Face à face Sibérien [Vladimir]

[C'est un peu dur de commencer, enfin il faut bien qu'il y ai un début ^^]

C’est sombre, grand et surtout froid, tout ce qui se rapporte à ce château l’est d’ailleurs. La seule chose que je n’aime pas vraiment ici, c’est ces escaliers. Qui peut savoir ce que l’on rencontrera au tournant dans ce colimaçon. ? Il n’y a pas trop de visibilité, et l’éclairage laisse à désirer. Dans ces conditions, ma main se porte instinctivement sur mon sabre. Mes doigts caressent le manche d’ivoire ciselé, c’est si rassurant, tout comme le maniement, merci maitre Zuang. J’ai horreur de cette étroitesse, l’impression que les murs se rapprochent dangereusement. Il me tarde d’arriver à destination, la bibliothèque.

Lire fait parti de mes passions quand mon travail ne me demande plus d’être présent. J’aime m’étendre sur mon lit et de dévorer un livre, m’évader un temps est quelque fois bénéfique pour continuer. J’ai mis cet intérêt en attente, ayant beaucoup de chose à voir ici et de prendre mes repères. Maintenant que c’est en ordre, les prisonniers comme pour moi, cette détente tant attendue ne serait pas un luxe mais une nécessité.

Encore ces marches, j’ai le sentiment que ça ne s’arrête pas. L’envie de me détourner, de regarder mes arrières me taraude, mais le problème c’est que je n’ose pas. Et pour cause … Enfin ce n’est pas le moment de penser à ça, sinon je ne suis capable de stopper net ma progression et ne plus bouger d’un pouce. Pourtant, moi qui croyais que c’était finis, mais non. Ce n’est qu’un simple vertige, j’ai vu pire dans mon ancien métier, les hauteurs il n’y avait que cela pour bien viser et avoir mes cibles.
Là c’est différent, mon angoisse provient de cette exiguïté supplémentaire, cette froideur. Je dois reprendre le contrôle et avancer sans y songer. Ma main se crispe un peu plus sur le manche de mon sabre, seul instrument qui soit susceptible de me ramener vers le haut et la liberté.

Je tourne de nouveau, mais cette fois j’aperçois un éclairage bien plus lumineux. Un soupire de soulagement s’échappe d’entre mes lèvres, c’est enfin terminé. Si cela doit être ainsi à chaque fois que je monte un de ces escaliers, je crois que je vais m’entrainer à les monter quatre à quatre. Je ne pense pas que le Directeur De la Flaam soit d’accord pour mettre des ascenseurs dans ce château. Je souris, mes yeux se font à cette nouvelle luminosité, je cligne des paupières. La première chose que je constate c’est qu’il y a plusieurs et l’une d’elles est forcément le bureau de Pythagoras. Je sais ou elle se trouve pour m’être présenté devant lui lors de mon affectation, le passage obligé en face de l’autorité pénitentiaire.

Un bruit me fait tourner la tête, je ne suis pas seul dans ce couloir. Un homme aussi grand que moi, avec une carrure qui ferait pâlir les plus musculeux, et pourtant je ne suis pas du genre à être frêle, avance dans ma direction. Je ne l’ai jamais vu auparavant, je m’en serais souvenu, c’est quelqu’un qui ne vous échappe pas. Je ne peux m’empêcher de le fixer sans pudeur, j’ai passé ce stade, pas celui de l’intérêt. C’est le genre de gars qui ne vous laisse pas indifférent.
Malgré tout je détourne rapidement mon regard. Je viens de remarquer subitement de cet homme était un de ces prêcheurs pour bon dieu. Ce même dieu que tout le monde vénère parce qu’il a fait beaucoup de chose sans être certain qu’il a existé. Ce que je prends pour ma part, pour un parfait canular. Je déteste ces hommes d’église qui prêchent la « bonne parole » à leurs ouilles crédules et leur soutirent de l’argent. La « bonne parole » laissez-moi rire, comme s’ils avaient la science infuse … Enfin bref, je ne m’attarde plus sur lui, je cherche un endroit plus plaisant.

A ce moment, je suis encore plus près de lui, je peux même discerner le vert de ses yeux. Mais le flash vient surtout de cette carrure imposante à présent. De loin je ne pensais pas qu’il serait si … Massif, impressionnant tout de même. Quel drôle de curé nous avons là, peu commun et qui n’a rien à voir avec les prêtres en soutane populaire. Lui c’est plutôt comme un gardien qui c’est trompé d’uniforme. Bref je ne vais pas me pencher plus avant sur cet énergumène et continuer ma route, moins j’ai affaire à eux mieux je me porte.
Je regarde droit devant moi, fronçant légèrement les sourcils, ainsi cet homme de Dieu ne fera que passer sans m’accoster. D’ailleurs qui voudrait me parler, je n’en ai pas envie et cela se voit …

