Cendres et Flammes
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Cendres et Flammes

Un univers carcéral violent et sans limites où les prisonniers n'ont plus aucun droit.
 
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 Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]

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Ange
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MessageSujet: Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]   Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_minitimeVen 3 Juil - 18:23

Ils parlent. Trop vite pour que je saisisse un seul mot de la conversation. Mais ces voix dans ma tête m’épuisent. Je ne suis pas au bout de mes peines, ce n’est pas demain la veille que je me ferais soigner. Je crois me souvenir que l’on m’a prescrit des rendez-vous quotidiens avec les psychiatres de la prison. Je ne sais pas trop à quoi ça va servir mais il me semble indispensable de me plier à ces exigences. Ma vigilance est accrue dans ces lieux où la violence semble régner en maître. Je n’ai pas peur de me retrouver à l’isolement, simplement j’éviterais de me mettre dans une situation délicate pour Connor et Siam. Connor est tellement volatile et changeant qu’il faudrait que je sois constamment en train de l’espionner en raison de sa peur des autres, de son attitude faible et soumise. Je le hais pour ça. Pour Siam, elle serait beaucoup trop vulnérable. C’est à moi d’endosser la responsabilité de chef et de mentor. Je ne dois pas céder, pas maintenant. La conscience me revient de plein droit. Un gardien m’a amené jusqu’à ma cellule, gardant sa main plaquée à sa matraque. Je l’ai suivi, docile. La rébellion ne devait pas avoir lieu aujourd’hui. Il fallait les prendre par surprise et leur faire goûter à des supplices bien plus sournois encore que de simples insultes.

C’est le sourire aux lèvres que je rentre dans la cellule. Je suis au courant que trois autres détenus logent ici mais je ne sais pas encore qui ils sont et ils me tardent de le découvrir. En effet, je veux réellement m’adapter à ce nouvel environnement. Je commencerais par les détenus, puis m’intéresserait aux lieux pour mieux amadouer les gardiens. Je n’ai pas réellement de plan, jusque quelques bribes d’envie farouche de sortir d’ici. Mais je dois le faire consciencieusement pour m’éviter d’autres ennuis bien plus graves. J’ai entendu dire que cette prison était renommé et bon nombre des pensionnaires de l’asile psychiatrique m’ont averti que je n’allais pas me marrer tous les jours là-bas. Cela n’a fait qu’augmenter ma curiosité et accroître la lueur de défi qui brille dans mon regard. Je ne suis pas au bout de mes peines, le plus dur reste à faire. Mais qu’importe, je suis partant pour cette quête. La liberté n’a pas de prix. Je m’assois sur la couchette vide et m’absente.

Siam s’empare de la conscience.

La pièce où je suis est glauque, beaucoup trop sombre à mon goût. Mon sourire disparaît lorsque j’aperçois les toiles d’araignée qui jonchent le plafond. D’ailleurs, je ne sais vraiment pas pourquoi je souriais. Je ne parviens pas à me souvenir comment j'ai atterri dans cette pièce. Ange nous a prévenu que l’on allait se retrouver en prison, à cause de nos crimes. Mais ils n’ont pas compris, je n’ai jamais voulu faire de mal à personne. Je souhaitais juste un peu d’amour et de tendresse. Dans ma tête, je repense aux jeunes filles avec qui j’ai passé du bon temps. Je ne sais pas où aller pour tomber sur vos pas. Si c’est dans la ville ou je suis né ou tout près de chez moi. Je ne sais pas deviner à quoi ressemble vos voix et j’ai voulu les écouter plus d’une fois. Mais quand on se verra un jour ou l’autre, mais quand vous serez là, ce jour ou l’autre, je saurais que c’est vous parmi tant d’autres. Même sans dire un mot, sans dire un mot. Je ne sais pas quoi toucher pour tomber sur vos doigts. Au mieux il nous arrive de poser nos mains au même endroit. Je ne sais pas où chercher mais j’ai compris parfois que j’aurais dû regarder devant moi. Un frisson me parcoure le dos. J’ai peur de ce lieu, je ne m’y sens pas en sécurité. En voyant les autres couchettes, je suppose que je ne suis pas seule. Très vite, je m’éclipse.

Connor s’empare de la conscience.

Alors, on y est. Dans la prison, celle dont Ange nous a parlé. Je comprends mieux pourquoi il nous a dit de faire attention. C’est noir et lugubre. En me levant, je fais grincer les armatures du lit. Je marche jusqu’à la grille de la cellule et jette un œil morne sur le couloir. Je suis innocent. Ce n’est pas moi qui est commis les crimes dont ils m’accusent. Dans cette histoire, je suis blanc comme neige. Ce n'était pas moi, c'était un autre qui me ressemblait. On fait des choix, on fait des fautes, pas de regret. Tout n'est qu'une histoire de cailloux que l'on sème, de savoir où aller et d'être soi-même. Laisser derrière soi les rêves que l'on traîne, un avenir tout droit pour être soi-même, savoir où l'on va. Celui que j'étais, je le laisse derrière moi. Ce que l'on devient, ce qu'on attend, tout reste à faire. On a chacun des rêves d'enfants à satisfaire. Il n'y a pas de hasard, les cailloux que l'on sème font que, tôt ou tard, on devient soi-même. Pour faire mon chemin, chercher un endroit, pas à pas. Devenir quelqu'un en trouvant ma voie, pas à pas. Ce n'était pas moi, c'était un autre qui me ressemblait. On a en soi toujours un autre qu'on attendait. Il n'y a pas de hasard…

Je reviens m’asseoir sur le matelas et, la tête entre les mains, les coudes contre les cuisses, je réfléchis. Ou plutôt je cherche Ange et Siam dans la pénombre. Il y a comme des interférences, je ne sais pas où ils sont, encore une de ces périodes d’embrouille. Cela me désespère car j’ai vraiment besoin de leur parler, tout du moins pour avoir des informations. J’entends alors des pas feutrés et m’exclame :

« Siam, c’est toi ?! »

Je tourne alors vivement la tête et m’aperçois de mon erreur. La main sur la bouche, je suis surpris et me tais immédiatement. Et puis, n’y tenant pas, je lâche de but en blanc :

« T’es qui toi ? »

