Le Club des Petites Filles Mortes. [PV Simon.]

Sonné épuisé totalement mort. La fin du boulot, une condition physique de fiote, il ne m'en fallait pas plus. J'ai dû courir après un camion de je sais plus quoi qui avait oublié je sais plus quelle merde. Des papiers sans doute, mais courir sur vingt mètres en hurlant comme un con, ça vous fatigue un homme, surtout quand le dit homme pèse dix kilos tout mouillé. Ouais bon j'exagère peut être sur le poids, mais pas tant que ça en fait. Ou si peu. Bref, on peut le dire, j'ai quelques airs de famille avec la brosse à chiottes. Pour la silhouette, et les cheveux aussi (mais les miens sont pas en plastique bleu, ils sont bruns). Enfin je suis un machin en plastique blanc qui sert à récupérer la merde de votre dernière chiasse collée au fond de votre cuvette. Ma vie est une joie sans fin dis donc.
En plus, c'est pas que porter harnachement complet de la pute, ça fatigue, mais un peu quand même ! Déjà, courir en talon-aiguilles, je te raconte même pas le bordel. Passer le pont levis alors que tes grôles passent entre toutes les planches ? Des années d'entrainement ma brave dame. Enfin ça tient bien du miracle que je ne me sois pas mangé tendrement le sol. Ensuite, deuxième élément indispensable de mon uniforme de con : Le slim en cuir. Hyper chaud vu que y a juste la place pour ma paire de fesse et uniquement ça. Et encore, il faut pas que j'ai je malheur de m'accroupir ou de m'assoir en tailleur ou de croiser les jambes ou de... Enfin de bouger quoi, parce que sinon c'est la fin du monde. Ah et pendant que j'y pense : Le combo bruit de talons et de cuir, j'en peux plus. En plus, bon, si c'était que ça, on se dirat « celui là il a perdu un pari, ça va, on va pas en faire un drame », le problème, c'est que je sais très bien marcher avec des talons, et que j'ai la mini veste machin avec de la fausse fourrure sur la capuche. Je l'ai depuis pas longtemps ce truc là, et c'est THE truc qui me manquait ! Le petit plus qui me fait ressembler à rien du tout. Pas vraiment à un travelo, pas vraiment à une pute (enfin si un peu quand même), pas vraiment à un mec fashion de la vie, à rien quoi. Puis en plus avec ce T-shirt de merde taille douze ans, on voit mon bide. Remarque, il est plat, voir creux, si j'étais une fille, ça serait nickel, mais j'en suis pas une, même si j'ai l'uniforme. Pas la manière de penser et le corps par contre, juste les fringues. Enfin j'ai l'air con quoi.
Mais pourquoi je mets ces merdes alors en fait ?
Ben disons qu'à poil, je suis pas franchement appétissant, manque de muscles, de formes masculines quoi, des bleus sur les avant bras et les pieds, voir même des plaques d'acné sur le haut des épaules les jours de grande déforme. Habillé en baggy et en T-shirt trop grand, j'ai l'air d'un ado dépressif, en fashion emo prout prout, j'ai l'air d'un rat sapé en Prada. Donc voilà, au moins, en pute, tout le monde s'y retrouve, je trouve mon public de pédale qui me souhaite que du bonheur, et moi j'ai un code conduite tout pré-tracé pré-construit : Celui du con. Le bonheur.
Bref, au début je disais que j'étais fatigué, c'est toujours le cas pendant que je vous parle, et je fume une clope dans la salle commune avec une tête de cadavre qu'on a oublié d'enterrer avant d'aller m'écrouler dans le premier lit qui vient, n'importe quoi. On est trois heure de l'aprem oui ou merde ? Merde hein. Je volerai la place de personne. D'ailleurs un sale petit enculé à osé me faire remarquer que je ressemblais plus à une flaque de vomi séchée qu'à un être humain ces temps ci, je lui ai dit d'aller se faire mettre. Genre tu m'insulte, j'me vexe pas quoi. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu !
Donc dans la chambre... Neuf je crois, ou huit, j'sais plus, j'ai chopé un lit et je me suis vautré comme une grosse merde dedans. La mienne était trop loin, et en plus les draps sont pas propre. Là ça sent bon ! Sur le ventre, avec mon harnachement de con qui me rendre douloureusement dans les tibias et le bas ventre, ah on est des fous, on dort tout habillé avec les grôles.
Bonne nuit les petits !

