Cendres et Flammes
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Cendres et Flammes

Un univers carcéral violent et sans limites où les prisonniers n'ont plus aucun droit.
 
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 Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]

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Damara Galanis
2838 Douce Flamme
Damara Galanis


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MessageSujet: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeDim 12 Oct - 22:58

Au creux de l’oreille,
Se glisse les murmures …


Un matin comme les autres pour les habitants de cette prison mais pas pour moi. Je n’ai pas fermé l’œil de l’a nuit, ou très peu. La cause d’un mal qui vous ronge les songes. Une perte. Un accident lointain. Les aiguilles du cadrant de ma montre pointes cinq heures du matin. Adossé contre le mur, les jambes repliées contre la poitrine, je songe encore. La tête enfuie entre mes bras. C’est encore revenu. L’histoire d’une vie au travers d’un simple rêve ou plutôt cauchemar. Je lance des regards furtifs vers ma compagne de chambre. Elle dort paisiblement. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de lui parler mais cela ne saurait que trop tarder. J’étais bien entendue, heureuse d’avoir revu Siriel mais aujourd’hui, il me manque encore quelques pièces du puzzle pour être un minimum comblé. Un peu comme l’enfant qui fait mon insuffisance. J’étouffe en silence une peine dans le creux de mon ventre. Serrant les dents, sentant une larme quitter mes pupilles d’azur. Cachée aux yeux du monde entier, peut-être pas. Un poids vient se rajouter sur le lit, je ne bouge pas. Une présence, la sienne. Il vient casser les barrières de mes bras pour venir caler son museau sur mon épaule, m’obligeant l’à enlacer. Lui, savait tout de moi et de mon histoire. Sous ses cinquante kilos, je flanche et fini par me coucher sur le dos, sa tête posée sur mon ventre. Le mal est là et il le sait. C’est sa manière à lui de me dire qu’il est là et que tout va bien. Oui tout va bien, mais je ne peux contrôler mes humeurs mélancoliques soient-elles. Je fixe alors le plafond, de simple pierre datant du Moyen-Âge peut-être. Parfaitement conservée. C’est ça qui forme le château. De simple roche. Comme les sentiments, les souvenirs avec un cœur. Il libère mon ventre de son poids pour venir se coucher à côté moi, je me retourne alors sur le côté pour l’avoir contre mon ventre. Ma main caresse ses oreilles en descendant vers son épaule et puis son ventre. Physiquement, il n’a plus rien avoir avec le chiot d’il y a deux ans. Enfin. Qui ne change pas ? … Peut-être moi.

Les yeux clos,
Il m’appelle …


Le réveil sonne, me tirant de mon sommeil. A l’aveuglette, je l’éteints en venant me réfugier sous les couettes et contre … J’ouvre difficilement les yeux. Il n’était plus là. D’une main, je frotte mes yeux tout en m’étirant. Debout Damara. Assise sur le rebord du lit, je regarde le lit vide à l’opposé du mien. Très bien. Je me lève pour venir jeter un coup d’œil dehors. Par la fenêtre, se dessine une cour vide de présence. Enfin par pour très longtemps. Des silhouettes sombres sortent du bâtiment. Des prisonniers. D’ici, je peux voir les gardiens surveiller la cour. Même d’ici, il fait assez froid. Je me souviens, il y a deux ans. Je voyais pour la première fois la neige. L’hiver n’est pas encore là. Bien que l’automne en a des airs … Secouant la tête des pensées trop encombrantes, je me retourne pour m’habiller. Uniforme sombre couvrant la peau. Les hanches emprisonnées par une ceinture. D’un geste rapide, mes cheveux viennent tomber sur mes épaules. Prête, mes yeux tombent sur ma table de chevet. Une sphère trônait au milieu de mes effets personnels. Sur le passage, je l’attrape en la fourrant dans la poche de mon dessus. La porte de ma chambre se ferme à clef. Je regarde de gauche à droite en me demandant où était passé Athis.


« Bonjour Damara. Tu es bien matinale. »

Je me retourne pour avoir en face de moi, l’une de mes collègues. Le sourire aux lèvres, je la salue. Depuis que je suis arrivée ici, je n’ai pas vu beaucoup de monde. Ou du moins, du monde « familier ». Et bien entendu, j’ai dû m’y adapter. Mais ce n’était pas vraiment un problème pour moi. Accompagné par la jeune femme, nous nous rendions à la Tour Nord. Avec son aide, je devais ouvrir les portes aux prisonniers. Rien de bien difficile. Une fois sur place, la clef à la main. Je me charge de commencer l’ouverture des portes. Mes manières à moi sont nettement moins brusques que celles de ma collègue. S’amusant à frapper son tonfa contre les grilles de fer, un bruit gênant tirait les prisonniers de leur sommeil. Je ne dis rien, me contentant d’ouvrir mes portes sans faire attention à ce qu’il se passait derrière mon dos.

Une fois fini, je me rends à la Tour Est. Plus précisément à la bibliothèque. Endroit calme ou je pouvais passer mon temps entre les livres. Sur place, je regarde d’un air hésitant les différents ouvrages. Cette fois ci, c’est à tout hasard que je me saisis d’un livre en allant m’assoir près de la fenêtre. Tout hasard … Perdu dans la brume. Un bête livre qui se lit sur deux heures avec ces quelques deux cent pages. Des prisonniers affalés aux tables, les yeux rivés sur les écrits de leur bouquin. Assez drôle quand on sait que d’ordinaire, ils sont nerveux. Enfin bref. Je me plonge à mon tour dans une histoire qui sans doute, m’emportera ailleurs.

Sous le vent, elle dansait. Faisant voler sa robe contre la braise de l’été. Je m’imagine la scène ; une jeune femme blonde, portant un effet blanc moyenâgeux, tourner sur elle-même entre les arbres d’un bois. Libre. Elle sentait sur elle, le souffle chaud d’un amour inconnu. Là, les yeux du monde sur elle. Le poids d’un cœur, ne retenait plus cette âme, elle s’envola alors, vers les cieux. Je referme le livre. Songeuse, je repense tristement à Danaé, une âme d’enfant flirtant avec le ciel. Quittant la chaise, je range l’ouvrage où je l’avais pris. Silencieusement, je quitte la salle en remontant jusqu’à la Tour Nord. La, je retrouve ma collègue de se matin. Je lui demande si elle ne l’aurait pas vu …


« Je crois l’avoir vu dans la tour Ouest … »

Je la remercie en me dirigeant vers l’endroit indiqué. Après quelques détour bien évidemment, il me faut approximativement dix minutes pour gagner l’autre tour. Je me demande pourquoi il est allé là-bas. Mes pas frôlent le sol, je croise quelque prisonnier seul ou accompagné. L’un d’eux m’interpelle, l’air dément, comme s’il venait de voir un fantôme me parle difficilement en pointant l’autre côté du couloir.

« Loup … Noir … Diable ! »

Je souris bêtement en le rassurant. Je suis au moins sûr qu’il était passé par là. Je continue donc mon chemin dans le silence.

C’est dans le silence,
Qu’on les retrouve …


Devant moi, je remarque son ombre se faufiler dans l’obscurité des murs. Comme guettant, la tête baisée les oreilles dressées. J’hausse un sourcil en prolongeant un peu plus devant lui. Une silhouette de dos. Voir Athis se préparer à pourchasser un lapin ne me plait pas. Je n’ai pas le temps de le rappeler qu’il bondit presque devant la personne. Stupéfaite de voir sa réaction. La queute battante, assis devant l’inconnu. Réclamant même des caresses, un vrai chiot. Non, ce n’était absolument pas dans ses habitudes de se comporter comme ça. L’entendant japper de bonheur, je m’approche calmement. De longs cheveux sombres tombant dans son dos, pas très grande. Je m’arrête inconsciemment à quelques mètres. Athis me regarde la tête baissée sur le côté. Oui c’était elle. Et il l’a reconnu avant moi. Le cœur s’emplie alors de bonheur, je savais que c’était elle. Heureuse, comme une mère qui retrouve son enfant. C’est un peu la même scène. Le cœur qui chavire, les larmes aux yeux. Je deviens décidément trop vite sensible face à mes protégés retrouvés. Et dans un murmure :


« Adélie … »
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Adélie Roche
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeJeu 16 Oct - 7:53

Comme toujours, je m'éveille à l'aube, gênée par la lueur blanchâtre du soleil prêt à se lever. Mal aux yeux, mal au dos, mal au cœur. Je ne me suis toujours pas habituée à cet endroit. Je n'y suis plus prisonnière, certes. Mais rien n'a changé, je crois. Et maintenant, je sais ce qui arrive aux prisonniers, parce que j'ai vu des blessures. Et c'est un peu con, mais j'ai peur, depuis. Je sais qu'on me prend parfois pour une prisonnière. Et je sais qu'autrefois, j'étais prisonnière. Il m'arrive quelquefois de me demander ce qui aurait pu m'arriver si l'erreur n'avait pas été découverte. Il m'arrive d'y penser pendant des heures, jusqu'à en avoir tellement la nausée que je finis par terre, prostrée dans un coin.
Non, rien n'a changé.
Toujours la même gamine effrayée, toujours la même enfant paumée.
Je n'ai encore vu personne que je connaissais, autrefois. Pourtant, je suis sûre qu'ils sont là. Bella, Siriel, Damara, Adeline. Je n'ai oublié aucun d'entre eux. Je n'ai pas eu l'occasion de les connaître, mais chacun d'entre eux a trouvé une place dans mon cœur. Et j'ai envie de les revoir comme j'appréhende notre rencontre. Peur d'avoir été oubliée, peur qu'ils ne rient de moi. Mais besoin d'eux, quelque part. C'est comme s'ils étaient maintenant une partie de moi, et que je ne pouvais vivre sans cette partie. Ils m'ont tous soutenue alors que je sombrais. Ça ne m'a pas vraiment aidée à évoluer, mais chacun d'entre eux a fait ce qu'il a pu. Et franchement, je me sens honteuse de n'avoir à leur présenter que cette même chose fragile que j'aurais voulu voir disparaître. Si nous nous rencontrons, ils seront bien déçus. Peut-être m'en voudront-ils... Et ils auraient raison.
Aujourd'hui, c'est mon jour de congé. Je vais essayer de ne pas commencer la journée comme d'habitude, en me lamentant sur mon sort. Parce que c'est tout ce que je sais faire, vous avez du le remarquer.
Bref.
L'homme qui partage ma chambre dort encore. Vladimir, je crois. Je n'en suis même pas sûre. Que vais-je faire, aujourd'hui ? Rester dans ma chambre à lire, comme une loque ? Non. A vrai dire, je n'ai pas très envie de parler à ce prêtre. Ce n'est pas que je ne l'aime pas ou quoi, mais... Il me fait un peu peur. J'évite de croiser son regard, mais les quelques fois où c'est arrivé... J'en frissonne encore. Son regard est tout sauf... chaste. Pour un prêtre, c'est un peu étonnant, inquiétant même. C'est pourquoi j'évite de traîner trop longtemps dans la chambre le matin – et le soir.
Je m'étire puis me lève sans faire de bruit, après avoir enfilé mes vêtements et ma blouse. Je suis maintenant avec précaution le conseil du directeur de la prison. Même si je suis en congé, je porte toujours ma blouse. Je veux pas être prise pour une prisonnière. Je veux pas qu'il m'arrive... Ce qui pourrait m'arriver. Et puis ainsi, si quelqu'un a besoin de l'infirmière, il me trouvera avec un peu moins de mal. Oui, c'est un prétexte. Mais c'est comme ça. Une fois debout, je prends mon lecteur mp3, qui ne me quitte plus, ainsi que le dessin de Siriel et le livre que je suis en train de lire, et puis je sors de la pièce, toujours sans faire de bruit.

Et maintenant, je fais quoi ?
Le couloir est désert, pas un bruit. Tant mieux. Je ne m'habitue toujours pas aux gens, tout ça... Je mets mon lecteur en route, les écouteurs dans les oreilles, et la musique commence à se diffuser. Le volume reste suffisamment bas pour que je puisse entendre le moindre bruit. Histoire de pouvoir fuir en cas de problème. J'essaie de ne plus me faire avoir comme l'autre fois. Je note la position de chaque porte que je dépasse, afin de pouvoir y revenir en cas de panique. Oui, je sais. Ce serait nettement mieux si j'apprenais à vivre avec ce qui me fait peur. Mais je suis plutôt lâche, il serait temps de vous en apercevoir.
Je commence par me diriger vers les salles de bain. Comme tous les matins, en somme. J'aime bien mes petites habitudes, comme une sorte d'ancre à la réalité. Le temps qui passe, ne pas se perdre dans des illusions. Même si cette réalité là me donne une illusion de sécurité. Je préfère ça. La simplicité et la fuite, toujours. Instinct de survie. Je n'arrive pas à m'en défaire. C'est comme si ma peur était une partie de moi qui était parvenue à me convaincre qu'elle est mon amie. Alors je la suis les yeux fermés. Elle m'a dit un jour qu'elle me protègerait. Et j'aime bien être protégée, alors je la laisse faire à sa guise. Pitoyable, n'est-ce pas ? Le psy m'a dit qu'il fallait que je me sépare de cet ami fourbe. La peur n'est pas mon amie, elle est mon bourreau. Mais elle est moi, je ne saurais rien faire sans elle. Elle est là, elle me protège. Elle me l'a dit un jour.
Mon amie.
Ma douche ne dure pas cinq minutes, je n'ai pas envie de croiser quelqu'un et je panique légèrement à la simple idée que quelqu'un risque de me voir en petite tenue. Toujours cette pudeur exacerbée.

Après ma douche, je sors une nouvelle fois dans le couloir, m'assure qu'il n'y a personne, mets mes écouteurs et lance la musique. Habitude, toujours. Et puis je commence à avancer, sans trop savoir où je vais. Je veux marcher, je ne veux croiser personne. Mais je ne sais pas où je dois aller pour être tranquille. La cour sera bientôt – dans moins d'une heure, disons – envahie de prisonniers et de gardiens. Cette tour également. Alors... J'aimerais pouvoir sortir de la prison, aller me promener dans une forêt. Mais il n'y a pas de forêt, ici. Seulement ces terres cramées, ces terres mortes. Et le silence. La prison est au milieu du néant, au milieu de nulle part. Les prisonniers ne sont plus rien, c'est comme s'ils n'existaient plus. Et moi, est-ce que j'existe ?
Je ne sais pas, qu'est-ce que ça change ?
Je suis mes pas sans trop savoir où ils vont me mener. Perdue dans mes pensées, je débouche dans la cour encore déserte. Je n'aime pas cet endroit. Le château est inquiétant, la cour est déprimante. Grande, vide, froide. Quelques plantes qui se meurent, et c'est tout. Les prisonniers sont comme morts, il n'est pas besoin de leur offrir un cadre agréable. Quant aux employés... Ils semblent logés à la même enseigne. Plus rien n'existe, nous sommes plongés dans le néant.
Non, je n'aime pas cette cour, ni les pensées qu'elle suscite en moi et qui jurent avec mes vêtements colorés. Je traverse en regardant le ciel, seul témoin de la nature qui nous entoure. Le soleil n'est pas encore levé, l'aube est blanche. Je me hâte dans une direction incertaine, je n'aime pas traîner là. Même s'il n'y a personne, ça ne change rien. Il pourrait venir des gens de n'importe où. Et puis il y a les gardiens postés tout là-haut, sur le chemin de ronde, chargés de surveiller. Les cellules ont beau être encore fermées à cette heure, une tentative d'évasion n'est pas impossible. C'est pourquoi le chemin de ronde n'est jamais désert. J'allonge le pas, entre dans une tour. Laquelle, je l'ignore. Je vais au hasard. Dommage qu'il n'y ait pas de souterrains, ici. A Sadismus, il y en avait. Et c'était calme. Il n'y avait personne. Je m'y suis retrouvée, une fois, un peu par hasard. Je ne sais pas ce qu'il y avait derrière les portes que je voyais. Avec du recul, je me demande si ce n'étaient pas les salles d'isolement. Je crois que ce jour-là, j'ai été chanceuse de tomber sur Adeline. Le couvre-feu avait déjà sonné, et je crois bien que les sous-sols étaient des lieux interdits pour les prisonniers.
Mais ici, il n'y a rien. Il y a bien le Donjon, mais ce n'est pas pareil... C'est là que se trouve l'infirmerie, il y a passe toujours du monde. On dirait que cet endroit a été fait pour que l'on ne puisse pas s'isoler volontairement. Ce n'est pas impossible. Les prisonniers n'ont aucun droit, pourquoi auraient-ils celui de se retrouver seuls avec eux-mêmes ? A nouveau, je me sens sombrer dans de sombres pensées. Retour à la réalité. Je suis rentrée dans une tour et je me trouve devant la salle du réfectoire. Merde. Il faut que je m'éloigne avant que l'on ne réveille les prisonniers. Je ne veux pas me trouver ici au moment où ils arriveront tous. Je ne sais pas trop où aller, mais je m'éloigne de manière un peu chaotique, comme s'ils étaient à mes trousses. Je finis, au gré de mon errance, par trouver un couloir qui ne mène apparemment nulle part. Une porte condamnée. Il devait autrefois y avoir une salle qui a été fusionnée aujourd'hui avec une autre. Ou bien autre chose, je l'ignore. Mais je ne pense pas que quiconque passera par ici. Je m'assois dans le coin le plus sombre et écoute de la musique tout en lisant.
Au fond, c'est comme si j'étais restée dans ma chambre à lire, comme une loque. Sauf qu'ici, j'espère ne pas rencontrer le prêtre. Ni personne, d'ailleurs. Je resterai là aussi longtemps que possible, seule.

Le temps passe, je lis toujours. De temps à autre, un bruit dans le couloir me fait sursauter. Mais personne ne vient jusque là, ce couloir n'a rien d'attrayant. Et puis soudain, je ne sais pas trop quelle heure il est, mais j'entends un bruit un peu plus proche. Je fais mine de continuer à lire, mais je baisse discrètement le volume de mon lecteur mp3. Puis je lève un œil qui se veut discret vers l'origine estimée du bruit. Ce ne sont pas des pas... normaux, disons. Ça ressemble davantage, en fait, à un bruit animal. Comme des griffes qui heurtent le sol de pierres. Un animal, ici ? Je me relève, un peu inquiète malgré l'air neutre que j'arbore. Le bruit se rapproche, et je distingue enfin une sorte d'énorme chien. Chien, loup ? Un croisement entre les deux ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est qu'il est à la fois magnifique et tout simplement effrayant. Immense. Je n'ai jamais vu ce chien ici. Que fait-il là ?
Paralysée.
S'il m'attaque, je ne pourrai rien faire. Rien du tout. Et justement, le voilà qui me bondit dessus en aboyant. Je recule jusqu'à heurter le mur et ne peux m'empêcher de montrer que j'ai peur. Pourtant, je sais qu'il faut éviter de montrer ce genre d'émotion devant un animal, en général. Mais le chien pose ses pattes sur mes épaules – il est proprement immense ! – et commence à japper de... joie ? Je ne comprends pas. J'essaie de me calmer. Pourquoi agit-il comme cela ? Peu à peu, une idée se fait sa place dans mon esprit. Il est vrai qu'en cherchant bien, il lui ressemble un peu... Athis ? Je réfléchis. Athis était... minuscule. Il tenait dans mes bras. Ça ne peut pas être lui ! Un chien peut-il grandir autant, même en deux ans ? Je l'ignore, je ne suis pas très calée dans ce domaine. Mais...
Tentons.
Je murmure, un peu hésitante :

« Athis ? »

Et le voilà qui aboie plus joyeusement encore et qui pose ses pattes par terre. Dois-je en conclure que c'est bien lui ? Certainement, au vu de la manière dont il agite la queue, visiblement heureux de me voir. J'ai honte, je ne l'ai pas reconnu immédiatement, contrairement à lui. Mais moi aussi, je suis contente, c'est certain. Il me fait un peu plus peur que lorsqu'il était petit, mais même s'il a changé physiquement, je suis sûre qu'au fond, il est le même. Je ne crains rien. Et puis le voir ici signifie que Damara ne doit pas être loin. Un battement du cœur un peu plus fort et rapide, je me sens fébrile. Je commence à caresser Athis tout en me posant des questions. Déjà, comment a-t-il pu me reconnaître, alors que nous ne nous sommes rencontrés qu'une fois ? Si ça se trouve, il ne m'a pas reconnu et il agit ainsi avec tout le monde... Cependant, je préfère penser qu'il m'a reconnue. Mais s'il est là, où se trouve Damara ? Au réfectoire ? Dans une salle commune ?
C'est alors que je la vois, à seulement quelques mètres de moi.
Subite paralysie.
Impossible de me tromper, impossible de ne pas la reconnaître.
Sans que je puisse les contrôler, les larmes me montent aux yeux. Je me rappelle cette journée loin de la prison, cette tendresse, cette tristesse... La mer, le village, et puis Athis. Comment aurais-je pu oublier ? Ce jour-là, Damara a joué pour moi le rôle d'une seconde mère. Et puis elle a continué de me protéger alors que nous étions de retour à la prison. Elle ne m'a pas abandonnée.
Et moi, je lui ai menti.
Depuis ce matin, depuis même mon arrivée, je ne cesse de penser à elle et d'espérer notre rencontre tout en la redoutant. Non, je n'ai pas oublié.
Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi dire. Elle remarquera immanquablement cette blouse que je porte. Comprendra-t-elle ? M'en voudra-t-elle ?
Je me rend compte que j'avais beau être quasiment certaine de sa présence en ce lieu, je doutais fortement de notre possible rencontre. Et maintenant, elle est là, devant moi, à murmurer mon prénom. Et moi je pleure, comme une gamine. J'ai envie qu'elle me serre contre son cœur, comme ce jour-là. Parce que je suis toujours la même. Gamine, fragile, perdue, à me demander ce que je fais là. Je me rends compte que la musique tourne encore, je l'arrête, enlève mes écouteurs. Je ne peux détacher mes yeux de cette apparition. Je ne bouge pas, je n'arrive pas à lui répondre, je n'arrive même pas à sourire, malgré le bonheur que j'éprouve soudain. Une boule dans la gorge...
Et je pleure.
Comme une gamine.
Prenez-moi dans vos bras, Damara.
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Damara Galanis
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeSam 18 Oct - 4:05

Un appel, un geste. Si c’est bien toi, fais moi oublier que nous nous retrouvons entre les murs d’un enfer. Fais moi espérer que nous sommes dehors, loin de tous ces cœurs malheureux. Proche de nos rêves et de nos désires. Les yeux se croisent, mon cœur s’arrête, les larmes sur ses joues, fragile. Je me perds entre le passé et le présent. Les souvenirs et la réalité. Hier encore, tu étais dans mes bras, petite fille ne cherchant que la chaleur d’une mère. Tendresse. Hier, tu fermais tes yeux, te laissant aller à un rêve sur lequel j’ai veillé. Si peu et beaucoup à la fois. Ton fantôme finit de hanter mes pensées, il est devant moi. Fait de chair et de sang. Vivant. Et son regard qui m’implore de m’abandonner encore une fois … D’être encore une fois sa délicatesse. Je tremble légèrement, paralysé par une joie immense. Perdue en même temps. Pourtant, tu n’as pas changé. Je suis fragile face à des retrouvailles Adélie … Prends-moi contre toi, dans tes bras. Je veux me cacher. Elle m’appelle et je ne peux me contenir. En un rien de temps, la distance qui nous sépare n’existe plus. La serrant fortement contre mon cœur. Je réapprends à être ce que j’ai été pour toi. Mon cœur se sert encore un peu plus en entendant ses larmes couler.