Je déteste parler aux gens, je déteste parler aux gens, je déteste parler aux gens, je… Mais Siam n’est pas là, pourquoi ne vient-elle pas me remplacer ? Le regard fixement dirigé sur le sol, je patiente. Je risquerais de me salir les yeux en le regardant, il ne faut pas. Si c’est un être vil, Ange interviendra, il l’a toujours fait.
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Alix Emérence
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Alix Emérence


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MessageSujet: Re: Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]   Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_minitimeMer 8 Juil - 20:48

« Siam, c’est toi ?! »

J'avais vaguement entendu quelque chose mais ne savait pas si ça s'adressait à moi. Pourtant, j'étais seul ici à part le nouveau prisonnier. Comme quoi, quelque chose ne tournait plus rond dans mon esprit. Je venais de perdre tout sens de la logique: comment douter que l'on vous hèle lorsque vous êtes l'unique personne capable de répondre dans une petite cellule? Pourtant moi j'avais réussi à douter... J'avais entendu quelque chose comme sia... Un truc comme ça puis : "c'est toi?". Ce type devait se tromper de personne; mais moi je n'avais même pas songé à cette évidence. Non j'avais tout simplement pensé qu'il parlait à quelqu'un d'autre... Mais qui? Je ne voyais personne et pourtant, c'était mon évidence à moi: voilà: ce nouveau prisonnier là il s'adressait à un fantôme. Au fond, vous savez, malgré tous mes diplômes, ça ne m'aurait pas tellement étonné. J'avais vraiment perdu le sens de la réalité... Et aussi de l'intérêt au final; parce que je me fichais de voir ou pas la personne à qui parlait le garçon. En tout cas je viens d'arriver à bon port dans la cellule. Mon pas feutré lui a fait tourné la tête: bravo! Parce qu'en général je me déplace comme un chat: ma légèreté physique ainsi que celle mentale qui m'enlève de ces lieux à vidé ma démarche de toute présence; je suis donc devenu quelqu'un de très silencieux... Mais lui il m'a entendu. D'ailleurs il réagit et cesse de parler à son voisin qui n'a jamais existé.

« T’es qui toi ? »

Je croise ses yeux, farouche à défaut d'être libre, sauvage mais pas violent. Un peu comme une biche prisonnière. Pourquo veut-il savoir ça lui? Sans doute parce que ma cellule est désormais sienne... Ah oui. Sans doute. Logique tiens en y repensant.

-Alix. Et toi?

J'ai demandé ça par réflexe, parce qu'au fond, je m'en fiche royalement! Où est-il passé le petit garçon curieux que j'étais? Où suis-je passé? Il ne reste plus rien du jeune homme des rues passé mannequin, optimiste malgré tous ses ennuis. J'ai dû m'enfuir avec ma liberté, par delà les murs de cette prisons, sans nul doute. De toutes manières je n'attends plus rien, tout me quitte petit à petit. Il me reste "lui " devant les yeux. "Lui" c'est un parfait inconnu qui m'a demandé mon identité; je n'en ai plus mais lui ait quand même donné mon prénom: voyons ce qu'il va en faire.

Je me lève finalement et me dirige vers le lavabo vetuste qu'il y a dans la cellule. A mes riques et périls je m'abreuve sans grimacer; habitué au mauvais goût de l'eau. Mes yeux se glissent sur sa silhouette: assez grand, baraqué. Quoique, peut-être pas si baraqué que moi, mais comparé au squelette qui me sert de corps c'est sur qu'il l'est! Et puis il vient d'arriver et me paraît donc presque en forme. J'ai bien dis presque. Lentement mon regard essaye de suivre les courbes de sa silhouette comme si je m'attendais à ce qu'elle se transforme en couteau. Il doit cependant rester un peu de mon bon fond puisque mes yeux se font moins fuyants et ma voix plus douce, beaucoup moins amère pour lui dire ces quelques mots.

-Si tu veux boire de l'eau, je te conseille d'attendre une minute au moins: elle redeviendra buvable, voir limpide si tu as beaucoup de chance.

Pourquoi l'avais-je tutoyé? Parce que l'on était dans le même enfer non? Sans doute que la réponse devait se trouver là. Je m'essuie avec peut-être un peu trop d'élégance pour un prisonnier: mes manières restent, se sont les seules choses que je garde avec moi en ces lieux, et en plus ça me cause des ennuis... Comme quoi l'ironie m'aime vraiment jusqu'au bout! Je lui laisse la place et lui indique le lavabo: s'abreuver est important, vital même, surtout ici. Bien entendu nous sommes dans le coin le plus froid de la prison mais ça ne veut pas dire que le soleil ne passe pas. Là est tout le vice. De plus lorsque vous avez faim, à défaut de rien, l'eau vous remplit un peu le ventre. Mon geste enfin parlait pour moi et signifiait un désir de paix, de trêve. Le message était simple: " je ne suis pas ton ennemi, et préfère m'allier à toi plutôt que de me battre". Ici ça marchait comme ça, fragile, j'avais très vite apprit à me faire plus d'amis que d'ennemis.

Sans calcul en fait, parce qu'il me rend triste, me rappelant mon arrivée ici et que j'aurais aimé de l'aide pour m'intégrer; je rempli un petit gobelet en plastique lorsque le filet d'eau s'éclaircit, ce sera pour quelques secondes avant d'attendre de longues minutes pour peut-être rien. Ce lavabo peut vous faire devenir fou! Je me suis vu attendre plus de deux heures comme un abruti avec mon verre devant afin d'avoir quelque chose de limpide. Maintenant mon corps s'est aguerri mais le sien pas... En plus j'ai revu à la baisse mes petites manières pour en revenir à celles du gosse de la rue. Un an de mannequinat et je chipotais déjà sur la boisson alors que pendant 16 ans je n'avais jamais fait de manières! Heureusement j'avais surpassé ça et était désormais apte à boire presque n'importe quoi... Presque hein! Donc j'arrive en face de lui, tend le verre d'eau miraculeusement très claire et file m'assoir dans mon coin histoire de ne pas l'étouffer. Je ne demande rien en échange: finalement mes conclusions sont à revoir: l'ancien Alix tout gentil n'est pas encore parti, pas totalement... La preuve.
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Ange
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MessageSujet: Re: Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]   Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_minitimeVen 24 Juil - 1:06