Ma matraque tourne à une vitesse folle dans ma main, avant de l'arrêter net dans une poigne de fer. J'ai l'air toujours en colère mais à l'intérieur brule une joie profonde. La matinée fut excellente, je ne me suis pas ennuyé un seul instant. Mon amie, que je tiens en main, m'a donné toute satisfaction, elle en a abimé quelques cotes et placé des bleus un peu partout, le vrai bonheur. Le coté chiant de l'histoire … Monté et descendre de l'infirmerie, j'ai passé mon temps à faire des allers-retours. Question condition physique pas de soucis à la fin ça lasse et j'ai donné le boulot à ceux qui n'en branlaient pas une. Un peu d'exercices ne leur feraient pas de mal.
Maintenant je m'octroies une petite pause bien méritée. Le secteur est devenus calme, certains s'occupent comme ils peuvent, les autres font une sieste ou lisent. Je crois que j'irais faire un tour sous la douche pour retirer cette mauvaise odeur de sueur et de peur que certains m'ont laissés. Je n'aime pas rester des heures dans le même uniforme, surtout quand des taches font tache sur le mien. En plus on ne dirait pas que c'est du sang, le rouge sur le noir, c'est peu lisible. A me voir tout le monde penserait que j'ai bouffé comme un porc.
Ouais … un passage dans ma chambre pour prendre mes affaires de rechange et mon nécessaire de toilette est indispensable.

La matraque toujours dans ma main, j'en profite pour faire grincer des dents avant de rejoindre mes quartiers. Je place ma bonne copine sur les barreaux des cellules en avançant pour faire un bruit du diable. Ça gueule, insulte, ça promet de venir me casse ma tronche, sauf quand je stoppe à l'une d'elles. Les menaces disparaissent dans le fond de sa gueule quand je l'empoigne par la gorge. Je serre un peu, il devint tout rouge, ça couine aussi, putain c'est trop marrant. Bon ce n'est pas tout ça mais il faut que je me consacre à ma petite personne, dans le calme et la sérénité.
Je relâche le mec en lui faisant faire un bon dans sa cellule. C'est si paisible d'un seul coup, tout ce petit monde de merde à fermer sa petite gueule. C'est carrément jouissif de les voir ramper à mes pieds, c'est pas difficile non plus, j'en impose.
Le temps de faire le chemin vers ma piaule et je me retrouve devant ma porte … ouverte!
Ma main chope le plein de la porte et je la rabats lentement en étant sur mes gardes. Quel est le con qui s'est introduit dans mes pénates? Il va morfler s'il est encore là …
J'entre doucement, sans faire me moindre bruit, aux aguets. Je reprends tout de suite mes anciennes habitudes. Une situation de combat, infiltrer une position ennemi … Putain que c'est bon!

Mais j'arrête très vite mes conneries. Je viens de voir un truc complètement absurde; y'a un crétin allongé sur mon lit. Enfin c'est une chose comme ça, parce que se n'est vraiment définissable. Je m'approche avec précaution, je ne voudrais pas manquer son réveil en fanfare. A bien regarder, on dirait un femelle, mais j'ai encore des doutes. Une fiote peut être … j'arrive pas bien à classer l'énergumène. Pourtant ça a des talons pour fille. Merde! Autant en être certain par soi-même.

J'attrape la capuche de la chose douteuse qui git son MON lit. Je crois que je vais continuer à m'amuser, peu importe qui s'est. Y'a pas de raison de ne pas le molester un peu, après tout il ou elle est entré sans ma permission. Je tire dessus pour le faire lever, qui a l'étrangler, le machin ne va pas en mourir. J'arrive même à le faire asseoir à genoux sur ces fameux talons. Drôle de vêtements, encore une pédale de détenus qui se faire tirer le fion par les autres. Passons à la récréation, le réveil à proprement dit. Ma mignonne matraque fait encore parler d'elle et va directement dans son estomac. Puis j'empoigne la chose par la colle en le secouant comme un prunier en lui transperçant les tympans.

