit dit en passant, mais je ne vois pas ce qu'elle ferait parmi eux.
Devant moi, il n'y a qu'une porte. Je suis dans une impasse. Je pourrais faire volte face, et retourner en arrière. Mais je suis une idiote. Je pousse la porte, qui s'ouvre dans un grincement. Ça, c'est de la discrétion. Il faut espérer qu'il n'y aura personne derrière... Il fait sombre, mais j'y vois. Une forme, dans l'ombre... un homme. Sur un autre homme. Du sang. Je pâlis, me fige. Il m'a entendue, il m'a forcément entendue. Ne me faites pas de mal. Là, je me retourne et je cours. Normalement. En théorie. Mais non. Mon corps refuse de m'obéir, je ne bouge pas. Il a l'air grand, beaucoup plus grand que moi. Les cheveux longs... déjà, ce n'est pas le prêtre. Mais j'ai peur quand même. Et cette fois, ce n'est pas la simple peur d'avoir à adresser la parole à un inconnu. Non, c'est autre chose. J'ai juste peur... qu'il me fasse du mal. Qu'il me blesse comme il a blessé cet autre homme.
Je déglutis, le fixe, toujours immobile. Mon regard est sans doute implorant. Ou terrifié. Ou les deux, peut-être.
Ne me faites pas de mal...

« Je... Désolée ! »

Voilà tout ce que je trouve à dire pour me défendre. Une excuse. Désolée d'être arrivée ici, désolée de vous avoir vu, je ne dirai rien, promis, ne me faites pas de mal, je serai gentille ! Je ferai comme si je n'avais rien vu, je serai muette, je fais ça très bien, vous verrez !
Le tout assorti d'un regard désolé, effrayé, terrifié ou tout ce que vous voulez... Pitoyable, non ?
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Anastasiah H. Von Stern
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MessageSujet: Re: Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre]   Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre] Icon_minitimeDim 26 Avr - 16:55

Spoiler:

Pitoyable, oui.
Je suis… pitoyable. Je suis… je me suis fait monstre. Au final, pas si différent de cet homme-là. Pourquoi ?Pourquoi, oui, ai-je ressenti, non pas ce plaisir, mais ce… ce soulagement ? J’ai senti son nez se briser. Entendu un cri de douleur. Accompagné son inconscience jusqu’au sol. Et je me suis senti mieux. Dieu. Dites moi que ce n’est pas moi. Dites moi que je ne l’ai pas fait.
Si.

Si. Pour la première fois de toute ma vie, j’ai frappé un homme sous le coup de la colère.
Et cette jeune fille est le témoin de ma lâcheté.
Et de mes larmes.
J’ai honte.

Je l’effraie, je crois. Même si je ne peux voir son visage. Trop de lumière, derrière elle. C’est une bien délicate silhouette qui se détache de ce rectangle blanc, aveuglant. Je cille plusieurs fois. Elle s’est figée, en une attitude de détresse totale. Je ne comprends pas complètement. J’aurais pu attendre, de la surprise, de la colère, de la peur… Oh, de cela, il y en a certainement… Mais il y a autre chose. Comme une aura vague, une lassitude trop profonde, trop ancrée pour une fille de son âge. Et tout cela, derrière ce masque de peur, fragile comme cette glace nouvelle qui gît légèrement sur un lac d’hiver.
Peut-être ces impressions ne sont-elles que pures fantaisies. Mais j’ai toujours été trop… trop ouvert aux ressentis des autres, je crois… Me trompant parfois, jouant de naïveté, souvent.
Mais. Revenons-en au présent, voulez-vous ?

Cet acte-là, dans lequel je sursaute, car un trait de lumière est venu couler sur ma joue. Car je perçois une perle scintillante qui n’en est pas une, du coin de l’œil. Car personne ne m’a jamais vu pleurer. Mon poignet vient me défaire de ce fardeau. Je frissonne. Je crois que j’ai peur. D’elle. De son silence nouveau. Est-ce encore un fantôme ? Quelque création vague de mon esprit fatigué ? Et pourquoi ? Pourquoi diable s’est-elle excusée ?
Je lui fais peur.
Je ne voulais pas.
Excusez-moi.