« Ne pleures pas … »


Perds toi plutôt dans mes bras et ne penses plus à rien. Juste à maintenant. Dans mon cœur, tu peux sentir le bonheur que j’ai de te retrouver. Je ne peux le mesurer, il est certainement bien plus vaste que le ciel. Mais qu’importe, tu es là. En pleine forme. Des larmes de joies. Athis quant à lui secoue doucement la queue en nous regardant. Je m’écarte lentement d’Adélie en passant ma main sur son visage pour enlever les gouttes de larmes.


« Tu n’as pas changé. »


Non, elle n’avait pas changé intérieurement. Mais extérieurement, elle faisait encore plus femme qu’auparavant. Je souris en la regardant. Il me semble qu’elle avait reprit un peu de poids. Une jolie jeune femme. En blouse blanche. Ton univers a changé, tu as enfin quitté le monde des détenus, celui ou tu n’avais pas ta place. Au plus profond, je le savais. Tu ne devais pas y être. Je préfère te voir entant qu’employé … Infirmière. Une fois les larmes enlevées, je dépose mes lèvres sur son front quelques secondes. Tu vois Adélie, même après deux ans, tu as toujours cette importante place de « petite fille » dans mon cœur.

Parce que parfois, on n’explique pas les choses du monde. On est obligé de vivre sans comprendre. Un peu comme le tout du cœur. On ne peut pas savoir et nous n’y gagnerions rien de toute évidence. Mes pensées se cassent. Souriant de plus belle à ma protégée. Dieu, que je remercie le ciel de l’avoir remise sur mon chemin. Deux personnes ont retrouvés leur place dans mon cœur. Dans un univers à nous. A eux. Oui je suis heureuse et vous ne pouvez pas savoir à quel point une simple personne à vos yeux, peut me faire chavirer avec tant de facilité. Tel est mon cœur …


« Je suis contente de te revoir enfin. »


Pardonne moi donc mon manque de clarté dans la voix. Tu comprendras que c’est sous l’émotion. Sous le bonheur. Je ne t’ai jamais oublié. Lui non plus d’ailleurs. Tu as été la première personne qu’il a vu, il s’est souvenu de l’attention que tu lui avais apporter quand il était tout jeune. D’ailleurs, Athis revient vers nous, plutôt vers elle, le museau contre sa main. Je les regarde alors, cette image d’eux, il y a deux ans. Elle pouvait le prendre contre elle mais plus maintenant. Cette fois ci, c’est lui qui prendra soin d’elle. Comme il a pris soin de moi ces derniers temps. Ma main vient chercher la sienne. Les joies exceptionnelles sont si rares.


[désolé pour la longueur ... 3.05 ... Dodox)]
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeVen 24 Oct - 20:11

En un instant, Damara est contre moi, et me sert dans ses bras. J'ai envie de m'oublier une nouvelle fois dans sa tendresse, d'ignorer ce monde qui m'entoure et me fait peur. Les larmes glissent, roulent et puis coulent, je ne peux rien faire contre elle, le bonheur est trop intense pour la brindille que je suis. J'inspire, m'efforce de retrouver un peu de son odeur et de garder en moi sa douceur. J'aimerais pouvoir la serrer contre moi, moi aussi. Comme cette fois-là, sur la plage... Je voulais. Et je n'ai rien fait. Le temps a passé, depuis, mais je crois que j'ai gardé en mémoire chaque seconde de cette journée. Gravée en moi. Aujourd'hui comme hier. Rien ne change. Vous ne devriez pas être aussi douce avec moi, Damara... J'ai menti. J'ai menti à tout le monde et je suis pitoyable. La plus pitoyable des idiotes, sans aucun doute.
Elle sèche mes larmes, continue à me serrer fort contre elle. Maman fait pareil, parfois... faisait, plutôt. Quand j'étais à la maison. Notamment quand je suis revenue de prison, toute penaude, honteuse, humiliée. Quand je me suis terrée dans ma chambre et qu'au fond de moi, je souhaitais mourir. C'est comme si j'étais à nouveau en sécurité. Maman est là, même si elle n'est pas là. Elle a confié son rôle à Damara, je n'ai rien à craindre. Toutes deux veillent sur moi. Et sa voix apaisante qui me demande de ne pas pleurer... Mais je ne peux pas. Son cœur bat, mes larmes coulent. Inlassablement. Je relâche un peu de la pression que je mets moi-même sur mes épaules, et il faut quelques larmes pour cela. Je me rends compte à quel point elle m'a manqué. Terriblement. Comme si un morceau de moi m'avait abandonnée.
Et puis peu à peu, je me calme. Mon souffle s'apaise, mes larmes sèchent un peu. Le bonheur est toujours là, m'empêchant pour le moment de dire quoi que ce soit. C'est comme si mon cauchemar était soudain terminé avec l'apparition de Damara. Je ne suis plus prisonnière, certes. Mais c'est tout comme. La vraie vie, cette que l'on vit lorsque l'on sort de sa chambre, est dure. Je n'ai pas rencontré grand monde, ici, mais c'est plus difficile peut-être qu'à Sadismus. Je ne mange pas encore tous les jours, et puis il y a ces gens que j'ai croisés... À Sadismus, tout le monde avait été gentil avec moi, si je me souviens bien. Mais ici, il y a ce prêtre qui partage ma chambre, et puis le directeur... Je n'ai pas encore parlé au premier, mais je ne crois pas que quelqu'un m'a déjà fait aussi peur. Je suis sans doute parano, un prêtre est censé être quelqu'un de bon, normalement... Non ? Quant au directeur... Il m'a un peu brusquée, quelques jours seulement après mon arrivée. Il n'a pas été proprement méchant avec moi, c'est sans doute même le contraire, mais je crois que je ferais mieux de ne pas m'en faire un ennemi. Et puis sa façon de me forcer à me mettre au travail... En y repensant, j'en ai encore la nausée. Autre différence, autre difficulté. Ici, je me dois de me lever tous les matins, et d'aller travailler. Je ne peux pas faire semblant de dormir dès qu'il y a quelqu'un dans ma chambre. On ne paye pas des gens à ne rien faire. Et j'oublie certainement tout un tas de désagréments que j'aurais aimé ne jamais connaître : j'ai l'impression qu'un certain nombre de gardiens se sont donné le mot et ont décidé de croire que je suis toujours une prisonnière. Heureusement, je n'ai pas trop eu à en souffrir, jusque là. Espérons que cela durera bien longtemps... et qu'ils oublieront.
Oubliez tous qui j'étais.
Et puis oubliez-moi tout court, tant qu'à faire.

Damara s'écarte, sèche les quelques larmes qui restent. Avant de m'annoncer que je n'ai pas changé. Je ne suis pas franchement sûre de devoir me réjouir de ce constat. Je sais pertinemment que je suis toujours la même. Même physiquement, je suis sûre qu'on me prend toujours pour une gamine. Bon j'en suis pas sûre, vu le nombre de discussions que j'engage... Mais je n'ai pas l'impression d'avoir changé quand je croise un miroir. Et puis quant à l'intérieur... N'en parlons pas. Je me demande si ça n'a pas empiré. Enfin je sais pas... Ça doit être exactement pareil qu'avant, en fait. Prompte à pleurer et à se lamenter, incapable de parler, incapable de faire quoi que ce soit. Incapable de prendre une décision efficace, aussi. Le directeur m'a un peu forcée à m'affirmer, mais je ne crois pas que ça ait été plus efficace. J'essaie de faire des efforts, mais ça n'est pas gagné, et loin de là. Avant-hier encore, il y a eu un prisonnier blessé amené à l'infirmerie... Il a fallu que le gardien me dise quoi faire pour que je m'y mette. Il ne s'y connaissait pas trop, mais il a déjà vu faire le médecin – que je n'ai toujours pas rencontré, d'ailleurs. Il m'a traitée d'incapable, de bonne à rien. Je crois qu'il est un de ceux qui étaient à Sadismus et qui savent que j'y étais aussi. Ils doivent croire que j'ai réussi à berner du monde ou... Je ne sais pas, en fait. Mais je ne pense pas qu'ils connaissent la vérité. Je suis certaine qu'il y en a quelques uns qui auraient été capables de m'humilier en public ou de me frapper pour cela. Juste pour le plaisir, peut-être... Parce que des brutes, il m'arrive d'en croiser, à présent. J'ignore si cette prison est plus mal fréquentée que l'ancienne ou si c'est parce que je sors davantage de ma chambre, mais ça aussi, c'est nouveau. À Clermont-Ferrand, je n'ai jamais croisé aucune personne violente. J'ai vécu dans un univers sur-protégé, dans un cocon de douceur...
Pour tomber plus tard dans la vie réelle.
C'est dur, la vie...
Bref. Je n'ai pas envie de répondre. Et même si j'en avais eu envie, je crois bien que j'en aurais été incapable. Si vous saviez à quel point j'aurais aimé changer, Damara... Mais apparemment, je ne l'ai pas voulu avec assez de force. On dit que ceux qui veulent s'en sortir le peuvent. Mais je crois que j'ai tout simplement fini par apprécier mon existence, quelque part. Même si ça me fait mal, même si je m'en veux, même s'il m'arrive toujours de vouloir me faire mal jusqu'à en hurler de douleur. Je crois que je n'ai pas le courage de faire des efforts, de me dépasser. De risquer d'avoir à essuyer quelques échecs douloureux avant d'arriver à la guérison. Je renonce toujours avant même de commencer. D'ailleurs, je trouve que les gens ont beaucoup plus de patience à mon égard que ce que ce pourrait être. Bien sûr, cela m'arrange. J'aime la douceur, j'admire leur patience.
J'ai envie que Damara me prenne encore dans ses bras. Je me sens si fragile lorsqu'elle ne m'enlace pas comme une mère... Mais je n'ose pas lui demander. C'est à elle de décider si elle veut me donner encore un peu de sa douceur et de sa force. Je n'ai pas à lui demander cela. Elle s'approche, dépose un baiser sur mon front. Je frémis un peu, je n'ai pas l'habitude. Mais je ne fais pas un geste pour la repousser ou me reculer. Au fond, je ne demande pas grand chose... Un peu de tendresse, un peu d'amour. Et qu'on me protège, aussi. Rien de plus.

A nouveau, Damara parle. Je sens que sa voix n'est pas parfaitement claire. L'émotion ? Je l'ignore... Je ne vois pas trop comment je pourrais susciter une quelconque émotion chez autrui, en fait. Et pourtant, elle me sert contre elle, elle semble rayonner... Et elle paraît émue, aussi... J'ai envie de la serrer dans mes bras. Mais fidèle à moi-même, je ne bouge pas. Si elle savait à quel point je suis contente, moi aussi. Elle non plus, n'a pas changé... Je crois. Elle est exactement comme dans mon souvenir. Je n'aurais pas pu ne pas la reconnaître. Toujours aussi belle, toujours aussi généreuse. Baissant les yeux, je détaille un instant Athis. Lui a beaucoup changé. Au fond, il est le même, je crois. Mais extérieurement... J'ai encore un peu honte de ne pas l'avoir reconnu. Mais il a tant changé ! De petite boule de poils adorable, il est devenu un presque-loup majestueux. Damara doit être heureuse. Et fière de l'avoir. Je l'admire beaucoup. Elle a beaucoup plus souffert que moi, dans sa vie. Et pourtant, elle affronte chaque jour avec le sourire. Elle semble inébranlable. Je ne sais pas quelle force l'habite, mais c'est sans doute une puissance que je ne saurais même pas imaginer. Une force que je n'ai pas et que je n'aurai jamais. Pessimiste, oui. Je n'ai pas changé, je vous l'ai dit.
Athis s'approche de moi, frotte sa truffe contre ma main inerte. Je le caresse, le serre un peu contre moi. Et puis j'ai honte de ne pas avoir fait de même avec Damara, alors je le libère de mon étreinte et continue de le caresser. Je sens ses muscles, lui aussi est puissant. Mais sa force à lui est différente... Entre lui et Damara, ils doivent être invincibles. Je lève la tête vers Damara et réponds enfin, la voix un peu éteinte, comme bloquée par cette boule qui obstrue toujours ma gorge et cette émotion qui me noue le ventre :

« Moi aussi... »

Un faible sourire, enfin. Mes mots ne disent pas le fond de la pensée, j'en suis bien consciente et j'espère qu'elle comprendra ce qu'il y a derrière ces deux mots. Je n'aime pas dire ce que je pense et je voudrais que les autres puissent le comprendre tout de même, bien que je sache que c'est loin d'être toujours le cas. Taire les émotions pour paraître plus fort, c'est ce que je faisais au collège, au lycée, à l'université et plus récemment à l'école d'infirmières. Cacher la peur et les émotions derrière un masque de froideur, masque qu'il est aisé de briser, malgré l'apparence... Là, ce n'est pas de la froideur que j'affiche. En prison, j'abandonne cette stratégie, je ne veux pas me faire des ennemis trop forts. Ici, c'est juste... Que je me tais un peu trop. Tout mon corps parle, mais mes paroles disent le minimum nécessaire... parfois. C'est le cas présentement. Moi aussi, c'est vague. C'est ce que l'on dit quelquefois pour se débarrasser d'une conversation que l'on veut détourner. Ça va ? Ouais. Moi aussi. Sujet suivant. Mais là, ce n'est pas du tout mon intention. L'ennui, c'est qu'elle ne peut pas savoir ce qui se passe en moi. Cette déferlante de souvenirs et de joie, cette sensation d'être sauvée... Sauvée de quoi ? Aucune idée. Mais ça n'est qu'une sensation. Rien de véridique là-dedans, je crois. Je ne suis pas sauvée. Je suis juste... bien. Un semblant de bonheur, un avant-goût de ce que peut être la paix intérieure.

« Je suis désolée... d'avoir menti. »

Je baisse les yeux. Comme presque toujours, mes paroles sont sorties spontanément, sans que je les invite à le faire. C'est comme ça, avec moi... Parfois, les paroles sortent avant qu'elles ne me soient venues à l'esprit. C'est mieux, d'un certain point de vue. Si j'avais réfléchi avant de parler, alors je n'aurais pas dit ça. J'aurais trouvé toutes les bonnes excuses du monde pour ne pas avoir à demander pardon pour ça. Ma plus grande honte, mon échec le plus cuisant. J'ai du mal à l'admettre, à m'en défaire. Il me mine. Et je me souviens encore des policiers à mon retour en France, puis des quelques journaux qui ont parlé de mon 'affaire'. J'en avais la nausée. Et cette douleur au fond du cœur... Insupportable. Plus jamais. C'est pourquoi je suis ici, je ne dois pas l'oublier. Pour m'excuser, pour affronter, et puis passer au-delà de ça. Mais je ne sais pas si ça marchera... Pour l'instant, tout ce que je ressens, c'est un pincement au cœur. Cette douleur qui revient... et la nausée. Si vous saviez, Damara... Elle ne doit pas comprendre pour quel mensonge je lui demande pardon. Elle va me demander des explications, et moi je vais devoir lui raconter... ça. Je ne veux pas, mais c'est inévitable. C'est pour cela que je suis là, non ? Et à présent que j'ai commencé à en parler, pas question de se défiler.
Je dois être écarlate. Et je me tiens les côtes parce que j'ai mal. Mal d'avoir fait ce que j'ai fait, mal d'avoir menti, mal de devoir le reconnaître. J'ai la nausée. Je gâche un moment de joie pure, peut-être l'un des seuls que j'aurais pu avoir dans cette prison froide et terrifiante. A croire que ce qui est agréable me fait fuir, à croire que je me complais dans ma connerie, dans ma solitude et dans mes phobies complètement débiles !
Et puis Damara ne va certainement pas comprendre ce qui m'arrive. Une larme s'est remise à couler, et je suis prête à parier que le changement dans mes émotions est largement visible sur mon visage et ma manière d'être. J'ai du mal à être franchement discrète, parfois... Mon visage doit s'être décomposé à une vitesse fulgurante, et puis mes yeux ne doivent plus exprimer cette joie, cette presque incrédulité qu'ils affichaient il y a quelques instants seulement. D'ailleurs, Athis remarque que quelque chose ne va pas et glisse une nouvelle fois sa tête contre ma main. C'est lui qui veille sur moi, à présent... Les rôles sont échangés. Encore que je n'aurais pas pu le protéger contre grand chose, à l'époque. C'est plutôt Damara, qui pouvait prendre soin de lui. À présent, tous deux sont là pour moi... s'ils le veulent. En tout cas, il y a de quoi faire.
La boule qui m'étreignait la gorge a grandi. Il faut que j'ajoute quelque chose, que j'explique mon mensonge. Sinon je serai venue en vain et j'aurais eu à subir cet endroit pour rien. Mais je n'y arrive pas, c'est trop dur pour moi. J'ai déjà fait un effort, non ? Je me suis excusée... Maintenant, si elle veut en savoir plus, elle peut me demander, je finirai bien par répondre. J'ai envie de m'excuser une nouvelle fois, pour mon manque de loquacité, cette fois. Un peu pour tout, en fait. Pour avoir pourri ce moment, aussi. J'ai envie qu'elle me serre encore dans ses bras, j'ai envie de pouvoir sentir encore un peu que je ne suis pas seule et qu'elle est là pour moi. Qu'elle ne va pas m'en vouloir, qu'elle ne va pas se moquer de moi. Elle est si gentille... Mais il y a toujours ce petit doute, minuscule... et qui m'obnubile.

Et si...
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMar 28 Oct - 20:50

Les yeux larmoyants, je la regarde d'un air interrogateur. Pourquoi pleures-tu Adélie ? Pourquoi être désolé ? Si elle réagit comme cela, c'est qu'elle a ses raisons. Et quelles raisons, dans le fond, je n'ai pas vraiment envie de savoir. Je suis approximativement sûr que c'est à cause de ça. Elle est désolée d'avoir été ce qu'elle n'aurait pas dû être. Mais qu'importe, pour moi, tu as toujours été innocente. C'était inscrit dans tes yeux. Tes tremblements d'avant, c'était peut-être ça. De toute façon, tu n'avais pas ta place. Mais maintenant, tu prônes un statut important. Je ne t'en voudrais jamais de toute évidence, ce n'est pas assez grave pour moi. Je me contente alors de la regarder droit dans les yeux en souriant.

« Qu'importe. Tu n'as pas à être désolé. »

Et même si ce n'est pas la bonne raison que je vise, tant pis. Je n'ai en ce moment, pas envie de savoir le mal qui ronge ton cœur. Je ne veux qu'une seule chose, que tu le soignes. Stopper l'incendie qui s'éternise depuis bien trop longtemps. Arrête donc d'avoir peur, je t'ai toujours dit que tu n'étais pas seule. Regarde un peu. Je suis là ... Des appels cognent contre mon cœur, me poussant à faire le geste qu'il faut. Je ne résiste pas, revenant vers elle, je la tiens contre moi. Comme je l'aurai fait avec Danaé. Je ferme un instant les yeux. Et je la vois là, debout devant moi, un petit sourire aux lèvres. Ses deux pupilles brillant d'un bleu azur. Si tu savais à quel point tu me manques. Je m'écarte une nouvelle fois, en retirant ses larmes. Je crois que je ne l'ai jamais vu autant pleurer sur quelques minutes. Athis, en connaissance des faits, prend la relève en venant se dresser sur ses deux pattes, face à Adélie. Ses pattes sur ses épaules, faisant attention de ne pas peser de tout son poids sur ses membres avant. Ses cinquante-deux kilos sont fameusement lourds d'ordinaire. D'un coup de langue, il vient mouiller la joue de la jeune femme. C'est assez clair : ne pleure pas. De plus, Adélie remarquera certainement la bille que Siriel m'avait gentiment donnée, il y a deux ans. La sphère est calée entre le médaillon et la boucle de fer. Une fois de retour au sol, il vient tourner autour de la jeune femme en fixant la salle commune. Pourquoi pas après tout …

« Alors, raconte-moi ses deux dernières années. »


Je l'invite à me suivre le long du couloir. Le chien, lui préfère avancer plus rapidement vers la salle commune. Le positif si possible. Je doute qu'elle est passée deux années affreuses. Ou peut-être. Dans les deux cas, j'espère sincèrement qu'elle a retiré quelque chose de son aventure. Une mise en garde, n'importe quoi. De mon côté, ces deux années ont été d'un tout autre niveau tout en restant dans le même cercle. La nouveauté au sein de ma vie et de celle des autres, c'est mon compagnon à quatre pattes. Je me souviens encore de la tête de Thierry quand il m'a vu arrivé avec un chiot sur mes talons. Sa réponse fut immédiate : « Lui, il fera un sacré chien ! ». Parce que oui, à la base c'est ce qu'il est. Rien qu'à voir comment il se tient à côté de moi lors de mon service. Enfin, c'est une tête de nœud très complexe.

