Cendres et Flammes
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Cendres et Flammes

Un univers carcéral violent et sans limites où les prisonniers n'ont plus aucun droit.
 
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 Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]

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AuteurMessage
Damara Galanis
2838 Douce Flamme
Damara Galanis


Nombre de messages : 623
Date d'inscription : 30/09/2008

Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Empty
MessageSujet: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeDim 5 Oct - 21:59

Sur les pas d’un nouveau lieu,
Je m’égare une nouvelle fois.


La prison des Cendres et Flammes tient assez bien son nom. Aucune végétation vivante, morte. A plusieurs mètres de mon nouveau lieu de travail, je peux déjà voir à quoi va ressembler l’endroit en question. Un vieux château moyenâgeux entouré d’eau était dressé sur une colline, et rien d’autre à l’horizon. Triste et froid. Même l’ancienne prison en Allemagne ne dégageait pas cette atmosphère de froideur. Aucune impression de déjà vu, c’est autre chose cette fois-ci. Plus « mortuaire ». Déjà les pierres sombres attiraient mon attention. Sans pour autant les toucher, je devine qu’elles sont très anciennes. Par information, j’ai eu la décence de demander quelques informations aux habitants du pays. Une terre ravagée par les flammes, il y a déjà bien longtemps.

Couverte d’une simple veste d’été, je ne pensais pas que le temps jouerait à un double jeu de vent. Léger tremblement, le sac à l’épaule. Je marche calmement vers la prison. Son épaule vient frôler ma hanche, je baisse alors mon visage vers le sol. Mon compagnon tranquillement à mon côté droit, la tête levée et les oreilles droites, ne semble pas vraiment impressionné par ce qui se présente devant lui. Il ne se contente que de me suivre. Je viens frôler du bout des doigts son pelage sombre. Aucune réaction. Mes yeux reviennent jouer sur la vaste silhouette du château …

Il n’y a que quelques jours …


Comme tous les matins, je me réveille en même temps que le soleil. Il devait être cinq heures, quelque chose comme ça. Pour me tirer du lit, pas besoin de faire beaucoup d’effort. Mon enthousiasme est toujours là, partante pour une nouvelle journée, même si c’est assez épuisant par moment. Enfin bref. Ce matin, Sebasten n’est pas là. Depuis plusieurs jours, il est remonté vers le Nord du pays pour ses recherches. Je suis donc seule avec le chien. Qui d’ailleurs, est tranquillement couché sous la table de la cuisine en attendant que je sois prête pour partir.


« kaliméra ! »

Je m’accroupis en venant caresser la tête de la bête. Presque indifférent, il me fait que me donner un coup de langue sur la main ainsi qu’un bâillement hasardeux, me dévoilant ses crocs et le fond de sa gorge. Loin d’être prête, je me promène en t-shirt qui m’arrive à hauteur des cuisses. Le frigo ouvert, je m’empare du cacao ainsi que d’une brioche en chocolat -plutôt deux -. Tout en m’asseyant, je m’engouffre mon petit déjeuner. La fenêtre ouverte, j’entends le voisin dans son jardin. Le vieil homme se levait tous les jours au aurore pour s’occuper de ses précieuses fleurs. Des roses d’un rouge éclatant. Je suis allée quelques fois l’aider à couper quelques ronces. Et puis, mon attirance envers la nature ne m’a jamais quitté. Mais le plus étrange, c’est que parmi toutes les fleurs de son jardin, une seule m’attire réellement. Pourtant semblable aux autres. Faux. Elle dégage quelque chose d’indescriptible. Énigmatique. Et sur ce chemin là, mes pensées rejoignent Silver. Je n’ai sens cesse de penser à lui quand je regarde cette fleur. Pourtant banal aux yeux du monde. Je me demande ce que lui et les autres deviennent. Je n’ai même pas eu le temps de leur dire au revoir. Disons que la fermeture de l’ancienne prison a été assez brusque et rapide. Et puis, ils doivent sûrement être dans une geôle de leur pays natale.

Deux ans se sont écroulées depuis. Au début, j’ai voulu essayer de les retrouver, mais Thierry m’en a vite dissuadé. Parce que oui, je lui avais approximativement raconté toute mon aventure. Tout sauf le fait qu’un détenu du nom d’Adélie avait trouvé refuge dans mes bras, ni d’ailleurs la relation que j’avais avec certaines personnes. D’ailleurs, il avait été surpris de me voir revenir avec ce chiot de l’époque. Petit et difficile de dressage. Et pour le pourquoi du fait que je n’ai pas cherché plus loin, ce fut assez simple. De 1) Une fois retrouvée, je ne pourrais plus les quitter. De 2) la Loi, le Gouvernement trouveraient ça étrange qu’une ancienne gardienne essaye de garder contact avec des détenus. Et de 3) Je risquerai de leur et de me causer des ennuies. C’est donc le cœur brisé que j’ai choisi de ne pas aller plus loin. Sans jamais les oublier.

Une fois mon déjeuner terminer, je me lève prendre une douche rapide. J’en ressors habillée d’un dessus bleu à courte manche et d’un simple jeans. Les cheveux tombant sur ma poitrine et dans le dos, ondulant comme si je venais de me prendre la pluie. Enfin, tout en redescendant dans le salon, je découvre Athis assit devant la porte d’entrée. Il me fait le même coup tous les matins. A croire qu’il adore ce qu’il fait …

Un cliquetis se fait entendre, la porte fermée, je prends la direction du post de police qui m’a vu il y a de ça quelques années. Le chien a mes côtés, il avance librement. Montant la rue à pied, j’entends quelques habitants me saluer, tel que, l’épicier, le boulanger. Les écoliers sortent petit à petit de chez eux. Créant une mélodie matinale que je connaissais par cœur. Les salutations fussent de toute part, les jeunes crient après Athis. Ne jouant pas encore son rôle de « chien-policier », il se laisse caresser sans broncher par quelques enfants qui ne lui arrivent seulement à l’épaule. En effet, le chien a une taille un peu hors de commun. Plutôt la taille d’un loup, même Thierry a renoncé à savoir sa race. Il est l’un des meilleurs éléments, parfait dans son statut. Au loin, j’entends la petite Phaedra, devenue grande. Neuf ans depuis peu. Elle arrive sur moi en sautillant de joie. C’est fou comme l’école provoque chez les enfants autant d’enthousiasme. Sa chevelure d’or scintillant sous les rayons du soleil, qui lui, baigne notre Grèce depuis bien longtemps, sous une douce chaleur que porte mon cœur. Au loin, j’entends l’écume se fracasser avec l’ardeur d’un jeune étalon en furie, contre les rochers. J’ai tout juste le temps de dire au revoir à la petite fille que la voilà déjà partir en courant tout en me lançant de passer une bonne journée. Je souris en continuant mon chemin. Ce n’est qu’après une bonne vingtaine de minutes de marche, que j’atteinds enfin ce bâtiment blanc. Athis devient alors plus sérieux que jamais. Bien droit, ne laissant rien l’entraver, il sait qu’il n’est là que pour une chose : travailler. Après tout, le tempérament de mon chien ne pouvait pas aller autrement, une fois passé entre les mains des maîtres chiens de la maison. Mais ce qui faisait de lui un chien hors nome, c’était son côté indifférent. Cela m’étonne beaucoup d’ailleurs. Il ne réclame que très rarement un moment d’affection. Enfin, entre maison et boulot, il y a encore une marche de différence.

Nous entrons donc, dans le commissariat en montant les escaliers qui menait au premier étage. Athis le premier, m’attend calmement en haut. La porte poussée, je passe devant le bureau du Chef. Qui, au passage me salue en me demandant de venir le rejoindre. Je regarde alors Athis, les oreilles dressées, sa tête fait une légère rotation sur le côté. Non, il n’a pas fait de bêtises. Et là, ce fut comme du ‘’ déjà vu’’. Je m’assoie en face de lui, le chien près de la porte s’approche à pas de loup vers moi jusqu’à poser son museau sur ma main.

Et tout recommença …


C’est en sortant du bureau, que je réfléchissais bêtement à ce qu’il venait de se produire. Une place, un nouveau voyage. Le Luxembourg, petite parcelle de territoire logée sous la Belgique. Voulais-je vraiment retournée travailler entant que gardienne dans une prison ? Pourquoi pas. Peut-être y retrouverais-je mes familiers. Mais je n’espère pas trop pour cela. Le monde est vaste, ainsi que les prisons nombreuses. Un nouveau départ … Je regarde Athis en sortant du bureau. Tout en m’agenouillant vers lui, je l’interroge du regarde. Sa réponse fut brève. Sa langue sur ma joie, la queue battante. Voilà deux ans qu’il fait toujours la même chose : trouver de la drogue, pourchasser les tueurs, … Sa formation était complète. Allez ailleurs, il aimerait. Ainsi que moi. Pas que quitter une nouvelle fois mon pays m’est présente. Je sais que j’y reviendrais à chaque fois. Et puis, changer d’air ne me fera pas de mal. Avec l’aide de Thierry, j’arrange donc mon transfère au Luxembourg. Ma candidature a rapidement été acceptée …

Ce matin même …

Levée en hâte, mon avion partait à 10.30. Ma valise posée au pied de mon lit, je me dépêche d’aller m’habiller. Sebasten était rentré depuis quelques jours. Il m’avait gentiment proposé d’aller m’accompagner à l’aéroport. Cette fois-ci, il n’avait pas protesté contre le fait que je parte loin. Il m’avait juste demander si je comptais prendre le chien avec moi … Je suis restée un peu bête tout en éclatant de rire. Hâte, hâte. Il n’était que sept heures du matin. Assez de temps pour aller dire au revoir à Dymas, mon voisin. Occupé à s’occuper de ses fleurs, je lui lance un joyeux bonjour. Passant au dessus de la clôture, je m’approche vers cette rose tout en effleurant les douces pétales.


« Prends la donc Damara ! »

Rouge de gêne, je ne pouvais pas enlever, ce qui me semblait être la plus belle fleur du jardin de son habitat. Ce serait un crime. Mais je n’ai pas le temps de protesté, que Dymas coupa d’un coup net la fleur dans sa tige. Tout en me la tendant, il me dit de l’enfermée dans un livre. M’expliquant rapidement une légende : Un jour, une jeune homme tomba amoureux d’une fille. Mais cette fille, c’était la fille des Dieux. Sans le savoir, celui-ci posa ses lèvres sur la demoiselle. Un péché. Celui-ci fut transformé en rose. L’amoureuse pleurant son bien-aimé, enferma la rose entre deux pages blanches. Et la légende dit, que jamais, celui-ci mourra. Qu’il sera toujours auprès de celui ou de celle qui a osé lui donner ‘vie’ en l’enfermant entre deux parties de son cœur.

Enfin, je suis rapidement rentrée chez moi en prenant soin de caler la rose entre deux pages d’un livre vierge. Sur le coup, je me suis demandée pourquoi je n’avais jamais écrit dedans … Mais je fus hâtivement ramenée sur terre par les jappements d’Athis. C’est donc en fourrant le livre dans mon sac et en le prenant que je ferme derrière moi, la porte de ma chambre –sans oublier la bille dans ma poche !-

Sebasten m’attendait dans la voiture. La tête callée contre la vitre, je regarde bêtement Athis dans le rétroviseur. Assis derrière, il ne bougeait pas. Le paysage défile à toute vitesse sous mes yeux. Je quitte encore une fois de plus cet endroit paradisiaque. Avec le sourire dirons-nous. Durant tout le trajet, Sebasten et moi, avons longuement discutés. Me mettant en garde, de faire bien attention. Enfin, il joue son rôle de père.

Arrivé à l’aéroport, j’attrape Athis par le collier en lui mettant sa muselière. Et les Dieux savent à quel point il a horreur de ça. Enfin. Je me retrouve rapidement dans l’avion. Direction ; le Luxembourg. Par la fenêtre, je découvre les pays comme l’Italie, la France, … Sortant la bille de ma poche, elle n’avait pas reçu le moindre coup -même quand Athis menaçait de l’avaler-. Soupire. C’est mon cœur qui va en prendre un nouveau coup. Je la range tout en fermant les yeux. Oubliant un peu le monde.