Avec douceur, j’allonge tout à fait l’inconscient, prenant bien garde de ne pas malmener sa nuque. Je ne sais même pas si je lui en veux. Si je serai un jour capable de refaire ce genre de… d’acte. Je ne veux pas y penser. Mon regard tombe sur ma main. Je tremble encore. J’ai mal. Au côtes. Au dos. Au visage, là où je devine qu’un bel hématome est en train de se former.
Un coup de pied dans le visage.
Quelle… image.

Je ne me sens pas la force de me relever. Car si je le fais, je sais que je chuterai de nouveau. Et ma dignité me l’interdit. Alors je m’accroupis, une main verrouillée au niveau de cette pression, au niveau de mon cœur. J’essaie de reprendre mon souffle. Le plus silencieusement possible. Mais c’est dur, si vous saviez…

Je trouve enfin le courage de reporter mon attention sur la jeune fille. Mes yeux se sont habitués à l’éclairage ambiant. Un peu.
Je distingue son visage.
Mon Dieu.

Choqué, je perds l’équilibre, et me retrouve tout à fait assis, mes jambes trop longues anarchiquement pliées. Ses yeux. Ce n’est pas une simple peur. C’est de la terreur ! De la terreur pure ! Mon visage n’est que peine.

« Je… excusez-moi. Désolé. »

Miroir plus juste de ce qu’elle proféra tantôt. Peut-être que l’habituelle douceur de ma voix la calmera un peu. En tous les cas, je crois que cet aveu m’a… un peu… soulagé. Suffisamment pour me donner l’envie de me relever. Avec précautions, je retrouve une station… plus digne. Seigneur. Elle est…comment dire… petite ? Ah… Le mot est un peu faible… Mais je n’en ai pas d’autre pour une personne qui n’atteint pas mon épaule… et de loin, de très loin. Un instant, je doute d’avoir une adulte en face de moi. Mais c’est impossible. Cendres n’accueille pas les prisonniers mineurs. D’ailleurs, cette jeune femme ne porte pas l’uniforme des prisonniers.
Je ne bouge pas, évite même de la fixer. Il n’est pas dans mes habitudes de fuir le regard d’un tiers, mais je sens que le contact avec la froidure bleue de mes yeux risque de lui faire du mal…

« Mademoiselle… Je ne vous ferai pas de mal. »

Je fais un pas. Penche légèrement la tête sur le côté, mon regard glissant sur les restes de la photographie. Un sourire. Un œil. Et puis plus rien. Je n’ose pas même me pencher pour les récupérer. La petite colombe prendrait peur.
Je lève doucement mes poignets vers elle.

« Auriez-vous des menottes ? Faites... Je ne bougerai pas. Je vous le promets. »
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Adélie Roche
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MessageSujet: Re: Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre]   Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre] Icon_minitimeMar 28 Avr - 15:05

Il... pleure.
Le rayon de lumière qui se pose sur son visage ne ment pas. Il pleure. Et moi je reste là, hébétée, ne sachant comment interpréter cela. Il vient de... de battre un homme, de le laisser pour mort. Non ? Si, je crois. Et il pleure. Il essuie sa joue, peut-être pour cacher ce signe de soi disant faiblesse. Et j'essaie de comprendre. Pourquoi des larmes ? Un accident ? L'a-t-il tué ? Va-t-il me tuer, moi ? Un homme qui pleure peut-il tuer une pauvre gamine qui a peur ? J'ai envie de croire que non... mais je suis si naïve ! Je pourrais très bien me tromper une fois de plus. Un frisson parcourt son corps, un autre parcourt le mien en écho.
L'homme, qui s'était tourné vers moi, se détourne pour s'occuper du corps évanoui. J'ignore ce qu'il fait, mais il ne semble pas pressé d'en finir avec moi. Je ne comprends toujours pas, mais je crois que j'ai un peu moins peur. S'il voulait me faire du mal, il l'aurait déjà fait, non ? Pourtant, il y a ce corps, ce... cadavre. L'homme s'accroupit, une main pressée sur son corps. Il semble être en proie à une sorte de malaise. Je ne comprends décidément rien de ce qui se passe ici. Peut-être n'a-t-il rien fait de mal, peut-être vient-il de découvrir ce corps. Je devrais m'approcher de lui et lui demander si tout va bien. Parce que je suis ici pour soigner les gens et qu'il n'a pas l'air d'aller bien. Pourtant, je n'en fais rien. Je reste en retrait dans l'embrasure de la porte, ne sachant pas trop quoi faire. Je crois que mes yeux expriment toujours la même peur, mêlée d'incompréhension. Il n'a pas l'air méchant, mais j'ai peur. Les psychopathes n'ont pas toujours l'air méchants, je le sais. Alors il vaut mieux se méfier. Et se méfier est synonyme, chez moi, de trembler de peur.