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La secousse n'est pas si brutale, cependant elle m'indispose. Le couloir est certes peu large, et deux hommes de haute stature, surtout lui, ne pouvaient que se télescoper. J'en suis bien conscient. Seulement je ne peux m'empêcher d'être un tantinet dédaigneux. Sur le coup d'épaule, ma tête part en direction de celle de mon perturbateur, je le toise, un sourcil légèrement relevé, agacé. Lui, il s'est immobilisé net pour me faire face. Je peux le regarder de plus près et voir son air gêné dans cette lumière opaque. Il semble être navré de m'avoir percuté, et pour ma part, je crois qu'il n'avait pas trop le choix. Ce n'est pas pour ça que je lui tends un pardon d'office, je n'en suis encore à faire un tel automatisme.
Ils sont tous comme cela ces curés, de la gentillesse gravée sur leurs faciès. On leur donnerait le bon dieu sans confession. Alors pourquoi je n'y arrive pas? Pourquoi je me retrouve sur mes gardes avec lui? Sa carrure, certainement, qui ne colle pas vraiment avec le personnage, surtout l'habit. Je vous passerais le commentaire de "l'habit ne fait pas le moine", il ne fait pas le curton non plus. De plus le lieu ne se prête pas à la clémence, pour ma part bien entendu. Enfin bref, je ne saurais dire pourquoi j'ai un semblable ressentiment envers ce prêtre, pour le moment. Je ne suis pas butor, je ne juge pas, je constate.
Sa voix est grave, le son me laisse pantois, car il faut bien me l'avouer, elle me plait.

- Excusez-moi.... Pourriez-vous m'indiquer où se trouve l'infirmerie? Je dois m'y rendre pour donner l'extrême onction à un prisonnier mourant et je ne me souviens plus exactement où elle se trouve.

Brève hésitation … Des questions, brusquement, affluent de toutes parts dans ma tête. Deux choses, ou il est naïf et paumé comme il veut me le faire comprendre ou il se fout de moi. Je préfère songer à la première solution. Le fait est que la plupart de ces gens ont toujours l'air plus égarés que leurs brebis, c'est comme s'il avait un écriteau dans le dos avec l'inscription "c'est dans ma nature". Je suis méchant avec eux, oui, mais leur satané patron me l'a bien rendu.
La deuxième chose c'est que je ne conçois pas qu'il est perdu alors que le primordial dans sa fonction est connaître les endroits ou on est certain d'officier. La chapelle et l'infirmerie. Il aurait du demander un plan ou quelque chose d'approchant. Peut être suis-je trop soupçonneux, trop tatillon sur tout et tout le monde. Quoique, je ne pourrais jamais me défaire de cette manie, c'est ainsi.
Et de cette habitude en découle une autre question. Pourquoi les bruits de couloir ne soient pas remonter jusqu'aux gardiens? Parce qu'il n'y en avait pas. Cela ne fait qu'accroitre mes doutes sur cet aumônier. Et si je me trompais sur toute la ligne, qu'il avait trouvé ce prétexte pour discuter un peu. Alors là il serrait aussi vil que nous autres, la mort est une chose que l'on respecte. J'arrête de me prendre la tête avec mes enquêtes mentales, je suis en pause actuellement et je m'en tape de ce qu'il veut exactement. Il veut aller à la l'infirmerie, je vais lui montrer le chemin, des moments j'en finisse avec lui, je pourrais enfin venir prendre un bon livre.
Parti dans mes pensées, sa voix me ramène à lui, de façon assez singulière. Je me ferais très bien à celle-ci, il a au moins ça pour lui. Mes yeux se lèvent et captent son sourire sincère, enfin c'est ce qu'il veut présenter. Un soupire s'échappe de mes lèvres, je suis réellement pathétique. Je ne lui laisse même pas le bénéfice du doute, tout ça parce que je suis complètement hâté et que je m'en tape que ces prêtres soient considérés comme bons.
Mon regard s'attache au sien, comme j'aimerais le sonder, pénétrer en son fond intérieur. Je me surprends même à vouloir le voir autrement, je constate qu'il est bien fait de sa personne. Son visage est aussi beau qu'impressionnant. Ses traits très virils me font un effet non abordable. J'en baisse les yeux de peur qu'il s'aperçoive de mon trouble. Pour clore ma situation, je me décide enfin à lui adresser la parole et du coup, accepte sa requête. Le ton est des plus neutres et polis qu'il soit, pour cacher mon embarra.

-Certes, il n'est pas si facile de s'y retrouver dans ces dédales de couloirs. Puisque que j'ai un peu de temps libre devant moi, je vais vous mener moi-même à l'infirmerie si vous le voulez bien.

Sans attendre la réponse, cela me rend bien service, je fais volte-face et part vers les escaliers en colimaçon. J'en profite pour me foutre des baffes mentalement. Je suis un incurable con, je me suis laissé avoir à mes propres animosités, comme si je voulais faire amende honorable pour mes opinions. De toute manière je n'ai plus le choix, c'est trop tard, je ne permettrais pas de le planter là. Et par besoin, j'engage la conversation, c'est la monde à l'envers, que m'arrive-t-il?

-Puis-je connaître votre nom, mon père? Je me présente avant tout, je me nomme Thorkel Daarkenwald.

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[ --> La Question]