Ecoutant attentivement, j'ai remarqué qu'elle et Siriel avaient fait un fameux effort au niveau du langage. Ils parlent un peu plus, assez pour tenir une conversation. Le silence disparaît presque. Si ce n'est pas un miracle ça. Parallèlement à ça, l’écho de nos pas résonne entre les murs du couloir. Loin devant nous, je peux voir Athis s’arrêter net devant une porte ouverte. Certainement la salle commune. Et en effet, les bruits des prisonniers ne me trompent pas. Le chien entre dans la pièce et là, un cri aigu se fait entendre. Je regarde Adélie d’un air interrogateur avant d’accélérer la marche. J’aurai presque trouver la scène drôle … Le prisonnier de tout à l’heure est debout sur une table, visiblement effrayé. Athis est assis en le regardant bêtement.


« EL DIAAABLOOOOO ! »


Il est bien évident que si le chien aurait voulu l’attraper, monter sur la table aurait été un jeu d’enfant. Je me contente de soupirer. A croire qu’il a trouvé un ‘’ jouet ‘’ à effrayer. Mais je le soupçonne plutôt de vouloir faire sourire Adélie. Il n’est pas dans sa nature de réagir comme ça. Je souris alors en m’avançant vers lui en lui caressant le dessus de la tête :


« Παύση να κάνει το κλόουν »


Il se redresse alors en trottinant fièrement vers la demoiselle. S’il réagit comme ça à chaque fois que quelqu’un se sent un peu mal … Je promets que mon séjour ici va être très amusant. Mais je sais que ce n’était qu’une question de minutes avant de retrouver mon grand toutou sauvage.
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Adélie Roche
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeVen 31 Oct - 1:53

Je n'arrive même pas à la regarder dans les yeux tellement je m'en veux de ce mensonge involontaire... C'est vraiment lamentable. Je manque de franchise et je ne suis même pas capable d'assumer mes erreurs. C'est pourtant bien pour cela que je suis ici, non ? Oui, précisément. C'est pour cet instant que je suis retournée voir le psy et que j'ai fait des études d'infirmière. C'est pour ça que je me suis noyée dans le travail et que je suis venue dans un endroit pareil. Uniquement pour ça. Pour assumer ce mensonge, pour vaincre ma honte et ma peur. Et qu'est-ce que je fais de ces deux années ? Rien, je les piétine. Et je chiale comme une gosse. D'ailleurs, je crois que c'est la première fois que je me montre sous cet angle à Damara. J'avais été relativement soft, la dernière fois. Malgré une ou deux larmes, peut-être... Et cet air terrifié que j'arborais sans doute. Mais aujourd'hui, je n'ai pas su retenir les larmes. Le bonheur de la – les – retrouver, bonheur qui s'est finalement mué en honte, et presque en peur. Je me rappelle qu'elle m'avait dit que je n'étais pas seule. Elle était là. Et elle est toujours là, prête à veiller sur moi. Pourtant, j'ai cette capacité désespérante à m'isoler même au cœur de la foule. Je suis seule dans ma connerie. Les autres ne m'ont jamais exclue, je suis la seule à blâmer.
Pourtant, Damara me dit que je n'ai pas à être désolée. Sait-elle seulement de quoi je parle ? J'en doute. Comment le pourrait-elle ? Au fond, je suis un peu déçue qu'elle ne m'en demande pas plus. J'ai fait de gros efforts pour parvenir à seulement m'excuser, et j'aurais aimé pouvoir m'excuser, même si cela me terrifie. J'ai tant donné pour cela... Mais si elle ne veut pas que je m'explique davantage, je ne le ferai pas. Je n'insisterai pas non plus. C'est trop dur. Peut-être parviendrai-je à ramener le sujet sur le tapis, une autre fois... Mais c'est loin d'être évident. Il faudra que j'essaie... quand je me sentirai un peu plus calme. C'est important, je crois. Ouais, je crois... Damara me sert une nouvelle fois contre elle. Je lui parlerai une autre fois, j'en ai maintenant la conviction. Pour l'instant, je veux juste profiter, même si je suis désolée et que je me sens mal. Nous restons quelques instants immobiles, l'une contre l'autre. J'essaie de tout oublier, de m'oublier, moi. Damara est là, je ne suis pas seule. Je dois m'en convaincre. Ne pas me mentir, pour une fois. Je me sens finalement écartée de la présence rassurante de Damara. Athis s'approche alors de moi et pose ses deux pattes sur mes épaules. Je crois que si ce n'était pas Athis, je serais pétrifiée de peur. Il est immense. Mais c'est Athis, alors je ne dois pas avoir peur. Mon regard est toujours fixé sur le sol et je n'ose pas le lever.
Je sens soudain un coup de langue sur mon visage qui se recule légèrement, inconsciemment. Je lève enfin les yeux vers Athis. Désolée... Je n'aime pas trop ce genre de contacts. Mais il va de soi que je lui pardonne ce coup de langue. Je me rappelle de lui quand il était tout petit. J'arrivais à le prendre dans mes bras sans aucun problème. Si j'essayais, aujourd'hui... Je crois que je tomberais. Je souris sans m'en rendre compte à cette pensée. Tiens, le collier d'Athis... On dirait une bille. J'ai l'impression de l'avoir vue quelque part, mais j'ai un trou de mémoire. Damara me l'aurait montrée, là-bas, sur la plage ? Possible. Même si j'ai gardé en mémoire cette journée, cela semble logique que je n'aie pas tout retenu, cela fait si longtemps. Je n'ai pas le temps de me poser davantage de questions sur cette bille, car Athis repose ses pattes au sol avant de tourner. Je regard Damara, curieuse. Est-ce qu'il attend quelque chose ? Je sèche les quelques larmes échouées sur mon visage et puis je caresse un peu le chien.

Au lieu de répondre à ma question muette, Damara me demande ce que j'ai fait durant les deux dernières années, avant de me faire signe de la suivre. J'hésite un peu, parce que je n'ai pas trop envie de me retrouver dans un endroit où il y a du monde. Mais Damara est avec moi, je dois faire un effort. Je ne veux pas qu'elle me voie plus pitoyable encore que ce que je suis déjà. Je dois faire un effort, ne pas montrer mon trouble et ne pas céder à la panique. Au moins... essayer. Je suis donc la gardienne et son chien. Et maintenant, je dois parler. Qu'ai-je fait durant ces deux dernières années ? Rien de bien transcendant. J'ai commencé par descendre plus bas que terre, mais ça je crois que je n'ai pas vraiment envie de le raconter. Comment la police française a découvert mon mensonge, comment ils ont mené une enquête, comment ils ont perdu leur temps, et comment les journaux ont réagi. Si ça se trouve, elle a entendu parler des articles qui relataient brièvement mon histoire. Je me demande combien de personnes qui se trouvent dans l'enceinte de ce château en ont entendu parler. Je n'avais pas encore pensé à cela, mais à présent... Si ça se trouve, certains vont bien se moquer de moi lorsque je les rencontrerai. Cette nouvelle crainte me tombe sur les épaules alors que je ne m'y attendais absolument pas. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Pourquoi ai-je écouté le psy ? Je savais bien qu'il n'était pas fiable, pourtant. J'en avais fait l'expérience. Je n'aurais jamais du venir ici, jamais ! Pourtant, je ne peux nier que je suis vraiment heureuse d'être avec Damara. Elle me protègera, elle...
Sauf qu'elle n'est pas toujours avec moi. Et maintenant que cette idée m'est entrée dans le crâne, je ne sais pas si elle pourra en ressortir. J'ai été trop naïve, trop innocente, mais à présent que j'y pense, c'est évident qu'il doit bien y avoir des gens qui ont entendu parler de cela. En particulier ceux qui ont été à Sadismus – je ne sais pas vous, mais j'ai tendance à lire un peu plus les articles qui parlent de ce que je connais un peu... Je ne me souviens plus s'il y avait ma photo dans ces journaux, mais cela semble à peu près inévitable. Si ça n'avait pas été le cas, je n'aurais pas été aussi honteuse et aussi effrayée à l'idée de sortir de ma chambre. Voilà, je n'aurais pas du penser à ça. Adélie, calme-toi ! Rien ne sert de te rendre malade. Inspire, expire. Voilà. On se calme... Bon. Ça, je ne lui dirai pas. Je ne dirai pas non plus que j'ai passé beaucoup de temps chez le psy. Oh non. Mais à part ça, il n'y a pas grand chose à raconter. Voilà, j'ai fait un an d'école d'infirmière. C'est tout. Et j'ai beau chercher... Non, rien d'autre.

« Bah... J'ai étudié un peu... »

A-t-elle remarqué la blouse que je porte ? Sans doute. Peut-être qu'il faudrait quand même que je précise quelles études j'ai fait. Raconte-moi... Je suppose qu'elle s'attend à plus que cette phrase courte et balbutiante. C'est fort probable. Ouais, très probable, même. Bon. Allez, je peux bien ajouter un mot ou deux. Qu'elle voie au moins que j'ai des efforts. Je ne voudrais pas en arriver à l'ennuyer ou à ce qu'elle soit moins gentille avec moi. Même si ce que je pourrai bien ajouter n'est pas très intéressant. J'ajoute donc :

« Pour être infirmière... j'suis en stage... »

Hum. C'est pas trop ça, quand même. On a vu mieux. Mais je ne vois pas trop ce que je pourrais ajouter de plus. Je n'ai jamais été très loquace, je ne sais pas trouver mes mots. Autre chose qui m'énerve passablement et me donne envie de me donner des coups, la manière que j'ai parfois de ne pas lui parler directement : par exemple, j'aimerais lui retourner sa question, mais je n'y arrive pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que je pense qu'elle attend de moi que je la tutoie, mais que je n'y parviens pas. C'est sans doute parce que je me vois encore comme une enfant alors que je la considère comme une adulte... Elle m'est supérieure, en quelque sorte. Et pas qu'un peu. C'est drôle, je la connais à peine et pourtant j'ai l'impression qu'elle est beaucoup plus solide que moi. Plus posée, aussi. Elle n'a pas ma fragilité exacerbée, elle n'a pas ce manque d'assurance qui me caractérise. Et puis elle est vraie, j'en suis certaine. Honnête, franche. Sans hésiter, je dis qu'elle m'est largement supérieure. Bon, certes, ce n'est pas bien dur. Mais tout de même. Damara est vraiment quelqu'un de bien, que j'apprécie énormément. Je ne l'ai pas oubliée, en deux ans... et je crois bien que je ne l'oublierai jamais.
J'espère que Damara répondra à la question que je n'ai pas su poser.
Nous marchons droit devant nous, j'ignore où nous nous rendons. J'espère que c'est à un endroit calme, plutôt vide. Ai-je le droit de l'espérer ? Je ne sais pas... Je devrais me forcer à affronter tout ça. C'est le seul moyen d'avancer, j'en ai la conviction – et je pense qu'il ne faut pas être un surdoué pour être d'accord avec moi. Mais non, tout ce que je fais, c'est... rien, justement. Je me cache, je me terre, et j'espère. Une idiote, voilà ce que je suis. Bon, on se calme. Ça ne va pas recommencer ! Dire que je suis une idiote ne va rien y changer. Ce n'est pas en me fustigeant que je vais évoluer, et j'en suis consciente. Alors ça suffit !
Athis s'arrête devant une porte ouverte, puis entre. Bon, on inspire un grand coup et on essaie de ne pas trop appréhender ce qu'on va trouver à l'intérieur de la pièce. Du monde ? J'entends des voix. Sans doute. Nous sommes dans la tour commune, il y a donc des chances pour qu'effectivement, nous ne soyons pas seuls. Du coup, mon cœur se met à battre un peu trop vite. Vous commencez à avoir l'habitude, je me trompe ? Ma respiration se fait plus rapide, plus difficile. Et soudain, un cri. Un hurlement, devrais-je dire. En espagnol, peut-être, ou quelque chose comme ça. El diablo, si j'ai bien compris. Damara accélère, je la suis, un peu curieuse malgré l'appréhension. J'arrive enfin sur le pas de la porte pour découvrir un prisonnier tout à fait paniqué debout sur une table, pointant du doigt Athis et répétant comme un dément : « El diablo ! ». Il est vrai que si je n'avais pas connu Athis, j'aurais certainement eu très peur de lui. Enfin je n'aurais pas réagi aussi violemment, tout de même. Peut-être par peur de me faire remarquer... Je serais restée pétrifiée, sans aucun doute. Eh non, je ne suis pas une proie bien difficile à attraper, pour un bon prédateur. Et si vous enlevez le mot 'bon' dans ma phrase précédente, ça marche encore. Bref. Mais là, je sais que c'est Athis, et je ne pense pas qu'il soit capable d'attaquer quelqu'un juste par plaisir. Et de fait, il demeure immobile, assis au pied de la table.
Damara s'avance vers lui tandis que je reste immobile, toujours dans l'embrasure de la porte. Je ne sais pas trop où me mettre. Notre entrée n'a pas été aussi discrète que j'aurais pu l'espérer. De plus, la salle est pleine de gens. De mon point de vue, du moins. On a déjà vu pire, certes. Mais... il y a cet homme sur la table, deux ou trois autres qui jouent aux cartes, encore deux sur un divan, un peu plus loin, et puis deux ou trois gardiens. Autrement dire que c'est énorme, d'autant plus que leur attention est toute tournée vers nous qui venons de troubler le calme. La panique monte encore un peu, comme toujours. Je ne veux pas qu'ils me regardent. J'ai l'impression qu'ils se fixent sur notre présence. Peut-être y en a-t-il un ou deux qui a eu vent de mon histoire, et qui rit en silence. Je baisse les yeux, manque de perdre l'équilibre. Quand percevrai-je ce rire ? Je suis sûre qu'il s'élèvera à un moment ou l'autre.

Mais à défaut de ma hantise, c'est la voix de Damara que j'entends. Je ne sais pas ce qu'elle dit, elle parle en grec, je pense. Je suppose qu'elle doit s'adresser à Athis. Je me demande pourquoi il s'est précipité dans la salle commune. Savait-il que cet homme était là et qu'il aurait peur ? Le connaissait-il ? Je le regarde. Il vient vers moi, visiblement tout fier. Un jeu ? Possible. Je souris. La situation a quelque chose de cocasse. L'homme est toujours sur la table, paniqué, tandis que le sujet de sa peur trottine comme... comme un plaisantin ayant réussi sa blague. Lorsqu'il arrive près de moi, je lui caresse la tête. J'oublie un instant les rires qui peuvent se manifester, j'oublie tous ces gens. Athis me protège. Il est là, près de moi, me prêtant un peu de sa force et de sa chaleur. Je lève les yeux vers Damara et dis :

« Il a grandi. »

Je sais pertinemment que cette remarque est complètement dénuée de tout intérêt. Mais je veux qu'elle voie que je fais des efforts. Discuter de choses de la vie quotidienne est quelque chose d'indispensable pour qu'une conversation puisse exister, ma mère me l'a souvent dit. Même si je suis mal à l'aise en conversation, je peux bien faire des efforts. Je n'ai plus qu'à espérer que Damara en prendra à nouveau la direction : elle pose les questions, je réponds.
Plus facile.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMer 19 Nov - 22:50

Parfois, j’aurai aimer écrire l’histoire de ma vie. Comment aurait-elle été si Anthony et Danaé avaient été auprès de moi ? Oh, j’aurai certainement eu une vie parfaite. Que demander de plus que l’amour de ceux qui sont dans votre cœur ? Mainte fois, je me suis vue là-bas à regarder le soleil se coucher à leurs côtés. A la place de ça, le stylo des Dieux a tâché malencontreusement les lignes de mon futur. Me conduisant vers un milieu propice, dure par moment. Pourquoi ? La question alpha qui n’aura jamais de réponse et ça, même le plus sage des hommes le sait. Je me contente donc d’avancer sur le chemin de mon avenir, sans trop m’en soucier. Car dans le fond, demain ne peut pas être pire qu’hier …

Et puis, ce n’est pas comme si je regrettais d’être là. A u contraire, je suis heureuse de l’avoir rencontrée elle. Ou encore eux. Mais là n’est pas la question, si rien de tout cela s’était produit, je ne l’aurai jamais connu. Et je ne serai peut-être jamais partie de Grèce. C’est un cercle vicieux où les questions n’ont pas leur place. C’est comme ça et pas autrement. Je souris à la remarque d’Adélie.


« Heureusement qu’il a grandi. Tu n’imagines pas à quel point il a été fatiguant quand il n’était qu’un chiot. »

Très affectueux, mordillant tout sur son passage. Il n’était qu’un chiot qui avait besoin de se dépenser. Beaucoup. Je me suis même demandé s’il n’était pas hyperactif. Le problème n’est plus là à présent. Il est grand et c’est parfait. Bien qu’actuellement, plus personne ne peu le porter. Enfin, passons. Je suis heureuse de la revoir. De plus, elle parle un peu plus d’elle-même. Cela me pousse encore à lui faire lâcher ses paroles qui vous frôlent le cœur avec douceur. Toi aussi tu as grandi. A ta manière. Tu me sembles, un peu plus confiante en toi malgré ta petite voix enfantine encore présente. C’est comme ça qu’on évolue, avec le temps. Je regarde Athis rebaptisé Inu par Siriel. Comme je le pensais précédemment, il est redevenu calme et sérieux. Par contre, le prisonnier est toujours sur la table à le fixer comme un fou. Je finis par regarder Adélie en lui murmurant :


« Viens … »


Dans les couloirs, beaucoup de prisonniers commençaient à circuler. A l’avenir, je noterai que le couloir Ouest est très bondé. En même temps, si on voulait avoir un peu de calme pour pouvoir parler tranquillement, c’était le mauvais étage. Tant pis, le fait d’être entouré ne m’a jamais posé de problème. Mais par contre Adélie, j’en suis moins sûre. Autant aller au réfectoire, il n’y a plus personne à ses heures-ci. C’est donc par là que je l’entraîne, suivit de près par le chien qui longe silencieusement le mur derrière nous.


« Comment as-tu atterrie ici ? »


Ma voix reste sur le ton qu’elle connaissait bien à présent. Il y avait peu de chance que je la retrouve et comme par miracle. Elle était exactement là où je me rendais. Le destin me joue bien des tours mais je l’en remercie. Sur mes années de services, je ne m’étais jamais autant attachée à des personnes extérieures à mon entourage proche. Oui, tu es importante, mais jusqu’à quel point ? Seul le futur le sait et ce n’est pas plus mal. Parce qu’on ne mesure jamais l’ampleur qu’une personne prend dans votre cœur. C’est tout bonnement impossible. C’est comme si on demanderait à une mère si elle aimait son enfant. Illogique et sans intérêt.

La porte du réfectoire était là devant moi, je n’attends pas pour la poussée et d’y laisser entrer la demoiselle et le chien. Athis n’aimait pas cet endroit, rien qu’à voir comment il se comporte. Les oreilles plaquées vers l’arrière, il s’en va vers les cuisines. Histoires d’inspecter comme à son habitude. Pour ma part, je regarde d’un œil assez surprit la salle … Elle n’avait rien d’un réfectoire. Enfin, j’oublie vite ce détail pour m’asseoir sur une chaise en l’invitant à prendre place. En la regardant, je me demande comment j'ai pu rester deux longues années loin d'elle. Depuis le début, je la considère plus comme l'enfant que j'ai eu sans l'avoir mi au monde. Elle ne m'a pas non plus repoussé quand j'ai inconsciemment prit le rôle de " mère ". Pour moi, cela à toujours son importance. C'est le seul moyen pour se prouver qu'on est '' proche'' et ''complice'' sans avoir besoin de connaître les moindres parcelles de notre vie. Bien sûr qu'elle ne sait rien de Danaé ou encore de ma moitié perdue. Mais viendra un moment où, le coeur s'ouvrira complètement, là où je pourrais lui montrer qu'avant d'elle là pour elle. On était là pour moi ...
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeSam 29 Nov - 1:12

Oui, vraiment, il a beaucoup grandi. La différence est frappante. Damara me fait remarquer que c'est beaucoup mieux. Pourtant, c'est mignon, les chiots. Et ça fait un peu moins peur... Oui, bon, je suis facilement impressionnable, aussi. Mais tout de même. Enfin, maintenant que je sais que c'est lui, je n'ai plus peur. Il n'a pas grogné une seule fois. Je crois qu'il se souvient de moi. Est-ce possible ? Je l'ignore mais je me plais à l'imaginer. En tout cas, je crois qu'à partir de maintenant, je le reconnaîtrai toujours. On dirait un peu un loup, je crois... Il est magnifique.
Ainsi donc, Damara le préfère adulte. Remarquez, il paraît que c'est dur d'élever des enfants, ce doit être pareil avec un petit chien. Athis était vraiment très mignon, mais je suppose qu'il était aussi très joueur, très désobéissant, aussi. D'ailleurs, ça n'a pas l'air de lui avoir complètement passé, vu le manège qu'il vient de faire. Mais il a grandi, malgré tout. C'est indéniable. Je me doute qu'il devait être nettement moins... sage, avant. Je songe soudain avec douleur qu'Athis a sans doute plus grandi que moi. Physiquement, évidemment. Mais à l'intérieur, aussi. En deux ans, il est passé de nouveau-né à adulte. Moi, j'étais supposée être presque adulte. Et aujourd'hui... Rien n'a changé. Toujours aussi gamine, à l'intérieur comme à l'extérieur. Je suis loin d'être la femme que j'aurais pu devenir. Toujours une petite fille, qui a la sensation d'avoir retrouvé sa mère après deux ans – ne vous y trompez pas, je n'oublie pas ma maman pour autant, mais elle n'est pas là pour le moment. Elle doit profiter un peu du repos que lui offre mon absence.
Ravale ta peine et n'y songes plus. Profite des retrouvailles... Je souris et caresse encore un peu le chien. Je crois que ça va un peu mieux pour moi. Merci, Damara... Il est des moments où la tristesse envahit une vie sans raison apparente. Et puis elle repart comme elle était venue, sans un bruit. Discrète et silencieuse. Juste un instant de mélancolie et puis ça passe. Je n'avais pas de raison d'être triste. N'était-ce que ma honte que je n'ai su retenir ? Je l'ignore, mais j'espère qu'elle restera à l'intérieur, cette fois. Malgré tout, il y a toujours un petit fond d'abattement en moi. Je crois que celui-ci ne me laissera jamais en paix. Comme si je ne pouvais vivre sans lui. Une relation à double sens, une sorte de symbiose. Sans moi, il n'existe pas. Sans lui, je... suis incomplète. Sans doute. Je souris une nouvelle fois, comme pour couvrir mon visage d'un masque de sérénité.
Un mensonge, un de plus.
J'essaie de ne pas faire attention à tous ces gens dans la salle commune. Ils sont beaucoup trop nombreux à mon goût. Alors je me focalise sur Athis, sur Damara. J'ai confiance en eux. Ils me protègeront. Contre quoi ? Contre moi-même, peut-être. Contre le monde entier, s'il le faut. Soudain, Damara me demande de la suivre. À voix basse. Comme un secret. Je m'empresse d'obéir, soulagée de quitter ce lieu même si je m'efforce de n'en rien montrer. Nous nous retrouvons dans le couloir, et Damara commence à marcher dans une direction quelconque, je la suis. J'ignore où elle veut aller, mais loin d'ici, je l'espère. Il y a beaucoup plus de monde dans ce couloir que je ne le pensais. Lorsque je suis arrivée, tout à l'heure, il n'y avait personne. J'aurais préféré que ça dure. Les yeux baissés vers le sol, j'essaie d'ignorer ces rires qui résonnent dans ma tête, ces murs qui tanguent. Tout ceci n'émane que de mon imagination. Ils rient car ils se détendent, rien à voir avec moi. Pourtant, ils rient... Et si... ? Toujours ces questions en suspens, toujours ces 'si' qui me gâchent la vie. Presque inconsciemment, je m'approche un peu plus de Damara, jusqu'à la frôler. Puiser un peu de sa chaleur, de sa force. Comme autrefois, sur la plage... Athis nous suit, ombre silencieuse. Je n'ai pas à avoir peur. Athis veille, lui et Damara me protègent. Non, je n'ai rien à craindre, sinon mes pensées plus destructrices qu'aucun humain.
Oublie ce qu'il y a autour, oublie.
Oublier, c'est bien beau. Mais ce n'est pas facile.