Il s'excuse.
Sa voix est douce. Mais pourquoi s'excuse-t-il ? Pour ce qu'il a fait à cet homme ? Pour la peur qu'il a fait naître en moi ? Pour autre chose ? Je l'ignore. Mais je ne poserai pas la question. S'il s'excuse, c'est qu'il en ressent le besoin ou le devoir. Ses paroles m'apaisent un peu, mais je suis toujours aux aguets. Il se relève et sans trop me regarder, m'annonce qu'il ne me fera pas de mal. Tout en me vouvoyant et m'appelant mademoiselle. Une marque de respect, non ? Je me calme encore un peu. J'ai envie de le croire. Non, il ne me fera pas de mal. Il l'a dit. Je reste immobile, j'attends quelque chose. Je regarde le corps au sol, ne sachant toujours pas s'il est en vie ou non.
L'homme – un prisonnier, au vu de son uniforme – me tend ses mains et me propose de lui mettre des menottes. Il ne bougera pas, promis. Je le fixe, surprise. Non, je n'ai pas de menottes, quelle drôle d'idée ! Je ne suis pas ici pour priver des êtres humains de leur liberté, je suis ici pour soigner des gens. Je regarde ses mains sans esquisser le moindre geste. Et je ne sais pas ce que je suis censée faire. Il a fait du mal à quelqu'un, il doit sans doute être puni. Mais je ne sais rien de ce qui s'est passé ici. Et je sais que les punitions sont parfois cruelles. Un être humain, même dangereux, ne mérite pas d'être torturé. J'en ai la conviction. Et à le voir me parler avec autant de gentillesse, j'ai du mal à croire qu'il ait pu faire du mal à autrui. Mais que se passera-t-il si j'interprète mal, une fois de plus ? S'il est réellement dangereux et que je ne fais rien pour l'arrêter ? Si on se rend compte que j'ai protégé un fou meurtrier ?

Il est temps de découvrir le sens du mot « courage », Adélie. La politique de l'autruche, tu l'as assez pratiquée, il est temps de changer. Tu es en face d'un choix difficile, et tu ne peux plus te permettre de rester indécise. Alors... tu dois comprendre, tu dois faire de ton mieux, faire ce qui est juste. Tout en ne te mettant pas trop en danger, de préférence.
Je fais un pas dans la pièce et j'esquisse un maigre sourire. S'il vous plait, voyez que j'ai moins peur. Même si j'ai toujours peur et que c'est un mensonge de plus. Je crois que... c'est une peur différente. Elle n'est plus aussi intense, elle n'est plus aussi concentrée sur vous. Il faut que je prenne la parole, que je comprenne. Voilà quelque chose qui me met mal à l'aise, qui me fait mal. Il est tellement plus simple de rester faible, silencieuse et seule. La facilité, toujours la facilité. Même s'il est temps de changer, je ne suis pas certaine de le vouloir. J'aime la facilité, j'aime la lâcheté.
Mais pas maintenant. Juste pour une fois, faire preuve d'un certain courage.
On se lance.

« Je... »

Bel effort, mais ça ne suffit pas.
Un regard sur son visage, il est blessé. Un autre sur le corps au sol. Ma voix est faible, comme toujours. Un peu rauque.

« Vous... vous êtes blessé. Que... »

Prononcer cette question qui me brûle les lèvres, dont la réponse me fait peur. Mais qui me permettra de prendre la meilleure décision. Peut-être. On se lance, j'ai dit.