Et puis, je me mets à l’observer, d’abord de haut en bas, puis de bas en haut et enfin je le dévisage, le déshabille d’un simple regard, sans aucune gène, avec une certaine appréhension tout de même. Je ne saurais dire ce que je ressens vraiment en le regardant. Néanmoins, je sais que je ne parlerais pas ou plus. Je n’aime pas parler ou alors le strict nécessaire. Sa question est pertinente et je me risquerais presque à enfreindre cette barrière que je m’impose. Hélas, il faudrait plus pour que je parvienne enfin à ne plus ressentir cette haine vorace du genre humain. Je me délecte de sa position. Je suis peut-être assis mais mon attitude me place à une hauteur non négligeable. En vérité, j’ai peur de sa réaction, effrayé par ce qu’il pourrait faire ou dire dans les secondes qui suivent. C’est d’ailleurs pour ça que mes yeux s’intéressent au moindre de ces faits et gestes. Aussi, je prends soin de ne pas perdre de vue sa position par rapport à moi. Je ne voudrais pas qu’il soit trop prêt de moi, je déteste ça, encore plus que parler. La plupart des gens ne comprennent pas que certains aient besoin de solitude, plus que de raison, et s’entêtent à vouloir tenir compagnie à n’importe qui prétextant que ce dernier n’a pas l’air bien. Qu’est-ce que ça veut dire ‘avoir l’air bien’ ? Y a-t-il un air pour aller mal ? Et d’où vient cette prétention de savoir mieux que quiconque ce qui se cache dans la tête des gens ? C’est définitif, je ne supporte pas cette arrogance du genre humain.

Il faut dire que je ne suis pas de bonne humeur. Déjà que, lorsque je le suis, je suis exécrable mais à présent, ça n’arrange pas les choses. Tout ça c’est à cause d’eux. Parce qu’ils ne sont pas là. En réalité, ça me terrifie. Je n’entends plus ces voix dans ma tête qui, généralement, m’indiquent qu’ils sont tout près, qu’ils veillent sur moi. Ils se sont envolés et ce n’est pas la première fois que ça arrive. Ange a employé une expression pour qualifier ce phénomène : période de troubles. C’est comme dans les avions, parfois on entre dans une zone de turbulences. Généralement, il faut s’asseoir et attendre que ça passe, la ceinture sur le ventre. Mais ici, pas de ceinture, juste de quoi tenir le coup et encore. J’ai peine à croire que je survivrais ici. Et je suis bien optimiste quand je dis ça, cela me surprend presque.
Il s’appelle Alix et cela me paraît bien plus qu’étrange, je croyais que c’était un prénom de fille. Pourtant, j’ai un mec devant moi, enfin il me semble… J’irais pas vérifier, je suis pas pédé. Ses conseils me laissent perplexe, je ne sais si je dois l’écouter. Peut-être s’agit-il d’une ruse, d’une farce que l’on réserve aux nouveaux détenus comme moi.

Nouveau détenu… mon monde s’écroule peu à peu. Tout devient un peu plus noir au fur et à mesure que le temps court et emporte les secondes, assassin. Trop peu de temps me sépare de la mort. La liberté s’en est allée sans que j’y sois pour quelque chose. Je me recule progressivement sur le matelas jusqu’à caler mon dos contre le mur et me recroqueviller sur moi-même, les bras autour de mes jambes pliées, la tête sur les genoux et les yeux fermés. J’ai soudain du mal à respirer, la gorge nouée par une tristesse qui s’empare de mon être avec violence et je disparais car c’est à Siam de soulager les maux.
Les larmes coulent, traîtresses silencieuses et insidieuses, je ne sais pas pourquoi je pleure ni même pourquoi je me tiens ainsi, prostrée. Je les essuie d’un revers de la main et pose un regard étonné sur le jeune homme qui se tient à côté du lavabo. S’il est là j’en déduis que c’est un de mes compagnons de cellule. Je me résous à me lever et, prenant mon courage à deux mains, je m’avance jusqu’à lui et me présente, esquissant un sourire maladroit :

« Enchanté, je m’appelle S… Ange. »

Cela fait longtemps que je n’ai pas parlé à quelqu’un. Ange m’a stipulé de me présenter sous son nom. Je préfère écouter Ange plutôt que d’avoir affaire à lui et devoir subir ses cris. De plus, je sais que si je ne lui obéis pas (au moins pour ça), il m’interdira la conscience pendant très longtemps, si ce n’est pas pour toujours. Mais je me dis qu’avec ces périodes de troubles, il est impuissant. Lui-même ne sait quand il occupera la conscience. C’est stressant et excitant à la fois. Il faudra que je fasse attention la prochaine fois. Je m’appelle Siam, certes, mais je ne peux décemment pas me présenter ainsi. J’ai envie de lui demander son prénom en retour mais je préfère m’assurer d’une réaction positive de sa part. Je mentirais si je disais que cet endroit me plait. Mais je dois faire avec et ce, jusqu’à nouvel ordre. Alors si des gens peuvent m’aider à supporter cette douloureuse impasse dans ma vie, je leur en saurais extrêmement reconnaissante. Peut-on encore croire à la compassion, à l’affection et à la gentillesse en pareils lieux ? Je l’espère, oh oui, je l’espère de tout mon cœur.