-DIS DONC SAC A MERDE … QU'EST CE QUE TU FOUS DANS MA PIAULE ?

Si on m'avait donné un euro chaque fois que je me fait péter la gueule, je crois que j'aurais de quoi assurer ma consommation de tabac pour le mois. Nan mais c'est vrai quoi, est ce que le fait que je sois petit, moche, et homo donne le droit à tout le monde de me latter les couilles ? « Pétons la gueule à Irvin », nouvelle discipline olympique pour deux mille douze, avec en guest star Max Montana, et le blond qui vient de m'enfoncer sa matraque dans le bide. Je dormais bordel de pute, je faisais chier personne pour une fois, bah non, faut qu'un putain de connard la ramène. Je lui hurlerai bien dessus si seulement j'étais pas en train de me faire étrangler par ma veste et secoué dans tous les sens (ça doit être comique vu de l'extérieur dis donc). T'façon les gens ils savent faire que deux trucs avec moi : Me niquer et me tabasser. A quand la relation humaine fondée sur l'amitié, les goûts partagés et le désir de passer du temps ensemble ? Non, moi on m'étrangle et on me traite de sac à merde. J'étais dans ta piaule ? Ah pardon, pas fait exprès, j'voulais dormir, c'tout. Tu sais, ce sont des choses qui arrivent dans la vie d'un homme.

- Grmmmluf.

Alors là, comme vous pouvez le voir, j'ai essayé de parler. Échec redoutable. Je porte mes mains à ma gorge pour éloigner le col de ma veste et respirer un peu mieux. C'est cool hein de pas devenir tout bleu à cause d'un connard qui vous tire par la capuche ? Je trouve aussi, et mieux respirer me permet de constater que je suis à genoux et non pas allongé, me disais aussi que c'était chelou.
Bon, alors, un grand gorille blond avec un air méchant et visiblement très agressif... Hum... Connais pas, mais faut dire aussi que je fais pas gaffe. En fait, les blonds, c'est rien qu'un tas de méchants. L'expérience me l'aura au moins apprit. Bon ben voilà, faut que je rentre chez moi, hein salut on se fait une bouffe on se rappelle hein ? Allez bises tout ça... Non ?

- Désolé j'suis gardien j'me suis endormi... Keuf keuf.

Dans ton lit, hé hé hé... Non, c'tait pas pour la nique, je suis juste très fatigué. Et là pour tout dire, ça s'arrange pas, la strangulation ça fatigue mine de rien, mais tu me secoues plus hein ? Allez, sois gentil mon grand. T'as vu je souris ! Je suis inoffensif, y a vraiment pas besoin de me péter la gueule, et puis j'aime pas trop la douleur. Allez, sois chou... A moins que t'aime pas les fiotes, auquel cas je devrais changer de discours, prendre un ton plus viril et quitter ma voix de fausset si travaillée... Hey écoute mon pote faut que j'aille baiser ma meuf par tous les trous, désolé d'avoir squatté ton pieu. Ouais là ça le fait, mais faudrait que je le dise en dehors de ma tête pour que ça marche en fait. Et mes fringues me discréditent définitivement, en plus de ça. Bon dieu, et je m'étonne de finir la moitié du temps avec un oeil au beurre noir, si seulement j'faisais pas si pédé aussi. Remarque, les bleus et la gueule de travers, ça va avec l'air de petite misère que je me traine. Genre la pute qui se fait casser la gueule pendant une séance, ouais voilà. Sexy hein ? Et à tous les coups j'ai de l'herpès.

- Matricule trente six quinze..

Et je sors ça d'un ton monocorde, comme si ça allait me sauver, alors que je sais pertinemment que je vais me faire secouer derechef, parce qu'y a des connards qui kiffent ça.

C’est étrange cette manière de vouloir toujours respirer. Pourquoi les gens estiment en avoir le droit plus que d’autres ? Je crois que je ne me laisserais pas de regarder un être s’étrangler. Ce visage si expressif dans un moment pareil alors que certains sont impassibles dans la vie. Là ils donnent un aspect de leur personne que d’autres ne verraient en règle générale.