« Que s'est-il passé ? »

Voilà, c'est dit. À présent, reste à voir s'il me répondra, et ce qu'il me répondra. J'appréhende un peu. Et s'il se mettait en colère ? Et s'il refusait de me répondre ? Que ferais-je, alors ? Je ne sais pas. J'espère qu'il va me répondre et que je trouverai ce que je suis censée faire. Même si j'en doute. Prendre des décisions, c'est pas trop mon truc déjà quand elles sont faciles à prendre, alors je préfère ne pas trop imaginer.
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MessageSujet: Re: Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre]   Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre] Icon_minitimeDim 28 Juin - 19:38

Mes bras retombent lentement le long de mon corps. Sans y penser, je glisse ma main dans ma poche droite. Adopte une posture moins tendue. Moins raide. Moins traquée. J’ai d’abord cru qu’elle n’avait pas compris mon geste. Parce qu’elle ne m’a pas répondu. Du moins, pas oralement. Seulement cette sorte de réprobation, lointaine, enfouie quelque part dans ces yeux gris, sous la peur, sous l’angoisse. Comme une perle polie. Perdue dans les vagues remous d’un ruisseau boueux, mort. Il y a cette frêle petite personne, dont la silhouette se détache sur cadre de lumière, tente de prouver sa réalité dans cette guerre contre la peur. Et il y a, quelque part au dessus de la lutte, comme une aile qui bat.
Désespérément.

Je baisse les yeux. Je sais. Je sens. Je me trompe – peut-être. Empathie.

Un épais silence tombe entre nous. J’attends poliment que la gardienne (l’est-elle vraiment ? les profils d’embauche ont lors bien changé, depuis Sadismus… ce ne serait pas plus mal) se décide à parler. Mais rien ne vient.
Dommage.
Dois-je dire quelque chose ? Elle semble tellement… Tellement perturbée. Une idée un peu naïve me vient en tête. Est-elle saoule ? Droguée ? Ecoutez, je ne sais pas… Elle ne me répond pas, ne réagit pas, se contente de me fixer avec comme une sorte de voile dans le regard… Je souris intérieurement. Le personnel de ce bagne est décidemment dans un drôle d’état.
Mais passons. Je ne devrais pas m’avancer dans de telles réflexions. Cela ne pourrait être qu’offensant. Pour nous deux si jamais je me trompais.
Je préfère penser que ce n’est que de la peur. Alors je fais ce que je peux pour l’aider un peu. Lui souriant doucement, sans toutefois la presser de quelque manière que ce soit.
Mademoiselle, j’ai tout mon temps.

« Je …»

Je penche légèrement la tête sur le côté, patient. Je n’ose guère m’approcher, pour le moment. Quoi qu’il me plut d’avantage, en règle générale, de me trouver à moins de cinq mètres de mon interlocuteur. Question de politesse. Mais le fait est que, j’ai l’impression d’être en compagnie d’un délicat petit oiseau. Un pas, et il s’envole. Un mot, et ce petit cœur, niché dans un doux écrin de plumes chaudes, s’arrête.

Quelques hésitations, encore.
Puis la question.
…Et bien.

Ma main s’extrait de ma poche, et vient se caler sur ma hanche. Ce qu’il s’est passé ? Ai-je autant de temps que vous, petit oisillon, pour mûrir ma réponse ? Je regarde le sol, préoccupé. Par mes propres pensées… Ce que je veux dire, c’est que s’il y a une chose que je sais…
C’est que je ne regrette pas d’avoir défendu la mémoire de ma femme.
Suis-je pour autant devenu ce monstre qu’ils me gravent au front ?
Nous sommes de l’autre côté. Cette ligne, cette fragile rupture entre ce qui est bon, et ce qui ne l’est pas, qui l’a tracée ? Vous ? Moi ?
Non.
Pourtant, je vous effraie. Je suis un détenu de Cendres et Flammes, le rejeton affamé de Sadismus Jail. Ventre grouillant des rebus que nous sommes, en marge de la société, en marge de l’humanité.
Mais je ne demande rien. Je ne vous demande rien. Car j’ai tué, moi aussi. Même si je ne me sens pas l’âme d’un meurtrier. J’ai agi sans prendre garde de cette fine toile qui ploie sous chacun de nos pas, cette tendre limite de la moralité. Et ne le regrette pas. Je mérite donc d’être ici.
Mais s’il y avait une chose à vous demander, rien qu’une…