Il ne restera rien
Tous est vécu en vain
Vous pouvez partir tard
Ou bien mourir demain...


J'ignore pourquoi il me vient en mémoire ces paroles. Je dois être pessimiste, aujourd'hui. Comme tous les jours, me direz-vous. Mais j'ai l'impression que mes idées sont moins violentes, aujourd'hui. Je suis un peu plus nostalgique. Effet des retrouvailles ? Peut-être. Je suis si contente d'avoir croisé à nouveau son chemin. Mais je n'ai jamais su apprécier toujours le bonheur, j'oublie de le saisir quand il se présente. Peut d'être déçue quand il repartira ? Ou bien sentiment de ne pas le mériter ? Je l'ignore moi-même. Ne me demandez pas de profiter pleinement de l'instant. Je ne sais pas faire cela. En particulier quand je sais qu'il faut que je m'explique à propos de quelque chose que j'aimerais bien enfouir et oublier. Je voudrais une malle dans laquelle enfermer cet épisode de mon passé, une malle que je pourrais enterrer bien profondément dans le sol froid du Luxembourg ou d'ailleurs. Et à ce propos, voilà que Damara en vient à ce sujet que je voudrais aborder et fuir à la fois. A-t-elle compris que je me faisais un devoir de m'expliquer ? Ou bien peut-être n'a-t-elle pas encore compris pourquoi je me suis excusée, tout à l'heure. C'est probable. Je reste quelques instants silencieuse, cherche mes mots.
Comment ai-je atterri ici ? C'est mon psy. Il m'a presque forcée. Je me souviens soudain de la véhémence avec laquelle j'avais repoussé son conseil – indirectement. Ma mère a du bien entendre ma voix, lorsqu'elle a fait suivre la requête de cet homme qui par deux fois m'a poussée dans l'enfer. Mais il m'a persuadée. À deux reprises. Il a fini par y parvenir. C'est pour moi qu'il a fait tout cela, je n'ai pas à lui en vouloir. Si je ne voulais pas venir, je n'avais qu'à me montrer plus sûre de moi que lui. Il a confiance en moi, c'est pour cela que je suis ici. Mais il est trop naïf, il croit en quelque chose de parfaitement improbable. Cela ne faisait pas dix minutes que j'étais en ce château que déjà, je voulais en repartir. Il ne se passe pas un jour sans que je ne veuille retourner en Auvergne. Je me languis de mon pays, plus encore de ma chambre où je suis en paix. Je n'ai encore rien fait de ce que je suis venue faire. Nul de ceux que j'ai rencontrés en Allemagne ne sait rien de mon mensonge. Ni elle, ni Siriel, ni Bella, ni Adeline. Personne.

« C'est mon psy... »

Ma voix est blanche. Et comme j'estime que cela ne répond pas à la question qui m'a été posée, j'enchaine :

« Enfin c'était son idée, pour... »

J'y suis presque ! Allez, encore un petit effort, que tout cela n'aie pas été vain. Serai-je capable une fois dans ma vie de ne pas me défiler ? Je crois que oui, ce moment est enfin venu... Peut-être. Un sentiment tout nouveau s'empare de moi. Fierté, jubilation ? Aucune idée. Mais ça me donne envie de ne pas arrêter là, malgré la boule qui s'est formée dans ma gorge. Non, ne pas arrêter. C'est pour ça que je suis là, je ne veux pas me décevoir une fois de plus. Je ne veux plus décevoir personne, plus jamais. Un peu naïve, oui, je sais. J'aurai beau m'expliquer auprès de Damara, cela ne fera pas de moi une personne différente, je le sais bien. Je serai toujours aussi lâche et un peu idiote, toujours la même menteuse, la même paumée. Mais il faut bien commencer par quelque chose, alors pour cette fois... Juste cette fois... Dire la vérité. Sans rien cacher, sans rien taire. Ou si peu... Oui, si peu. Adélie, il est temps de briser ce silence qui ne demande qu'à s'installer. Maintenant, avant qu'il ne soit trop tard et que la conversation ne s'oriente à nouveau vers un autre horizon. Et c'est d'une voix éteinte, à peine plus forte qu'un murmure, que je continue :

« Parce que je m'en veux d'avoir menti, tout ça... J'aurais pas du être en prison, mais c'était entièrement ma faute. Ils se sont trompés, et moi je n'ai rien dit. J'ai menti tout ce temps. J'avais trop honte... Pardon. »

Je l'ai fait. J'ai réussi à dire tout ce que j'avais sur le cœur, ou presque. D'une seule traite, sans reprendre mon souffle, comme si j'avais peur de m'arrêter et de ne plus pouvoir reprendre. La fin était un peu étranglée par la boule et les sanglots que j'ai réprimés avec peine. Je ne sais pas si mes explications étaient très claires, mais c'est un énorme effort que j'ai fait, j'espère qu'elle en est consciente. D'ailleurs, à la chaleur que je sens sur mes joues, je pense que je dois être rouge, vraiment très rouge. Ce genre de confessions, très peu pour moi. Et dire que je vais devoir refaire de même avec Adeline, Bella et Siriel... s'ils sont ici, du moins. Je suppose que oui, mais comment en être sûre alors que je ne connais que leurs prénoms ? À nouveau, je suis abattue. Désolée, Damara. De n'être pas capable d'assumer mes paroles et mes actes. Et d'avoir menti, aussi. C'est dur d'avoir à rétablir la vérité après tant de temps. Deux ans et des poussières, si je ne m'abuse.
Serrez-moi dans vos bras...
Je continue d'avancer aux côtés de Damara, muette et gênée, désireuse de m'enfuir au plus vite. J'ai oublié le monde autour, il n'y a plus que ma honte, à présent. J'aimerais rentrer à la maison. Oui, encore. Mais cela, je ne lui avouerai pas. Jamais. J'aimerais pouvoir être parfaitement sincère avec elle, mais c'est impossible, je crois. Je ne veux pas qu'elle sache. Ce sont les enfants qui se languissent de leur maison, de leurs parents. C'est sur ces pensées que nous arrivons devant une porte close que je reconnais sans peine : celle du réfectoire. J'ai un moment d'arrêt, c'est peut-être l'endroit que je crains le plus dans cette prison. Je n'aime pas y aller, il y a toujours trop de monde. Je reste un instant immobile, cherchant le courage d'entrer. Damara ouvre la porte. Il n'y a personne. Mais l'appréhension est toujours là, bien qu'un peu plus effacée. La salle est immense, elle paraît vide. Non, décidément, je n'aime pas cet endroit. Je m'efforce pourtant de rentrer à la suite d'Athis. Lui non plus n'a pas l'air très à son aise ici. Ça me rassure, quelque part. Damara s'assoit à une table et m'invite à l'imiter. J'hésite un instant et puis je m'assois enfin. J'ai l'impression que nous sommes de retour dans ce petit village allemand, sauf qu'ici il n'y a pas de serveur grec ni de clients attablés, ni de ciel ouvert. Seulement une vaste pièce qui sent les produits de nettoyage et la nourriture. Nous sommes seules dans la grande salle.
Je n'aime pas trop tourner le dos à autant d'espace, mais je n'ai pas vraiment le choix. Je suis assise, le regard posé sur la table. Non, je n'ose pas regarder Damara dans les yeux. Pas après cet aveu honteux.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeVen 12 Déc - 18:34

Les aveux ont été fait. Sans marquage de pause, elle m’avait confié, narré le pourquoi. A présent, je me retrouvais devant elle, séparée par une table. Je pose mes coudes sur la surface froide en venant chercher les mains d’Adélie en les tenant dans les miennes. Pourquoi être désolée ? Il ne faut pas. On a tous notre part de mystère, d’histoire qu’on ne conte pas. Même si on aime profondément une personne, par moment, il nous est impossible de laisser parler les mots, alors on fait parler nos larmes en espérant du plus profond de notre cœur qu’on comprenne notre appel. Qu’on nous aide à sortir de notre douleur. J’avoue que je ne reste pas longtemps sans briser le silence. J’enchaîne sans attendre.

« Ecoute moi Adélie. Tu n’as pas à être désolée. Tu n’avais pas besoin de te torturer le cœur pour ça. Peu m’importe pourquoi tu t’es retrouvée en prison, il y a deux ans. Pour moi, tu n’avais pas ta place là-bas. »


Et j’avais largement raison de le penser. Parce que non seulement, c’était une faute mais en plus. Elle a été confrontée le monde que jadis, je ne comprenais pas bien. La peur, l’angoisse, le monde. On comprend mieux son comportement d’autrefois grâce à ça. Mais avant n’a plus trop d’importance en ce moment. « Au fond de moi, quelque chose me dit qu’elle n’a pas sa place ici. Et le pire, sans savoir pourquoi, sans preuve, j’y crois. ».


« Et puis, j’espère que ta confession a allégé ta constance. »


Parce que, si tu te sentais mal à cause d’un ‘’mensonge’’, que dois-je dire de mon passé ? Je me rends compte que je ne m’étais pas vraiment ouverte à ce sujet là. Elle ne savait rien de Danaé ou encore d’Anthony. Ce ne sont que des purs inconnus pour elle. Mes aimés perdus. Il fallait croire que je ne voulais pas les mettre en conversation dans le passé. Que je ne voulais pas être triste pour elle en relatant ça. C’est aussi une faute non ? Nous avions le droit de tout nous dire. De s’ouvrir l’une à l’autre sans crainte. Mais j’ai peur d’avoir peur. Alors, je ne dis rien. Pas maintenant, c’est trop tôt.
Je relâche ses mains tout en tournant la tête vers les cuisines. Que faisait Athis ? Ce qui était pratique avec lui, c’est qu’on pouvait se confier à lui sans qu’il nous reproche quelque chose. C’est certainement l’une des oreilles la plus attentive que j’ai pu croiser dans ma vie.


« Durant ses deux années, j’ai pris le temps d’aller un peu partout en Europe. »

Je ne suis pas restée qu’en Grèce, pour une fois. Malgré les richesses des autres pays, ma terre m’est plus importante. On peut considérer ça de « normal ». Athis approche en silence, jusqu’à venir se coucher aux pieds d’Adélie.


« Tu es retournée sur les côtes depuis ? »


La mer, le ciel bleu, les oiseaux, l’écume. Quand j’y étais, je repensais souvent à notre sortie quand nous étions à Sadismus. Les confessions, les mots, les paroles. Un peu de tout. Je trouvais ça un peu réconfortant, ça me permettait de ne pas oublier cette journée. En même temps, c’était très peu probable que cela m’échappe de la mémoire. C’était bien trop encré dans les souvenirs. Surtout que c’était notre première rencontre …
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMer 17 Déc - 22:49

Damara prend mes mains dans les siennes, me prodiguant une fois de plus un peu de sa chaleur et de sa tendresse. Je n'ose pas lever les yeux vers son visage, je suis toujours aussi rouge et gênée. Ce genre d'aveux, ce n'est pas vraiment ce qui me plait le plus au monde. Parce qu'inlassablement, c'est la même réaction : je n'ai pas à être désolée. J'ignore combien de fois on me l'a répété. Ce n'est pas grave, ça ne fait rien. Ce n'est pas un gros mensonge, n'est-ce pas ? Allez, cesse de te lamenter et parlons d'autre chose. Oui, d'accord. Je veux bien. Mais pour moi, c'est important. Je n'en parlerais pas, sinon. Vous devez avoir remarqué que je parle rarement pour ne rien dire. Et moi, je trouve que c'est grave, ce que j'ai fait. Cette fois comme toutes les autres. Outre un manque de respect pour mon entourage, c'était également un manque de respect pour moi. Et même si je ne m'estime pas beaucoup, je sais que ce n'est pas bien. Et puis mince, je me suis faite passer pour ce que je n'étais pas, et j'ai demandé – sans paroles – de l'aide à des gens qui en avaient autant besoin que moi, sinon plus. Peut-être pas Damara, car elle n'était pas enfermée... Mais si je n'avais pas été là, peut-être aurait-elle pu aider quelqu'un qui en avait vraiment besoin. Dans mon cas, il n'y avait pas d'erreur judiciaire, ni rien de tout ça. Il me suffisait de dire un mot pour sortir, si ça se trouve. Mais non, je suis restée là à me lamenter.
D'un côté, je n'attends que ça : qu'elle me dise que ce n'est pas grave. Je ne veux pas qu'elle m'en veuille. J'ai envie qu'elle reste toujours aussi douce et gentille. Mais j'ai aussi envie qu'elle prenne mon histoire au sérieux. Je ne veux pas passer pour la gamine qui s'excuse pour quelque chose qui n'en vaut pas la peine. Oui, je sais, c'est un peu paradoxal, tout ça... Mais je ne peux pas m'empêcher de penser trop. 'Plus fort que moi.

Comme attendu, Damara me dit que je n'ai pas à être désolée. Elle clôt le sujet. Voilà, comme toujours. Oublier ce qui nous fait mal. J'ai bien envie de l'écouter, mais... mais c'est toujours là, quel que soit le sujet de notre conversation. Je dois cependant dire que sa dernière remarque me fait chaud au cœur. Pour elle, je n'avais pas ma place là-bas. Ainsi, elle n'a pas cru à mon mensonge. Tant mieux. Ça n'allège que plus encore le poids de ma honte, même si elle est toujours là, bien présente. La jeune femme marque une pause, je ne réponds rien. Mes yeux doivent perdre un peu de la mélancolie qui les marquait, et c'est tout. Mon regard demeure perdu dans la contemplation de la table. Finalement, Damara reprend la parole, je lève enfin les yeux vers elle, sans oser la fixer bien longtemps. Est-ce que ça a vraiment allégé ma conscience ? Je l'ignore. Peut-être un peu... Mais rien de ce que je peux faire à présent n'effacera ces instants de mon passé. L'humiliation restera gravée dans ma mémoire, aux côtés du bonheur d'avoir rencontré un jour une femme aussi généreuse. J'esquisse un faible sourire, comme pour acquiescer, et m'efforce de soutenir son regard, l'espace d'un instant.

Le silence s'installe à nouveau entre nous, envahissant tout l'espace de la grande pièce. Moi, je ne sais pas quoi dire. Comme toujours. Damara, elle, semble perdue dans ses pensées. Je me rends compte que je ne sais quasiment rien d'elle – et le contraire est vrai aussi. Remarquez, elle doit m'avoir à peu près cernée, je ne suis pas quelqu'un de bien complexe à apprendre. Je crois. Pour ce qui est de la compréhension, je préfère ne pas m'avancer. Je suis... bizarre. Non ? Moi, je crois que si. Et les gens me donnent souvent raison, depuis que je suis toute petite. Je mets mal à l'aise, je le sais. D'ailleurs, je suis à ce point douée que je suis capable de me mettre moi-même mal à l'aise. Impressionnant, non ?
Non.
Je sens les mains de Damara qui s'éloignent des miennes. Elle ne parle toujours pas, jette un regard vers les cuisines, je crois. Je ne bouge pas, quant à moi, mais je lève les yeux vers les fenêtres. Dehors, le soleil brille faiblement. C'est tout ce que je peux voir hormis le bleu du ciel. Il n'y a pas d'arbres, ici. Juste une plaine désolée, morte. Je n'aime pas cet endroit, et je suis décidément bien contente de ne plus être enfermée. Je crois que j'aurais encore moins supporté – épatant, non ? Bref. La voix claire de Damara brise enfin le silence. Enfin, oui, car je n'aime pas que le silence s'éternise. Elle me confie qu'elle a voyagé. Je me demande si elle est allée en France... en particulier vers chez moi. C'est tout ce que je connais, en gros, en Europe. Mis à part bien sûr un certain petit village allemand à l'orée d'une forêt et au bord de la mer... Mais elle n'en dit pas plus. Et moi, je ne pose pas la question. Athis vient se coucher à côté de moi, je le caresse un peu. Même lorsqu'il est couché alors que je suis assise sur une chaise, je peux le toucher. Il est vraiment grand.
Finalement, Damara me pose une question. Dois-je lui avouer que durant les deux dernières années, j'ai passé tout mon temps enfermée dans ma chambre ou bien en cours ? Que je n'ai pas quitté mon quartier, encore moins ma ville ? Je me demande si elle a compris que j'avais des peurs sociales handicapantes. D'un côté, je me dis que ça saute aux yeux, mais par ailleurs, la plupart des gens ne comprennent pas vraiment comment c'est possible. Si je lui dis que je ne suis pas sortie, va-t-elle me trouver simplement bizarre ? Va-t-elle croire que j'ai passé mon temps à jouer à des jeux vidéo ou je ne sais quoi d'autre ? J'appréhende un peu sa réaction, c'est pourquoi j'hésite à lui répondre très franchement. Je dois reconnaître que j'ai bien envie de me confier à elle, ça fait parfois du bien. Mais...

« Non... »

Je vois que l'heure n'est pas aux confidences. Pourtant, ça me taraude. Et je suis tout à fait conscience qu'un simple mot en guise de réponse, ce n'est pas franchement idéal. Je me doute qu'elle ne va pas s'en offusquer, mais je veux qu'elle voie que j'essaie, quand même. Alors... il faudrait que j'ajoute quelque chose, n'est-ce pas ? Je pourrais lui retourner la question. L'ennui, c'est que ça me forcera à prononcer ce mot : 'vous' qu'elle m'a déjà demandé d'abandonner, si je me souviens bien. Même sans le dire, simplement en me tutoyant. Mais je ne suis pas capable de la tutoyer... pas encore. Mais j'ai peur de passer pour une idiote en la vouvoyant alors qu'elle me tutoie.
Le problème, c'est que je ne vois pas du tout comment l'éviter, ce mot. Alors je ne dis rien, pour le moment... Peut-être qu'elle brisera ma glace, je l'espère.

[Pas très causante, aujourd'hui, la p'tite ><]
[RPer au lieu de réviser... Pas bien du tout, ça è_é *Va travailler*]
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMar 23 Déc - 15:39

Le silence retombe aussi durement que les gouttes de pluie sur le sol. Les années ont passées mais elles n’ont jamais effacer ce qui me restait. Se souvenir de tout, j’ai inconsciemment jouer avec le temps des apesanteurs. Ou peut-être n’ai été que la marionnette des Dieux, de mon avenir. Les idées idylliques, le calme, la douceur. Tous ça font ce que je suis et c’est assez difficile de s’y retrouver parce que je n’ai pas le droit de tomber à genoux ou du moins, pas trop longtemps. Le nom qu’on vous offre agit parfois sur votre personnalité. Et le mien est tout le contraire de ; malheur. Pourtant, on ne peut pas dire que j’ai été gâté par la vie. D’accord, il y a de bon moment mais il y en a des plus sombres. Ceux que j’avais préservés d’Adélie par exemple. Puis-je seulement encore lui faire part d’un peu de moi ? Ca serait certainement une forme de suicide aussi bien pour elle que pour moi. Je n’ai pas envie de lui exposer une douleur. Ma douleur. Elle est enfuie au loin mais il ne suffirait que d’un élément déclencheur …

« Adélie … Tu te souviens, il y a deux ans. Je t’avais dit que tu me faisais penser à quelqu’un … »

Le souffle un peu plus lent. Tout va bien. Je souris bêtement, cherchant mes mots. Il se peut qu’elle ne s’en rappelle pas et étrangement, ce n’est pas très grave. Parce que si c’était le cas, elle se souviendrait aussi de mon expression de mal être. Le cœur au bord du gouffre, d’une certaine façon. Athis redresse la tête en me regardant de ses yeux perçants. Comme s’il s’apprêtait à me voire fondre en larme. N’ai-je pas dit que tout allait bien ? Je ne vais pas me user mentalement. Je m’apprête à enchaîner quand une silhouette attire mon attention à l’entrée du réfectoire. L’un de mes collègues me faisait de grands signes. Coupée dans mon élan, je regarde Adélie comme si elle allait me donner une réponse à une question inconnue. Pour finir, je me redresse en ajoutant à l’adresse d’Adélie :


« Je reviens. »


En passant à côté d’elle, j’ordonne à Athis -en grec- de rester à sa place parce qu’il s’apprêtait à me suivre. Qu’il reste avec elle, je n’en ai pas pour bien longtemps. En m’approchant, je remarque que l’homme tenait un dossier. Ah non, pas maintenant, ce n’est vraiment pas le moment ! Le sourire forcé, je redoute de devoir aller faire mon « devoir ». Laissez donc moi un instant en paix. Finalement, ce n’était pas grand-chose. On m’a juste assimilé la « corvée » d’aller récupérer un nouveau gardien demain matin. Bien. Je prends donc les papiers, je prendrai le temps de les lire ce soir, peut-être. Tout en retournant à ma place, Athis me regarde, les oreilles aussi droites que s’il aurait aperçu un lapin.