*on dirait un poisson hors de l’eau …. Il le fait bien *

Il y a plusieurs façons d’étrangler quelqu’un celle-ci est la plus simple, la moins rapide aussi. La corde vient en deuxième puis le fil de nylon, c’est plus fin et devient tranchant quand on sert de trop. Enfin bref, je n’ai pas l’intention de le tuer non plus, juste une petite leçon à lui donner.
J’aime pas que l’on vienne squatter mes quartiers, encore moins mon lit quand je ne l’ai pas autorisé. Les invit’ c’est moi qui les donne. Lui ne s’est pas gêné, il n’a rien demandé, un mauvais point pour ce grotesque personnage. C’est quoi se couinement qu’il émet ? Un son bien connu pour un étouffé qui cherche à vous dire, oh combien il est désolé. Est-ce bien nécessaire ? Laissons le encore un peu mijoter, j’apprécie particulièrement mon statut. C’est simple, toujours être en état de dominant. La seule et unique manière que je connaisse de rester en vie. Pas la peine de chercher plus loin qui aura l’avantage.
Bon maintenant ça suffit, j’aimerais me renseigner sur l’énergumène qui a osé salir mes draps par sa présence ici. Lentement je relâche la pression sans pour autant le libérer. Peut être qu’il arrivera à me répondre, le bougre.
Pas le temps, pour un peu il serait rapide. Un gardien ? Lui ? C’est quoi le piège ? Qui aurait engagé un type pareil pour gardien ? Non mais je rêve … A moins qu’il ait été pistonné. Non même avec un haut placé on ne peut pas prendre un mec de cette trempe pour assurer la surveillance. J’en ai vu des bleus-bites mais des attifés comme lui, jamais.
Je lui envoie en rictus accablant pour ce qu’il est, ou peut être me faire croire. Je suis encore indécis à son sujet. Puis comme il estime valable de me donner son matricule le doute s’épaissit encore. Trente six quinze … Pour qui, il me prend cet abruti ?? Il doit se foutre de ma gueule, c’est pas possible d’être si con ! Tout ça dans un sourire de chienlit. Je suis en train de bouillir littéralement. Je vais lui passer l’envie de se foutre de moi, que je ne suis pas du genre à plaisanter. Il a tort de me prendre pour un demeuré.

Puisque Monsieur la donzelle désire se prendre pour un minitel, je fais me faire une joie de lui taper son code sur sa peau. Et pendant que j’y suis, un ravalement de façade ne sera pas du luxe. J’ai envie de moderniser cette mignonnette.

J’ouvre ma main en grand, du coup je relâche la capuche en moumoutte. Le loustic s’affale une fois de plus sur mon pieu. Pathétique sac difforme. Son pied fait bouger cette petite masse pour qu’il me regarde un temps soit peu. Bien que j’en ai pas le besoin, juste capter son attention.

-Alors comme ça tu veux jouer au plus malin. Toi gardien ? Dommage que tu ne sois pas aussi gros que ta connerie. Tu aurais l’air de quelque chose au moins.

De nouveau, je l’attrape par le col et l’amène à moi. De près, seuls ses yeux sont valables. Bon d’accord, ils son beaux. Même moi je peux voir ça.
Attendez une seconde, l’ex soldat que je suis peu aimer la beauté, et c’est vrai que je l’adore, faut pas croire. Certains me prennent pour un soldat dur et cruel, d’autres pour un ours mal léché. Savant-ils seulement qui je suis ? Qu’est-ce qu’il se cache dans ce tas de muscles de 2M ? …. Beaucoup, énormément et personne ne cherche à en savoir sur moi davantage. Je fais peur ?
C’est bon j’arrête de faire mon bisounous et je me reconnecte avec le Woo Men.

-Alors 36 15 ? il a un nom ou on te nomme « code tapez moi » ? Tu sais plus ou est la chambre le « mignon » … Tu t’endors souvent dans le plumard des autres ? Et qu’est qu’il t’fais penser que je vais te croire quand tu te dis gardien ? Non mais tu t’es vu, t’es qu’un sale mioche et taulard.