« J’aimerais que vous cessiez d’avoir peur de moi. »

Sursaut.
Je n’aurais peut-être pas dû. La chose s’est envolée toute seule. Un peu mal à l’aise, je prépare d’avance un regard d’excuses. Elle ne me connaît pas. Ne me perçoit que par cet acte qui rompit trente ans de totale non-violence…
Revenons à sa question.
Je n’ose pas parler. Non pas par gêne, par timidité. Mais parce que je voudrais lui dire, lui expliquer que cet homme m’a fait du mal. Dans ma chair, mais surtout dans mon cœur. Deux doigts plantés dans la faiblesse de mon âme, et l’éclair de ses grandes dents blanches.
Mais cela, je ne peux le dire.
J’aurais l’air… de me justifier, de me plaindre, de quêter approbation, et pitié.
Et ce n’est pas ce que je suis.

Alors lui dire que je suis un monstre, et entrer dans le rôle ?

« Certainement pas ! »

Frissons à la base de ma nuque. Surprise. Une voix de femme.
Un éclair de cheveux roux, une poigne impétueuse à mon bras, et me voici traîné en pleine lumière aux côtés de l’oisillon. Un peu bêtement, je ne pense pas immédiatement à m’interroger sur l’identité de ma « sauveuse », surpris que je suis par la petitesse de la gardienne au visage d’enfant. J’avais quelques doutes toute à l’heure, mais maintenant que nous nous trouvons côte à côte… La jeune femme n’atteint pas même mon épaule… et de loin. Mon trouble s’accentue en constatant de la rondeur enfantine de son visage pâle. Mais l’uniforme me confirme qu’elle travaille ici. J’essaie de reculer ne serait-ce qu’un peu, pour ne pas faire figure d’ogre… mais « ma » gardienne me tient solidement.
Je baisse les yeux sur elle.

La cinquantaine, d’une taille raisonnable, un peu ronde (ce qui n’est pas, du moins pour moi, un défaut), dotée d’un visage en forme de cœur qui ne laisse rien présager de son mauvais caractère. Et pour cause, je la connais… Elle travaille à l’infirmerie, à un poste de responsabilités (lequel ? mystère, je ne m'en souviens plus) Muet, je ne peux que contempler la chorégraphie envolée de ses fins sourcils inclinés comme des ailes d’oiseau. Sans véritablement écouter ce qui se passe par ailleurs.

… me suis méfiée quand je l’ai vu l’emmener dans cette aile –que faisiez-vous là, déjà ?- cet olibrius est aussi sain d’esprit que le prisonnier à qui nous avons eu affaire hier –vous savez, celui qui a mordu l’arthritique- Sainte Mère ! Les choix de monsieur le directeur quand à son personnel m’intriguent parfois, cela me rappelle ce garçon qui patrouillait en talons… de quoi parlais-je déjà ? Oui oui oui, je savais qu’il allait lui faire des crosses…

Totalement… (comment disait ma jeune nièce, déjà ? ah oui…) « largué » par le démentiel flot de paroles, je dois me contenter de fixer mes pieds, sentant un magnifique bleu s’étendre sur la partie gauche de mon visage.

…oui bon, bref, tout cela pour vous dire, ma chérie, que ce gardien est un porc, et que ce détenu est un ange. Alors vous le prenez par le bras, vous me l’amenez à l’infirmerie, et vous me le soignez. Je m’occupe de notre cher ami.

Avec une moue d’impératrice, elle claque des doigts. Surgit d’on ne sait où un homme plutôt solide (« au cas où, avait-elle lancé) en lui ordonnant de récupérer « l’autre vaurien ». Sans que je comprenne exactement ce qui se passe, je me retrouve l’instant d’après à écouter le bruit décroissant de ses escarpins sur le sol de pierre.

Un Ange passa.

« Je me suis défendu. Je n’aurais peut-être pas dû. »

Je la regarde désormais sans me détourner. Enfin presque, sachant qu’il me faut baisser la tête d’une façon assez significative… Je suis un instant tenté de me pencher en avant pour voir comment elle voit le monde. Soucieux de ne pas la froisser, je m’abstiens.