« Les formalités. »

Rien que ça. Je m’assoie en plantant mon regard dans le sien. Aux abonnés absents, oui donc. Elle me faisait penser à quelqu’un. Pourquoi ? Je ne sais pas, le regard enfantin peut-être. La fragilité, la douceur ... Je perds un peu de mes mots. C'est si lointain en même temps. Mais son visage aurait pu être n'importe lequel, je l'aurai reconnu entre mille. C'est ça d'être une mère dirons nous.

Je ne veux pas aller trop vite dans mes dires. Enfin en même temps là, ce n'est pas moi que refuse de parler, loin de là. Quelque chose me bloque. Je n'arrive pas à sortir son nom. J'ai du mal à raconter ça alors que ... Je ne comprends pas pourquoi. Oui Adélie, avant toi, il y a eu ma chair et mon sang. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Et ça me blesse au plus profond de mon être ...
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeSam 27 Déc - 14:56

C'est étonnant à quel point j'ai l'impression que les sentiments de Damara sont ambivalents. Lorsque je la regarde à la dérobée ou bien lorsque je suis auprès d'elle, j'ai l'impression qu'elle est forte, prête à braver toutes les tempêtes. Pourtant, elle paraît – assez paradoxalement – lointaine, nostalgique... d'une infinie tristesse. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, je ne sais pas quelle a été sa vie. Et je suis bien trop égoïste pour me préoccuper d'elle et essayer de la réconforter. Il n'y a que moi qui compte. C'est bien ainsi que je fonctionne, non ? Je passe ma vie à me lamenter sur ma vie et mon sort, et j'en oublie l'essentiel : les autres. Il serait temps que cela change. Damara ne mérite pas un tel comportement de ma part. Elle est d'une grande générosité, elle me traite comme si j'étais quelqu'un de bien, voire d'important – alors que je ne suis rien, ne l'oublions pas. Pourtant, j'aimerais faire un effort, et lui demander ce qui ne va pas. La serrer dans mes bras, mais pour la consoler, cette fois, et non l'inverse. À vrai dire, je ne suis même pas certaine de ce que je peux lire dans ses yeux. Si ça se trouve, elle n'est pas triste du tout. C'est vrai, quoi, j'y connais rien. Je n'oserais pas prétendre m'y connaître en psychologie ou autre.
Le silence s'est installé. Athis est toujours à mes pieds, je le caresse du bout des doigts. Réussissant enfin à me forcer, je lève les yeux vers Damara et souris un peu. Je n'ai aucune raison d'être triste. La honte, je dois l'oublier, elle m'a dit que je n'avais pas à être désolée. Je dois bien être capable de sourire et de parler normalement, comme tout le monde... Non ? Il faut que j'arrête de me considérer comme quelqu'un de différent, et tout ira mieux. Blablabla... Toujours la même rengaine.

Soudain, la voix claire de Damara brise le silence. Il y a deux ans ? Damara sourit, m'explique que je ressemble à quelqu'un. Mais ses yeux, eux, ne sourient pas. À qui est-ce que je ressemble ? Non, je ne me souviens pas. Pas vraiment... J'ai gardé en mémoire ce jour sur la plage, loin de la prison. Ça oui. Et puis quelques détails, aussi. Je me souviens que Damara a perdu un être cher avant même qu'il ne goûte à la vie... Je me rappelle les vagues et le vent, et le rocher. Que nous avions connu les mêmes personnes, aussi. Je me souviens la rencontre d'Athis, et puis ces quelques mots gardés en mémoire : n'oublie jamais que tu n'es pas seule. Je l'ai maintes fois oublié, désolée Damara... Mais vous, je ne vous ai jamais oubliée. Il y eut aussi la nuit passée dans ses bras, dans sa chaleur, comme une enfant entre les bras de sa mère.
Après tout, que je m'en souvienne ou non n'a pas vraiment d'importance, je crois. Le ton de Damara me fait penser au mien, il y a quelques minutes. Aurait-elle une confidence à me faire, elle aussi ? J'en ai l'impression. J'aimerais pouvoir l'aider, mais je ne sais pas comment la réconforter ou l'encourager à parler. Le fait est qu'elle ressent probablement le besoin de parler. Je me demande pourquoi elle se confie à moi, car je ne dois pas être quelqu'un de vraiment... Enfin je sais pas, mais j'ai du mal à comprendre qu'elle m'accorde sa confiance alors qu'elle me connaît si peu – et que je ne suis pas franchement quelqu'un de bien, je crois. Mais dans tous les cas, il va sans dire que je l'écouterai avec attention. Je suis vraiment heureuse qu'elle veuille ainsi se confier à moi.
Je plante mon regard dans le sien dans un ultime effort, comme pour l'encourager à poursuivre. Dites-moi ce que vous avez sur le cœur... Je veux être là pour vous, à mon tour. Je veux pouvoir vous montrer que je ne suis pas qu'une gamine égoïste qui a besoin de l'attention des autres... Moi aussi, je peux être là.

Mais la confidence n'est pas pour tout de suite, je crois. La voilà qui tourne la tête vers l'entrée de la grande salle. Je suis son regard pour remarquer une autre gardienne, qui lui fait des signes. Damara se lève, m'annonce qu'elle ne sera pas longue, puis s'éloigne après avoir dit un mot à Athis. Je la regarde de loin. Elle discute un instant avec la gardienne, prend un petit dossier et revient enfin vers moi. Mes doigts sont toujours plongés dans le pelage sombre d'Athis, que je regarde un instant. Il n'a visiblement rien perdu de l'échange entre Damara et l'autre gardienne. Je le caresse encore, et je replonge mon regard dans celui de Damara. Deux mots jaillissent d'entre ses lèvres, et puis plus rien, le silence. Que voulait-elle donc me dire de si important que ses yeux en avaient perdu leur sourire. À qui est-ce que je ressemble ? Damara est plongée dans ses pensées. Saura-t-elle en sortir ? Qu'est-ce qui bloque ses paroles ? Une boule dans la gorge ? Je connais trop bien ce genre de blocage. J'aimerais pouvoir l'aider, j'aimerais lui donner un peu de ma force. J'essaie de sourire de manière encourageante, j'essaie de ne pas détourner le regard, même si c'est dur.
Courage, Damara...
Malgré tout, j'appréhende. J'ai envie qu'elle se confie à moi, mais j'ai peur. Parce que je ne sais jamais quoi dire ni quoi faire pour consoler quelqu'un qui se sent mal. Je n'ai jamais réussi. Je suis toujours démunie face à la peine.

« Damara... »

Je ne peux rien ajouter, ma voix est déjà brisée, un peu rauque. Comprendra-t-elle que je veux simplement l'aider à raconter ce qu'elle voulait raconter ? Comprendra-t-elle l'effort que je fais pour ne pas baisser les yeux, pour l'encourager, pour lui donner le peu de force que j'ai ?
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeVen 9 Jan - 22:15

« Damara … »

Ce n’est point là, un cri de détresse, ni de tristesse. C’est juste sa petite voix, avec laquelle elle se force de me faire revenir sur terre. Avec laquelle, elle souhaite que je continue mes paroles d’il y a quelques minutes. Que je sois plus proche d’elle de par les confidences. Si je te conte mon histoire, seras-tu retenir tes larmes ? Seras-tu me pardonner d’agir trop « maternellement » avec les gens qui en ont besoin ? Jamais, je n’ai espéré la remplacer avec quelqu’un d’autre. C’était … Tout bêtement impossible. Parce que je sais que chaque personne est unique par sa personnalité, son vécu, son cœur, son tout. Et moi je ne comprenais pas que dans son cœur, y avait la vie. Et qu’dans le tien, il faisait froid … Sauf pour que moi, c’était le contraire. Je vivais et elle était morte. Alors qu’avec Helen, ce n’était pas pareil. Je me demande encore comment aurait été mon existence si elles avaient été toutes les deux là. C’est assez complexe à comprendre quand je dis que je ne regrette pas d’avoir rencontrer Adélie, Bella, Siriel ... Parce qu’au plus profond de moi, c’est à cause de leur mort si je suis ici. Les destins sont liés, il suffit juste de les accepter. Et je l’ai fait avec le sourire malgré le cœur déchiré en milles morceaux. Elle était le cadeau dont je rêvais … Et que je n’aurai plus jamais. Secouée d’un spasme, je sens quelque chose s’appuyer contre ma cuisse. Bien évidemment, je sursaute légèrement pour me rendre compte quelques secondes plus tard, qu’il ne s’agissait là que d’Athis. J’avais tellement eu plus facile à lui parler de ma vie. Peut-être qu’Adélie me paraissait trop fragile pour supporter mon passé ? Oh ! Vantardise, elle n’était plus aussi fragile que ça, sinon, elle n’insisterait pas -à sa manière- de me faire parler. Caressant le poil de mon compagnon, je baisse la tête et entrepris ce que je n’avais encore jamais fait avec elle au paravent, parler plus de moi. Toussotant légèrement, je commençais :

« Il y a sept ans de ça, j’ai perdu une personne … Danaé. »


Ce nom évoque la tranquillité, le calme, l'harmonie et la sympathie. Il a son histoire dans la mythologie grecque. Mais cette fois-ci, c’était surtout pour l’union, pour ma mère que j’avais choisi ce prénom. Quand elle était encore en moi, je sentais qu’elle allait aimer le monde et sa nature. Elle était heureuse quelque part. Mais pourtant, elle n’a pas pleuré quand elle a dû partir. Ca semblait évident. Est-ce que ma mère aurait réagit comme moi si j’étais partie avant elle ? Il est probable que nous puisqu’elle avait toujours mon père à ses côtés. Les Dieux ont décidés, il y a sept ans, que ma vie tournerait dans un autre sens. Les mots d’or ont été écrits à la larme de mon sang … De leur sang ? J’avais juste besoin d’un peu de temps pour m’en remettre. Même si actuellement, ce n’est pas vraiment le cas, c’est un peu comme un verre d’eau posé dehors. Quand il pleut, il se remplit mais quand le beau temps revient, le soleil fait diminuer le liquide transparent dans le verre. Et ainsi de suite. Tout dépend du temps, de mon humeur. De Moi … Abandonnant le pelage d’Athis, je remonte la tête vers Adélie, un demi sourire aux lèvres.

« J’étais à mon quatrième mois quand … je l’ai perdu. »


Ma respiration était calme, mon cœur battait un peu plus vite. Rien d’alarmant. Tout va bien. Le chien gémissait doucement en laissant échapper un long ''pleurement'' silencieux. Me rappelant qu’il était là. Ma main tomba à la hauteur de son museau, qu’il s’empresse de venir toucher pour réclamer une caresse. Je n’ai jamais voulu qu’ils me quittent, mais c’est trop tard et surtout, c’était imprévu. Et comme je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur mon sort, je ne suis pas tombée trop bas. La preuve : Je suis encore vivante. Peut-être que maintenant, Adélie comprendra mieux ce qu’elle représente à mes yeux.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMar 13 Jan - 5:24

Mon regard n'a toujours pas faibli, cherchant le sien. Je veux lui montrer que je ne suis pas aussi faible que j'en ai l'air, que je peux être forte, moi aussi. Mensonge ? Possible, oui. Mais j'ai envie de pouvoir être là pour elle comme elle est là pour moi. Je suis une adulte, non ? Eh bien je veux être une amie, également. Je ne veux pas avoir pour seul rôle celui de cette petite fille paumée et vulnérable. Même s'il me va comme un gant. Ne croyez-vous pas que c'est légitime ? Je ne sais pas, peut-être pas. Mais je n'aime pas ce rôle que j'endosse tout naturellement, je ne veux plus être faible et chétive. Faites que je me sois trompée, Damara... Que l'heure soit aux confidences. Je sais que je ne pourrai pas être très utile, mais peut-être que ça pourrait la soulager un peu de parler. Elle me semble forte comme un roc, mais dans ses yeux j'ai pu lire comme une infinie tristesse, cachée quelque part... Le roc a beau être fort, l'eau en vient toujours à bout. Alors même si je ne peux pas faire grand chose, même si l'embarras et le manque de mots risquent de me mettre fort mal à l'aise... Parlez, je vous en prie, si cela peut vous faire du bien, à vous.
À qui est-ce que je ressemble ?
Mes doigts sont toujours contre Athis, que je sens se retirer soudain. Au toucher, je sens qu'il va vers Damara. A-t-il senti, lui aussi, ce trouble qui l'a gagnée ? A-t-il lui aussi cette impression de tristesse ? Impossible de le dire avec certitude, mais... j'ai envie de croire que oui. Qu'il la comprend mieux que quiconque, parce qu'il est proche d'elle. Après tout, il s'est souvenu de moi, tout à l'heure. Ce chien est assez particulier. J'ai la sensation qu'elle lui a transmis ce je ne sais quoi... Une sorte d'amour, de générosité qui fait qu'elle est celle qu'elle est. Oui, je l'admire. Elle est un peu comme un modèle de force et de courage, mais aussi de bonté et de tendresse. Mais un modèle qui aujourd'hui a peut-être besoin de moi... Alors je me dois de l'aider du mieux que je peux.

Damara baisse le regard, elle semble gênée... non, même pas. Elle semble... troublée, voilà qui est plus juste. Peut-être à raison. Peut-être n'est-ce pas une bonne idée qu'elle me dise ce qu'elle a sur le cœur. C'est déjà arrivé que l'on se confie à moi, et ce n'est pas forcément quelque chose de bien. Parce que je ne sais pas quoi dire, quoi faire. Parce que je suis une petite idiote d'indécise, une gamine qui ne trouve sa place nulle part, une imbécile, en somme. Pourtant, elle se décide enfin. Damara toussote puis elle prend la parole. Elle me raconte quelque chose qui doit lui être douloureux : la perte d'un être cher. Est-ce à cette Danaé que je ressemble ? Je l'ignore. La jeune femme se tait quelques instants, puis elle sourit, me regarde et poursuit. Elle en était au quatrième mois.
J'avoue que je suis surprise. Me parle-t-elle de cet enfant qu'elle n'a pu avoir ? Elle m'en avait parlé, sur la plage... Mais je doute que ce soit à elle que je ressemble. Comment savoir, cependant ? Après tout, son nom était déjà choisi bien avant sa naissance. Avoir un nom, c'est être un peu vivant. Bien sûr, tous les fœtus sont vivants... Mais Damara lui avait déjà réservé une place dans sa vie. Elle avait réalisé, pris conscience. Elle devait avoir des projets plein la tête, imaginer ce que serait sa vie avec cet enfant qui n'a pu voir le jour. C'est comme si Danaé avait vécu un peu à ses côtés, et non uniquement en elle. Comme si elle ne l'avait quittée qu'après sa naissance. Elle était déjà quelqu'un... Et peut-être m'aurait-elle ressemblé. Pauvre Damara.
J'ai envie de la serrer dans mes bras pour lui montrer que je suis là malgré ma présence effacée. Pourtant, je n'y arrive pas. Et puis mon regard se baisse. Je sais ce que c'est que de perdre quelqu'un qui nous est cher. Mais je n'ai jamais perdu d'enfant, moi. La seule qui m'ait quittée est ma grand-mère. Elle avait déjà vécu sa vie... Danaé, non. Elle aurait du vivre longtemps, elle aurait du voir le monde, l'amour de sa mère. Damara a beaucoup souffert. Ma vie à moi a été facile, en comparaison. J'ai toujours eu beaucoup de chance. Un peu gênée mais sincèrement désolée, je murmure d'une voix éteinte :

« Je suis désolée... »

C'est tout ce que je trouve à dire, pour changer. Je sais que ça n'avance à rien, que je sois désolée. Rien du tout. Cela ne fera pas revenir l'enfant perdu, cela ne changera rien à la tristesse de Damara. Mais je vous l'ai dit, je ne sais pas réconforter. J'essaie, pourtant, mais... Rien. Pourtant, j'aimerais prendre ses mains dans les miennes et les serrer, ou bien l'enlacer, ou bien... je ne sais pas, moi. Dire quelque chose d'intelligent et d'utile. Bref, autre chose que ces trois mots qui n'ont pas lieu d'être en cette circonstance.
Et du coup, je m'en veux. Parce que je l'ai poussée à la confidence en sachant pertinemment comment cela se passerait : moi, immobile et silencieuse devant sa peine, incapable de faire quoi que ce soit. C'est sciemment que je l'ai amenée à me parler, et je n'aurais pas du. C'était égoïste, je voulais juste assouvir ma curiosité, au fond... Même si j'aurais aimé l'aider un peu comme elle m'a aidée...
Je suis une petite idiote.
Pardon, Damara...


[Me coucher ? J'y cours mr green]
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMer 4 Fév - 21:47

La souffrance n’est plus rien quand on trouve une lueur de bonheur et ce, qu’importe l’endroit, le temps, l’heure. Tant qu’on y touche et qu’on est capable d’en profiter, la moindre situation vous parait drôle, anodin mais là n’est pas l’importance. Ce qu’on doit retenir, c’est que même dans les entrailles de la douleur, on peut y trouver une paix, une sérénité intérieure. Un fait qui vous pousse à aller mieux. Et puis, je ne peux certainement pas m’apitoyer sur mon sort, il y a toujours pire ailleurs. Souriant à Athis qui venait de comprendre rapidement que je n’allais pas fondre en larme, surtout pas devant Adélie. Je ne fuirai pas ma douleur, mais j’en ferai quelque chose de positif afin d’aider, peut-être ceux dans la même situation. Et puis, personne ne pourra rien n’y faire. C’est comme un enfant qui perd l’usage de la parole, il trouvera toujours un moyen de se faire comprendre par les autres. N’est-ce pas mon très cher compagnon ? La queue battante de droite à gauche, il finit par retirer son museau et faire quelques pas pour se retrouver dans l’allée entre deux tables. Relevant les yeux vers Adélie, je lui souris joyeusement. Les coups sont éphémères, juste quelques secondes.

« Qu’importe … Je reprends mon service, tu veux te joindre à moi ? »


Sans attendre une réponse fixe, de toute évidence, je savais qu’elle ne me refuserait pas ça, au pire, elle pourra toujours partir au bout de cinq minutes. Je me redresse en lançant un regard à Athis, prêt et tout aussi impatient de jouer le pourquoi il était ici. Un seul signe du visage et le voilà marchant tel un fauve, la tête basse vers la sortie du réfectoire. Repoussant la chaise contre la table, je fais le tour tout en allant à un rythme calme et détendu. Les derniers prisonniers quittent d’ailleurs la pièce, l’heure est venue de la fermer de tout façon. Une fois à l’entré, j’ai juste le temps de me retourner à cause de quelques bruits qui venaient de la cuisine. Casseroles tombées, assiettes brisées, des injures. Athis comprend rapidement mon geste et file voir ce qu’il se passe. D’ici, je pouvais entendre mon compagnon grogner, ainsi qu’un homme hurler de terreur. Je me dis sur le coup, qu’Athis aurait très bien pu faire chien de berger … Tournant le regard vers la porte de la cuisine, un prisonnier sort à reculons, la main couverte de sang . Athis l’obligeant à faire marche arrière, le poil hérissé ce qui ne lui donnait pas plus l’air amical qu’un loup affamé. Grognant de plus belle, le chien plaqua ses oreilles vers l’arrière en avançant un pas après l’autre d’un air traîneur. Derrière le loup, l’un des cuisiniers de la prison sortit rouge de rage …


« Sale vermine ! Tente encore une fois de voler quelque chose ici et je t’enfonce profondément le cout… »


Sans avoir le temps de terminer ses railleries, Athis grogna sur le cuisto’ qui retourna dans sa cuisine en fermant la porte. Injuriant en silence le monde. Je ne quitte pas le prisonnier des yeux, forcer de reculer par le chien, il se retrouve finalement adossé à une table. D’un sifflement, je le rappelle pour m’approcher du jeune homme, blessé à la main. Je regarde vite fait et estime que la coupure n’est point importante. Je lui souris en lui disant d’une voix cristalline :

« Faites attention la prochaine fois quand vous manipulez une lame. »


Je le libère après lui avoir donner une serviette, lui conseillant toutefois d’aller montrer sa blessure à Adélie, après tout, c’était elle l’infirmière ici. Athis qui était resté au pied de la jeune femme, revient vers moi en reniflant ma main. L’odeur d’un inconnu ne lui plaisait pas et grogna en douceur pour se détourner de moi afin de reprendre du service. Accompagné, je me dirige vers la sortie mais m’arrête juste devant Adélie et le prisonnier. Attendant le verdict final …
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMer 11 Fév - 20:06

Malgré la douleur, Damara semble ne pas se laisser envahir par le regret. C'est comme si ses yeux se vidaient peu à peu de la peine que je pouvais y lire il y a quelques instants seulement. Elle sourit doucement à Athis, puis à moi. Et cette fois, plus de doute : elle a chassé la douleur de son esprit. Je souris à mon tour. Le chagrin ne part jamais vraiment, j'en ai fait l'expérience, même si ça n'a rien à voir. Un jour ou l'autre, les souvenirs remontent, douloureux. Mais je me garderai bien de faire part de ma pensée à Damara. Je n'ai pas envie de la faire pleurer ou de lui rappeler ce qu'elle essaie peut-être d'oublier.
Damara m'adresse la parole. On croirait presque qu'elle a su, d'un battement de cœur, balayer ce qui la dérangeait. J'admire sa force et son courage... C'est drôle, l'écart d'âge entre nous est peu important – quatre ou cinq ans je crois – et pourtant, j'ai du mal à me considérer comme son égale. Peut-être est-ce du, au moins en partie, aux circonstances de notre première rencontre. Elle, la gardienne ; moi, la prisonnière. Finalement, à voir notre manière de nous comporter l'une vis-à-vis de l'autre, on pourrait croire qu'elle est ma grande sœur, voire... ma mère. En tout cas, la tendresse que je ressens à son égard ne contredit cela en aucune façon, et j'aimerais pouvoir lui rendre tout ce qu'elle fait pour moi. Dans d'autres circonstances, peut-être serions nous devenues amies, qui sait ? Mais je veux dire, avec une sorte de pied d'égalité entre nous, comme des amies de l'extérieur, qui vivent dans environnement moins spécial.