Je le secoue un peu, surtout qu’il ne s’endorme pas. On ne sait jamais quelque fois qu’il me bave dessus, dans son sommeil. Je le repousse, une petite tape sur la joue au passage, histoire de …

-Je vais te ramener à ta cellule à coups de rangers dans le cul !

Si c’est pas malheureux de voir Çà ! Il aurait mieux fait de ne pas venir dans les quartiers des gardiens. Une punition s’impose pour ceux qui s’introduisent dans l’interdit.

-Une p’tite visite chez notre cher Directeur est de rigueur. Je m’occuperais personnellement de la sentence.

Un sourire bienveillant s’affiche … Nan vous me croyez ? C’était presque ça, enfin dans le genre narcissique, j’entends.

[HJ : Tu trouve ça nul ? Tant mieux, y a pas de bureau de réclamations.]

De l'air ! Mon royaume pour de l'air ! N'importe lequel, du vicié, du qui pue, plein de monoxyde de carbone ! N'importe quoi ! Je meurs, arg. C'est la fin, merci d'avoir joué avec nous Irvin, mais tu as perdu.
Nan, depuis le temps que j'te parle, tu te doute bien que c'est pas si simple de me tuer, je suis résistant. Enfin tout est relatif hein, mais j'ai quand même survécu à plein de trucs tu trouve pas ? Enfin j'ai survécu à moi-même, c'est pas mal déjà... Ce que je veux dire par là, c'est que si « Auto-Destruction » était une marque de parfum, j'en serais le mannequin égérie.
Et je respire.
Il me parle, mais moi je savoure l'oxygène qui arrive enfin dans mes poumons. Avoues que mourir tout bleu en bandant, c'est pas classe, je suis content d'y avoir échappé tiens, d'un coup. Le bonheur ça tient à peu de chose parfois, et je te garantie que j'ai jamais autant bien goûté l'air de toute ma vie, on dirait de l'eau fraiche. Enfin bref, dans tout ce que dit monsieur j'ai-la-réaction-un-peu-rapide, je capte quand même qu'il m'aime pas trop, et qu'il croit pas à ce que je dis. C'est vrai que mon matricule, dans ma précipitation, j'ai pas tilté que c'était le numéro du minitel... Quel con. Tu me diras, c'est pas comme si ça changeait de l'ordinaire.
Le Grand Blond avec Deux Chaussures de la Même Couleur me chope par mes fringues pour me rapprocher de ses yeux. Début de myopie sans doute ? Je sais pas, mais comme tous les connards, il m'examine soigneusement les yeux, parce qu'ils sont beaux et verts. Moi je regarde pas les siens, ça m'intéresse pas.
Il se remet à parler (où est le bouton OFF ?), et moi j'essaye de répondre à ses questions dans l'ordre, pour pas qu'on s'y paume trop.

- Oui ? Irvin Durand. Ouais ça m'arrive parfois. Ben parce que je le suis, c'te question. Non j'ai vingt quatre ans et le pire crime que j'ai jamais commis est d'avoir volé une sucette à la boulangerie.

Il croit pas que je suis gardien ! J'en ai pas l'air peut être ? Est ce que j'ai vraiment une tête à tuer des gens ? Et puis... est ce que j'ai vraiment une tête de mioche ? Bon OK, à coté du Grand Blond avec les Chaussures Pareilles, j'ai peut être l'air un peu juvénile. Juste un peu. C'est surtout parce que je fais trente centimètres et cinquante kilos de moins que lui je pense, mais sinon mes traits accusent bien le vieillissement précoce que peut provoquer l'abus de substance illégales.
Mais bon, là on va commencer à franchement s'inquiéter, parce que l'autre là, il recommence à me frapper, et que ça fait mal (j'ai la joue qui pique). Et puis j'ai pas envie qu'on m'enfonce une Ranger's dans le cul, bizarrement.
Enfin bref, pour tout dire, je flippe comme j'ai rarement flippé.

- Mais tu peux vérifier ! J'suis gardien j'te jure ! Putain putain putain putain !