J’ai l’impression que mon temps de repos n’a duré que quelques minutes, que déjà, une voix retentit dans l’avion. Déjà arrivé ? Je pense à Athis qui a dû aller dans le compartiment des bagages … Je sens qu’il va m’en vouloir. En me redressant, je descends de l’avion, tout en récupérant après quelques minutes de patience mon sac et mon chien. Grognant entre ses crocs, les gens étaient stupéfaits par sa taille. Tout en me lançant des regards de reproches, je viens m’agenouillée devant lui en le serrant contre moi. Voilà comment calmer un têtu. Heureusement pour moi, j’avais eu la bonne idée d’envoyer ma voiture déjà sur place.

Le sac sur l’épaule, la laisse en cuire qui retenait le chien dans l’autre, je me dirige vers ma voiture, garée sur le parking. Je libère bien rapidement Athis une fois à l’intérieur. Aidée des indications routières que mentalement j’avais retenues, je démarre. Voyant un paysage différent défiler sous mes yeux. En passant les détails de ce mini voyage, j’arrive enfin au lieu dit. Tout en me gardant assez loin, je découvre en sortant de la voiture, une plaine déserte en faune. Athis renifle le sol en levant son museau droit vers le château. Puis tout en me regardant, l’échange se fait rapide. Oui, c’est bien là. La prison des Cendres et Flammes …


Dernière édition par Damara Galanis le Dim 5 Oct - 22:08, édité 1 fois
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Damara Galanis
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Damara Galanis


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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeDim 5 Oct - 22:01

Une voix retentit du haut d’une des tourelles. J’annonce donc mon identité. De là, le pont s’abaisse dans un bruit sourd. Mon premier pas sur les planches de bois est marqué par ceux du chien. Qui curieusement s’approche du bord en regardant dans l’eau. Intriguée par ce qu’il fixait, je découvre avec stupeur des poissons d’une taille assez importante. Tirant un peu sur son collier, il finit par se détourner et me suivre. Le gardien m’ouvre la grille de fer. Son regard, je le sens peser sur moi. Je ne me sens pas du tout à mon aise. Athis, devant moi grogne vers l’homme. Me délivrant d’une peur prochaine. Rapidement mis à sa place, j’avance donc dans les couloirs accompagnés d’un autre gardien qui gentiment m’indique le chemin à prendre pour se rendre dans ma chambre. Je serai apparemment la première à être arrivée avec une autre femme. Athis prend rapidement ses marques en longeant le mur dans l’ombre. Ses pas sont silencieux. Mais je garde tout de même un œil sur lui. A moins que ce soit le contraire …

Chambre 1. La première. Et en effet, je la partage avec un autre gardien. Gardienne plutôt. Vêtement féminin sur le lit opposé au mien. Je dépose mon sac sur le lit, tout en regardant la pièce dans son ensemble. Mur en pierre sombre, de simples lits et des armoires. Je tire de mon sac, la couverture d’Athis que je place dans un coin de la pièce -où d’ailleurs, il vient directement prendre place-. Remplissant mon armoire de mes affaires. J’avais aussi récupéré un uniforme avec ma plaque d’immatriculation. Une fois finit, je sors un attirail de feuilles. Je ne pars jamais sans ça. Le livre sur la table de chevet, seule la rose était emprisonnée dedans. Les jours promettent d’être long …

Trop, une semaine vient de s’écouler, et seul quelques prisonniers inconnus se sont présentés à moi. Athis, quant à lui, traîne de droite à gauche sans jamais être totalement loin de moi. Miraculeusement, aujourd’hui, on m’a demander d’aller accueillir un nouvel arrivant. Par habitude, je n’ai même pas jeté un coup d’œil à son dossier. Traversant la cour, le détenu était de l’autre côté de la grille. Je fais signe à mon collègue de lui ouvrir. Je regarde Athis, le museau et les oreilles dressés vers l’inconnu qui se dévoile de plus en plus. Premier coup, comportement étrange du chien. Il n’attend pas, il s’élance déjà loin vers l’arrivant. Perplexe, je m’approche en voyant de loin, le chien, dressé sur ses pattes arrières, les deux de devant sur les épaules de l’inconnu … Grand. Je m’arrête sur place. Les yeux écarquillés, commencent doucement à se remplir de larmes de joie. Le cœur battant la chamade, je ne pouvais pas y croire. Je m’approche lentement, la lumière le dessinant de plus en plus.

Te revoilà devant moi après deux longues années …



[HS: ._. Oui, j'en avais des choses à raconter ...]
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeMar 7 Oct - 4:30

[HJ : On va essayer de se calmer sur les prochains, n'est ce pas ? ^^' ]


Mes yeux clairs fixent la fenêtre sans ciller. Dans un rayon de soleil, une multitude de grains de poussière dansent une tendre valse en attendant que la gravité, inexorable, les attire vers la terre. Un coin de ciel bleu filtre à travers les barreaux. Il ne fait pas chaud, mais il y a comme une odeur d’été dans l’air. Doucement, je laisse mes paupières glisser sur mes pupilles. La lumière est toujours aussi douloureuse et je sombre avec un soulagement non négligeable dans de réconfortantes ténèbres. Je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi on associait toujours le noir et le démon. Mon diable c’est ce blanc aveuglant qui mange ma mémoire. Mon refuge est l’encre de chine. Ne cherchez pas à comprendre. Cette image n’appartient qu’à moi.
Je sens plus que j’entends la porte s’ouvrir. Ici ce n’est pas comme à Sadismus. Les lieux communs et les propriétés publiques sont bien soignés. Il n’y a pas un graffiti qui échappe à l’inspection quotidienne. De toute façon les prisonniers n’ont pas de quoi abîmer les murs. Ils m’ont prit jusqu’à mes billes. Heureusement qu’Elle me laisse dessiner, je crois que je serais devenu fou sans. Sans le dessin, mais surtout sans Elle.


« Prisonnier 57-14-28 ? Veuillez nous suivre sans histoire je vous prie. »

Toujours aussi polis ces gardiens mais je sais par expérience que si je n’obéis pas assez vite, ils vont se fâcher. Ils ont peur de moi. Tout le monde me craint ici. Paraît-il que la prison n’est pas assez sécurisée pour un criminel de mon envergure. Ma taille les effraie aussi. Mon silence également. Il est jusqu’à cet étrange surnom dont m’a affublée la presse qui les obsède. Je me souviens qu’Elle m’avait montré un des grands titres aux alentours de mon retour ici.

The Heart Robber is Back.


Je bouge lentement, commençant par me tourner vers eux, toujours allongé sur mon lit, les jambes repliées en chien de fusil. Puis, mes paupières se relèvent doucement. Il me faut un certain temps pour m’habituer à la nouvelle luminosité. Je les regarde tranquillement. Celui de droite est nerveux, il frappe sa paume avec sa matraque. Celui de gauche par contre, je le connais. Il sait que je suis en train d’obéir même si l’on pourrait croire que je fais exprès de les faire attendre. Il m’a déjà envoyé à l’infirmerie une fois et s’est fait vertement réprimandé. C’est que je suis si fragile que ma vie ne tient pas à grand-chose. Et que ma mort dans une prison de Grande Bretagne ferait encore parler les médias. Or on ne veut pas ce genre de choses dans notre pays civilisé n’est ce pas ?

Toujours lentement, je pivote sur moi-même. Mes pieds quittent le matelas pour flotter dans les airs, puis mes genoux libérés se plient. Je reprend contact avec le sol, relève mon torse, ma tête me tourne. Il faudrait que je pense à manger un de ces jours. Peut-être. Elles me manquent trop pour ça. Sarah est toujours là mais son absence se fait plus forte, ces derniers temps. L’automne lui ressemble tant…

Quand à Elle, Elle est en formation obligatoire. Elle rentre bientôt, Elle me l’a promis mais Elle était obligée d’y aller si Elle voulait rester près de moi. Je n’ai rien dit, je comprends. Elle est libre, moi pas. J’ai confiance en Elle, je sais que je la reverrais bientôt. Je mangerais juste avant pour pouvoir Lui dire que je l’ai fait tiens. Ça Lui fera sûrement plaisir.


« Tu vas te dépêcher oui ! Le directeur n’a pas que ça à faire ! »

L’autre lui envoie un regard noir. L’impatient a visiblement laissé échapper quelque chose d’important. Quelque chose que je n’ai pas manqué de remarquer, m’arrêtant même au milieu de mon mouvement. Le directeur ? Pourquoi voudrait-il me voir ? Moi qui pensait qu’il ne s’agissait que d’une énième visite médicale de routine. Soudain la lumière dans la pièce me parait bien trop crue pour être honnête. Il fait trop beau. Ça sent mauvais.

J’hésite, je les regarde. L’impatient se mord la lèvre de sa bêtise, l’autre me regarde d’un air féroce. Il a l’air en colère, prêt à me frapper si je fais mine de m’arrêter. Je n’ai jamais vraiment aimé me prendre des coups, j’obéis donc et les suit jusqu’aux bureaux administratifs. On m’attache les mains et pour plus de sécurité on les entrave également en hauteur par une chaîne autour de ma taille. Le directeur n’a pas de cœur, ils ne devraient pas avoir peur que je le vole, si tant est que je sois le véritable auteur de ces crimes. Même après plus de deux ans, je ne sais toujours pas. Mais je sais quelque chose. C’est que ma vie est auprès d’Elle. Elle seule peut lui donner un sens quelconque. Sarah est d’accord avec moi. J’entre dans la pièce, je vois le directeur qui compulse un dossier. Derrière moi la porte pleure pour me laisser seul. Sinistre augure.


« Vous serez transféré cet après midi dans la prison Haute Sécurité du Château des Terres Brûlées au Luxembourg. Vous pouvez disposer. »

Les mots m’atteignent de plein fouet, montrant une fois de plus leur pouvoir destructeur. Je sens la panique s’emparer de mon être. La même que celle qui avait causé ma rechute lors de l’annonce de la fermeture de Sadismus. Mais cette fois Elle n’est pas à mon côté aussi ne puis-je me laisser aller à la montrer. Extérieurement c’est à peine si je pâlis. Je ne dis rien, restant aussi immobile que le mur qui se dresse derrière moi. S’attendant probablement à une réaction quelconque (joie ou protestation) mon bourreau lève ses yeux verts de la feuille qu’il faisait semblant de lire. Nos regards se jaugent puis il détourne le sien. Je lui ai renvoyé sa propre image. Visiblement il a du mal à se supporter.

Brusquement, il se lève, me contourne et frappe un coup sec sur la porte. Mes gardiens ouvrent aussitôt et il leur ordonne de me raccompagner jusqu’à ma cellule et de ne pas me quitter jusqu’au départ. Il craint que je ne me rebelle. Je ne leur ferait pas cette joie. Je préfère Lui faire confiance. Elle n’est sûrement pas au courant. Elle ne m’aurait pas laissé sinon. Je crois. Non, j’en suis certain. Je ne veux pas écouter le doute qui s’insinue en moi. Et pour le fuir, je quitte cette réalité, laissant mon corps comme une coquille vide, obéir aux ordres directs. Mon esprit est loin, très loin d’ici. Dans un monde gris clair et cotonneux où rien n’existe que moi, ma peine et mon espoir.

Comme un automate, je tends les mains pour qu’elles soient libérées de leurs chaînes. Sans plus d’émotion, je rentre dans ma cellule, enlève mon uniforme, indifférent à la présence des deux gardiens. Je trouve dans mes affaires une chemise blanche qui est beaucoup trop large mais assez longue et un pantalon un peu court mais à la bonne largeur. Je n’ai évidemment pas le droit à une ceinture et autres bretelles qui pourraient, parait-il, être transformées en armes. Je dois donc me contenter de pantalons courts. Certains m’ont dit un jour que je devais y voir une indignité. En fait, je m’en fiche.

Sous leurs yeux, je plie tranquillement l’uniforme que je met dans un coin pour le leur rendre (et oui, propriété de l’état ça aussi). Puis je défait mon lit, plie draps et couvertures pour laisser le vieux matelas grisâtre à nu. Ils ont l’air étonné. J’ignore pourquoi, je ne me pose même pas la question en fait. Je fais tout mon possible pour fuir au doute qui empoisonne mon esprit. Est-Elle au courant ? Me suivra-t-Elle ? La reverrais-je un jour ? Mon cœur me dit oui. Ma peur me dit non. Pourquoi suis-je si troublé ? Je préférais mon indifférence d’antan. Là j’ai l’impression de perdre Sarah une nouvelle fois. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça fait mal.