Athis se lève et commence à s'éloigner ; quant à Damara, elle me propose de l'accompagner dans son travail. Pourquoi pas ? Après tout, j'ai un peu de temps libre, puisque c'est mon jour de congé. Je ne me vois pas trouver d'excuse plausible pour me retirer maintenant. D'autant plus que je suis heureuse d'avoir retrouvé Damara. D'un autre côté, ce peut être intéressant de voir comment elle travaille. Cela me permettra d'appréhender la prison d'un autre point de vue. Après prisonnière et infirmière, me voilà assistante gardienne. Je ne vous cache pas que j'ai un peu le trac. Je n'ai aucune idée de ce à quoi ressemble le travail d'un gardiens. Les seuls que je vois régulièrement sont ceux qui sont en poste à l'infirmerie. En gros, ils restent plantés toute la journée avec pour seule occupation : réprimander les prisonniers et me mettre mal à l'aise – involontairement, j'en conviens.
Je souris et réponds enfin, avec un peu plus d'hésitation que je ne l'aurais souhaité :

« Euh, oui, pourquoi pas ? »

Oubliées, les larmes de tout à l'heure ? Pas tout à fait. Disons juste que pour une fois, j'ai su prendre un peu sur moi. Et puis malgré l'impression que je donne sûrement, je n'aime pas me donner en spectacle.
Damara se lève, je l'imite. Immédiatement, Athis semble devenir plus sérieux. Un vrai chien policier, je n'aimerais pas être sa proie. Il a l'air de prendre avec beaucoup de sérieux la tâche qui lui a été confiée, en tout cas. Je remarque que quelques prisonniers autour de nous s'apprêtent à sortir. Je ne m'étais même pas aperçue de leur présence... Et c'est sans doute mieux ainsi. À la réflexion, tout le monde se dirige vers la sortie, ce qui laisse penser que l'heure de fermeture approche. Je suis Damara vers la porte avec l'impression désagréable d'aller vers la foule, lorsque nous nous retournons de concert, surprises. Je ne sais pas ce qu'il en est pour Damara, mais je sursaute.
Des casseroles sont tombées, accompagnées dans leur chute par de la vaisselle plus fragile, dans un fracas digne d'une telle circonstance. Des insultes fusent tandis qu'Athis se précipite vers le lieu de... la bagarre ? Il gronde et escorte un homme hors de la cuisine. Celui-ci, visiblement blessé, semble terrifié par l'animal, qui ressemble davantage à un loup qu'à un chien dressé, pour l'heure. Un cuisinier – ou un personnel des cuisines, je ne suis pas convaincue qu'un cuisinier soit réellement employé ici, vu la qualité des plats qui sont servis – sort, hurlant de rage. Il ne faut qu'un regard d'Athis pour le renvoyer en cuisine, ce qui me fait sourire, malgré moi. Damara s'approche enfin du prisonnier ; quant à moi, je ne bouge pas encore. Il a peut-être besoin de soins, mais je ne voudrais pas interférer dans le travail de Damara. Je lui fais confiance, elle saura être juste et me demander de l'aide si elle en a besoin. Elle ne fera pas comme certains gardiens qui commencent par faire du mal aux prisonniers avant de se poser la moindre question. Je pense qu'elle en serait tout simplement incapable... Et que l'idée ne lui viendrait même pas à l'esprit. Non, j'en suis sûre.

D'ailleurs, la voilà qui conseille au jeune homme de venir me voir. Je rougis, baisse les yeux et m'approche enfin. Ben oui, c'est moi l'infirmière, même si ça ne se voit pas. Non non non, je ne suis pas juste la petite sœur timide de Damara qu'elle a amenée sur son lieu de travail pour lui montrer. L'homme me tend sa main, il n'a pas l'air très à l'aise. Il faut dire qu'entre le cuisinier en colère et Athis, il a eu droit à une séance d'émotions... Je pense que je peux le comprendre. Je regarde la plaie, elle n'est pas très profonde. Cela dit, je ne sais pas avec quoi il s'est coupé mais il vaut toujours mieux désinfecter, on ne sait jamais. Une infection est trop vite arrivée, surtout dans un endroit pareil. Damara arrive près de nous au moment où je sors un petit flacon et une compresse encore emballée de ma poche – je me suis dit ce matin que ça pourrait toujours servir – en disant enfin :

« Ce n'est pas très grave, mais je vais désinfecter... Ça va piquer un peu. »

Et me voilà replongée dans mon mutisme. Je sors la compresse et l'imbibe du produit, avant d'appliquer le tout sur la coupure. Et pour finir, je sors un pansement de ma poche et le met sur la plaie. Ce n'est pas grand chose, mais je préfère ne pas prendre de risques.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMer 6 Mai - 2:54

On ne sait pas de quoi demain sera fait. Au pire, je pourrai toujours être l'ombre de ma propre vie sans jamais m'en soucier, trainer l'envie d'un renouveau. Etre comme tout le monde, vivre avec ce que j'ai et que cela me suffise à jamais. Sourire serait le remède à tout problème. A quoi bon se noyer l'esprit dans des mots, si ceux-ci ne sont pas capables de nous répondre sans imiter le vent. Au final, nous n'avons qu'une seule façon de vivre. Comme je n'ai qu'une seule façon d'être moi-même …

Je n'avais évidemment pas laissé le dossier trainer seul sur la table. Mes doigts le serraient de sa couverture lisse et sombre. Quelqu'un viendra demain et gâchera peut-être sa vie entre ses murs. Désolant ou non, cela m'importait peu. Tout ce que je pouvais en dire, c'est qu'à chacun ses choix, ses erreurs et ses valeurs. Vivre dans une démocratie libre n'a pas toujours ses bienfaits. Quoiqu'en évidence, cela ne s'applique plus en ses lieux. Sauf si par chance, on porte un habit sombre et les attirails du parfait gardien. J'en rirais presque si je n'étais pas si « plongée » dans le sérieux. Observant tranquillement Adélie s'occuper de ce prisonnier sans jamais intervenir. Tu vois, tu n'es pas si différente des autres au final. Tu aides ton prochain sans être bloqué par vos différences. Ce que tu ignores peut-être, c'est que dans le fond, tout est simple à condition de le vouloir. Tu le rassures, le met en garde. Pour terminer, tes gestes, tu n'hésites plus à les utiliser pour soigner. Sans prendre de risque … A quoi penses-tu donc ? Peut-être pas au fait qu'inconsciemment, tu évolues à chaque seconde. Faisant de nouveau pas vers ce que l'on appelle « société ». Venir vers l'autre, être là pour lui. L'histoire m'oblige à sourire discrètement alors que dans son coin, le chien ronchonne d'attendre pour si peu. Après tout, les prisonniers n'étaient pour lui, que des brebis salies.


« Vous pouvez rejoindre vos compagnons. Et faites attention la prochaine fois … »


L'autorité n'était pas mon fort, mais je me débrouillais pour ce qui était d'être aimable. En remerciant Adélie, l'homme se retire rapidement au moment où, près de la table, il voit la boule noire sortir de son coin. Bâillant avec grâce, Athis nous attendait patiemment devant la porte. Haussant les épaules sur sa stupidité, j'avance vers le couloir en bonne compagnie. Tournant le dos à l'ancienne salle de bal, ne laissant par dessus mon épaule que des tables vides. Les yeux glissant sur le dossier … Es-tu assez stupide pour t'enfermer ici, inconnu ? Nos façons de penser peuvent être d'une grotesque royal. Détournant nettement mes attentions de ses paperasses écrites, je me concentrais sur le paysage mural. Ma foi, intéressant si on remonte jusqu'à l'aube de sa création. Un sujet, l'histoire. Qui ne passionne pas toujours tout le monde. Le monde qui d'ailleurs commençait doucement à s'animer dans les couloirs. Au loin, l'un de mes collègues occupé à me signaler sa présence. Je n'aimais pas beaucoup les émeutes … Nous servions à ce genre de chose. Calmer, dissiper, disperser si ça tournait mal. Et par habitude, nous savions tous qu'il y avait un loup blanc dans le groupe. Celui qui animait toujours un peu trop. Heureusement pour moi, l'autre gardien avait l'air assez « rude » pour imposer le calme et l'ordre. Sans pour autant me défiler, j'entrainais Adélie vers une zone un peu plus neutre en présence. Là où seul, une dizaine de prisonniers avaient élus domicile pour quelques heures. Certain discute, assis sur le rebord d'une fenêtre. D'autre préfère être seul ou à deux. Un univers qui leur était propre. Le genre d'endroit où ni Adélie, ni moi pouvions trouver refuge. Entre mélodrame et comédie, je ne sais plus où vraiment situer la chose.


« Rassure-moi … Quand tu étais prisonnière, on ne t'a jamais incité à faire quoi que se soit contre ta volonté? »


Ce, dit dans un murmure. J'ai entendu beaucoup de chose venant des autres gardiens. Certains usent de leur pouvoir sur les autres. Dans l'ombre, je savais que plusieurs prisonniers gardaient le silence d'un abus. Et je ne lui demande pas ça à cause d'une jeune femme seule assise sur les marches d'un escalier de pierre. Apeurée devant les hommes en uniforme. On peut voir à quel point les bourreaux étaient proches des condamnés. Continuant ma marche dans le couloir, je ne m'arrête pas cette fois-ci. J'étais approximativement sûre de croiser d'autres cas similaires un peu plus loin. Le monde est petit, on s'y retrouve tous. Aussi pauvre ou riche en pouvoir soit-il. Essayant de garder une attitude droite face aux coulées de larmes invisibles … Les minutes défilaient à m'en faire perdre la tête. Et les couloirs voyaient leur fin.


« Service terminé! Tu vois un peu ce que je dois faire tous les jours … »


Joyeusement et plus posée que jamais, je me laisse tomber sur l'une des chaises de la salle commune. Le métier ne me stressait pas, loin de là. Mais il m'était épuisant certain jour plus que d'autre. J'observais avec intention des prisonniers jouer à des jeux de société. Par moment, il m'arrivait de les accompagner dans leur amusement après mon service. Revenant sur terre, Athis venait de se coucher à mes pieds, aussi intéressé par ce qui l'entourait qu'un poisson dans son bocal. La vie prenait parfois de drôle de chemin, allez savoir si maintenant, quelqu'un s'en souciait. Parce que pour être plus incompréhensible que ça, c'est dur à trouver. Regardant Adélie avec un sourire niais, j'avais finalement parler sans m'en rendre compte, de choses inutiles. La pluie et du beau temps … Sans pour autant énoncer la venue d'un nouveau gardien.

Entre les parties de dames, d'échecs et de cartes. Je venais à me demander si les gens n'étaient pas las de jouer toujours à la même chose. Il fallait croire que non … Comme quoi, on prend vite nos marques et les habitudes suivent notre train-train de vie. Encore fallait-il que pour moi, quelque chose vienne bouleverser le court de mon existence. Je me retourne alors vers Adélie après avoir longuement observée le jeu de dame abandonné sur la table.


« Une partie ? »
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeSam 16 Mai - 23:46

Lorsque j'ai terminé de m'occuper du prisonnier, Damara lui dit qu'il peut partir. C'est bien ce qui me semblait, elle n'est pas comme ces brutes que l'on croise parfois ici. Damara est vraiment quelqu'un de bien. En même temps, je n'en ai jamais douté. Comment aurais-je pu ? Dès que je l'ai rencontrée, j'ai su que je pouvais lui faire confiance... même si j'étais – et suis toujours – réservée en sa présence. Elle aurait pu le réprimander, l'envoyer pour quelques heures en isolement, ou que sais-je encore. Sans tomber dans le fanatisme ou dans la folie furieuse de certains, elle a des moyens de le punir, puisqu'il a apparemment tenté de voler quelque chose. Elle aurait été dans son bon droit. Mais non. J'aime sa façon d'agir. Ce n'est pas en témoignant de la haine aux prisonniers que l'on va les inciter à retrouver leur calme et à aimer autrui. Je crois que c'est en leur montrant que l'on peut encore les considérer comme des êtres humains que l'on peut les changer. L'Amour est seul capable de changer le monde. J'ai peut-être des pensées un peu naïves et utopiques, mais c'est ainsi que je vois le monde. Reste à gagner assez de confiance en moi et à perdre de ma timidité pour pouvoir mettre cela en pratique. En clair, c'est pas demain la veille. Mais c'est tout de même ainsi que je vois les choses. Quoi que le directeur ou les gardiens d'ici puissent en penser. Tous ces gens ont peut-être commis des crimes horribles, mais dans le fond ils restent des humains avec leur histoire, leurs souffrances et leurs... raisons. Autrement dit, il n'est pas impossible de les changer. J'en suis persuadée.
Bref.
Le jeune homme me remercie et s'en va sans demander son reste. Il n'est peut-être pas habitué à ce qu'un gardien réagisse comme ça, alors il doit en profiter. Il vaut mieux éviter de rester dans les parages, des fois qu'elle change d'avis. Je m'en veux de penser du mal de certains de mes gardiens, mais je pense que les prisonniers ne sont pas toujours les plus fous, ici. Les gardiens sont libres, et certains d'entre eux agissent d'une façon horrible. Le sentiment de pouvoir leur monte à la tête, je crois. Mais eux aussi peuvent changer, j'en suis sûre. Quoi qu'il en soit, nous nous retrouvons bientôt seules avec Athis dans le réfectoire maintenant désert. Nous sortons dans le couloir, j'entends des éclats de voix. Un peu plus loin, un autre gardien tente de ramener le calme. D'ailleurs, il ne s'en sort pas mal du tout. Nous nous détournons, je suis Damara un peu plus loin. Il y a encore du monde ici, mais nettement moins. Quelques prisonniers qui discutent ou se reposent. Le genre d'endroit où je ne viens jamais, en somme... je suis juste une gamine effrayée qui se cache dans les couloirs, c'est pitoyable.

Un peu plus loin, une jeune femme à l'air perdu. Effrayée, peut-être même terrifiée. Ses yeux sont sombres, comme vides. J'ignore ce qui lui est arrivé, mais je doute que ce soit quelque chose de réjouissant. Damara a du aussi repérer cette personne, car elle me pose soudain une question étrange. Enfin non, pas étrange. Déstabilisante, plutôt. Je reporte mon attention sur la jeune femme assise sur les marches de l'escalier. A-t-elle... été violée ? Je me sens soudain mal. Non, lorsque j'étais prisonnière, je n'ai pas eu à subir quoi que ce soit de ce genre. C'est vrai que j'aurais pu... J'y ai déjà vaguement pensé, mais on ne m'a jamais posé de question aussi directe à ce sujet, donc je n'y ai jamais vraiment pensé. Mais là... Ça me donne le vertige. Je ne veux pas savoir ce qui aurait pu m'arriver. Je ne veux pas l'imaginer. Pourtant, c'est ici le quotidien de certains, j'en suis sûre. Il faudrait faire quelque chose. Oui, il faudrait... Mais quoi ? Je suis parfaitement incapable de faire quoi que ce soit. Tous les prisonniers qui résident ici sont considérés comme des déchets de la société. J'ai même entendu dire que certains étaient considérés comme morts... ils n'existent plus, ils ne sont plus humains. Alors je ne vois pas vraiment ce que moi, petite infirmière de rien du tout, je pourrais y faire. Je connais à peine le directeur et dois lui sembler assez agaçante, et même si jamais je le voyais et osais lui demander, je doute qu'il m'écoute : il n'a pas l'air d'être vraiment de mon avis.
Bon, mais là n'est pas la question. Je détourne les yeux de la prisonnière et regarde Damara pour lui répondre enfin :

« Non... j'ai eu de la chance. »

C'est plutôt moi qui m'incite à faire des choses contre ma volonté, à vrai dire. C'est con, hein !
Damara continue d'avancer, je la suis. Nous marchons quelques minutes de plus, en silence. Un silence que je ne cherche pas à meubler, pour une fois. Je suis à peu près sereine, je commence à me sentir à l'aise en sa compagnie. Finalement, peut-être que j'en viendrai à la considérer comme une amie, et non comme une grande sœur. Un jour, quand j'arriverai à me considérer plus ou moins comme son égale socialement parlant. Ou quand je calmerai les pensées qui n'ont de cesse de me torturer l'esprit. Voilà qui pourrait être une bonne chose, n'est-ce pas ? Bref, Damara me coupe dans mes pensées pour m'annoncer qu'elle a terminé son service. Ce fut plus rapide que j'aurais pu l'imaginer. Je n'y avais pas trop réfléchi, à vrai dire. Mais je ne sais toujours pas vraiment en quoi consiste le travail d'une gardienne. Juste déambuler... et ? Probablement calmer d'éventuels énervés, s'assurer que tout se passe bien. Mais je n'en sais pas vraiment plus qu'avant. J'aurais aimé aller voir cette jeune femme de tout à l'heure et lui demander ce qui ne va pas. Mais même si j'y retournais maintenant, je ne dirais rien, ne ferais rien. Parce que je ne la connais pas, parce qu'elle ne m'adresserait pas la parole d'elle-même. Il faudra que je me change moi-même avant de pouvoir envisager seulement de changer le monde.
Damara entre dans ce que j'identifie comme la salle commune, je la suis. Il y a là quelques gardiens et quelques prisonniers, mais je suis avec Damara, alors ça va... tant qu'ils ne commencent pas à me regarder avec insistance ou que Damara ne me laisse pas seule. Pour l'instant, ça va. Espérons que ça va durer. Damara s'installe à une table, Athis s'allonge aux pieds de sa maîtresse. Il a enlevé son uniforme de gardien, le voilà redevenu le chien que je connais. J'imite la jeune gardienne en silence, un peu gênée de ne faire que l'imiter, mais je n'en montre rien. Parce que ça, ce n'est pas très grave tant que le reste va. Au bout de quelques instants, Damara me propose une partie de dames.

« Hum... j'avoue que je ne sais pas trop y jouer... mais pourquoi pas ? »

Je ne nie pas que je préfère les cartes, notamment le tarot. Mais après tout, un jeu est un jeu, et à deux il eut été difficile d'entamer une partie de tarot, et puis le jeu de dames est là, à portée de mains, alors allons-y. Ça ne me fera pas de mal de jouer un peu. Pas de mal du tout. Et puis je ne suis pas pressée, pour une fois, alors autant en profiter.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMar 19 Mai - 20:57

Les yeux rivés sur les cases blanches et noires du jeu, je viens m'en saisir après avoir eu le feu vert d'Adélie. Posant la palette vide devant nous, je distribue les pions, les clairs pour elle. Une fois aligné une case sur l'autre, je lui laissais la main pour commencer après lui avoir fait un rapide résumer des règles. Pourtant si simple quand on y prend garde, ça se résume presque à la vie. Voler le cœur du pion adverse, la loi de la logique et du savoir faire. Malgré ma prudence, en fin de jeu, le score affichait 1-0 pour Adélie. Et sans fausse modestie, je la félicitais en riant de sa soi-disant « maladresse » à ce jeu et de son manque de pratique. En pleine croissance, dirais-je. L'atmosphère autour de nous n'était pas lourde, à la suite, nous parlons de tout et de rien. Jusqu'au moment où l'heure de se quitter approchait. Tenant le dossier contre ma poitrine, je la saluais dans les couloirs en la quittant, la laissant à ses occupations. De mon côté, je remontais tranquillement à ma chambre avec mon compagnon sur patte.
Et puis s'en vient le temps qui passe sans jamais laisser de répit au lendemain …


Les semaines qui se comptent en mois, s'étaient écouler calmement. Croisant de temps à autre tel ou tel personne, Adélie en faisait partie. Mais vu mes occupations de ses derniers temps, je n'avais pas vraiment eu l'occasion d'aller lui parler ou d'aller la voir si tout allait bien. Mais pour l'instant, je n'avais pas vraiment le temps de penser à ça … Me levant d'un bond de mon lit jusqu'au toilette, encore une nouvelle journée qui commençait par d'affreuses crampes au ventre. Maudissant Œdipe, je revenais à mon lit en me blottissant contre lui, serrée sous mes couvertures. Malgré la chaleur ambiante, la douleur ne disparaissait jamais par enchantement. Et cela commençait à me rendre de plus en plus nerveuse -ajoutez y la fatigue- au détriment de mon compagnon. Chercher le sommeil était une cause perdue d'avance. Fixant ma montre posée sur la table de nuit, il était encore trop tôt pour que je le réveille ou que je fasse quoique ce soit. Subissant les tiraillements de la douleur, je restais repliée sur moi-même en espérant que ça passe au plus vite. Sept heure, ça en devenait insupportable, tellement qu'au final, je m'étais levée, les yeux perdus sur la silhouette sombre d'Athis, roulée en boule à l'autre bout de la chambre. Celui-ci gémissant, je ne doute pas que son rêve fut passionnant. Passant au dessus de lui, je m'arrêtais face à la fenêtre. Il faisait déjà clair et le ciel était dégagé, je pensais profiter de ma journée loin de la prison cette après-midi. Et bien, c'est raté. Soutenant mon bas ventre de mes mains, je respirais calmement. Éphémère hein ? Sur un coup de tête, j'ôtais le t-shirt de Luka avant d'enfiler un pull sombre et un simple jeans. Sans réveiller les deux dormeurs, je jetais rapidement un coup d'œil au miroir. Les cheveux ondulés, dans tous les sens, la mine plutôt humble. Je n'avais pas l'air d'une malade. Tout allait bien. A part la douleur au ventre … Saisissant le blouson de mon compagnon, je fermais la fermeture éclair jusqu'à ma poitrine avant de sortir de la pièce en silence. Enfonçant mes mains dans les poches, je descendis les escaliers en croisant de rare collègues. Avec le but bien précis d'aller voir Kenzo, je me rendais ainsi à l'infirmerie. Généralement, il y était plutôt que tout le monde afin d'y remettre un peu d'ordre. Mais je n'étais absolument pas sûre qu'il soit de service aujourd'hui …