Mon regard se porte sur l’eau qui coule et constate qu’elle ne se distingue pas de par sa clarté. Je boirais plus tard, quitte à mourir de soif. D’une voix posée, nettement plus douce que celle de Connor, je demande :

« Connais-tu les autres personnes qui vivent dans cette cellule ? »

Je ne suis pas du genre à soutenir le regard des gens trop longtemps, la plupart du temps je me détourne avant qu’il n’arrive quoique ce soit. S’il advenait qu’il devait arriver quelque chose, je préfère en être l’initiatrice. Juste une question d’habitude. Je me déplace lentement jusqu’à la fenêtre barricadée et jette un regard circulaire sur la cour que notre tour surplombe. Ce serait une belle vue si seulement ce n’était pas un forêt d’arbres calcinés alentours. Des vers de Baudelaire m’échappe :

« Je suis comme le roi d'un pays pluvieux,
Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux. »


Je me retourne, les yeux baissés. Tout ce que je voulais, c’était un peu d’amour.
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Alix Emérence
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MessageSujet: Re: Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]   Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_minitimeLun 31 Aoû - 22:35

« Enchanté, je m’appelle S… Ange. »

Il a l'air encore plus farouche que moi. Et dire qu'il vient d'arriver! Le pauvre! Il esquisse un sourire maladroit; en fait tout l'est chez lui. Sa manière de se lever et même celle de me dire son prénom sur lequel il butte. Je hausse un sourcil de surprise en l'entendant d'ailleurs: Ange. Je ne savais pas que ça existait en prénom... Ou plutôt si, mais pour une femme. Je lui souris à mon tour, tellement rassuré de ne pas avoir l'un de ces gros bras muni de tatouage et d'un peu trop de testostérone pour voisin. Je ne dis pas qu'Ange est aussi blanc qu'une brebis pure mais au moins... Il a l'air aussi effrayé que moi. Franchement, cet homme n'a pas l'air coupable, minute papillon! Moi je suis innocent, la justice ne ferait quand même pas autant d'erreur. Statistiquement c'était difficilement possible que deux innocents soient dans la même cellule. Autant penser naïvement que la prison entière en est rempli, d'innocents je veux dire. Après c'est possible mais peu probable quand même. Le contraire l'est bien plus. J'espère sincèrement que ce n'est pas pour meurtre en tout cas.

-Beaucoup me surnomment l'Ange ici. Tu vois, déjà un point commun.


J'en deviens aussi maladroit que lui. Mon sourire se veut aimable mais il demeure toutefois un peu sauvage. Sa seule vraie qualité c'est sa sincérité. A l'agence de Mannequinat, sûr, ils n'en auraient rien fait.

« Connais-tu les autres personnes qui vivent dans cette cellule ? »

- Non, pas encore.


J'ai répliqué avec douceur. Je suis ici depuis un petit moment quand même; mais mes chers voisins ont été mit ailleurs pour une raison qui m'est inconnu, je sais juste que ce sera éphémère.

-Ils ont été transférés ailleurs, pour quelques temps. Quand je suis arrivé, j'étais seul.

Finalement, sa compagnie ne me sera peut-être pas néfaste. Il a l'air assez tranquille. Je n'ose pas lui demander de quoi il a été accusé. Imaginons que la bêtise des juges transcende les statistiques et qu'il soit innocent, cela le briserait. Après il y a crime et crime. J'ai lu précédemment qu'un homme avait été arrêté pendant 10 ans pour avoir volé un riche, très riche chef d'entreprise: la raison: il voulait offrir un noël correct à ses enfants. 10 ans quand même... N'empêche que perpétuité ce n'est pas rien et que si l'on a monté ce coup contre lui comme pour moi, les gars ont du mettre le paquet. Si au contraire il est ici à raison, c'est lui qui a du mettre le paquet.

-Tu as une préférence pour les lits? Je peux déménager si tu tiens à être en bas

Avait-il le vertige? C'était monnaie courante après tout; et puis bon, pourquoi ne pas lui faire plaisir? Certes, je ne céderai pas à tout, mais ça ce n'était pas grand chose, ça l'aiderait peut-être à être plus à l'aise. C'est aussi pour faire la conversation. Mais maintenant que j'y pense, peut-être a-t-il envie que je le laisse tranquille. Imaginons qu'il n'aime pas trop parler? Je prend donc un livre que mon agent à réussi à m'emmener, tout en ayant l'autorisation pour que je le garde. "Kafka sur le rivage" est un livre fantastique. Un homme simple d'esprit mais sachant parler aux chats et ayant un coeur d'or part à la recherche d'une pierre philosophale à l'aide d'un jeune adulte aux manières d'adolescent des rues qui tombe sous le charme. Parallèlement, un jeune garçon de 15 ans fuit sa maison, il vivait avec son père mais était malheureux. Fou de lecture, il s'installe dans une bibliothèque, se faisant passer pour un étudiant. Là il tombe amoureux d'une femme âgée de 50 ans. Cette histoire fantastique, imbibée de magie, de philosophie et de poésie me plaît énormément. Je reprends donc à la page 67; lisant très lentement, pour ne pas perdre une miette du roman. Pour cela, je me suis étendu sur mon matelat et ait calé mon oreiller. Ça y est, je ne suis plus en prison... Mon corps étendu apprécie ce moment de tranquillité et d'oubli.
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Ange
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MessageSujet: Re: Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]   Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_minitimeDim 6 Sep - 2:24

Pauvre Siam, tu crois au destin ?
Mais le destin, ce n'est que la face morbide du hasard ! C'est la perversité de l'esprit humain qui nous fait croire que nos vies ont un sens. Mais tout ça c'est des conneries. Le destin n'est rien. Y croire nous enlève la peur de la mort. C'est aussi mécanique que manger, baiser et dormir.

Le monde est tellement con que j'ai envie de partir d'ici, m'en aller sans raison, ne plus donner signe de vie, respirer d'autres bars, essayer d'autres lits, me perdre par hasard, oublier qui je suis… Je sais que c'est ridicule mais c'est plus fort que moi. Je déambule, tout tourne autour de moi et si tout me dépasse, c'est que je suis un lâche. Comme ces aiguilles qui passent autant qu'elles nous détachent. Bien sûr, j’ai repris la conscience, moi le principal innocent dans toute cette histoire, Connor. Il y a toujours ce mec dans la cellule, Alix qui l’a dit qu’il s’appelait. J’aurais préféré être seul mais je crois pas être en position pour me plaindre. Du coup, je suis obligé de le supporter, qu’il soit sympathique ou pas. Peu m’importe, je n’ai pas envie de nouer des amitiés et encore moins avec des taulards. Je me demande d’ailleurs ce qu’il a fait pour se retrouver là. Si ça se trouve, il a baigné dans des histoires vraiment pas nettes et, tout compte fait, je préfère ne pas être au courant. On sait jamais, ça pourrait me nuire de trop en savoir à son sujet. Lorsqu’il me révèle qu’on le surnomme l’Ange, je le regarde avec mépris et déclare :

« Y’a aucun point commun entre toi et moi, okay ? »