Je m’assois enfin sur le lit et nous attendons. Nous attendons. Ils s’impatientent, je vois le plus petit faire les cent pas, ils jouent à la bataille navale, font des paris, sortent même un jeu de carte. Le rayon de soleil se déplace doucement d’Est en Ouest. Je n’ai pas bougé depuis que je me suis assit. On m’apporte a manger, je ne bouge pas. On pose mon plateau à côté de moi, persuadé que la faim me fera réagir. Je ne bouge pas. Je ne veux plus jamais bouger. Je ne veux pas partir d’ici. Le soleil devient plus pâle. C’est l’heure. Je n’ai pas besoin de montre pour le calculer. Je le sais. J’ai entendu les roues du fourgon abîmer les graviers de la cour d’honneur. C’est l’heure…

Je me lève sans même un soupir. Le plateau intact tangue et un chou de bruxelle s’échappe pour rouler sur le sol. Je le regarde un moment tester sa liberté nouvelle avant de découvrir ses propres limites, la prison de son corps. Il paraît que c’est la vie petit chou. Il ne te reste plus qu’à attendre autre chose, comme moi. Mon regard retourne devant moi. Impassible je tends mes mains pour qu’ils les enchaînent à nouveau. Je sens qu’ils sont sidérés. Ils ne me comprennent pas. C’est normal. Ils sont humains. Moi pas.

Nous entrons dans la voiture. Ils m’installent sur le banc, transfèrent mes chaînes avec d’infinies précautions pour pas que je ne m’échappe. Je dois avouer que l’idée m’a traversé l’esprit. La retrouver et tout Lui raconter. En avoir le cœur net. Mais cette idée, si tentante soit-elle, est trop égoïste pour que je la mette en pratique. Je La mettrait en danger, sans parler de toutes les Sarah que je tuerais peut-être. Et puis je n’ai ni la force ni l’endurance de m’échapper convenablement. Je ne suis pas défaitiste, juste lucide. Beaucoup trop lucide pour ce monde d’illusion.

La voiture roule jusqu’à un petit aéroport militaire. Un détachement est là au cas où je changerais d’avis. Ils me font presque une haie d’honneur. Arrivé en bas de la passerelle, je m’arrête une seconde sous le soleil couchant. Un dernier regard sur ce pays qui aurait pu être le mien. Puis je monte sans faire d’histoire. L’installation dans l’avion est à peu près similaire à celle du fourgon aussi je ne vais pas la développer ici. Le trajet dure encore une heure et demie.

Même scénario à la sortie de l’appareil si ce n’est que les uniformes ont changés. Mes gardiens font une drôle de tête. Je crois qu’on leur a dit de m’amener jusqu’à la prison même afin d’être certain que le transfert se passe bien. On me fait monter dans un autre fourgon (même scénario si ce n’est que mes compagnons de voyagent font maintenant franchement la tête.) et nous recommençons à rouler. Je n’ai pas jeté un seul regard au paysage. Peu m’importe où je suis si tu n’y es pas. La nuit tombe, pleine d’étoiles moqueuses. Je sais qui vous êtes, soleils menteurs d’autres galaxies. Et je ne vous aime pas.

Explosion, jurons, crevaison. Mes gardiens somnolents se réveillent et sortent leurs armes comme si j’avais organisé tout ça. Je n’ai pas bougé d’un pouce depuis que je suis monté dans le véhicule mais j’ai comme l’impression que mon impassibilité même les inquiète. C’est qu’ils sont responsables de moi les pauvres. Ils oublient que je n’ai rien mangé depuis plus de 24h. Ils parlent un peu dans un étrange patois composé d’allemand et de français. J’essaie de comprendre et je choppe quelques mots par-ci, par là. Visiblement ils ont trouvé une solution. Il ne reste qu’à attendre. J’attends. Jusqu’à ce que je te retrouve, j’attendrais.

Bruit sur la route une bonne heure plus tard. Un fourgon plein de soldats arrive pour me prendre en charge. Nous allons passer la nuit dans la caserne, plus sécurisée que les postes de polices alentours. On me détache, on me lève, la tête me tourne. Je dois m’appuyer au fourgon pour ne pas tomber. Un soldat me tend alors une barre ultra calorique pour me remettre d’aplomb. Ils n’ont pas de temps à perdre avec mes prétendues faiblesses. Ils ne peuvent pas comprendre aussi je ne me donne pas la peine de leur expliquer quoique ce soit. C’est immonde mais je mange quand même, à petites bouchées. On me rattache dans le fourgon jusqu’à la caserne, puis a mon lit au milieu du même bataillon de soldat. Ils me menacent. C’est inutile, je sais très bien que même si je voulais partir, je n’aurais aucune chance. Et je n’ai pas envie de partir. Le seul moyen qu’elle me retrouve c’est de la précéder dans la fameuse prison. Je ne suis pas idiot en dépit des apparences.

Le lever du soleil me retrouve exactement dans la même position mais les yeux fermés. Ils me réveillent sans ménagement, me donnent un truc infâme à manger mais j’ai faim. Entre temps le fourgon a été remorqué et sa roue a été changée. Nous reprenons notre chemin vers la forteresse. Depuis hier, je n’ai pas dit un mot. Les soldats s’en étonnent, les gardiens se sont fait une raison. Je n’ai pas l’intention de parler de si tôt.

Le château a l’air aussi désolé que mon cœur. Je ne sais toujours pas ce que je vais trouver ici mais je commence à ressentir un rien de curiosité. Quelque chose dans les pierres m’appelle et pour la première fois depuis deux ans je repense a ceux que j’ai oublié dans Sadismus, avant de rejeter cet espoir loin de mon cœur. Espérer c’est être déçu. Et j’ai assez du doute en moi.

Deux ombres derrière la porte. Une noire à quatre pattes et une autre, toute petite au loin, résolument bipède. Je regarde l’animal qui à l’air tendu. Il me rend son regard, les oreilles dressées vers l’avant. La porte s’ouvre, il s’élance, et deux pattes noires énormes viennent se poser sur mes épaules. Mes gardiens reculent, surprits, inquiets que l’animal (ressemblant à s’y méprendre a un gros loup noir aux yeux bleus) ne me déchire la gorge. Mais c’est un coup de langue que je reçois, collant à peu près la moitié de mon visage. Appuyé contre le mur pour ne pas tomber sous son poids, je repose la bête à terre et lui flatte les oreilles. Moi aussi je l’ai reconnu.


« Inu »

La silhouette au loin ne peut donc être que Damara. Toujours enchaîné, je m’avance sous le regard médusé de mes accompagnateurs qui avaient fini par me croire muet. Inu m’escorte tranquillement vers ma gardienne qui m’accueille encore une fois dans ma nouvelle demeure. Je me demande une seconde si elle me fera tout visiter une fois de plus. Puis mes pensées retournent à ce jour où Elle me rejoignit à Sadismus. Le doute s’évanoui. Si Damara est là, alors Elle viendra aussi. Les deux anglais me suivent, médusés tandis que je m’avance. Nous nous rencontrons à peu près au mileu de la cours comme dans un mauvais film. Je lève mes mains enchainées jusqu’à sa joue. C’est humide. Elle a pleuré. Pourquoi, je l’ignore. Je caresse une larme doucement puis pose ma main sur le haut de son crâne. Elle n’a pas changé. Moi non plus. Derrière moi, le plus sage de mes deux gardes toussote.

« Si vous voulez bien signer comme quoi vous avez bien reçu le prisonnier, s’il vous plait Miss … »

Son français est approximatif mais il arrive a se faire comprendre et son ton est très clair. Ils aimeraient bien rentrer dans leurs foyers eux aussi…
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Damara Galanis
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeMar 14 Oct - 15:17

C’est par les acclamations joyeuses des jappements d’Athis que la réalité m’assure que ce n’est pas un rêve. Je les regarde ensemble, comme au premier jour. Vous vous souvenez Siriel, quand la petite créature s’est approchée de vous sans crainte ? Elle a senti qu’elle pouvait avoir confiance. D’ailleurs, il le sait. Combien de fois ne lui ai-je pas compté la fois où vous êtes resté auprès de moi quand je ne me sentais pas bien. Comme vous avez voulu que je me débarrasse de ma peine dans cette petite sphère qu’il a d’ailleurs voulu manger quand il était petit. Il n’était peut-être pas encore là, mais c’est tout comme. Parfois au travers d’une histoire où d’un souvenir qui ne nous appartient pas, on s’y retrouve. Visualisant parfaitement la scène, ressentant la moindre émotion. Qu’elle soit peine ou bonheur. Je reste plantée là, en voyant le robuste canin se faire remettre les pattes au sol, heureux, il revient vers moi accompagné. J’ai eu le temps de remarquer l’étonnement des gardiens, mais j’oublie vite se passage un fois qu’il est devant moi. Toujours autant imposant par sa taille. Je lève alors les yeux vers lui, vers le ciel. Sur le voile gris rien ne cille, rien ne coule. Touche énigmatique, mystique. C’est ça que je vois. Je souris en constatant qu’il n’a pas changé. Sa main vient frôler l’une de mes larmes traîtresses coulée sur ma joue. Non, je ne pleure pas.

L’instant silencieux des retrouvailles est brisé par l’un des gardiens. Anglais je suppose. Sa formulation en français m’est adressée. Bien sûr que je vais signer mais par contre, je n’aime pas que l’on nomme Silver de « prisonnier » en ma présence. Il a beau être enfermé en prison, porter des chaînes et un uniforme trop petit, pour moi, il ne reste que ce qu’il est dans le fond : Un papillon des mystères. Athis grogne un peu en voyant le Monsieur fait un pas vers nous, des paperasses en main. Je me détourne de Siriel, caressant au passage la tête du chien pour qu’il se calme.


« Bien sûr. »

Me prêtant gentiment un bic, je signe de mon nom le bas de la feuille. Et cette fois ci, je n’oublie pas de signaler qu’il fallait enlever mes menottes du jeune homme. Je rougis bêtement en regardant Siriel. Il a été mon premier prisonnier, et moi, lointainement à l’Ouest, j’avais hormis de lui enlever ses chaînes. Passons. L’homme s’approche de lui en le libérant. Reculant rapidement en voyant le chien se poster devant Silver. Il peut parfois être un peu bête, il réagit comme si on allait lui voler son bien. Je reviens vers mes deux protégés en voyant le pont-levis remonter une fois les hommes partis. Je tourne mon regard vers lui, le sourire aux lèvres.

« Bienvenue à Cendres et Flammes. Si vous voulez bien me suivre … »

Je suis un peu amusée à jouer les accueillantes digne d’une hôtesse de l’air. Athis marche de son pas lent et tranquille aux côtés de son ami. Nous regagnions l’intérieur du château, j’en profite pour récupérer un uniforme et son numéro de cellule. Pas compliqué, c’est la première. Je voulais tellement savoir ce qu’il avait fait ces deux dernières années mais je sais par expérience qu’il ne parle pas beaucoup. Oh mais après tout, qui ne tente rien n’a rien.

« Qu’avez-vous fait ces deux dernières années ? »

Certainement dans une autre prison dans son pays d’origine sans doute. Ou bien, que sais-je. Sur l’espace de deux ans, beaucoup de choses peuvent arriver. Et pour ma part, ces deux années ont été très différentes. La retrouvaille avec mes gens par exemple. Je me souviens encore quand Sebasten m’attendait à l’aéroport. La joie de le retrouver après de longs mois sans réelles nouvelles. Mais cette fois-ci, il m’a promis qu’il viendrait me rendre visite de temps en temps. Et oui, il n’y a pas que les détenus qui ont le droit à des visites. Sinon, coup de téléphone.

« Il n’y a pas encore beaucoup de gens qui sont arrivés. Mais je suppose que vous retrouverez vos anciens compagnons. »

Y croire. S’il est là, les autres reviendront aussi. Je l’espère sans trop espérer. Mais c’est déjà un pur bonheur de le retrouver lui. Je n’ai pas très envie de voir plus loin en ce moment. Droit devant. Sur le chemin, Siriel peut prendre un peu ses repères. Voir à quel point, la vie bat de son plein grés dans les murs de la prison. A quel point elle a souffert à cause des flammes.