Le blouson m'allait trop large mais ce n'était pas grave. Au moins, on ne voyait rien. Traversant les nombreux couloirs, montant les escaliers sans fin avec pour compagnie mon envie de vomir. Dans l'une des poches du vêtement, je sentais un papier dans son fond. En le plaçant sous mes yeux, je reconnu aisément l'emballage vide d'un chewing-gum. A croire qu'il avait décidé d'arrêter de fumer … Haussant les épaules en le jetant dans la première poubelle qui croisait mon chemin. Ses mauvaises manies me faisaient plutôt rire. Enfin, je peux parler avec ma gourmandise à chaque heure. Il faisait étrangement calme du côté des prisonniers, en même temps, les gardiens de service n'avaient pas encore ouverts les portes des cellules. Passant en silence devant celle-ci sans prêter grande attention aux occupants. Une fois le Donjon atteint, je prenais garde à ne pas passer devant les sales d'isolements. Le couloir vide,à son bout, je pouvais voir l'infirmerie. Cet endroit m'était à présent moins agressif. Quoi que je ne m'y sentais pas toujours à mon aise la plus totale. En même temps, je ne faisais qu'y passer et on m'avait assez rassurer sur les futurs risques. Inspirant profondément à l'approche de la porte close, le calme battait son plein gré. Depuis plus d'un mois, j'avais pris l'habitude de consulter Kenzo lors de mes maux de têtes ou autres dérangements. A croire que les médicaments ne faisaient plus effet à force … En même temps, je n'avais pas trop le choix, en milieu hostile, je pouvais attraper n'importe quelles maladies. Et même si l'air frais du printemps nous égayait, je n'en restais pas moins sensible à mes propres changements de températures. Toquant à la porte avant de l'ouvrir, je cherchais le Docteur du regard mais à la place de le trouver lui …


« Adélie? »


Surprise de ne pas trouver Kenzo, je lui souris toutefois. Un peu mal à l'aise, j'enchaînais sans attendre :


« Euh … Kenzo, n'est pas là? »


Restant devant l'entrée, je regardais un peu autour d'elle. La pièce n'avait pas changer aux nombres de fois que je suis venue ici. Les lits, l'odeur, la lumière. Tout ce que je n'aimais pas. Décidée à rester à ma place en attendant le médecin qui visiblement ne viendra jamais aujourd'hui. Députée, Adélie ne pourra jamais me donner ce dont j'ai besoin sans justification. En patientant, je n'espérais rien. Écoutant le verdict final de sa petite voix. A la fin, elle pourra peut-être m'aider qui sait. Et entre mon teint virant au blanc par la douleur et mon envie d'accourir jusqu'au toilette, je serrais mes bras autour de mon ventre, un peu maladroite dans mon expression, je tentais tout de même de couvrir mes plaintes. M'appuyant contre la porte, je maudissais en silence les dieux de l'Olympe.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeJeu 28 Mai - 19:30

Dès que j'ai accepté de jouer, Damara prend le jeu de dames et le place entre nous. Par la suite, nous passons un long moment en compagnie l'une de l'autre. Elle m'apprend ce jeu – que j'ai déjà dû apprendre une bonne centaine de fois, l'oubliant toujours quelques heures après – et nous discutons de tout et de rien. C'est bon de s'évader pour un temps de cet endroit lugubre que je hais un peu plus chaque jour. Au fond, quand je réfléchis, je n'ai pas d'ami ici, à peine une ou deux connaissances. Personne à qui parler, me confier, personne qui se confie à moi, non plus. Je ne suis qu'un meuble un peu trop discret. Alors je suis contente d'avoir croisé Damara. Avoir l'impression une nouvelle fois d'exister, rien qu'un peu. Et partir loin d'ici, même si ce n'est qu'illusoire, même si ce sera bientôt terminé. Il me plait à partager avec elle cet instant où le travail n'a pas lieu d'être, où la prison n'existe plus.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, je gagne la partie. Je regarde Damara en souriant, songeant qu'elle a sans doute fait exprès... ou qu'elle n'est pas très entraînée. Quoi qu'il en soit, c'est un coup de chance. La chance du débutant, sans doute.
La conversation continue un moment, et puis... toutes les bonnes choses ont une fin. Damara finit par me quitter et s'en va vers ses occupations. Le château n'est pas très grand, j'espère que nous nous reverrons bientôt. Je lui fais un signe de la main, un sourire, et puis... et puis quoi ? Rien. Je la regarde s'éloigner, reste assise un moment, ne sachant que faire ni où aller. La tête posée sur mes mains à plat sur la table, je pense, les yeux fermés. Puis quand il me semble que je suis seule ou presque dans la salle commune, je me lève et je sors. Ma chambre m'attend, j'ai sommeil. J'aimerais bien avoir un ami. Quelqu'un sur qui je puisse compter. Quelqu'un pour qui je puisse être utile. Quelqu'un pour me réconforter quand ça ne va pas, m'encourager quand je suis pessimiste, être content quand je suis contente. Et à qui je puisse rendre la pareille. Mais ce n'est pas avec ma capacité impressionnante à parler aux gens que je trouverai cet ami un jour... Pourtant, le rêve fait vivre, et le cauchemar de solitude continue, encore et encore. Malgré tous les espoirs, malgré toutes les bonnes résolutions. À croire que je ne suis pas capable de changer.
Une... impotente.

**

Le temps passe sans que je revoie Damara. Les mois s'écoulent ; je l'aperçois parfois de loin, mais elle semble pressée. Le travail de gardien n'est pas de tout repos, celui d'infirmière non plus, du reste. Parfois, il me semble que sa silhouette change, mais c'est si ténu que je n'arrive pas à saisir cette éventuelle transformation en elle. Si ça se trouve, je me fais des idées : peut-être est-ce en fait ma perception d'elle qui change...
Durant tout ce temps, je suis... toujours aussi seule, isolée. Et lorsque ce n'est pas physiquement, c'est intérieurement. J'ai construit autour de moi une forteresse dans laquelle il n'est pas aisé de pénétrer. Je suis plus sauvage, plus effrayée qu'aux premiers jours. L'enfermement a fait son office, aidé en cela par l'homme qui était censé partager ma chambre – et qui y est désormais seul la plupart du temps. Je ne veux plus le voir, je n'ose pas croiser son regard, je me sens honteuse, j'ai mal et j'ai peur de lui. Le directeur de la prison est la seule personne qui tente encore de s'approcher un peu de moi. Il me l'a dit, ma présence l'apaise. Et même si je recherche de plus en plus cette solitude que je hais, j'essaie de m'accrocher à lui, dernier être humain dans mon monde artificiel.
Mon humeur a changé, je crois. Je suis comme vidée de toute substance, une sorte de zombie qui traverse la vie sans s'en rendre compte, qui passe à côté d'elle sans la voir. Je rate un tas de choses qui pourraient me rendre heureuse et je m'interdis d'en avoir conscience. C'est pitoyable, mais c'est ce qui fait que je n'ai pas encore pété un câble. Si je pensais, si j'essayais d'arranger les choses, je crois que j'exploserais. Des larmes, de la colère, je l'ignore. Mais je ne veux pas de débordements de sentiments, alors je me contrôle, je me ceinture, je me terre tout au fond de mon esprit. Je suis au fond d'un gouffre et je m'efforce de faire bonne figure. J'ai cessé de sourire mais je ne montre pas ma détresse, espérant secrètement que quelqu'un la découvrira tout seul. Je vais bien, tout va bien. La vie est belle, je suis juste... différente. Alors ne m'approchez pas, laissez-moi seule. C'est ce que je veux, non ? Non. Mais vous l'ignorez et l'ignorerez toujours, parce que j'ai appris à mentir et parce que mes yeux, les seuls à pouvoir laisser transparaître mon malaise, fuient votre regard.

Pourtant, il y a encore des jours où je me sens bien, prête à affronter la vie, prête à changer. Ma façon de voir les choses est toujours très changeante, et ces jours d'optimisme se font de plus en plus rares. La fatigue n'aide pas, vous pouvez vous en douter. Et dormir dans un couloir, à même le sol, n'est pas la chose la plus reposante qui soit. J'ai réussi à cacher, je crois, l'endroit où je dors. En tout cas, personne ne m'en a fait la remarque. Espérons que ça durera, je n'ai aucune envie de me justifier. Autre chose qui ne m'aide pas dans ma quête de paix intérieure, ce sentiment chronique d'inutilité. C'est peut-être con, mais j'aimerais servir à quelque chose, être importante. Si je disparaissais, est-ce que la vie de quiconque en serait affectée ? J'en doute. Oui, je sais : nul autre que moi n'est à blâmer pour cela. Mais laissez-moi me plaindre. Pourtant, je fais des efforts. Je ne me suis pas trop mal intégrée, je crois, dans l'équipe de l'infirmerie. Mais je ne peux pas faire grand chose pour aider ceux qui ont besoin d'aide. Il y a des gens malheureux, ici. Des gens qui n'ont rien de monstres et que la vie a poussés dans cet enfer. Des gens qui n'avaient rien demandé à personne.
Peut-être que j'aurais du devenir assistante sociale, finalement.

Bref. Ce matin, comme tous les matins, j'arrive très tôt à l'infirmerie. Mes cernes se creusent de jour en jour, et j'essaie de les cacher tant bien que mal. Ce matin, donc, je commence seule mon service. Je crois que le docteur Hunter est en congé, aujourd'hui. Quant aux autres... ils arriveront probablement dans un moment. Et puis soudain, quelqu'un frappe à la porte avant de l'ouvrir. Je me retourne pour me retrouver face à Damara. Elle dit mon nom, visiblement étonnée, puis me demande si le docteur Hunter est là. Je secoue la tête en lui expliquant qu'il a obtenu un congé pour aujourd'hui. Je la dévisage malgré moi, elle ne va pas bien. Ça me rappelle ce jour où Siriel est arrivé, tremblant et malade. Elle aussi paraît mal en point. Un peu inquiète, je m'approche d'elle et lui demande tout en connaissant la réponse à ma question :

« Damara... Est-ce que ça va ? »

Je la prends doucement par le bras et, sans lui avoir laissé le temps de répondre, j'ajoute :

« Venez, il y a des lits à côté... »

Sous-entendu, c'est beaucoup mieux de s'assoir ou de s'allonger quand on a du mal à tenir debout. J'espère qu'un médecin arrivera bientôt, je ne vois pas sinon ce que je vais pouvoir faire pour elle.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMar 2 Juin - 19:11

Le moment est accru, je ne m'attendais vraiment pas à la voir, de plus si tôt. Mais je n'avais pas le temps de penser à autre chose qu'à la douleur insupportable qui me cognait dans le ventre. Serviable comme toujours, Adélie me tire en douceur jusqu'à l'un des lits. Et sans opposer de résistance, je la suivais. Je n'avais d'ailleurs pas d'autre choix. Ainsi, je prenais place sur le matelas dur en soutenant mon bas ventre d'une main. Je pense même que c'est la première fois que je suis frappée aussi violemment. Si mon compagnon m'aurait vu dans cet état, je suis certaine qu'il m'aurait plutôt amener directement à l'hôpital … J'aurai été capable d'ingurgiter n'importe quoi pour oublier la douleur. Entre temps, rester comme ça à attendre je n'sais quoi me rendais plus nerveuse et anxieuse. Ôtant le blouson que je portai, je le calais sur mon ventre. Il me donnait de plus en plus chaud malgré qu'il ne fasse pas si chaud. Je sentais mes joues rougir de secondes en secondes. Tentant de me calmer, une autre personne venait de pénétrer dans la pièce. Une infirmière expérimentée ? Probablement. Je la dévisageais humblement. Remontant ses manches, elle était plutôt petite et forte. Le visage sévère et dur, les cheveux remontés en chignon. Elle me faisait penser à une poule dans sa posture, le torse en avant. Au premier regard, je pouvais dire qu'elle ne me plaisait pas. Regardant Adélie en haussant un sourcil. Je n'avais jamais vu cette femme auparavant. Et de son accent grave, elle s'adressa à ma petite compagne en remontant ses lunettes sur son nez crochu :

« Roche … Allez plutôt vérifier si rien ne manque dans la réserve. Et dresser une liste des médicaments. »


Plutôt stupéfaite de la réaction, je ne disais rien. Était-elle la seconde main de Kenzo ? Qu'importe. La petite femme s'approcha de moi en regardant mon teint blafarde en posant sa main sur mon front. Limite brûlant. Sans que je ne puisse user de la parole, la voilà qui me tournait le dos. Sans demander ce que j'avais, ni qui j'étais. Et vu comment elle réagissait, j'osais penser qu'elle me prenne pour un détenus. D'où le manque d'hospitalité. D'un oeil critique, je l'observais prendre dans un paquet blanc, une seringue. Haussant un sourcil, je cherchais des yeux Adélie. L'infirmière vint tirer une chaise devant moi et sans demander mon avis, elle remonta la manche de mon pull en serrant un garrot sur mon bras. Sans comprendre pourquoi, ni ce qu'elle elle voulait m'injecter. J'ôtais avec rage mon bras et comme prise de panique, je lui hurlais presque :

« Ne me touchez pas ! »


Jamais, je n'avais autoriser quelqu'un en blouse blanche à me toucher depuis mon dernier long séjour à l'hôpital. A part Kenzo mais lui, ne m'approchait jamais avec une seringue, il me faisait juste passer des examens, me donnait mes médicaments. Et c'était tout. En me tenant debout de l'autre côté du lit, je lui lançais des regards noirs en retirant le garrot qui me coupait la circulation Ma peur de cet endroit revenait avec une rapidité déconcertante quand on me brusquait trop. Mais avant que je ne pus pousser à bout ma rage, je me courbais violemment en deux. Comme si j'avais des électrochocs dans la peau, j'en souffrais en silence. Incapable de formuler le moindre mot, juste l'envie de pleurer. La femme était restée paralyser sans savoir quoi faire dans les premiers temps. Puis s'en vient, elle revient vers moi en m'aidant à m'assoir sur le lit. Et dans un coup, je la repoussais du coude. N'usant que pour seul mot : « Adélie ». La chose venait d'être visiblement comprise. Râlant de mon refus, l'infirmière s'en alla chercher celle que je demandais dans la pièce d'à côté. Je soufflais nerveusement en tenant mon front de ma main. C'était l'une des rares réactions impulsives que j'avais, provoquées bien évidemment par ma douleur. J'en fus même étonnée de voir à quel point je pouvais devenir sèche et repoussante.

Levant la tête vers le plafond, je tombais nez à nez avec l'une des lampes éclatantes. A semi aveuglée, j'en étais même sonnée. Secouant la tête après ma bêtise, j'essayais de penser à autre chose que l'endroit et son odeur … Chez moi … J'y retournerai bien vite. Parfois, le temps semble beaucoup plus court qu'on ne le pense. Revoir ma famille, Phéadra, les amis. Cette pensée m'apaisait sans que je m'en rende compte. Le cœur plus léger, j'inspirais profondément tandis qu'Adélie revenait en compagnie de la femme. Fixant froidement la non-voulue, elle retourna dans une autre pièce. Mes yeux retombèrent aussitôt sur elle. Elle avait l'air si fatiguée … Un faible sourire apparut sur mon visage. Je n'oubliais pas le « pourquoi » j'étais ici. Un peu maladroitement, je lui demandais :


« Adélie … Il me faudrait du Spasfon et des calmants.»


Je craignais toujours qu'elle me demande pourquoi. Évidemment, la procédure exigeait qu'on inscrive les visites, les médicaments donnés à telles personnes. Cela n'était pas un problème, bien sûr. Encore fallait-il qu'elle m'examine elle-même pour savoir ce que j'avais. Bien que je le sache moi-même. Kenzo était le seul à savoir et je n'avais pas envie de le crier au monde entier. Qu'elle fasse ce qu'elle a à faire, tant que moi, j'ai mes médicaments. Reposant mes deux mains sur mon ventre en serrant, je grimaçais sous la pression. Et puis, par simple ironie :


« Fais ce que tu dois faire … Mais évite les aiguilles, s'il te plait. »


Je la laissais donc poser ses questions ainsi le soin, s'il le fallait de m'ausculter Après tout, ce n'est pas moi l'infirmière ici. Soupirant, je n'avais jamais aimer passer par ce genre de chose. Encore moins me retrouver dans une infirmerie. L'ironie des choses veut que je sois soumise à mes peurs … Tournant le dos aux dieux de l'Olympe, je n'avais d'yeux que pour Lui. Râlant sur le destin de changer milles et une chose dans ma vie. Visiblement, il n'aurait pas pu faire plus simple. Enfin soit, j'observais toujours d'un air peu rassurée Adélie. Puis sur un ton d'excuse :


« Tu m'excuseras mais j'ai toujours eu horreur des infirmeries autant que les hôpitaux … »


En espérant que ça la fasse réagit à ne pas perdre trop de temps. D'ou aussi le pourquoi de mon mal aise.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeDim 14 Juin - 14:26

[Désolée pour le temps de réponse :S]

Damara me laisse l'escorter jusqu'à un lit, sur lequel elle s'assoit. Elle ôte sa veste et la met contre son ventre. Qu'est-ce qu'elle peut bien avoir ? Pourquoi voulait-elle voir le docteur Hunter, précisément ? Parce que c'est le seul qu'elle connaît ? Parce qu'il sait ce qu'elle a ? Je me demande ce que je dois faire... chercher le docteur Hunter, quitte à le déranger dans son congé ? Ou bien trouver une solution toute seule ? Je peux essayer de trouver ce qui ne va pas, mais poser un diagnostic n'est pas de mon ressort, je risquerais d'avoir des ennuis. Enfin, si je trouve ce qu'elle a avec certitude, je peux prendre ce risque. Mais il ne faut pas rêver, je ne suis pas vraiment quelqu'un de doué.
Entendant la porte s'ouvrir derrière moi, je me retourne pour me trouver nez à nez avec une infirmière que je connais à peine mais qui ne m'aime pas beaucoup, malgré le peu de temps qu'elle a passé dans ce château – elle est arrivée il y a deux semaines, je crois. Eh oui, tout le monde n'a pas la patience de Damara ou du directeur à mon égard. Elle me toise comme elle regarderai un moustique ou un gamin importun – pour certaines personnes, c'est apparenté – puis me demande d'aller vérifier la réserve. Le genre de personnes qui me fait faire des choses inutiles – la réserve a déjà été vérifiée ce matin – pour ne pas m'avoir dans leurs jambes, quitte à ce que ça ne profite pas vraiment à mon stage. Malgré l'injustice et l'inutilité de cette requête, je m'exécute en baissant la tête, et en silence s'il vous plait. Je ne suis qu'une simple stagiaire, je n'ai pas à discuter.
Je sors donc de la pièce avec un regard d'excuse pour Damara, puis je me mets au travail. Je fais ce qui a déjà été fait, désespérée par ma propre inutilité. Sérieux, à quoi bon essayer de faire des efforts si c'est pour finalement ne servir qu'à gêner ? Autant qu'on m'oublie directement, autant que je rentre dans ma montagne. Mais je suis là, alors je trie, je compte et je me morfonds.

Au bout de quelques minutes à peine, j'entends un cri provenant de la pièce où se trouve Damara. Je suis fort tentée d'aller voir ce qui se passe et si l'infirmière a besoin de moi, mais je suppose que tout ce que je vais récolter, ce sont des réprimandes. C'est pourquoi je ne bouge pas, me contentant de maudire ma lâcheté. Encore une minute passe, l'infirmière rentre d'un pas énervé dans la pièce où je me trouve.

« Roche, qu'est-ce que vous foutez ? Allez vous occuper d'elle, nom d'un chien ! Combien de temps allez-vous rester là à papillonner alors qu'une patiente vous attend ??! »

Je ne comprends pas vraiment ce qui s'est passé ni pourquoi elle m'ordonne tout à coup d'aller avec Damara. Je ne fais pas d'objection, je ne fais pas remarquer que c'est elle qui m'a demandé de venir ici. Je fais profil bas et rejoins Damara, toujours aussi mal, peut-être même davantage encore. Je m'approche doucement d'elle, me demandant de plus en plus ce qu'elle a. L'infirmière, qui m'a escortée comme pour être sûre que je n'allais pas filé, sort de la pièce et nous laisse seules. Damara me sourit, je lui rends son sourire. Et c'est là qu'elle me demande des médicaments assez précis – du moins pour quelqu'un qui ne s'y entend pas spécialement en médecine. Sait-elle donc ce qu'elle a ? Je fronce les sourcils. Ce n'est pas que je ne veux pas l'écouter, elle sait sans doute ce qu'elle fait, mais... la curiosité l'emporte.