Je refuse qu’il s’attribue des mérites pareils. Certes, son surnom semble lui convenir. Il m’apparaît frêle, fragile et maniéré. Et je ne suis absolument PAS comme ça. Même s’il a dû dire ça en raison de mon prénom, enfin du prénom d’Ange, oui parce que ce n’est même pas mon prénom qui en jeu dans l’histoire. J’ai deux imposteurs dans mon corps et je ne peux rien faire pour les y déloger ! Et puis, il m’apprend que l’on est tous les deux dans cette cellule. Tant mieux. Il faut déjà que je supporte une personne alors plus d’une, quel calvaire… La solitude mesure le temps de son absence, elle est le sable où marche le vent, elle se redresse aux accents du silence, elle se rompt au feu tournant des éclairs quand grondent les mots de l'être. La solitude charme nos pensées de ce vertige du néant aspirant ce paresseux bonheur, elle moud à la lumière ce blé de la vie, dévorant ce pain de l'absence, riche de cette mie qui nourrit l'âme. Elle côtoie cette clarté et cette obscurité comme un crépuscule enrobé de l'aube nouvelle, elle désire la résignation et devient une proie blessée dont les maux pansent cette solitude, elle s'éloigne , pénétrant cette brume épaisse pour oublier la tendresse et s'évanouir dans mon rêve le plus secret que seul l'éveil conjuguera à la réalité...

Sa question à propos des lits me décontenance. Est-ce une ruse pour que je me sente à l’aise en sa compagnie ? Dois-je y trouver un plaisir malsain au sein de cette question aux abords pleine de bonne intention ? Je lui grogne un vague :

« Nan, c’bon. J’serais très bien en haut. Tu m’prends pour quoi, une tafiole ? »

Je veux bien être aimable mais faut pas me chercher. Je constate que je suis devant la fenêtre et que la vue ne m’intéresse absolument pas. Du coup, je vais jusqu’au lavabo et, tout en joignant mes mains de sorte de retenir l’eau, je me rince le visage. En relevant la tête, je perçois mon reflet dans le bout de glace qui sert de miroir. Cette vision de moi m’effraie, c’est pourquoi je détourne très rapidement la tête. Je referme le robinet et me retourne. L’autre détenu est à présent allongé, un bouquin entre les mains. Je m’approche, vaguement intéressé, et m’empare de son livre, en le lui arrachant presque des mains. Kafka sur le rivage m’insulte tandis qu’Haruki Murakami m’incendie. Je tourne le livre et lit rapidement la quatrième de couverture. Les bouquins, c’est pas vraiment pas mon truc. Tous ces mots, ça me donne mal à la tête. Siam adore ça, jongler avec les expressions, s’imprégner des figures de style et vibrer de rimes, plates ou embrassées. Je préfère de loin les chiffres aux lettres. Savoir que l’informatique est régie par un code binaire me satisfait plus que de savoir que ce mot est une litote. Finalement, je lui redonne son bouquin, sans plus de cérémonie et gravit les quelques barreaux jusqu’au lit d’au-dessus. Là, je m’étale à mon tour sur le matelas peu épais et ferme un instant les yeux.

Mais je ne tiens pas en place plus longtemps et me penche vers le lit d’en dessous. Il est plongé dans sa lecture, à tel point qu’il n’a même pas remarqué que je suis monté. Pour lui, j’ai la tête à l’envers. Je pose mon regard d’un bleu insolite sur lui et lui dis :

« Lis-moi l’passage que tu préfères. »
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MessageSujet: Re: Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]   Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_minitimeMar 15 Sep - 22:34

« Y’a aucun point commun entre toi et moi, okay ? »

Hey, ça va! Je veux bien être gentil mais bon... Il y a des limites! L'autre n'a pas l'air si aimable que cela en fait. Au début môssieur avait l'air tout perdu, comme un pauvre petit faon égaré. Là, il ne frimait pas. Mais maintenant, je ne sais pas quelle mouche l'a piqué, sûrement celle de l'orgueil retrouvé ou de l'assurance mal placée mais ça ne me plaît pas du tout. pourtant, je ne suis pas du genre à faire la guerre pour un rien, ou pour un "presque" rien en l'occurrence. J'ai eu suffisamment d'ennuis dans cette prison pour m'amuser à en créer d'autres avec mon compagnon de cellule que je vais devoir supporter pour l'éternité. Rien que de penser à la perpétuité me soulève le coeur d'ailleurs! Je tourne la tête vers le mur et me plonge dans mon livre; silencieux, visiblement fâché. Il ne doit pas se croire tout permis avec moi. Sinon, je vais me faire dévorer tout cru! Mais pauvre de moi hélas, je suis incapable de faire de mal à une mouche; en général je me contente d'un silence glacé ainsi qu'un air de princesse vexée. Ca marche pour les gens qui ont une conscience et qui se sentent gênés à la fin... Les autres? Ils en rient et c'est pire ! J'espère qu'Ange le démon ne choisira pas la seconde option.

« Nan, c’bon. J’serais très bien en haut. Tu m’prends pour quoi, une tafiole ? »

-Aurais-tu quelque chose contre les... " tafioles"?

Je n'aime pas du tout que l'on utilise ce mot comme une insulte; en fait je n'aime pas ce mot tout court; il faut dire que malheureusement pour moi: j'entre dans la définition. Je suis très efféminé, et Irvin le gardien est encore pire avec ses talons aiguilles; ses tee-shirt roses et tout le reste... Mais je l'aime bien! De plus il possède un certain courage, moi aussi d'ailleurs car la vie ne m'a pas fait de cadeaux. C'est quoi ces manières de ce servir de ce mot horrible comme insulte? En plus ça ne veut rien dire! Les "tafioles" ne sont pas toujours des gens lâches! Si je l'avais été, j'aurais cédé à la drogue depuis bien longtemps. Puis tout redevient calme. Je ne sais pas ce qu'Ange fait, peut-être se repose-t-il? Moi en tout cas je ne fais aucun bruit. Je feuillète Kafka sur le rivage en silence; j'en suis rendu au moment où Nakata le vieil homme simple d'esprit mais qui parle aux chats essaye de discuter avec un félin de gouttière un peu fou. Il veut retrouver une petite femelle écaille; les gens lui donnent de l'argent pour retrouver leurs animaux car il a un talent incroyable pour les retrouver-évidemment puisqu'il parle aux chats-.