Flamme ...

Qui dois-je accuser ? Dame nature ou bien l'homme. Entant que naturaliste, je ne peux réduire mon jugement sur la terre, elle-même. Quand elle s'auto-détruit, elle redonne au sol des germes. Un peu comme la signification de l'anémone. Le renouvellement de la nature. Opter pour les faits humains. Peut-être précipité mais je me base sur ça. De toute façon, les livres m'en apprendront certainement plus sur ce lieu. Athis s'arrête devant l'une des fenêtres, haut sur patte, il regarde d'un vague oeil une petite chose sur le coin du rebord de la vitre. Intriguée, je m'abaisse à sa hauteur pour regarder : un papillon aux ailes dégradés se bat difficilement contre la mort. Je murmure aux oreilles de mon ami :
« Οι πεταλούδες είναι παροδικές Athis. » . Il pose sa truffe non loin de l'insecte un instant. Avant de s'en détourner. Les papillons sont éphémères... Il m'étonnera toujours. Jamais ou très rarement, il laisse paraitre le côté '' bon toutou ''. Je supose que c'était écrit dans le livre de sa vie ...

« Les règles sont presque les mêmes qu’à Sadismus. Je n’ai pas besoin de vous les citer. Mais si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas. »
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeMer 15 Oct - 6:09

C’est par des acclamations de joie et les larmes d’une gardienne que Sadismus renaît de ses cendres. La Chrysalide s’est déchirée mais le papillon n’en est pas sortit. Il n’y avait que des lambeaux d’une transformation inachevée qui se sont éparpillés au vent. L’impatience a tué l’Ephemère. A vouloir vivre trop vite les quelques heures données, il a tout perdu. Une fleur a vaincu le papillon. La nature nous donne ainsi une leçon. Je n’y avais pas pensé avant de me retrouver là, immobile au centre de la cour. Le retour à la lumière du jour m’avait rendu trop fiévreux pour que je réfléchisse puis mon île m’avait rappelé et Elle s’occupait de mes pensées. Ici ce n’est pas Sadismus, c’est pire. Les pierres ont souffert et sont en colère alors qu’en Allemagne, elles s’étaient surtout résignées, presque mortes. Ici, il y a les larmes de Damara. Inu est devenu immense pour mieux protéger sa minuscule maîtresse. Ici, Elle n’est pas avec moi. Et même Sarah brille par son absence.

Mes mains semblent soudain plus légères. La morsure du fer sur ma peau blanche a disparut, j’en déduis qu’on m’a ôté mes menottes. Tout en me frottant les poignets, geste machinal probablement réalisé par tout prisonnier à ce moment précis de son histoire, je me force à revenir dans la réalité. Mes gardiens se sont reculés rapidement, autant effrayés par ma réputation que par le chien devant moi. Doucement ma main se pose sur la tête d’Inu comme elle s’était posée sur celle de Damara. Les deux anglais me voient comme le criminel que je suis peut-être. Ils ont peur de moi, peur de mon immobilité, de mes vingt-quatre heures de silence total. Ce n’est pas normal et ce qui sort de l’ordinaire n’est généralement pas prisé par les serviteurs de l’état. Ils n’aiment visiblement pas non plus l’aspect médiéval de cette prison. Ça doit leur rappeler la Tour de Londres. Ici on ne décapite pas les rois. D’ailleurs j’ai cru comprendre qu’on ne tuait plus les criminels sur l’ancien continent. C’est logique quand on y pense. Vivre enfermé est une punition bien plus terrible. Vivre surtout.


« Bienvenue à Cendres et Flammes. Si vous voulez bien me suivre … »

Elle a prit le ton d’une hôtesse de l’air et je lui suis reconnaissant d’alléger l’atmosphère. Impassible, comme toujours, j’acquiesce et la suit tranquillement…en apparence. Je me concentre surtout sur sa présence. Pour ne pas laisser le doute faire son chemin jusque dans mon cœur. Pour ne pas penser à ce que j’ai peut-être perdu. Regarder en arrière est inutile, le passé n’est que souffrance, le futur douleur et le présent . Nous regagnons l’intérieur du château en silence. Inu marche à mes côtés, à la même vitesse que moi. Je me souviens de notre première sortie tous les trois. Il allait et venait, proposait des jeux, se méfiait d’autres gardiens alors qu’il m’avait immédiatement confiance. Il a changé, il est devenu adulte. Plus calme, plus posé, plus correct. On a posé sur sa nature affectueuse un vernis d’éducation.

« Qu’avez-vous fait ces deux dernières années ? »

Je suis perdu, d’où sort cette question ? Me parlait-elle avant ? Ça ne me ressemble pas de me perdre dans mes pensées, surtout aussi confuses que celles-ci. Je fais du bruit mental pour ne pas penser. Je me noie moi-même dans mon propre bavardage. Elle n’est pas là, me rejoindra-t-Elle ? Et si Elle l’avait fait exprès ? Non, je dois Lui faire confiance. Oui mais… Je sens son regard sur moi. J’espère être resté impassible. Normalement cela devrait aller. Les vieilles habitudes ont la vie dure.


« Prison. Angleterre. »

Dois-je préciser avec qui ? Que m’as-tu fait ? Où est passée mon inaltérable neutralité ? La brume blanche qui me protégeait de ce genre de pensées ? Ma tristesse insondable ? Tant de questions, tant de questions, tant de questions. Je ne me sens pas bien. Ça va aller. Combien de temps je l’ignore, mais ça va aller. Je vais mieux tout le monde le dit. J’ai maigri mais je vais mieux. Je ne dois surtout pas laisser paraître mon trouble. Et pour ne pas qu’Athis le sente, je reprend ma main et la met dans la poche de mon pantalon.

« Il n’y a pas encore beaucoup de gens qui sont arrivés. Mais je suppose que vous retrouverez vos anciens compagnons. »

Pas beaucoup de gens, c’est bien. Cela veut dire pas beaucoup de bruit, pas trop de choses à faire. Bonne nouvelle. Retrouver des compagnons ça par contre ça m’est beaucoup plus indifférent. Sarah prend toutes mes pensées et Elle à le contrôle du reste, je ne pense donc que très rarement à ceux que je ne vois pas. Petite Fleur, Dryade, Anges et Chimères. Je ne les ai pas oublié. Je n’y pense pas c’est tout.

« Les règles sont presque les mêmes qu’à Sadismus. Je n’ai pas besoin de vous les citer. Mais si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas. »


« Papier, crayon ? Bille ? »

C’est sortit tout seul, neutre, tandis que dans mon œil apparaît l’once du reflet d’un pétillement. Oui c’est de l’humour. Un rappel de notre première rencontre. Mais c’est également sérieux. J’espère que je pourrais dessiner dans cette prison là. Sinon que dire. Lui demander de ses nouvelles serait bien égoïste, je vois bien qu’elle va bien. L’étincelle ne dure pas et je tourne ma tête vers la fenêtre ou le papillon se débat contre la mort. Est-ce l’esprit de Sadismus qui nous rend visite ? Tandis que l’immense chien noir se décale, je prends l’insecte dans ma main. Si noir dans ma main blanche, blessé mais déterminé tout de même à vivre jusqu’au bout. Je ne peux qu’admirer une telle détermination. Ce n’est pas pour cela que je la comprendrais mais bon, il faut saluer ce qu’il reste de bon dans cette réalité. Il n’y en a pas tant que ça. Doucement, je mouille de salive le bout d’un doigt de mon autre main et je tends le tout à l’insecte. Sa trompe hésite. Il a soif.

« Fleur ? »

Il n’en a plus pour très longtemps c’est un fait. Mais sur une fleur il pourrait boire et manger. Et même si cela ne suffit pas, un pétale est un meilleur lit qu’une pierre calcinée, non ?
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeMer 15 Oct - 16:36

Il n’avait pas changé. Toujours cette même passion pour le dessin. Je me revois à contempler cette image d’un papillon accroché au sol, fixant le ciel plein d’envie. Surtout de liberté. Les traits minés, les gestes doux, les courbes visibles, l’œil attentionné, c’est tout ce qu’il avait fallu à Siriel pour donner naissance à un paysage si réaliste et impressionnant à la fois. Quand à la bille, j’avoue, je ne l’ai plus jamais quittée depuis. Je me retourne vers Lui, devant moi se joue une scène à l’eau de rose. Un amoureux et sa belle mourante. Ils ne font qu’un. Mon papillon des Mystères. Le gris opaque de ses yeux fixe la petite chose, doucement, du bout du doigt il lui offre un peu de son être. C’est si imprévisible qu’une personne qui cache sa vie face au monde se comporte ainsi. Avouez Siriel, vous avez conscience que vous êtes vivant. Sinon, pourquoi jouer devant moi, les sentimentales face à une créature mourante du ciel et de la terre ? Étrangement, je n’ai pas besoin d’avoir une réponse à cela. Le cœur en dit long et mes yeux ne me trompe pas. Je me contente alors de sourire tout en acquiesçant. L’invitant à me suivre, je change l’itinéraire de notre chemin. L’aile des employés. C’est du déjà vue, je m’en rends bien compte, une preuve encore qu’il n’a pas changé. A notre première rencontre, il s’était produit la même chose. Le loup, la rose et le dessin. Je n’ai pas oublié.

Les chemins sont différents, mais nous finissons toujours par nous y retrouver. Retournant au même point, découvrant sur notre route des âmes familières. La vie est un cercle, une ligne ou encore un hexagone. Qu’importe quand on sait qu’elle est notre tout autour de nous. Le tout de notre cœur par contre, est plus complexe. Regroupant nos aimés, nos sentiments, nos émotions … Notre nous. Étrangement, l’air des murs ne sent pas le brûlé, ni la mort. Plutôt la peine des grises. Les pierres raides d’une époque lointaine. Sur nos pas, ont dansés des morts. Sur les murs se sont écoulés leur amour et leur tristesse. Leur vie à jamais. Je jette un coup d’œil discret au jeune homme à mes côtés. Tant d’affection à donner à une créature, une protection, un accompagnement jusqu’à la fin. Être présent pour quelqu’un. Un être aimé, un ami ou encore un inconnu, qu’importe. Le monde a un cœur, loin, enfuis sous la terre. Ce qui donne aux arbres, aux fleurs, aux papillons, … La vie. A ce moment précis, j’aurai aimé être à la place de l’ailé. La présence d’Anthony me manque atrocement. Athis est là, mais ce n’est pas la même chose. Un véritable amour sur les lèvres, il ne pourra jamais me l’apporter. Et comme s’il lisait dans mes pensées, le chien vient chercher ma main pour une caresse. Bien sûr que je te sers sur mon cœur … Je lui souris tout en lui donnant ce qu’il demande. Il a le moyen de me faire penser à autre chose. A sa manière, il m’apaise.

Nos pas aboutissent enfin au lieu de rendez-vous avec la vie du papillon. Un cliquetis, et la porte s’ouvre. Athis le premier, regagnent sa couverture sur le sol à l’autre bout de la pièce. Observant toujours la scène sous ses yeux. Je montre le lit à Siriel pour qu’il s’y assoie, de mon côté, je viens chercher le livre rangé sur ma table de chevet. Entre ses pages, dort une rose séchée. Loin d’être morte. Nous savons tous que l’eau redonne la vie aux plantes. C’est alors que d’un geste lent, je me saisis d’elle. En m’approchant du lavabo, je fais couler l’eau. En mouillant les pétales et la tige pour qu’elles retrouvent leur statut d’origine. Douce et pleine de vie. La rose dans ma paume, trempée. Délicatement, j’incline ma main pour retirer le surplus d’eau. De nouveau auprès de Siriel, je dépose la fleur sur son lit de page blanche, réveillée. Il peut désormais y installer le petit insecte.