« Est-ce que... vous savez ce que vous avez ? »

Toujours ce « vous » dont je n'arrive pas à me débarrasser, et qui ne me plaît guère. Mais la tutoyer serait encore un peu familier pour moi, alors je me borne à ce « vous » trop lointain, trop froid.
Bon, je suis à peu près certaine d'avoir la réponse à ma question. On ne s'invente pas des médicaments si l'on ne sait pas que c'est ceux-là qu'il nous faut. C'est pourquoi, tout en écoutant sa réponse, je me dirige vers la petite armoire à pharmacie, où je prends un spasfon et un calmant peu puissant, mais que je peux lui donner sans ordonnance. Je reviens vers elle sans lui donner tout de suite les médicaments, que je pose sur une petite table. Ce n'est pas qu'il me plait de la faire attendre, mais je ne voudrais pas agir avec précipitation. Ne vous inquiétez pas, Damara, je ne vous ferai pas de piqures ou de prélèvements. Je prends un thermomètre frontal et le pose sur son front. Je sens la chaleur brûlante de sa peau, et le petit objet indique 39.5°C. Beaucoup trop. Peut-être que je devrais lui donner une aspirine à la place de l'autre calmant que j'avais pris.
Je vais donc chercher un autre comprimé tandis que je replace le premier dans sa boîte – tout ça avec des gants stériles, ne vous inquiétez pas – puis je remplis un verre d'eau, tout en lui répondant avec un sourire doux :

« Ne v... t'inquiète pas, tu n'es pas la première à ne pas aimer les hôpitaux. Vous... tu n'as jamais fait d'allergie à l'aspirine ou l'un de ses composés ? »

Oh, impressionnant, j'ai finalement réussi à la tutoyer. Avec peine, je dois bien le reconnaître. Un peu trop familier. Mais avec le temps, ça devrait aller mieux. Je me retourne et approche de la jeune femme avec le verre plein d'eau fraîche. Je rougis un peu de ma maladresse puis lui tends le verre, sans les médicaments pour le moment. Boire de l'eau fraîche sera un bon début. Il faut que je vérifie que ce ne sera pas toxique pour elle. Quelles sont les contre indications de l'aspirine, déjà ? Grossesse avancée, entre autres. Bien que je doute qu'elle soit enceinte... Mais il faudra lui demander, à tout hasard.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeJeu 18 Juin - 21:57

J'ai chaud, j'ai froid. J'ai mal au ventre. Je crois même que je tremble. J'ai mal à la tête. Je ne suis pas malade, pas à cause d'un microbe en tout cas. Mais tout va bien pour l'instant. Rien ne se brusque, tout est normal. Enfin, si je peux me permettre de dire ça comme ça. Je regrette tout de même de l'avoir quitter sans appel. Je ne suis même pas sûre qu'ils se soient aperçus de mon absence. Oh par Œdipe qu'importe! J'avais certainement mieux à faire en ce moment. Fixant les mouvements gracieux de la jeune femme, ses allées et retours entre mon lit et l'armoire étaient comme habituels. Après avoir pris ses marques dans cet endroit, ça ne devrait même plus m'étonner. Pour les quelques fois que je suis venue ici, je suis plus que certaine qu'à l'aveugle, je serai encore capable de me percuter contre un lit ou une table … Maladresse, n'est-il pas ? Lorsqu'elle me demande si je sais ce que j'ai … Je me contente de ravaler ma salive en haussant les épaules. Comme si de rien n'était. J'évitais la question à vrai dire. Toujours en la suivant des yeux, les médicaments demandés posés sur le bois d'une table. Bougeant sur le lit, je ne me sentais pas à mon aise. Surtout en la voyant prendre un objet entre ses doigts fins. Pendant une fraction de seconde, j'avais pris le thermomètre pour une seringue … Du calme, Damara. Battant des cils, mes joues rougissaient. Non pas par timidité mais par bouffée de chaleur. Je devrai te maudire de m'avoir mis dans cette situation Luka. Massant mon front endoloris, j'entendais l'écoulement d'une eau. Cette pensée m'amenait plutôt vers l'idée d'une rivière ruisselante entre les pierres sauvages. Ailleurs, loin d'ici … J'ai pu lire en vogue : « aspirine » sur la boite qu'Adélie venait de prendre. M'enfonçant d'avantage dans le matelas dur. Il était hors de question que j'avale ça.

« Ne v... t'inquiète pas, tu n'es pas la première à ne pas aimer les hôpitaux. Vous... tu n'as jamais fait d'allergie à l'aspirine ou l'un de ses composés ? »


Pillant intérieurement, je me sentais dans la peau d'un animal pris au piège. Sans issue de secours pour s'échapper. Il y a certain médicaments que je ne pouvais pas prendre. Que le docteur m'avait formellement déconseiller. Affichant un sourire forcée, je pris le verre entre mes mains en le regardant. Allergique ? Moi non, mais lui oui. Et mortellement. Je n'avais pas à m'en faire,il n'y avait rien dans ce liquide transparent. Prenant une première gorgée, l'eau me paraissait écœurante, un arrière goût de métal glissait dans ma gorge. Pourtant tout à fait potable, j'avais du mal à la boire. Comme j'avais du mal à parler de ce que j'avais. Prenant une profonde inspiration, je me jetais qu'à moitié dans le vide …


« Non. Je n'ai aucune allergie aux médicaments. »


Portant ma main à mon front, je fronçais les sourcils sous la douleur. Soupirant, je me lassais d'avoir tant mal, d'être fatiguée. Et de mauvaise humeur. J'avais juste envie d'oublier tout et d'aller me blottir contre lui. Mais hélasse, ce n'était vivement pas possible. Posant le verre vide sur la table la plus proche. Je levais les yeux vers elle … Elle qui n'avait jamais été très bavarde mais dont la présence savait se faire sentir en cas de besoin. Non pas que je ne voulais pas dire, mais je n'avais pas très envie de crier sur les toits. Mais en même temps, elle n'était pas n'importe qui dans cette prison. Ô que non, et je le savais que trop bien. Ôtant la veste de mon ventre, je la posais juste à côté. Souriant bêtement, je remontais mon pull de quelques centimètres. Mon ventre jadis, plat était tirer en son bas, légèrement arrondis. Confuse de ne savoir quoi dire, j'émis un ricanement, ma foi nerveux. Au moins là, elle comprendra qu'il n'était pas question de me donner de l'aspirine. Bafouant maladroitement :


« J'atteins mon deuxième mois. »


Fiévreuse, je sentais sous mes doigts, une douce chaleur émanant de mon ventre. J'avais pris peur au début. Peur de perdre une deuxième fois une vie en mon antre. D'y laisser la vie comme ma mère. C'était idiot d'avoir penser ça. Lui a su me rassurer et trouver les mots juste. Et puis, Kenzo était aussi là pour garder un œil sur moi. Et pour l'instant, tout va parfaitement bien. Tellement bien que j'avais réussi à cacher, jusqu'à maintenant que j'étais enceinte. Bien que mes collègues riaient de bon cœur d'une petite prise de poids et d'une gourmandise sans limite, ainsi que mes sauts d'humeur. Pour être la réplique parfaite de son père pour me donner des maux de tête comme ça, je soupçonnais porter un garçon. J'en étais même sûre par instinct. Tu as certainement déjà croisé un grand dadet de gardien Adélie. Je ne me cachais pas du monde avec cet homme. Tu pouvais très bien d'être au courant de ma relation avec lui. Bien qu'elle soit un point différent par rapport aux histoires des autres. La plus part sans lendemain … Plus effrayant encore. Il m'avait demander ma main. Ni lui, ni moi ne perdront de temps sur notre passé aussi fragile, soit-il. Plus confiante, je baissais mon pull en souriant gaiment. Heureuse d'être débarrasser de ce blocage qui m'empêchait de parler. Mais pas plus calmée de mes douleurs …


« Qui s'en serait douté ... »


Je lui avais peut-être raconter, il y a deux ans, qu'on m'avait certifié qu'après ma première fausse couche, il y avait peu de chance pour que je tombe enceinte à nouveau. Je ne l'avais pas attendu, loin de là. Son arrivée a bouleversé ma vie entière, ainsi que celle de mon bien aimé. Tout vient à point à qui sait attendre. Pour trouver enfin le bonheur, j'ai dû attendre sept longue années. Soupirant, j'avais enfin laisser derrière moi, mes morts pour me tourner vers un avenir riche en certitude. Loin des larmes, loin de l'agitation des cris. Posant un doux regard sur ce petit être en pleine évolution. Il était étrange de me dire que j'étais sa seule protection. J'ai encore du mal à me dire que j'étais une mère. Revenant à brusque réalité en sentant une violente crampe dans mon ventre, me forçant à me courber plus. Serrant les dents, au bout de quelques minutes, ça s'apaisait. Peu, mais je sentais déjà la différence.

Ça m'apprendra à trop l'aimer …
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMar 23 Juin - 18:24

Lorsque je demande à Damara si elle est allergique à l'aspirine, je sens bien que quelque chose ne va pas. Sa mine déconfite en dit long sur son malaise. Pourtant, elle m'assure qu'elle n'y est pas allergique. Alors quoi ? Où est le problème ? Est-ce qu'il y a autre chose qui l'empêche de prendre cet antipyrétique et calmant ? Une interaction médicamenteuse peut-être ? Ou bien autre chose encore... Je fronce les sourcils. Je sens bien qu'elle n'a pas envie que je lui pose des questions, mais je crois que je vais y être obligée. Sans ordonnance, c'est à moi de choisir parmi ce que j'ai en magasin, et je dois choisir au mieux pour ne pas la mettre en danger ou aggraver ses problèmes – dont j'ignore encore à peu près tout.
Damara pose son verre et me regarde. Dans les yeux. Je lis en elle une envie certaine d'en finir au plus vite avec cette rencontre. Ai-je fait quelque chose de mal ? Non, il faut arrêter la paranoïa. C'est certainement parce qu'elle a mal, parce qu'elle veut que cela cesse. Normal. Damara retire sa veste, la pose sur le lit. Elle sourit un peu, remonte son pull. Je la regarde, interloquée, attendant une explication qui viendra sûrement bientôt. Un petit rire nerveux passe ses lèvres, j'attends toujours. Je n'ai rien remarqué de particulier sur son ventre, sinon peut-être une légère rondeur, chose fréquente chez les femmes. Il n'y a que dans les magazines que les femmes ont le ventre parfaitement plat. Pourtant... Sa phrase, quelque peu énigmatique sans autre explication, ne met pas longtemps à m'éclairer sur la situation. J'ouvre de grands yeux et ne peux m'empêcher de sourire franchement.
Damara est enceinte.
Damara est enceinte !
J'imagine sa joie, à elle qui a déjà perdu un enfant avant même de le mettre au monde. Mais j'imagine sa peur, également... Peur qui ajoutée à sa peur de l'infirmerie ne doit faire qu'enfler jusqu'à la panique. Je connais bien ça, la panique. Pas pour les mêmes raisons. Les siennes sont justifiées. Contrairement aux miennes. Elle doit se sentir comme un animal enfermé, traqué. Je pense que je peux comprendre l'état dans lequel elle se trouve. C'est pourquoi je me dois de la rassurer. C'est aussi ça, le rôle d'une infirmière. Effectuer des soins, rassurer. Faire que tout se passe bien lors d'un séjour à l'hôpital, ou dans le cas présent à l'infirmerie. Quelle que soit la durée de ce séjour.

Dans un élan de... de je ne sais quoi qui m'enlève pour un temps mon blocage relationnel, je lui prends les mains et, la regardant dans les yeux, je lui dis :

« C'est merveilleux ! Tout se passera bien, j'en suis certaine. »

Voilà que la petite fille effrayée parvient à parler sans gène, à saisir les mains d'autrui, à faire preuve d'entrain. Comme quoi, c'est les autres qui font que l'on avance. Quand on passe à côté des autres, on passe à côté de soi-même. C'est là que cette parole de chanson prend tout son sens, même si à la base le contexte n'est pas du tout le même.
Damara remet son pull sur son ventre, fait une petite remarque qui me fait sourire. Pas moi. Il est vrai que je l'avais déjà aperçue avec un jeune homme, un gardien je crois. Que je ne connais pas. Soit il ne vient jamais à l'infirmerie, soit il n'y vient que lorsque je n'y suis pas. Et comme c'est ici que je passe le plus clair de mon temps... Je ne l'ai qu'entre aperçu. Il avait l'air gentil, c'est tout ce que je sais de lui.
Et Damara va être maman !
J'ai beau ne pas la connaître énormément, je suis sûre qu'elle s'en sortira à merveille.

Pas le temps de réfléchir trop longuement, cela dit. Damara grimace, elle souffre.

« Jusqu'au troisième mois, l'aspirine n'est pas à proscrire. Mais par mesure de précaution, je crois qu'il vaut mieux l'éviter. Je vais trouver autre chose. »

Et me voilà à retourner vers l'armoire pour trouver le médicament que je peux lui donner avec un spasfon et dans son état. Il me faut une ou deux minutes pour trouver enfin ce que je cherche, puis je reviens vers la jeune femme après m'être assurée auprès d'elle qu'elle ne suit pas actuellement un autre traitement dont l'interaction avec celui-ci soit nocive. Enfin, je lui donne les deux comprimés avec son verre, que j'ai rempli d'eau à nouveau. Je la laisse avaler, espérant pour elle que l'effet sera rapide – c'est généralement le cas.
Et là, je me rends compte que j'ai beau être heureuse pour elle, il y a un petit quelque chose qui me... chagrine. Si Damara a un enfant, elle ne peut pas l'élever dans un lieu pareil, c'est évident. Ce qui veut dire qu'elle va partir, me laissant seule derrière elle. Elle est ma seule confidente ici, même si nous ne nous parlons pas très souvent. Ma seule amie. Il y a bien le directeur, mais... ce n'est pas pareil. Ce n'est pas lui qui m'a fait sortir de prison pour une journée, quand je n'allais pas bien en Allemagne, pas lui qui a agi comme une mère – normal, me direz-vous. Je serre les dents pour empêcher ma trop grande sensibilité de se faire remarquer, mais je n'ai pas envie que Damara s'en aille. Je la regarde en souriant et je demande, d'un ton qui se veut détaché :

« Alors... tu vas partir, retourner dans ton pays, n'est-ce pas ? »

Je veux qu'elle voie que je partage son bonheur. Ma solitude, ce n'est pas grave. Je ne suis pas vraiment seule ici. Il y a des gens à aider, d'autres qui sont là pour moi, malgré tout. Et même si j'ai du mal à me faire des amis, je n'ai pas le droit de seulement songer à enlever sa liberté à Damara. C'est pourquoi je continue de sourire, essayant au mieux de cacher ce petit coup de blues qui n'a rien à faire ici dans un moment pareil.
Mais quand même, elle va me manquer.
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MessageSujet: Re: Comme dans un rêve, Tu es là [Pv]   Comme dans un rêve, Tu es là [Pv] Icon_minitimeMar 30 Juin - 22:04

Tu vois petite Adélie, même si tu es un peu comme une enfant peureuse et effrayée par le monde entier. Tu arrives à être spontanée, joyeuse, bienveillante et présente. J'étais heureuse de te voir ainsi, je dois me l'avouer. Les rares fois où je t'ai surprise à être si enjoué se compte sur les doigts de la main. Allez donc ! Découvre toi femme, je sais que tu en aies capable au plus profond de toi. Je suis sûre que tu pourrai braver vent et mer pour atteindre tes buts. Ouvre toi juste, laisse toi être toi. Tu n'as jamais été cette petite créature abandonnée de tous. Jamais, tu ne seras persécutée par la solitude des défunts. J'allais jusqu'à me demander si ce n'était pas le fruit d'une coupure avec ce qui l'entourait. Oh et puis, qu'importe, de toute façon, elle avait cet instinct d'aide à l'autre. Sinon, elle ne serait pas infirmière. Il fallait être lucide, elle avait du potentiel à revendre auprès des autres. Si elle en usait bien, on le lui rendra. Mais pour l'instant, c'était de mon cas qu'elle s'occupait. La suivant du regard, elle s'en alla chercher un autre médicament. Faire sans cesse des allées-retours dans un si petit espace m'aurait déjà donner mal à la tête. Et parlant de migraine, la jeune demoiselle revint vers moi, le verre gorgé d'eau et de médicaments. Je n'avais pas vraiment l'habitude d'avaler autant de pilules. Oh que non, j'ai toujours été en pleine santé … Mise à part les hivers glacés des pays du Nord, je pense plutôt bien m'en sortir au niveau de ma santé. Il fallait bien entendu que je sois malade comme un chien lors de ma deuxième grossesse. Merci Luka. En même temps, je ne pouvais pas nier qu'il m'avait bien demander si je voulais le garder ou non. A moi les responsabilités de ma décision. Puis, Sebasten était heureux d'être grand-père, pourquoi briser le bonheur de mes proches? Je pensais surtout à la petite Phaedra … Elle n'allait pas manquer une seule journée, une fois qu'il sera là.

Avalant sans entrain l'eau, elle n'avait finalement, pas de goût trop apparent ou nauséeux. Regardant avec un sourire en coin, la jeune femme que tu étais. Un éclat incertain dans les yeux. Interloquée, je ne bronchais pas, attendant ce qui n'allait pas. Je ne m'attendais pas à quelque chose d'inaugurant. Le doute, la confirmation. La peur, la tristesse et la joie. J'arrivais à déceler les moindres ressentis chez certaine personne, assez démonstrative ou fermée. Là, je ne faisais rien, écoutant soigneusement sa question. Et l'évidence venait de tomber comme une pierre qu'on jette au fond d'un puits. Remontera t-elle un jour à la surface ? Parce que tu le savais aussi bien que moi, le règlement, jeune demoiselle. Je cachais comme je le pouvais, l'amertume dans une voix brisée par l'axiome. Le doute dans les yeux d'une femme qui s'apprête à s'enfuir loin du monde entier. C'était dit, c'était prévu. Souriant aussi naturellement que je le pouvais, il était difficile d'imaginer d'avance ce que serait un nid sans œufs. Mais là n'est pas la question, j'allais quitter cet endroit, laisser derrière-moi des gens merveilleux, … Comment ne pas le regretter ? Ravalant ma salive, je confirmais l'étendue de sa crainte :


« Oui, je n'ai pas trop le choix de toute façon. »

Je pourrai rester ici jusqu'à mes sept mois mais je n'ai aucune envie de me mettre en danger. Le stress, les confrontations avec les détenus, l'hygiène, la nourriture. Bref, tout jouait en ma faveur. De plus, mes proches me réclamaient encore plus de rentrer. Et puis, j'avais le mal d'ici, je n'attendais qu'une chose : cette fameuse date à laquelle je partirais. Comptons en plus que Luka n'aurait pas été d'accord. C'était tellement … Évident. Je n'avais pas le désire d'être pris à l'afflux de ceux qui m'entourent. J'ai surtout le besoin de calme et de tranquillité dans un foyer plus convivial, sentir un air frais glisser entre les arbres, avoir mon univers. Être chez moi. Et même si c'était compliqué de quitter mes «  plus importants », ça ne signifiait rien du tout. Reposant le verre sur sa table, je me redressais sur mes jambes avec agilité, prenant les mains d'Adélie dans les miennes, je lui certifiais avec toute mon assurance:

« Mais ne t'inquiète pas. Je reviendrai te voir dès que je le pourrai! »

Même si pour ça, je devais remuer ciel et terre pour remettre les pieds ici. A mes risques et périls comme on dit. La porte s'ouvrit dans un grincement. D'abord un sursaut de ma part en pensant que c'était l'infirmière de tout à l'heure … Puis, j'éclatais de rire. Ce n'était qu'une boule noire, debout sur ses pattes en nous regardant d'un air biais. Sans jamais entrer; Athis savait qu'il n'en n'avait pas le droit. Il restait donc assis devant la porte avec sa balle dans la gueule. S'il était là, c'est que Luka devait avoir commencer son service. Tournant les yeux vers Adélie :

«  Je vais te laisser faire ton travail. On se revoit un peu plus tard si tu veux … Et encore merci pour les médicaments. »

En la saluant comme il se doit, j'attrapais au passage les médicaments. Disons que je préférais éviter de la déranger trop longtemps, surtout qu'un détenus accompagné d'un gardien venaient d'arriver. Le pauvre homme saignait du nez et avait le teint pâle. Faisant un signe de tête à mon collègue, je m'éclipsais rapidement en agrippant le collier d'Athis en le tirant derrière moi. Celui-ci ne traina pas son cinquante kilos, à ma grande surprise. Plutôt docile, trop même. Il me fixait avec ses yeux pétillants la malice. Et pour éviter de subir ses bêtises, je m'en détournais en remontant à ma chambre. Déposant les boites sur ma table de chevet, je me laissais tomber sur le lit. Et effectivement, il était partis en laissant les draps sans dessus-dessous. Soupirant, j'ôtais la veste en la repoussant loin de moi. J'avais toujours aussi chaud mais je me sentais mieux … Il grattait à la porte. Levant un sourcil, j'ouvris en le voyant là : la balle entre les pattes, la tête de côté. Le message était pourtant clair. Je dus pourtant me forcer à me lever en laissant derrière-moi, mon envie de lire. Agile, ce dernier trottinait dans les couloirs en vérifiant que j'étais bien là. Il me traina ainsi jusqu'à la cour où le soleil frappait la terre de ses rayons. Les yeux levés au ciel, Athènes me reviendra bientôt …

La balle faisait force contre la braise, mais elle ne s'arrêtait pas pour autant de rebondir sur le sol alors que derrière, sur le côté, la mâchoire essayait de se refermer sur elle. Le troisième bonds fut son dernier. Fière de lui, Athis revenait à moi en remuant la queue, la joie s'était emparer de lui. J'allais jusqu'à me demander si Luka n'avait pas mis de l'ectasie dans ses croquettes. Assise à même le sol, les genoux fléchis, j'envoyais une nouvelle fois le jouet au loin. Nous étions assez loin des prisonniers, retirés pour ne pas être déranger dans nos rares moments de jeu. Il avait été vrai que j'avais un peu «délaissé» mon compagnon ses derniers temps, même s'il était toujours à mes côtés. Je me faisais une joie de le voir vagabondant comme lorsqu'il n'était encore qu'un chiot. Tout aussi maladroit que moi … Posant son museau sur mes genoux, je lui attrapais délicatement la truffe en l'embrassant. Les oreilles droites, il venait me lécher le visage alors que je tentais de le repousser en éclatant de rire.

Je laissais le temps passer comme il le souhaitait. Autant profiter de mes derniers jours ici en toute tranquillité et sans trop d'agitation. Marchant dans les couloirs avec Athis, loin d'être épuisé par ses trois heures d'activités sous le soleil. J'errais en espérant croiser mon bien aimé dans les couloirs. Au pire, il m'attendra en haut. Regardant vers les fenêtres, le ciel changeait au fur et à mesures de mes pas, de couleur. Tantôt bleu, tantôt rosé/orangé à l'horizon. Les prisonniers attiraient mon attention et un peu plus loin dans le couloir, elle était de nouveau là. Souriant, je m'avançais vers elle ...
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