« Lis-moi l’passage que tu préfères. »

Je lève la tête et frise la crise cardiaque! Il me regarde de ses yeux bleus, la tête à l'envers. Je ne l'avais pas vu se glisser là; il m'a fait une de ses peurs! Plongé dans mon roman j'avais oublié jusqu'à sa présence. Résigné, sans même savoir pourquoi, je lis le passage. Nakata parle avec le matou fou qui ne cesse de parler de Hareng sur le fil ou autre. La chatte siamoise très cultivé vient l'aider; elle lui parle du temps comme il en est coutume chez les chats puis discute avec Nakata qui parle toujours à la troisième personne; "Nakata n'est pas très intelligent". La belle féline lui réplique que si, à sa manière puisque lui parle aux chats. Elle lui parle ensuite du chasseur fou qui s'en prend aux chats et les emmène dans son QG désaffecté pour leur ouvrir le ventre, récupérer leur tête afin d'en faire une flûte: cette flûte est destinée à récupérer les âmes. Je ne comprends pas tout mais la façon dont ceci est contée est très poétique malgré l'histoire de torture de chats. Je vois les images passer dans ma tête, les descriptions. Je passe d'un point de vue à l'autre: humain puis chat. Oui, les questions des simples d'esprits sont rares mais pleines d'intelligence sans même qu'ils s'en rendent compte. Nakata s'interroge sur la vie, sur les histoires de tous et de tout, du monde même tel un enfant.

-Voilà, c'est pour l'instant mon passage préféré. Pour le reste, je ne sais pas. Je ne l'ai pas fini.

Heureusement que la scène de description sur la torture des chats est brève, on sentait bien mon malaise en la lisant. Vraiment, je n'ai rien d'un criminel! Même en tant que lecteur.


-Et toi? Tu aimes lire?
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Ange
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MessageSujet: Re: Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]   Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_minitimeJeu 17 Sep - 18:40

HS – Les propos que je tiens ne sont pas les miens, je tiens à le préciser.


-Aurais-tu quelque chose contre les... "tafioles"?

Ah ba c’est la meilleure ça ! J’espère que c’était une blague ?! Quelque chose contre les tafioles ! Mais bien sûr que j’ai quelque chose contre les tafioles ! On ne peut même pas les appeler êtres humains. Ce ne sont que des pourritures. Oui, c’est ça, des déchets de la nature. Ils ne méritent pas plus de vivre que les virus. Parce que éprouver des sentiments envers un être du même sexe, c’est être malade. Un mec doit être avec une fille, c’est comme ça. Il n’y a pas d’autres possibilités à envisager. Et le premier mec qui s’approche trop près de moi, je lui ferais goûter mes poings, sois-en sûr. Même que j’en ai rien à foutre de tenir des propos homophobes ! C’est ce que je pense et j’ai pas peur de l’exprimer à voix haute et de manière intelligible. Tous les pédés doivent brûler sur le bûcher, comme on brûlait les sorcières dans le temps. Les gouines aussi tant qu’on y est, ça fera de la place pour les hétéros, les gens normaux en somme. Je le répète : un mec et une fille, y’a que ça de vrai. Et puis, de toute façon, y’a trop de monde sur Terre. Alors autant éliminer les bonnes personnes. Les gays. Ensuite, faudra aviser. Pourquoi pas larguer une bombe dans un pays bien peuplé ? Du genre la Chine ? Ça pourrait régler le problème de surpopulation. Mais, pour revenir aux tafioles, j’ai quelque chose contre, ouais, un gros problème même. Je lui crache au visage :

« Les pédales sont une erreur de la nature, cherche pas plus loin, mec. »

Et puis, il lit son passage préféré comme je lui ai demandé. C’est bien, il m’écoute. Mais moi pas. Ces histoires de vieil homme et de chats me laisse de marbre. Il demeure juste une flamme qui brûle en moi. Je parle de cette flamme qui me dit ‘Vas-y’. Celle qui me donne envie de lever la tête et de d'accélérer le pas. Cette voix qui sent. Sent que je suis prêt à me lancer dans mon projet de vie, qui me donne l'énergie pour l'important, qui me fait me révolter contre l'inutile. Cet inutile que j'acceptais, auquel je tentais de trouver un intérêt, car je savais et que je sais toujours que je construis aujourd’hui, avec cet inutile, les armes qui me permettront, plus tard, d'être plus proche de mes idéaux. Mais, cela ne me suffit plus. Il y a cette petite voix. Elle me dit qu’il est temps de replacer l'action au centre de ma vie.

J'ai pas mal pensé, réfléchi, j'ai des connaissances qui demeurent infimes mais qui me suffiront pour un début. Je suis las. J’ai besoin de trouver un projet de vie. Ce que j'appelle un projet de vie, c'est savoir comment nous-même nous allons faire, à notre échelle, en tenant compte de nos capacités, pour pouvoir vivre avec sa vision du monde, dans son idéal. Faire tendre sa vie vers ce que l'on croit essentiel. Tisser le fil d’Ariane de ses actions, ses actions tournées vers les autres, pour les autres. Je sais, c’est utopique. Mais même. Ca y est ! Je commence à relativiser, à trouver une sérénité dans les choses, j'ai fait ma crise d'existentialisme. J'ai des bases. Des bases infimes. Mais, je ne sais pas pourquoi, je sens en moi que je suis prêt. Le problème c’est que je me sens bloqué. Je suis dans les starting blocks. Le coup de revolver a été tiré mais devant moi tout n'est que brume. Je ne sais pas vers où aller. Mes idéaux sont trop vastes. Et je n'ai pas d'occasion. Je suis sûrement trop jeune. Mais… je suis prêt maintenant ! Après, peut-être que j'aurais perdu tous mes rêves. Alors que, non, je veux les préserver. Même si je sais que tout le monde les perd, que la plupart sont stupides, que je sais que même les mots "rêves", "utopie" font sourire. Je sais bien que je ne suis pas exceptionnel, que je perdrai tout cela sûrement. Mais jamais, jamais, sans avoir essayé. Je me détesterais. Ma conscience des choses me le rappellerait trop. Depuis tout le temps, je fais les plans, je me prépare à cette bataille qui vise à garder ma petite flamme, mes rêves, mes putains d’utopies depuis que j'ai compris que je voulais donner un sens à ma vie. Un réel sens.