Les genoux à même le sol, je regarde le papillon plein d’affection. Sylvain azuré. Cet insecte est d’ordre diurne. J’en ai croisé quelques fois au Péloponnèse. Papillonnant entre les fleurs de leurs ailes sombre. Pas entièrement noirs, nos yeux nous mentent parfois sur les couleurs. Le dessus de ses ailerons est d’un brun obscur accompagné de reflets bleu. Bordées pas de petites taches blanches, la partie inférieure des ailes est noire. L’air calmé sur son nid de pétale, délicatement, j’effleure son aile gauche. La faisant vibrer, je ne doute pas qu’il aimerait s’envoler loin d’ici. D’ailleurs, c’était peu probable de trouver un papillon des verdures dans ce lieu sans végétation. La vie l’a poussé loin. Je sens le museau de mon compagnon se poser sur mon épaule. Regardant d’un triste air le petit être mourir. Il pille doucement, approchant une seconde fois sa truffe du mourant. Attendri ou tout simplement curieux. Il se retire pour venir se coucher au pied de Siriel.

Chut.
Ne t’en fais pas,
Il restera auprès de toi.
Endors-toi …


D’un geste lent, je sors la bille de ma poche. En la présentant à Siriel, le sourire aux lèvres. Vois comme je ne l’ai jamais quitté. Toujours aussi mystique et fragile, telle la lune. Combien de fois ne l’ai-je pas regarder en me remémorant passé comme présent. Et bien évidemment, le futur. Retrouver tous ceux que j’avais laissés derrière moi. Tout ceux que j’ai vu pleuré, rire. Ou encore les impassibles. Mais dans cette catégorie là, il n’y a que toi mon Papillon des Mystères. Je lui prends la main en déposant la bille dans sa paume. A toi d’en prendre soin maintenant. Qui sait … Tu me la rendras peut-être dans deux ans. Et peut-être verras-tu en elle, un soupçon de vie se refléter dedans. La tienne. Après quelques minutes, la mort décida de frapper. Le papillon ne se débat plus. Il s’est envolé loin de tout, loin de ces terres qui ne sont pas sienne. Une nouvelle fois, je viens toucher ses ailes.

La vie est un papillon éphémère


Je me redresse tout en fouillant dans mon tiroir. J’en sors une mini boîte. Rajoutant des boules de watt, je détache la pétale sur laquelle dormait le Papillon en la déposant sur la couche de neige blanche. Je la referme. J’en fais de même avec le livre et sa rose. Prenant par la même occasion des crayons, je présente le tout à Siriel.


« Tenez, faites donc revivre ce vieux livre par vos dessins … »


Fais revivre l’âme de cette rose …
Qui m’a tant fait penser à mon tout du cœur.
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeMer 22 Oct - 2:57

Il allait mourir. Ce n’était pas triste, au contraire. Il n’y avait rien pour lui ici. La vie s’en allait à son terme, une longue vie de son point de vue. On meurt toujours seul mais l’être humain à naturellement peur de cette idée et rêve de s’éteindre accompagné. Le papillon, lui, s’en fiche. C’est pourquoi je peux le regarder vivre ses derniers instants sans se poser de questions. Il ne se dit pas qu’il ne sert plus a rien de boire, il a soif, il boit. Il bat des ailes faiblement comme pour sentir encore le vent sous elles. Il n’est que sensations. Pas de pensées parasite pour l’ennuyer.

Atis dort à mes pieds en silence. Il n’y a rien à dire, rien à penser, tout cela a été déjà écrit. La vie n’est ni un cercle ni un polygone, c’est une spirale. Nous avons l’impression de revivre les mêmes moments mais il n’en est rien, toujours des détails changent. Nous donnons peut-être l’impression d’être les même mais ce n’était pas le cas. Damara est moins tourmentée que dans mon souvenir. Certes je n’irais pas jusqu’à lui proposer d’aller a l’infirmerie pour tester mais il y a quelque chose en elle qui va mieux. Peut-être parce qu’elle a accepté sa douleur. Moi-même je vais mieux. Je suis moins détaché qu’avant. La vie ne m’attire toujours pas mais j’ai, j’avais, une ancre qui m’empêche(ais) de partir à la dérive. Je parle plus qu’autrefois, montre plus facilement des sentiments que je ressens plus qu’avant. Je suis toujours le même Siriel, je n’ai pas oublié le pouvoir destructeur des mots et la violence du monde. Je sais que la réalité n’est qu’une illusion mais je suis devenu un peu plus souple. J’accepte parfois de me faire bercer par ce mensonge. Quand elle est près de moi. Viendra-t-elle ? Je ne le saurais qu’avec le temps.

Un soupir. Un bout de ma tristesse qui m’échappe. Je ne peux même pas dire à Damara la raison de mon ennui. C’est trop dangereux. Si l’on connaissait la nature de notre relation, elle n’aurait plus le droit de s’occuper de moi et nous serions séparés. Est-ce là la raison de mon transfert ? Non, je crois que je leur faisait peur c’est tout. Un tout petit sourire naît au coin de mes lèvres pour disparaître aussitôt. Si je suis dangereux, qu’est-elle Elle. Pour me redonner contenance, je caresse les pétales de la rose du bout des doigts. De toutes les fleurs, les roses sont bien les plus belles. Le papillon s’est envolé au-delà de la réalité. Peut-être s’est-il changé en autre chose. Peut-être seul le néant l’attendait. Personne ne le sait et moi non plus. Toujours aussi gentille, Damara lui fait un petit cercueil ouaté. Il s’en fiche de son corps à présent tu sais ? Mais non, je ne te le dirais pas. C’était tout à fait toi ce geste. Ai-je tellement changé que je le sente à présent ? Non, j’ai simplement laissé tomber mes murailles. Je vais mieux. C’est sûrement pour cela que je me sens si triste.

D’un geste lent, tu sors la bille de ta poche. Ainsi tu l’as toujours sur toi. Ce n’est qu’une bête bille tu sais. Un petit jouet de verre fabriqué à la chaîne. Mais elle est unique. Elle contient ta peine. Je n’ai pas oublié. Je n’oublie jamais rien.
Tu poses la sphère dans ma main comme un cadeau. Cela me surprend au point que je te regarde. Je ne veux pas de ce cadeau, c’est TA bille. J’en trouverais bien une autre ce n’est pas important. A moins que… une idée vient germer dans mon cerveau. Je me baisse et défait le collier d’Inu. Le cuir est sombre et souple, il vit presque sous mes doigts. De la très bonne qualité, c’est certain. Mais je n’en doutais pas.

Mes yeux cherchent un outil, un couteau, quelque chose. Evidemment je n’ai rien. Rien que les épines d’une rose… et le morceau de métal qui ferme le collier. Accroché à une sorte d’anneau de métal, une autre attache en fer blanc soutient une médaille. A défaut de mieux, je coince la bille dans l’attache, resserrant de toutes mes faibles forces le fin filament autour de la sphère. Ce n’est pas très solide mais c’est le geste qui compte. Je présente le tout au chien qui me regarde. Il a comprit. On communique bien tous les deux. Dommage que les hommes ne soient pas aussi lucides que lui. Au bout d’un moment, je me penche à nouveau vers son cou massif et lui rend son collier.


« Inu garde ta peine. »

Ma voix est aussi plate qu’à son habitude mais c’est l’une des premières fois que je prends la parole de moi-même pour expliquer quelque chose. Je ne sais pas si Damara aurait comprit sinon et c’était important.

« Tenez, faites donc revivre ce vieux livre par vos dessins … »

Tu m’as aussi donné le livre aux pages blanches et la rose qui est dedans. Au vu du contexte et de ton émotion je me doute bien qu’ils sont plus que tu ne veux bien le dire mais je ne réagit pas. Je ferais comme tu l’as ordonné. Et la première chose que j’y dessinerais sera toi et Inu. Cela me fera penser à autre chose qu’Elle. Amusant non ? Lorsque nous nous sommes rencontrés c’était Sarah qui habitait mes pensées et à présent c’est à peine si je prononce son nom. Non, je ne l’ai pas oubliée. Mais Sarah est à mes cotés, à caresser Inu et je sais que si elle n’est pas là, elle ne me quittera jamais. Quant à Elle… le doute continue à me ronger. Comment faites-vous, humains, pour supporter une telle angoisse… j’en ai assez. Je me lève tranquillement et me dirige vers la porte. La main sur la poignée, le livre sous l’autre bras, je me retourne et la regarde. Continuons la visite, j’en ai assez de penser.
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeVen 24 Oct - 0:40

Et le chant des oiseaux,
S’estompent avec le vent …


Du regard, je suis les mouvements de mon Papillon des Mystères. Sans aucun bruit, je me redresse à mon tour. Marchant sur ses pas, le suivant, le collant tel un aimant. Jamais totalement loin, l’animal derrière moi. La porte s’ouvre, nous en sortons. Prenant soin de la refermer à clef à mon passage. Jouant du paysage devant moi, je les regarde ensemble. Athis ne peut s’empêcher de plaquer l’une de ses deux oreilles en arrière. C’est sa manière de me demander s’il y a un problème. Non loin de lui, Toi. Tenant sur tes deux jambes, fragile mais qui pourtant, ne tombe jamais. Nouveau sourire de ma part, ne me demandez pas pourquoi. Ca me fait tellement plaisir de les revoir réunis. Indigné par une croyance de moquerie, le chien me lance un regard de reproche avant de secouer son cou et de prendre un autre chemin. Je sais Athis, tu n’aimes pas que je repense à toi étant petit. Mais as-tu seulement conscience que tu as changé ? Comme s’il n’aimait pas qu’on lui donne cette image de chiot joueur. Adulte, plus sérieux. Beaucoup même. Mais Toi aussi, tu as un peu changé en restant le même. C’est là, la complexité du temps. Nous ne sommes jamais sûr sur le « sur quoi » avons-nous changé.

Nos pas résonnent dans la mélodie du silence qui règne entre les murs. Autrefois, je ne sentais rien auprès de toi. Tu avais une espèce de carapace qu’on ne pouvait que frôler du bout des doigts. Une surface lisse d’un miroir. Et aujourd’hui, j’ai une étrange impression « d’ouverture ». Serais-tu devenu un peu plus fatigué au moins d’osez verser des larmes invisibles en ma présence ? Pourquoi, je ne cesse de le vouvoyez ? C’est une mauvaise habitude envers sa personne. Il n’est plus un inconnu à mes yeux. Mettre en avant mes traditions, c’est ce que j’ai approximativement fait et puis, il est mon Papillon des Mystères non ?

Tous les sables du désert ne formeraient sans doute pas, l’espace totale qu’il y a en moi. Sois donc le navigateur des océans inconnus qui bordent les mers de mon odyssée. Sans jamais une seule fois, faire encrage sur une île. Etre libre dans un univers que tu apprendras à connaitre avec le temps, les années, les siècles. L’éternité. Avoir sa place dans un cœur. Tu ne le sais peut-être pas, mais tu as la tienne là. J’ai joué les mères avec mes protégées. Cela ne m’a nullement dérangé. Toi, tu es un peu de tout. Un ami qui peut comprendre sans savoir. Un indifférent capable d’être attentionné. Dans le fond, je sais très peu de toi, mais qu’importe. Je sais que dans le fond, on ne décide pas soi-même qui entre et qui sort dans nos vies. C’est écrit dans les grandes lignes de notre histoire.


« Tu vois, la vie n’est pas si terrible. Il suffit juste de savoir un peu en profiter. »

Avec le sourire de préférence. Ce que je fais parfaitement bien. L’épaule d’Athis vient frôler ma hanche, au bout de son collier, une petite bille discrète se balance dans le vide. Il tient ma peine, mon territoire, mon horizon. Lui, après mon père, connait tout de moi. Ce n’est pas un chien, c’est un ami, mon confident. Mon tout quand tout va mal. L’ombre dans mon ombre. Ma main caresse son poil. Il aime le soleil de la Grèce. Il aime partir et regarder depuis l’Acropole, les oiseaux danser avec les vagues. Siriel est aussi une de mes raisons de rester comme je suis. Il m’apprend qu’on peut changer sans changer. Qu’on peut pleurer sans verser une larme, vivre sans sentir la vie. Sourire sans avoir un dessin sur le visage. Donner la vie, la perdre et la retrouver … je m’arrête à tout hasard en venant me placer face à Siriel. Obligée de lever la tête vers le haut, je me force à regarder plus profondément ses yeux. Sans troubler, je cherche après cette lueur que tu m’as toujours cachée quand je croisais ton regard. Tu sais ce que je veux voir. Ma main vient frôler la joue. Blanche et plus creuse que d’ordinaire. Je soupçonne une malnutrition. Même après deux ans, son état physique n’avait fait que dégrader.