« Je vous suis. Mademoiselle… ? »
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Adélie Roche
3468 Petite Fleur
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MessageSujet: Re: Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre]   Je ne pensais pas... Je ne voulais pas. [libre] Icon_minitimeMer 1 Juil - 14:22

Le prisonnier ne répond pas ; il me regarde toujours, un peu perturbé. Penche la tête et puis sourit légèrement. Je suis de plus en plus mal à l'aise. Non que j'aie peur de lui, il ne semble pas agressif ou vraiment dangereux. Je ne comprends vraiment pas ce qui s'est passé ici. Pourquoi ce corps au sol et lui, debout, les mains tachées de sang ? Une agression ? Est-ce qu'il s'est défendu ? Est-ce qu'il est schyzophrène ou quelque chose comme ça, capable de passer d'un instant à l'autre de pacifique jeune homme à fou dangereux ? Non, vraiment, je ne comprends pas. Et c'est peut-être ce qui me met mal à l'aise, outre le fait qu'il est un être humain et que nous nous trouvons proches l'un de l'autre, dans une situation proche de la conversation. Situation qui a déjà tendance à ne pas me plaire des masses... enfin ce n'est pas vraiment ça, mais je pense que vous avez compris. A force. C'est que je ne me renouvelle pas tellement, vous allez finir par me connaître par coeur !
Finalement, le prisonnier brise le silence... mais pas pour me répondre. Il voudrait que je n'aie plus peur de lui. Je crois qu'il ne comprend pas bien la situation. Normal, me direz-vous. Tout le monde n'a pas l'habitude de fréquenter des grands "timides". Du coup, je réponds d'une petite voix toute timide – genre "oui vous avez raison mais non je le dirai pas", la fille qui se sent coupable d'avoir été prise sur le fait mais qui ne l'admettra pas, alors que ce n'est pas ça du tout :

« J'ai pas peur... »

Ce n'est pas crédible et j'en ai bien conscience. Mais je n'ai pas mieux, ni plus vrai. Parce que c'est vrai. Enfin je n'ai pas peur au sens où il l'entend, je crois. J'aurais peur s'il essayait de me faire peur, ça c'est à peu près sûr. Mais le fait est qu'il essaie justement de ne pas me faire peur. Pas de gestes brusques, une voix douce, un semblant de sourire. Non, je n'ai pas peur – encore que je me méfie un peu, on ne sait jamais... il pourrait essayer de gagner ma confiance pour m'attaquer ensuite. Il est quand même dans une prison particulière, il doit bien y avoir une raison. Ou alors c'est une erreur judiciaire, ou un truc comme ça. Je suis bien placée pour savoir qu'ils ne sont pas tous des assassins sanguinaires. N'est-ce pas ?
Bref, revenons à... nos moutons ?
Le prisonnier ne parle toujours pas, se contentant de me regarder. Cet homme est un peu déroutant, il faut bien l'admettre. Pourquoi ne veut-il pas me dire ce qui s'est passé ? Ai-je eu l'air menaçante ? Non, ça j'en doute ! Alors quoi ?

Soudain, alors que je suis encore à me demander ce qui ne tourne pas rond, j'entends une voix de femme. Le temps qu'il me faut pour réagir lui permet de passer devant moi et de s'approcher du prisonnier. De dos, je la reconnais. Je crois que c'est l'infirmière cheffe. Ou quelque chose comme ça. Oui j'ai honte, je ne connais même pas tous mes supérieurs, ceux qui travaillent avec moi toute la journée. Cette femme, donc, prend le prisonnier par le bras et l'approche de moi. Mon regard va de l'un à l'autre puis se fixe sur l'infirmière – par confort, le visage de l'homme étant beaucoup trop haut, mais aussi parce qu'il me met un peu mal à l'aise avec son silence.
L'infirmière se met à m'expliquer la situation. J'ai du mal à saisir tout ce qu'elle me dit au début, parce qu'elle va un peu vite et qu'il me manque sans doute des éléments pour comprendre. Mais à la fin, tout s'éclaire. L'homme à terre est un gardien. Qui a voulu s'en prendre au prisonnier, qui s'est défendu. Et qui a gagné le combat. Bon, c'est une sorte de légitime défense, quoi. J'acquiesce sans un mot cependant que le nettoyage de la pièce est fait en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. C'est ce qu'on appelle être efficace. En quelques instants, alors que nous n'avons pas encore vraiment réagi, nous nous retrouvons seuls, le prisonnier et moi. Comme au début, mais avec une incertitude et un malaise en moins : je sais maintenant ce que j'ai à faire, donc ça va mieux. Peut-être que je vais même me détendre un peu et échanger plus de deux mots avec cet homme.