Quitte à me planter. Au moins essayer. Cette bataille je la prépare, inconsciemment ou non. Par la ‘connaissance’ d'abord, s'intéresser à tout, ne rien sous-estimer, utiliser la prison, en feignant de rentrer dans leur jeu idiot... Et puis, surtout, observer les autres, essayer d'entrevoir leur façon de fonctionner, les schémas de pensée qui se répètent, la logique qui relie les êtres entre eux, les relations entre les gens, entrevoir la fabuleuse machine humaine. Même si cela me dépasse. Et puis enfin, il y a le travail sur moi-même. Constante recherche de l'équilibre personnel, de l'équilibre des "moi". S'entrevoir soi aussi. S'accepter. Se décrypter. S'appliquer soi-même les propres schémas de pensées que l'on a échafaudé pour les autres. Progresser. S'analyser. Résoudre ses problèmes. Apprendre enfin à faire des choses que l’on n'avait jamais su. Simplicité. Sérénité. Relativisme. Essayer de développer un minimum de réflexion… J’ai tellement de mal.. Mais s'accrocher. Avoir conscience des choses. Apprendre à accepter l'ignorance qui est la sienne, la condition humaine, les choses de la vie. La puissance de tout ce qui nous dépasse, de l'existence même, de l’influence des milliers de facteurs sur nous. Ne jamais, jamais, avoir de prétention aucune. Savoir sa médiocrité mais ne pas s'enfermer dans la réflexion stérile. Se dire que l'on fera quelque chose à notre échelle, aussi petite soit elle. Et puis, j’entends vaguement une remarque de sa part. Le temps de me rendre compte que c’est à moi qu’il parle, il a déjà enchaîné. Du coup, je fais comme si je l’avais suivi depuis le début et réponds :

« Heu non… c’est pas mon truc. Y’a bien S… - Je ravale de ce que j’allais dire et contourne – Je suis plus branché informatique. Tu me mets devant un ordinateur, j’te fais des miracles. »

Je souris. Un sourire franc. Et puis, je continue sur ma lancée :

« Ici, j’sais pas c’que j’vais faire du coup… A moins qu’il y ait des bouquins dédiés à l’informatique ici, mais ça m’étonnerait… J’me rabattrais sur la mécanique, ou la plomberie. Bref, des trucs manuels comme ça. »

J’ai envie de m’oublier. Et je sais que la clé se trouve dans l’abstraction qu’est l’équilibre.
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Alix Emérence
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MessageSujet: Re: Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]   Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_minitimeMar 22 Sep - 23:32

[HJ: Ne t'inquiète pas. Je m'en doutais Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Herz Ce n'est que du RP. Des persos... Pas nous Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_biggrin Désolé... Ce n'est pas super génial Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_sad si quelque chose ne va pas, n'hésite pas à me le dire]


« Les pédales sont une erreur de la nature, cherche pas plus loin, mec. »

Qu'allez-vous répondre à ça? Le peut me glace le sang... Je me promets de faire attention à mes manières devant lui. Je dois me comporter en véritable homme si je veux survivre avec cet homme. J'ai encore de la chance, il n'a rien repéré puisqu'il m'appelle: "mec"... Le surnom super viril entre mâles qui signifie tout et rien à la fois. C'est une façon pour "eux" de clore la conversation, d'appuyer leur argument, de chercher la confirmation de leur congénère. N'ayant pas la force nécessaire pour tenir une antithèse je ne cherche pas à défendre ces pauvres homosexuels bafoués dont je fais parti. Je me contente de hocher la tête, prenant un timbre de voix viril... A ma plus grande surprise c'est plutôt pas mal réussi... Décidé à me montrer neutre sans montrer mon accord ni à le contredire; surtout pas le contredire en fait. Ma fierté repassera un autre jour! Pour l'instant, c'est la survie qui est aux premières loges...

-Si tu le dis!

Avec verve, j'ai répondu, sans hésitation avec cette air je-m'en-foutiste agrémentant le tout, un peu comme pour dire: " quoiqu'il en soit, on s'en fiche, laissons-les là où ils sont"... Comme ça je ne prends pas parti! Apparemment Ange devait être totalement à l'ouest quand j'ai eu l'air scandalisé par ses propos... Tant mieux remarque! Je prends un air plus sévère, essayant tant bien que mal à paraître viril... Argh! Ce n'est pas facile! Mes problèmes d'hormone n'aident en rien... Certains manquent de fer, d'autres de calcium; moi c'est de testostérone...

« Heu non… c’est pas mon truc. Y’a bien S… Je suis plus branché informatique. Tu me mets devant un ordinateur, j’te fais des miracles. »

Définitivement dépité je retiens moi aussi un geste trèèèès suspect que j'allais exercer pour montrer que "mon pauvre, je ne peux plus rien pour toi dans ce cas". C'est fou comme la présence d'un être homophobe et potentiellement psychopathe dans votre cellule vous remet en question! Je me ravise donc, ne lui demande pas de compte; trop content de changer de conversation. Apparemment il s'est retenu, je me demandais ce qu'il allait dire mais ne me risque pas à le lui demander... Ange pourrait me rendre la pareille pour me geste esquissé. Puis soudain je vois qu'il sourit... Wouah! Un sourire franc! Chose sûre! Je ne suis pas catalogué comme "pédale" ou "tafiole". Il devait être trop dans le cirage... C'est ma chance! Son sourire parait vraiment franc... Quitte à en faire un camarade-pas un ami non plus. Il me traite quand même d'erreur de la nature- avec qui je m'entends assez bien pour survivre pendant mes nuits passées à ses côtés, autant jouer le jeu. Mon sourire de réponse n'est pas calculé, tout aussi franc car soulagé de son changement de caractère. On dirait qu'après avoir souhaité m'ignorer, il veut faire ami ami avec moi. Je m'essaye toujours à la virilité... Sans trop forcer non plus, histoire de ne pas paraître faux... Pourvu qu'il ne m'entraîne pas dans le sujet préféré des machos dans son genre: les filles "trop bonnes"... Beurk... Le corps d'une femme avec deux machins qui font bloup bloup là ... Bon je vais arrêter la description là. Pauvre de moi.