Ouais, disque rayé way of life, je répète putain et je tire en arrière pour me délivrer de l'étreinte de Goliath. Et même mieux, je me lance dans un élan de bravoure comme je ne m'en croyais pas capable : Je lui colle le bout de ma grôle dans les valseuses, j'égratigne ses bijoux de famille de ma botte. Bref, je lui fout un coup de pied dans les couilles. Oh, c'est pas très vigoureux, mais suffisamment pour que – par réflexe – je me projette en arrière en m'appuyant sur mes pieds sans rencontrer aucune résistance.
Avoues que tu m'admire sur ce coup là.
Pourtant tu devrais pas, c'est complètement idiot je vais me faire laminer la gueule.

[Je suis désolé, d'abord de faire un réponse de merde mais en plus t'être autant en retard, gomen, je ne le ferais plus promis]

Vache ! L’enfoiré à oser s’en prendre à mes parties sensibles. Heureusement il m’en faut plus pour me faire plier en deux. Il n’est pas aussi fort que ça, une vraie chance pour moi. Par contre il m’a quand même touché ce petit salopard, il va quand même le payer un peu de sa personne.
Comment un type si fluet, manquant considérablement de force et d’énergie peut il être gardien ?

Je ne cherche même plus à comprendre le fonctionnement de ce pénitencier. Il n’y a que des merdes de tous poils, passant par des meurtriers de haut rang, des schyzos qui ne savent plus ou ils habitent et j’en passe. Mais quand je vois le « personnels» je me dis qu’il doit y avoir une erreur quelque part. Ça fout les ch'tons. Non mais regarde moi ces lopettes, c’est même pas en tenue réglementaire, on pourrait les confondre avec les taulards. Comment voulez-vous que l’on s’y reconnaisse. Pas étonnant que je me suis gouré quand je l’ai vu sur mon pieu. Enfin bref, je suis à me demander si je n’aurais pas mieux value que je reste dans l’armée. Là au moins l’ennemi a l’air de quelque chose … Euh … Et aussi les soldats qui étaient dans ma section.

Bon, j’arrête de me ressasser ces moments, je vais plutôt dire à ce « gardien », le dénommé Durand de rentrer dans le rang. Porter la main, ou le pied, sur un collègue, m’indispose, tout comme sa mise. C’est indigne de la part d’un membre du personnel.
Mon regard se porte sur cette chose un peu difforme, il faut bien le dire. Pareil humain devait bien avoir des capacités, lesquelles, cela reste un mystère. Vu son accoutrement, je dirais qu’il a des affinités avec la gente masculine, peut être. Cela doit plaire aux détenus qui ne peuvent voir les conjointes ou autres, ici bas. Quel dévouement !
Pour l’instant, je m’avance avec précaution vers lui, mes bijoux de famille n’ont pas d’affinité avec ces pieds. Par contre ma main si. Je lui assène une baffe monumentale, juste une petite vengeance pour ce qu’il a osé me faire. Puis je viens m’assoir sur mon lit et j’empoigne son joli minois pour qu’il me fasse face. De mon autre main je lui impose mon index devant les yeux en le faisant bouger de gauche à droite.

-Tu ne devras plus jamais faire une chose aussi débile. Tu risques gros surtout si tu as envi que tes dents restent à leur place.

Comme une envie de pisser, je ressens un besoin de l’emmerder, le pousser à bout. En quelque sorte, le prendre comme un souffre-douleur et l’humilier, ça me ferait un bien fou que de le frapper jusqu’à mort sans suive. Je ne ferais pas ça à un collègue, joué avec lui, ok ! Mais ça s’arrête là, c’est pas mal pour un début, une rencontre fortuite en fait.
Mes doigts sur sa mâchoire creusent un peu plus ces joues déjà elles-mêmes du même acabit. L’effet est dévastateur, il est d’un comique, à mourir de rire. Mais revenons à un sujet plus sérieux.

-Je ne pense pas que se soit une tenue réglementaire pour un membre du personnel pénitencier. Si tu ne veux pas que je sois derrière ton cul tous les jours t’as intérêt de remettre celle qui t’a été fourni. Je ne voudrais pas que l’on dise, de nous, que nous sommes que des tapettes, je serais bien fâché Monsieur Durand. Si t’en as rien à foutre, change de métier.