« Dis-moi Siriel, comment te sens-tu en ce moment ? »

Ma paume étalée sur la froideur de ta peau. Elle ne me fait pas peur, et je cherche encore. A travers le voile du silence de ses yeux. Incompréhensible, indéchiffrable, fermé. Je n’y parviens pas ou que très peu. J’abandonne pour l’instant. Tu sais aussi bien que moi, que je suis là pour t’écouter. Le jour où tu voudras parler. Je retire ma main et garde le sourire. Fais-moi donc briller ses deux pupilles d’argent. Nous reprenons notre marche, sans que je m’en rende compte, nous nous trouvons déjà dans l’aile des prisonniers. Pas encore énormément de gens en vue. Sans prévenir, je regarde Athis qui par une raison inconnue, stoppe son pas en fixant droit devant lui, pour ensuite, se fondre un peu plus dans l’ombre du mur. Tête basse, ses longues pattes le font avancer assez rapidement dans un trot. Je me méfie toujours quand il se comporte comme ça. C’était surtout l’une de ses façons de prévenir que quelque chose se passait non loin.

J’hausse un sourcil en regardant Siriel d’un air anxieux. J’accélère mon pas pour ne pas perdre de vue le chien. Les hostilités commencent. Loin devant nous, je peux apercevoir deux silhouettes, retirer loin des prisonniers dans l’ombre. La bête sort de son sommeil. Athis longe pour ne pas être remarqué. Un cri se fait entendre, suivie pas des plaintes, une voix de peur et de larme. Le premier grognement du chien atteint mes oreilles. Je n’ai pas le temps de le rappeler, qu’il bondit déjà sur l’un des individus. La gueule grande ouverte … J’accours pour découvrir une jeune fille tremblante au sol. Et un peu plus loin, Athis, les crocs enfoncés dans le cou de ce qui semble être l’agresseur de la jeune fille et un détenu. La scène est assez choquante pour moi de voir mon doux ami, devenir ce qu’il était réellement. Je hurle son nom en lui disant de lâcher en Grec. L’homme hurle de douleur de sentir son sang le quitter. Les yeux percés, les poils irisés, il pèse de toute sa mâchoire, son poids de Diable sur sa proie. Mais il ne fait rien, toujours agrippé à son jouet. Je me place sur son dos en tirant sur son collier pour l’obliger à lâcher. Après quelques secondes, il recule en passant entre mes jambes. Toujours grognant, il s’assoit en gardant un œil sur l’homme au sol.

Par chance, quelques un de mes collègues passent par là. Sans attendre, ils arrivent à mon secours, emportant avec eux, les deux prisonniers. Je me retourne vers le chien, me regardant comme s’il avait fait une bêtise. Je m’agenouille auprès de lui en le serrant contre moi. Il sait que je n’aime pas quand il devient « sauvage ». Mais en même temps, c’est dans son sang. Et c’est ainsi qu’il a été formé. Peut-être pas aussi brusquement, ça, c’est dans son sang. Mais pour les plus faibles, il sera présent sans jamais rien leur demander en retour. Je me redresse alors en me retournant vers Siriel. Voilà mon Papillon, tu as vu en quoi Athis avait changé. Formé pour être un chien policier. Mais la nature a fait que parfois, il est un peu plus libre dans ses gestes. Lors de son éducation, Thierry avait d’ailleurs, cherché à savoir le passé du chien. Il s’avère que c’était plus complexe … L’instinct, l’histoire. Tout y est pour quelque chose. D’un air désolé, je te fixe. Redoutant un instant de choc. Pour Athis, mettre les gens au sol était presque devenu un jeu. Mais un jeu dangereux qui anciennement a ses raisons …

Il garde peut-être ma peine,
Mais il a aussi la sienne ...
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeSam 8 Nov - 7:34

Même dans le silence, il y a du bruit. Même le vide peut remplir un espace. L'univers n'est que contradiction et imperfection. L'esprit humain l'a inventé et il n'est pas capable de construire quelque chose de logique. Nous marchons dans les couloirs, Dama, Athis et moi. Pourtant, je ne regarde pas les murs de ma nouvelle demeure. J'aurais bien le temps de les voir plus tard. Je ne ressens aucune curiosité envers ce château. Je ne le déteste pas pour autant, cela m'est un peu égal en fait de vivre ici ou ailleurs. Oh ne vous y trompez pas, cela m'a agréablement surprit de retrouver ma gardienne. Elle ne m'est pas indifférente bien que j'ai peu pensé à elle durant ces dernières années. Pour être totalement franc, j'ai très peu pensé ces deux dernières années. Nous étions prit par les marées et les courants. Cent fois Ta main sur ma carotide. Je ne dormais pas, j'attendais que Tu appuies. Et puis non, cent fois un nouveau jour, une nouvelle surprise, et Tes yeux dans les miens. Ton absence est comme un souffle au cœur. Pas forcément Très présent mais dans le vide de mon existence, c'est assez violent. Whatever. Je ferme une seconde mes paupières et redonne à mes yeux leur éclat terne habituel. Sarah se moque de moi dans mon dos, je la vois sans avoir besoin de me retourner. Je la crois un peu jalouse de voir tant de monde dans ma vie alors qu'elle aurait du être la seule. Mais elle sait que je ne l'en aime pas moins et qu'elle me manque toujours autant. Le vide, l'absence, sont des sentiments que je ne peux supporter. Les médecins disent que c'est pour cela que je vole les cœurs des autres, pour mettre un peu de rouge dans mon univers gris. S'ils savaient. S'ils savaient que la morne plaine de mon existence est mon seul rempart contre les deux fléaux que sont la tristesse et la peur…

« Tu vois, la vie n’est pas si terrible. Il suffit juste de savoir un peu en profiter. »

En profiter. Un concept humain ça encore. Il faut tout rentabiliser et surtout le temps qui nous est impartit sur cette terre, sinon nous nous sentons floués. J'ai remarqué ce comportement tellement souvent dans mon entourage. Même Elle en est victime. Mais moi… non. Cela m'est égal de "profiter". Je suis parce que je suis. Je n'y vois ni chance, ni malheur, ni beauté ni haine dans ce fait. Je n'ai rien à prouver à personne et surtout pas de comptes à rendre.

Mes pieds se sont arrêtés de marcher et ma main vient se poser sur le mur de pierres noircies. Je baisse doucement mes yeux sur toi, sans passion, sans question, sans réponse. Je te regarde sans te voir, sans même savoir pourquoi je fais cela. Athis essaie de saisir notre conversation, curieux de ne rien sentir. Tu ne peux pas comprendre que l'on puisse ne pas communiquer n'est ce pas Inu ? Tu es trop pragmatique pour ça. Ne comprend jamais. Ne devient pas humain. Continue à te laisser bercer par ton instinct et tes seules émotions. Tu ne seras probablement pas heureux mais comme tu n'auras pas connaissance de ce concept, tu n'en souffrira pas. Car c'est de la connaissance du bonheur que vient tout le problème. On n'est pas perdu quand on ne va nulle part. On ne peut être malheureux si on ne recherche pas le bonheur et l'on ne peut chercher quelque chose que l'on ne connaît pas. CQFD. Nous reprenons notre route.


« Dis-moi Siriel, comment te sens-tu en ce moment ? »

Comment le sait-elle ? Encore une fois sa question me prend par surprise. D'habitude je n'y répond pas. Mes pensées partent dans un shéma bien précis. Je pense que je vais bien, vu que je suis mort. Et ce n'est pas sarcastique en général. La simple énonciation d'une vérité étrange. Mais pas cette fois. D'abord je me sens très mal, probablement parce que - paradoxalement- je vais mieux. Mais surtout, ce n'est pas n'importe qui. C'est Damara. La seule personne, Elle et Sarah exceptées, qui puisse vraiment penser ce genre de question.

Je me suis à nouveau arrêté tandis que tu touches ma peau froide. Je n'ai pas réagit lorsque tu t'es approchée de moi et ta caresse me laisse fondamentalement indifférent. Tu cherches quelque chose à travers le voile silencieux de mes yeux. Probablement comment je vais mais je ne te le montrerais pas. Je suis conscient d'être malgré tout un humain. Je connais mon pouvoir destructeur. Tu es trop fragile pour supporter le poids de ma peine.


"…"

Je ne sais pas du tout quoi te répondre. Je ne veux pas te faire de mal. Mais je n'ai pas non plus spécialement envie de te mentir. Je ne sais pas. Comment je me sens en ce moment. Quel moment ? Quelle sensation ? Quelle intensité ? Quelle couche ? Tu n'es pas précise Dama-chan. Je ne sais pas.

"Fatigué."

Vide serait plus exact mais je suis réellement fatigué. Je n'ai pas assez de carburant dans le corps pour bouger autant que ces derniers jours et la "nuit" dans la caserne n'a pas été d'une efficacité faramineuse. Si je m'écoutais… oui, je me mettrais au lit et dormirais jusqu'à ce qu'Elle arrive. J'oublierais le temps dans les bras de Morphée et la douleur dans l'inconscience. Je mettrais ma vie entre parenthèses.

Soudain Inu change de comportement. Danger, dit-il en silence, tandis que Damara accélère pour suivre son ami. Je laisse mes yeux suivrent le couple de lumière et de ténèbre sans rien changer dans mon attitude. Le danger ne me regarde pas. Je m'en fiche.

Un cri se fait entendre, suivit par des plaintes, des pleurs et des larmes. De douleur les larmes.

Un joli gâchis d'eau salée. Le papillon, lui, n'aurait pas fait tant de chichi. Mais Inu semble ne pas aimer cette atmosphère. Il grogne, bondit, agit, et stoppe un de mes "camarades". Damara hurle. Drôle d'ambiance, ce bruit et ces odeurs d'hommes effrayés. La réaction du chien ne me surprend même pas. L'esprit de la meute est fortement ancré en lui et il a saisit dans les bruits et les signaux, un comportement mettant la meute en danger. C'est normal. Naturel. La preuve que la société ne l'a pas complètement pervertit.

D'autres gardiens arrivent. L'un d'eux m'apostrophe en français, me demandant de déguerpir. Soit disant que ce n'est pas un spectacle. Il n'a pas l'air de bonne humeur. Je me demande bien pourquoi mais je n'irais pas jusqu'à poser la question. Je préfère faire celui qui n'a pas comprit et ne pas bouger. Il hésite. Je sens la violence dans ses gestes et m'attend presque a recevoir un coup. Par chance, son collègue a besoin d'aide. Il me lance un regard sans ambiguité avant de s'en aller. Je ne me suis pas fait un ami. Cela dit, je m'en fiche royalement.

Damara aussi me regarde, elle a l'air inquiète, les bras passés autour d'Inu comme pour le protéger de quelque chose. Sans doute de lui-même ? Pourquoi m'observe-t-elle ainsi ? Je ne comprend pas mais chasse rapidement la question. Je pose simplement un genou à terre et appelle mentalement mon ami d'ébène et d'ivoire. Il n'a pas changé. Il est simplement devenu plus grand.
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeVen 21 Nov - 14:49

Les vagues de douceurs se percutent en force contre les montagnes de mon être. Les doutes s’estompent comme les poussières sur le sol après le passage du vent. Le cœur se calme au rythme des secondes et d’une présence familière. C’est si facile de raconter une histoire quand on laisse notre plume écrire à tout hasard ses mots sur une feuille de papier. Dehors, le temps est neutre ou peut-être légèrement fougueux à souffler sa brise sur un sol nu d’herbes. Le soleil n’est pas mort par ici malgré l’arrivé prématuré de l’hiver. Ca se sent sur la peau et sur les pierres tremblant déjà à l’idée d’être glacées. Mais elles sont toujours froides ses roches d’argile si fragile. Leurs murmurent se froissent, disant qu’elles ont déjà soufferts sous la chaleur des flammes destructrices. Un réconfort ? Possible. Entre chaud ou froid, la distance est aussi vaste qu’entre le songe et la réalité. Athis me quitte pour s’avancer vers toi. Mes yeux fixent vos ombres s’entremêlant. Votre tout, c’est un peu comme une maison, comme ce château rebaptisé de prison. Un miroir, une source de réconfort pour certain. Comment en venir à se dire ça ? Les ailes se mélangent pour créer une tour indestructible, le lieu n’est que l’ombre d’une protection, une maison. C’est l’homme qui se force à donner d’autres raisons aux choses. Le pont-levis n’est qu’une grille de fer qui s’ouvre sur une demeure, la cour n’est qu’un jardin neutre et calme. L’eau qui l’entour est un petit ruisseau maladroit remplis d’être vivant. La faune n’est pas totalement morte … Les prisonniers, les habitants d’un lieu autrefois si calme. L’idée de peur s’est crée quand on leur a dit qu’ils devront avoir peur, alors la « maison » prend des allures de prison. Alors qu’il ne s’agit là, que d’un château qui à certainement connu bonheur.