Il m'explique qu'il s'est défendu, ajoute qu'il n'aurait peut-être pas dû. Je le regarde, interloquée. Se laisser faire ? Quelle idée ! Bon, d'accord, du coup il a tué un homme. Et si le directeur apprend ce qui s'est passé, il aura sans doute des ennuis, puisque les gardiens sont supposés avoir tous les droits sur les prisonniers. Mais c'est naturel d'essayer de se défendre, non ? Tout le monde fait ça, tous les animaux également ! L'instinct de survie, tout ça... Je ne peux pas m'empêcher de froncer les sourcils en levant le regard vers son visage – je crains de me faire un torticolis si je le regarde comme ça trop longtemps – et de répondre un peu brusquement :

« Bien sûr que si, vous avez bien fait, c'est normal de se défendre ! »

Eh oui, il m'arrive de parler, d'être sûre de moi. Quand il s'agit de défendre quelqu'un contre une injustice, ou des trucs comme ça, en général. Pour le coup, c'est sorti tout seul, je n'ai pas réfléchi, sans quoi j'aurais sans doute renoncé à parler. Et du coup, comme j'ai beaucoup parlé, que je me suis bien imposée, que j'ai dit mon avis, tout ça, bah je me tais. Et je rougis. Enfin je suppose, disons que mon visage chauffe subitement. Donc j'en déduis que je dois être pivoine. Ou écrevisse, enfin une couleur chaude, dans tous les cas. Lorsque le prisonnier m'annonce qu'il me suit, j'acquiesce juste en répondant :

« Adélie Roche. »

Puis je me mets en route vers l'infirmerie, en silence. J'aimerais lui demander son nom, à lui aussi, je vais donner l'impression de n'en avoir rien à faire de lui. Mais je vois pas de quelle manière je dois le demander : « Et vous ? », « Monsieur.... ? » ou encore autrement ? Oui je sais, je stresse pour pas grand chose, mais bon. Vraiment, je vous assure, vous finirez par vous y habituer, à la fin vous n'y ferez même plus attention. Enfin personnellement, depuis le temps j'y fais toujours un peu attention, mais nettement moins quand même. C'est le genre de trucs auxquels ont se fait, et du coup après on n'essaie même plus de changer. C'est comme ça, c'est confortable, on ne veut pas essayer autre chose au risque de se casser la gueule.
Bref.
La montée jusqu'à l'infirmerie ne m'a jamais paru aussi longue, je crois. Le silence est parfois quelque chose d'extrêmement lourd, plus lourd que n'importe quel sac de voyage. C'est un poids qui vous environne et vous envahit jusqu'au cœur de vos cellules afin de ne vous laisser aucune liberté, aucun répit. Il est des silences plus doux, mais celui-ci me pèse. Nos pas résonnent dans le couloir et semblent se perdre dans les geôles. Nous finissons néanmoins par nous retrouver devant la porte close de l'infirmerie, dans laquelle je précède le blessé en articulant simplement :

« Venez, je vais vous soigner. »

Une fois dans mon environnement familier, je me sens un peu plus calme : je vais pouvoir le soigner de manière un peu plus efficace. Je me retourne vers lui et peux enfin le voir distinctement. Il est vraiment immense, mais ça je l'avais remarqué. Ses cheveux sont d'un blanc pur, je ne pensais pas que ce fût possible pour un homme aussi jeune. Bon, mais je n'ai pas le temps de m'attarder sur son physique, aussi déconcertant soit-il. Je suis là pour le soigner, vous vous souvenez ? Je propose au jeune homme de s'assoir sur un lit, puis je lui demande d'une voix douce :

« Où êtes-vous blessé, à part au visage ? »
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