Ma main libre se déplace jusqu’au vêtement qu’il porte. Je le fixe dans les yeux pour voir sa réaction.

-Dis-moi … Tu t’habilles comme ça pour faire plaisir aux détenus, en te trémoussant sur tes talons pour qu’ils te reluquent le cul ? Serais-tu de ce genre de demandeur ? … Pitoyable !

Une baffe, mon cri est étouffé par le bruit de la main contre ma joue (il a une grande main, le con). Et il parle, encore... Il a l'air tellement costaud et con que ses phrases sentent la faute d'orthographe. Ouais, le stéréotype de l'homme de main abruti, blond, grand et trop musclé. Le costard et les lunettes de soleil en moins quand même.
Enfin là il me frappe plus, il me parle, en me tenant le visage de façon humiliante. Qu'est ce que j'en ai à foutre moi, de son opinion sur le sujet ? C'est lui qui a commencé à me frapper que je sache. Bof, peu importe, pas la peine de continuer à faire de l'esbroufe, c'est lui le plus fort OK, tu veux que je mette sur le dos et que je pigne pour le prouver ?
Mais il me fait mal au visage.
Ses dernières phrases me font tiquer. Mais pas beaucoup. On ne vit pas aussi vieux que moi avec le style que j'ai sans en entendre plein de ce goût là, mais ça vient plutôt de mecs bourrés, pas de façon franche comme ici, parce que généralement traiter quelqu'un par rapport à son style vestimentaire ou son orientation sexuelle, c'est un peu déplacé. Je me contenterai bien de pas répondre si seulement ça avait pas été des questions franches (l'histoire de l'uniforme, autant dire que je suis passé à coté, je m'habille pas avec un sac à patate, question de dignité). Si j'aime que des prisonniers me bourre le cul ?

- Nan ils ont pas les moyens !

Grand sourire, qui doit rendre un peu bizarre à cause des doigts dans mes joues. Ouais mec, si tu veux jouer à la provoc' à deux balles, t'es mal tombé parce que pour me choquer en matière de langage, faudrait y aller plus fort que ça. En fait j'espère le dégoûter suffisamment pour qu'il me lâche et que je puisse sortir de là avec seulement quelques bleus et un coquard pour demain.

- Par contre toi si t'as cinquante euros...

Et je frotte ma cheville droite (toujours dans sa botte avec le talon aiguille) contre sa cuisse, plutôt haut. Ce contact a de quoi dégoûter quand on aime pas les putes agressives. En fait j'attends impatiemment le « bon ça ira pour cette fois, casse toi maintenant ! » salvateur. J'te dis, j'suis sur les starting block là.
Hum, soudain une pensée me traverse (c'est assez exceptionnel pour être noté), et si le monsieur ici présent, sous ses airs de gros connard facho, aimait bien les monsieur ? Bon, d'une après le discours qu'il m'a tenu, ça m'étonnerait, de deux, il irait pas se payer une pute comme ça là vite fait. Bah oui c'est la crise hein, on débourse pas cinquante euros comme ça sur un coup de tête. Nan mais sérieux, j'aurais l'air con si il disait oui. Ouais allez mec on se fait un remix de Pretty Woman ? J'adore ce film en plus. Ouais je sais ça fait cliché pédé d'aimer ce genre de film, mais si j'suis pas un gros cliché vivant je sais pas ce que je suis. Et pas un cliché sympa genre « le meilleur ami homo » (Uggly Betty, Sex in the City, Bridget Jones...), celui qui devait avoir lieu dans les années cinquante, quelque chose comme ça. Enfin le mec qui est pas vraiment mec et qui vend son cul, tout ça. Mais j'ai pas la perruque blonde.
Bref, retournons en à notre Mr j'ai-un-sens-de-l'humour-très-particulier voulez vous ? Oui vous voulez, fort bien, alors, comment qu'il va le petit monsieur ? Qu'est ce qu'il dit ? C'est vrai qu'après des répliques pareilles, on ne peut qu'être soufflé. Surtout quand je continue de caresser sa cuisse.

- Alors quoi ? … Si ça t'intéresse pas, laisse moi tranquille.

Moi perso j'les payerai pas, les cinquante euros.