Les êtres inanimés sont morts. Ils ne le sont que s’ils sont faits de la main de l’homme. Le bois et la pierre ne meurent jamais contrairement à ce que l’on peut croire. Demandez à Siriel, il vous expliquera mieux que moi. Un air frais me passe sur le visage et je me redresse. Le mensonge et la peur tue les innocents. Je me plains de penser comme ça. Combien ne vont pas tomber après quelques temps passés ici ? Promets moi de ne pas flancher comme ça … La fatigue l’emportera loin. Un léger sourire se forme sur mes lèvres, à pas de loup, je m’avance vers eux. On aura beau dire ce qu’on voudra, une famille peut se créer avec des éléments bien étranges. Entre les teneurs de pouvoirs et les teneurs d’armes. La prison est une maison de vacances remplie de souvenirs, bien comme mauvais. On l’aime ou on la déteste. Dans tous les cas, ils y en a de toutes sortes. Le mien se résume à eux. Un Papillon des Mystères, une jeune Timide et le reflet d’une Bonté. Elle s’agrandira peut-être avec le temps. Je puis dire au haussant les épaules que ce n’est là : que d’une famille. Un peu de substitution. On adopte les égarés sur notre chemin et en font des attaches-cœur.

Le regard se perd dans les caresses lointaines d’une main frôlant la sombre couverture noire d’un animal sauvage. J’avance alors, le cœur palpitant de joie. Parce que vous êtes là. Ils ne manquent plus que quelques uns pour trouver un second souffle à des souvenirs enfuis. A la bonne hauteur, je m’abaisse en mêlant une main agrippante sur l’épaule du chien. Les yeux plongés dans celui d’un être mystique, digne de la mythologie.


« Μείνετε ποτέ σε ο ίδιος … »

Ne change jamais. Sans en expliquer plus d’avantage, je me lève en marchant quelques pas. Puis, tournant le regard vers mes deux compagnons, je leur fais signe de me suivre. L’encre a coulé sur le papier, notant chacun des faits de la vie de tous les jours. Le paradis secrets des Dieux, un jour, j’irai là-bas, écrire de ma main, le futur d’un enfant qui portera mon nom. Femme enfant. Je me surprends à sourire de plus belle pour moi-même. Parce qu’en ce moment, rien ne pouvait être plus beau … Pris par surprise par une monté de joie, je me retourne en fixant le chien.

« Υπόλοιπο εκεί. »

Sans attendre et surtout sans comprendre, Athis s’assoie sur le sol et ne bouge plus d’un poil. Mon regard se porte à présent sur Siriel. Te souviens-tu du jeu ? Je me poste près du chien en sortant de ma poche un morceau de papier. A genoux, je mets mes deux mains devant lui, les paumes ouvertes vers le plafond. Au centre de la droite, le bout de papier qui venait de prendre la forme d’une sphère. Après une brève fraction de secondes, je ferme mes mains, en faisant exactement les gestes que Siriel avait produits, il y a deux ans. Et hop, plus rien. Le chien me regard d’un air incompréhensif après avoir fait flancher ses oreilles vers l’arrière. Les yeux d’Athis se lèvent vers ceux du garçon après les reposer sur moi. Cherchant, il finit par comprendre que c’était le même jeu que lorsqu’on cachait des objets dans une pièce. Son museau se dirige vers ma manche, étant certain, il laisse échapper un aboiement. Je sors alors le papier tout en le caressant entre les oreilles.

Je me redresse en adressant un sourire à Siriel. Ressassez les souvenirs à parfois ses bons côtés. Si familier, un peu comme les rires des enfants d’Athènes s’apprêtant à aller à l’école. Si heureux. On n’oublie jamais ce qui nous fait rire ou un peu rêver …


« Très perspicace … Vous venez. »

M’adressant aux deux bambins, Athis se lève et marche aux côtés de son ami. Les cellules étaient encore assez loin, mais la distance m’arrangeait sans que je m’en doute. Les gens circulent dans les couloirs, la mine un peu absente. Ca ne fait pas énormément de temps qu’ils sont ici. Ce qui explique pourquoi ils ont encore un peu de mal de retrouver leur chemin à travers la prison.
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeLun 1 Déc - 13:45

J’observe ma gardienne et son sourire pensif. C’est officiel, elle pense. A quoi je n’en ai aucune idée mais elle a les yeux de quelqu’un qui se rappelle. Légèrement vers le haut a droite. La laissant à ses réflexions, je me concentre sur la sensation du poil noir sous mes doigts. Le potentiel électrique de nos caresses, la sensation soyeuse des filaments bien peignés, la chaleur de sa peau, de son corps, et de son amour, et sa force, frémissante et tout juste contenue qui fait tressaillir ses muscles de temps à autres. Tu es parmi les créatures les plus proches de la perfection Inu le sais-tu ? Non, tu l’ignores, comme tu ignores tout le reste. J’aurais du être un chien. J’aurais du ne jamais exister, ainsi, Sarah serait toujours en vie et Elle serait libre.

La tristesse me reprend de toutes ses forces, menaçant de me submerger à nouveau. Tant de culpabilité, tant de mots, tant de morts. Ma place est en prison et je suis en enfer. Pourquoi m’a-t-on laissé vivre ? Pourquoi m’obliger à respirer jour après jour. A me nourrir, à boire, à vivre ? Pourquoi ne pas me laisser m’en aller ? Qu’ai-je fait de si horrible plus être condamné à survivre aux sentiments de ceux qui me sont chers ? Pourquoi m’as-Tu abandonné ? Pourquoi Damara est-elle ici, m’obligeant à mettre un voile de neutralité sur mes pensées moroses ? Pourquoi est ce que je redoute de la peiner alors que je ne souhaite que quitter ce monde ? Pourquoi est-ce que mon corps se lève pour la suite ? D’où vient cette joie calme et nostalgique qui m’a saisit à la vue du « tour de magie » ? Est-il vraiment possible de penser à plusieurs niveaux ? Où suis-je ? Pourquoi ? Les sentiments s’écrasent sur mon crâne. J’ai mal. Mal. Mal de ressentir, mal de vivre, mal d’être. Je ne peux plus, je ne veux pas. Je suis totalement perdu.

Un gémissement sort de mes lèvres que je n’entends même pas. Je titube, une main se rattrapant sur les pierres rêches, l’autre se portant à ma tête. Sentiment, sentiment, sentiment qui se cogne contre mon crâne. J’ai l’impression que ma tête va exploser de l’intérieur. Une douleur plus grande que jamais. L’absence de Sarah. La sienne. S’il n’y avait pas Dama, je crois que je serais devenu fou. Que le blanc que j’entrevois à travers mes paupières closes à chaque élancement m’aurait emporté. Heureusement elle est là. Et Inu aussi.

Je déglutis, deux gouttes perlant entre mes cils. La douleur, pas la tristesse. J’inspire, je soupire. J’aimerais connaître la paix que j’ai sentit sur le visage de Damara toute à l’heure mais ces temps sont pour moi à jamais enfuis. J’ai laissé mon être s’attacher à nouveau et l’on vient de m’ouvrir le cœur pour la seconde fois. J’aimerais me dire que ce n’est que temporaire. Rationaliser mon angoisse et ma peine mais ce n’est pas possible. Tout ce que je peux faire c’est me relever et rassurer Damara d’un demi sourire. Ma main se pose sur la tête d’Inu, à peu près pour la même raison. Je suis épuisé émotionnellement parlant mais je me relève toujours. Je ne sais pas pourquoi. J’en ai vu de plus solides que moi se briser. Peut-être la réponse est-elle là. Je suis déjà en miette, il n’y a plus rien à casser. Seule la vie me maintient encore debout. J’ignore pour combien de temps. L’important, là, est de rassurer Dama. Et la seule façon de le faire, c’est de lui parler. Dédramatiser les choses. Lui faire comprendre que ces crises ne sont pas graves.


« You came. Why ? »

Qu’est ce qui t’a conduit à revenir ici ? Tu n’as pas l’âme d’une gardienne tu sais. Regarde les autres et leur arrogance, leur agressivité et leur amour de la destruction. Tu es trop calme, trop pure pour ce monde. Tu cherches à comprendre, à construire. Tu es humaine bien évidemment et comme les autres tu es régie par l’instinct de destruction mais sans en être vraiment consciente, tu le combats. Tu as eu même besoin de t’adjoindre un compagnon pour être violent à ta place. Trop de gens confondent la violence et la destruction. Inu te protégera comme un enfant de la nature. En la respectant elle et la Création. C’est bien mieux que toutes les armes que l’homme a forgées et cela prouve bien que tu sens les choses comme je les vois moi. Alors pourquoi ? Tu pourrais avoir une vie tranquille près de ceux que tu aimes. Je pense que tu aimes. Tu es du genre à aimer les gens. Douce aveugle, tranquille sibylle qui voit à travers son bandeau d’ingénuité la tristesse et la haine et qui croit encore que l’amour est leur remède. Je n’ai pas envie que tu vives une désillusion de plus. Je ne veux pas être celui qui prendra ton cœur.
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeVen 12 Déc - 21:19

On peut se protéger contre le monde, mais nous ne le pouvons pas contre nous-même. J’ai souvent eu cette impression que lorsque quelqu’un cherchait à nous éloignait de lui, c’était pour nous protéger. Mais contre quoi ? Son démon. Son mauvais côté. Un tout qui l’effraye. Étrangement, je n’ai jamais chercher à défendre une quelconque personne contre mon cœur. Parce qu’il est trop pur. Oui, ça doit être ça. Je crois tout de même qu’il est possible de pénétrer un cœur inconnu sans se faire mal. Il faudrait juste être préparé à l’éventualité. Car, si je me rappelle, il y a deux ans, d’avoir lu une partie de l’histoire de Siriel. J’avais eu un coup au cœur en lisant la mort de sa petite sœur. C’est toujours des histoires qui choquent quand on ne connaît rien d’un être qui vous semble pourtant, important. Qu’on le veuille ou non, une fois qu’il est implanté comme la fleur de l’éternel dans le cœur, c’est impossible de le laisser, de … l’oublier. C’est la même chose avec Lui ou Elles. C’est comme ça à point c’est tout.

Pourquoi ? Je ne sais pas. J’avais envie de partir un peu. Découvrir encore des nouveaux lieux, des nouvelles personnes. Vous retrouvez. Je le souhaitais en silence plus que tout. Et puis, Athis aussi était partant pour partir, peut-être même plus déterminé que moi. Si je suis revenue, c’est inconsciemment, espérant vous retrouvez. De toute façon, ici ou là-bas, je suis toujours restée dans le milieu carcéral alors ça n’allait pas changer grand-chose. Malgré que je sois plus proche de « ma famille » physiquement. Sebasten monte souvent vers Thessalonique, ou descendait dans le Péloponnèse pour une durée indéterminée. Et puis, il viendra un jour me rendre visite en ces lieux, je le sais. Rien que pour voir le château.


« Je ne sais pas pourquoi. Je sentais que je devais venir ici … Pourquoi, tu n’es pas content de me revoir ? »

Je le charrie gentiment, le sourire aux lèvres. Dans un effleurement, ma main touche le poil du chien qui instantanément, lève ses yeux vers moi. Je n’ai plus besoin de vouloir le ciel, je l’ai devant moi. Sombre. Les escaliers aussi le sont. Devant nous. Je soupire pour moi-même en gardant sur le visage l’expression d’un bonheur qui se réduisait de plus en plus que mes pas frôlaient le sol. Première marche, le chien me devance. S’il n’aime pas une chose, c’est bien traîné. J’entame mon ascension en silence avec Siriel à mes côtés.

« Il a encore peu de gens. Mais je te préviens déjà qu’Athis risque de venir te voir assez souvent. »


Et qu’il passe les nuits auprès de toi ne m’étonnerait pas non plus. Il a retrouvé son ami. Peut-être celui qui le comprend mieux. Il a longtemps côtoyé des prisonniers de tout genre. Mais avec mon Papillon des Mystères, c’est différent. Il est calme, lui-même. L’influence peut-être. Silver est une personne avec qui le courant passe tout de suite s’il y a le silence et peu de mot. Enfin, disons qu’en même temps, je peux être un véritable moulin à parole. Il suffit juste de savoir quoi raconter et surtout que ça intéresse l’autre. C’est ça qui est assez complexe. Une fois arrivé en haut des marches, je tourne dans quelques couloirs pour enfin aboutir aux cellules. Athis, assit devant celle de Siriel, attendant sagement que j’ouvre la serrure. Je le soupçonne de vouloir rapidement montrer à son ami sa « maison » pour plus vite partir gambader dans la prison. Après tout, ils ont certainement beaucoup de chose à se raconter.
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeJeu 18 Déc - 2:48

Les démons sont les anges déchus. Ceux qui ont regardé la terre et se sont laissé séduire par elle. Ils ont succombé à une faiblesse humaine et pour cela ont été bannis des cieux. N’est-ce pas la preuve que l’humanité tout entière est damnée ? Si les sentiments sont des écueils pour ces êtres parfaits que sont les anges alors que ne sont-ils pas pour les hommes, moins parfaits, moins forts, plus humains en somme. D’ailleurs ne dit-on pas que l’on souffre en enfer alors qu’on ne sent plus rien au paradis ? Oui, le néant est le seul salut réel.

Les couloirs se suivent et se ressemble. Il y a une âme ici mais elle est monotone. Un néant de plus, qui cherche vainement à nous rappeler ce qu’il était de son vivant. Les anges se réveillent-ils en sursault, un bout de leur passé leur revenant en mémoire ou le passage dans le rien est-il irrémédiable ? Et pourquoi est ce que je pense à une quelconque idéologie chrétienne alors que je n’ai jamais été dans des églises que pour entendre mes parents en discuter l’architecture ? Est-ce toi, Sybille, qui m’envoie ces pensées ? Inu peut-être ? Ou la personnalité même du lieu ? Peu importe. J’ai encore au cœur le souvenir du blanc qui vient d’essayer de me prendre. La peur de me perdre dans les sentiments, d’oublier mon néant personnel. Oui la peur. Or la peur est un sentiment. D’où les pensées je suppose. Sa voix perce mes interrogations et mon angoisse pour me ramener au présent.

Content d’être là ? Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non ! Mille fois non. Mais content de le revoir, oui, peut-être. Surement même si l’angoisse m’en laissait le loisir. Mais je ne peux m’empêcher de craindre que sa présence soit un pauvre substitut de la Sienne. Elle. Je n’ose pas le dire mais je le pense tellement fort que ma gorge s’étrangle. J’arrive tout juste à hocher la tête pour répondre à sa question. Je suis content de la revoir. Mais si je ne l’avais pas revu, je n’en aurait pas été triste pour autant.


« Inu est… »

Que ma voix est rauque et faible en cet instant. Comme-ci j’allais me briser en même temps qu’elle. Je me redresse, respire un bon coup et vide mon esprit pour chasser l’angoisse.

« Inu est bienvenu. »

Ouf, j’ai retrouvé mon impassibilité et ma neutralité coutumière. Dama doit surment trouver mes états d’âme étrange. Je suis si serain d’habitude, si simple. Je dis ce que j’ai à dire et je tais le reste. Mais je ne peux pas demander de ses nouvelles. Ce serait tuer notre relation. Les mots sont déjà dangereux par eux-même, ce n’est pas le moment d’en rajouter.

« Des gens ? »

Je demande qui est là en quelque sorte. Je n’ai pas pu taire ma curiosité mais au moins ai-je réussi à la camoufler sous une généralité vague. Je suis content qu’il n’y ai pas grand monde. Soulagé aussi. Peut-être des visages familiers ? Je repense à la dryade, à la petite fleur, à Bageerah, Sadé et tant d’autres. Tant d’enfants perdus dans les méandres de la forteresse. Tant d’anges déchus. Le paradis doit être bien affreux pour que les hommes aient inventé l’enfer.
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Damara Galanis


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Date d'inscription : 30/09/2008

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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeDim 21 Déc - 19:18

La feuille blanche se noircie petit à petit, comme les traits fins formant ainsi le dessin de nos envies. Les mots se forment et donnent des paroles qui atteindront ou non le cœur de l’être opposé, face à nous. Dehors, le ciel se couvre à la force des nuages, poussés par le vent. A u loin, les vagues s’activent et s’écrasent ''imaginairement'' sous mes pieds. La passion … Le souffle du temps. Siriel me tire de mes pensées en me demandant, enfin d’après ce que je peux comprendre qui il y avait ici. Disons que mise à part Adélie, je n’ai vu aucune figure familière. Mise à part quelques anciens gardiens, rien d’important.

« Juste Adélie. Pour le reste, il faudrait voir ça avec le temps … »


Et par Œdipe que le temps passe vite par moment. Je ne m’attends pas à revoir les anciens mais j’y crois encore. Le docteur, Bella et les autres. Le sang coulant dans les veines, pourquoi personne n’y faisait attention ? Après tout, le corps n’est composé essentiellement que de ça. Mais c’était bien sur trop complexe et idiot de penser à ça me diriez vous. Et sur ce point, je ne le nierai pas. Il y a bien plus important …

La cellule est là, garder par Athis. Je m’empresse de ralentir un peu le mouvement. Siriel n’avait qu’un pas à faire pour me rattraper facilement. Comme quoi, le fait d’être grand avait tout de même des avantages. Mais aussi des inconvénients et je suis sûre qu’il serait d’accord avec moi pour penser ça. Quand je vois Athis, il fait peur aux gens parce qu’il est d’une taille démesurer pour un chien. Trop grand, trop sûr de lui. Trop Loup. Thierry aimait beaucoup travailler avec lui, malgré qu’il ait été très difficile à dresser. Enfin bon, mes pas s’arrêtent finalement devant la grille de fer. Retirant la trousse de clef de ma ceinture, je déverrouille la serrure. Magique le bruit d’une liberté finie. Je n’aimais pas ça, du tout même. Et pourtant, dieu sait combien de fois j’avais entendu ce même cliquetis. La cellule ouverte, je regarde amèrement l’endroit. Qui pourtant était déjà plus spacieux que celles de Sadismus.

Des lits, des armoires. Tout ce qu’il leur fallait. Tout sauf la liberté. Je lâche un soupire en me retournant vers Lui. Lui qui semblait si ignorant face à ce détail. Je ne sais pas avec qui il sera mais ce n’était qu’une question de temps avant de le savoir. N’oubliez pas que j’ai accès aux dossiers des prisonniers. Et puis, je pouvais compter sur Athis pour rester avec lui. D’ailleurs en parlant de lui, il était déjà entrain d’explorer la pièce. Posant son museau sur l’un des lits, celui qui lui semblait plus « confortable » en aboyant à l’adresse de Siriel. Il choisit d’avance le meilleur pour son compagnon et pour lui-même.


« Siriel, si tu as besoin de quoique ce soit, tu sais où me trouver. »


Je venais de l’interpeller avant qu’il fasse un pas. J’étais assez critique face à sa venue. Je ne devais pas oublier qu’il était … Enfin que mon rôle ici n’était pas de le dorloter comme un enfant. Pourtant, je ne pouvais m’en empêcher. Je lui souris, heureuse de le voir là malgré tout. Mais même les meilleurs moments connaissent une fin. Tout en m’avançant vers lui, je lui prends ses mains dans les miennes. N’oublie jamais que même dans ta solitude, tu n’es pas seul.


« Fais attention à toi. J’y tiens. »


Parce qu'on dit ... Loin des yeux, loin du coeur.
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MessageSujet: Re: Quand deux chemins se recroisent ... [Pv]   Quand deux chemins se recroisent ... [Pv] Icon_minitimeSam 10 Jan - 6:43

La feuille blanche se noircit petit à petit jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’elle. Les ténèbres recouvrent la lumière lorsqu’il s’agit de réalité « concrète ». L’illusion du vrai inverse les rôles. N’est-ce pas la lumière qui troue les ténèbres partout ailleurs ? Nous avons réussi à détourner le vrai pour un créer un autre à l’opposé. Curieusement, ce n’était pas un miracle humain. La craie écrit sur l’ardoise mais le charbon marque le calcaire. Le monde n’existe pas. C’est la seule chose qui ait un sens ici bas.

Comme sur une feuille, les paroles de Damara noircissent petit à petit la feuille blanche de mes souvenirs. Adélie, la petite fleur. Ainsi elle ne s’est pas disloquée sous une bise un peu violente. Elle est toujours là. Pure ou fripée ? Préservée ou fanée ? Peu importe, l’extérieur ne change rien à ce qu’elle est. Mon sourcil se lève, ponctuant calmement cette information. Bien. Ou pas bien. Peu importe. C’est.

Inu est assit devant une porte que je devine être la mienne. Je la regarde, toute de fer et de feu. Fusion froide d’un minerai caché. La robe noire du chien se fond presque dans la barrière. Il à l’air fier de lui. Il est beau, artistiquement parlant. Il l’ignore. C’est l’une des facettes de sa beauté. Cliquetis de métal, rayure et grincement. Il y a dans la serrure un combat dont on ignore tout. Finalement, le poignet de Damara donne la victoire. Un geste si simple, si naturel et pourtant porteur de miliers de significations. Je la suis à l’intérieur mais ma main caresse la porte, comme pour la consoler de sa défaite. Cela ne change rien, je le sais. Mais rien ne change rien, ce n’est pas pour autant que je dois ne rien faire non ? Enfin c’est ce qu’Elle m’a apprit. Je ne suis rien, mais je dois faire semblant. Parce que l’illusion de s’arrêtera pas. Parce qu’Elle me le demande. Parce que c’est Elle.

Je ne regarde même pas mon nouveau logis, cela m’indiffère. A peine si je remarque les barreaux aux fenêtres. Mon esprit est ma prison. Ici, ailleurs, quelle importance finalement ? Je reste où l’on me met, je bouge quand on me le dit. Pinocchio ne veut plus devenir un vrai petit garçon, se laisser guider est beaucoup moins fatiguant. Inu a choisit mon lit pour moi, c’est bien. Je lui obéi avec la même passivité qu’avec n’importe quel gardien. A mes yeux il est aussi important que l’étaient les autres.


« Siriel, si tu as besoin de quoique ce soit, tu sais où me trouver. »

Je hoche la tête et fait le pas nécessaire. Puis un autre, jusqu’à ce que je rejoigne le chien. Je suis fatigué. Si fatigué. J’aimerais dormir. Pourtant je sais que je n’en ai pas besoin. La fatigue morale seule fait tomber mes paupières sur mes yeux clairs. Et la lumière un peu vive des lieux. Il faudra qu’ils s’y fassent. Je m’allonge sur le dos, mes pieds dépassent un peu du lit mais cela n’a pas d’importance. Je me plierais tout à l’heure. Pour le moment j’essaie de faire jouer chacun des muscles de mon dos pour qu’ils touchent la paillasse. Le lit est dur. J’apprécie. C’est meilleur pour mon dos sans arrêt voûté.

Elle s’avance. Je me lève pour m’asseoir et la regarder. Il y a quelque chose en elle. Elle me prend les mains, je les lui laisse. Les siennes sont chaudes comparées aux miennes. Déjà ses yeux clairs cherchent les miens. Je sens mes iris aussi chaleureux qu’un manteau de neige mais je sais que ma gardienne n’en prendra pas ombrage.


« Fais attention à toi. J’y tiens. »

J’acquiesce de nouveau. L’époque où je voulais disparaître est loin maintenant. Je L’attends. Je ne vais probablement pas être un parangon de joie et de bonne humeur mais il n’y a pas de soucis à se faire pour moi. Tant que cela ne dure pas trop longtemps. Toi aussi prend soin de toi Damara. Je vais dormir maintenant.

Et reprenant mes mains, je me rallonge sur le lit et ferme les yeux. Les ténèbres soignent déjà ma rétine fatiguée. Je les aime.
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