« Ici, j’sais pas c’que j’vais faire du coup… A moins qu’il y ait des bouquins dédiés à l’informatique ici, mais ça m’étonnerait… J’me rabattrais sur la mécanique, ou la plomberie. Bref, des trucs manuels comme ça. »

-Tu peux dire que tu es doué pour ça et ils te donneront alors un travail sur la mécanique... Et peut-être l'informatique par la suite si tu te montres exemplaire. Je sais qu'ils en ont, des ordinateurs je veux dire, dans leur bureau... D'où la nécessité de se montrer irréprochable.

Je descends du lit puis me penche sur le lavabo, essayant de manier un ou deux boulons. Pauvre de moi! Cette huile va tout salir... C'est répugnant! Pourtant, j'ai l'air de m'y plonger avec plaisir.

-Le lavabo pourrait mieux couler je crois. Il doit y avoir quelque chose de boucher à l'intérieur de tout ça.


Ouais... Pas très convainquant! On voit que je ne m'y connais pas! Pour la virilité, pour l'instant, je ne m'en tire pas trop mal... Hélas, le vrai juge c'est lui...

-Tu as travaillé dans une entreprise d'informatique pour avoir toutes ces connaissances?


Il faut bien essayer de diversifier et d'égayer la conversation... Non? N'empêche, en y repensant, il est vraiment étrange cet homme... D'abord il avait l'air aussi perdu qu'un enfant; puis lorsque j'ai dit que son nom et mon surnom se ressemblaient il s'est mit dans une rage folle! Le même enfant a craché son intolérance face aux homosexuels après m'avoir demandé gentiment de lire un passage du livre que j'aime... Et pour finir, il était aimable. Ainsi donc Ange avait crée une courbe plutôt bizarre dans mes statistiques d'analyse de la personne: gentil, puis méchant, puis gentil, puis méchant, et re gentil... On pouvait même dire que ça y allait graduellement! D'abord timide, timoré puis simplement piqué au vif... Puis attentif, avant de passer de piqué au vif à sadique puis d'intéressé à complice... Vraiment étrange! Peut-être pourrais-je demander à Irvin de consulter son dossier? D'un autre côté ce serait vraiment horrible de ma part! Chaque prisonnier à le droit à cette dernière barrière d'intimité qui le protège un peu. D'un autre côté je suis suffisamment inquiet pour ne plus trop penser à cette question d'éthique. Je suis tendu, ça se voit car je ne sais pas comment Ange va réagir désormais... Et si l'on continue dans sa logique et dans la graduation: il devrait redevenir méchant, et pire que sadique là... Aïlle!
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MessageSujet: Re: Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix]   Un monde sans sensations est un monde sans douleur. [Alix] Icon_minitimeMar 22 Déc - 21:22

HS - Désolé pour le retard...

Des fragments d'une autre vie. Les gens me font : « Han, j'adorerai retourner à cette époque, ça me manque. »

Et moi je ne sais pas quoi répondre.

Je n'aime pas ce que j'étais.
Je n'aime pas ce que je vivais.
Je n'aime pas m'en rappeler.
Je ne veux pas retourner à cette période. Je préfère continuer sans me retourner, marcher sur un fil, quitte à tout sacrifier, quitte à tout perdre, plutôt que de revenir en arrière.

Je joue parfois le gosse que je n'ai pas été, ou que je ne suis plus. A la fois insouciant et en crise, seul et au milieu des autres. Beaucoup trop en apparence et pas assez dans le fond. Ou inversement.

Dualité profondément marquée en moi quand la graine de la solitude a été plantée dans mon cœur.

J'ai tout détruit, j'ai tout brûlé, et je me suis reconstruit de zéro. Je suis un homme avec ses erreurs, ses doutes et ses victoires, mais c'est tout.
Ce que je fais aujourd'hui définit ce que je suis. Pas mon passé.

Je dors de moins en moins, et j'ai l'impression d'être beaucoup trop conscient. Tout devient ... si confus. Mon esprit est tiraillé de toutes parts et il arrive un moment où je ne peux plus le supporter. J'ai l'impression que tout va s'écrouler, j'ai envie de me mettre à crier, et que le monde tremble de m'entendre ainsi. Un certain besoin d'oublier, et en même temps, je me force moi-même à être dans cette situation.
Pourquoi une telle contradiction ? J'ai l'impression de ne pas avoir de temps à perdre, comme si je pouvais mourir demain.

Ou bien peut-être la sensation de connaître la valeur d'une chose seulement en l'ayant perdue.

Au moment où il est trop tard pour se coucher et trop tôt pour se lever, penser au reste de la journée me fait peur. Si longue et si courte à la fois.
Quand on passe de telles nuits, le temps perd tout son sens. Tout n'est qu'un éternel hier, et rien n'a plus vraiment d'importance.
Je m'oublie moi-même tellement je suis conscient.
Ça me donne l'impression d'avoir mille ans, et de n'être que spectateur du reste du monde. Les gens se lèvent, gesticulent et retournent se coucher. Si futiles qu'ils ne sont plus que des ombres dans un coin de mon esprit. Et parfois, même moi je m'efface, et le monde a comme des coins pointus qui viennent s'accrocher à mon esprit et me font mal.

La meilleure solution serait sans doute d'arrêter de mener une telle vie, mais comment faire, quand on vit tout seul ? Il n'y a aucun repère sur quoi se réguler le soir. Tu entres chez toi, et c'est vide, sombre et froid. Alors je m'efforce de sortir le plus possible, de voir du monde, d'oublier un peu cette sensation de solitude qui me prend, quand je vais me coucher, et qu'il n'y a personne. C'est sans doute ça qui m'empêche de dormir.
Dans mes rêves, il n'y a que moi, et le ciel immense et terrible.

La voix d’Alix résonne et je peine à assembler les mots. Mon esprit semble englué par un galimatias de pensées plus obscures les unes que les autres. Je le laisse débiter ce qu’il a à dire. Je prends note, en hochant la tête.

« J’regarderais le lavabo plus tard. J’ai pas la tête à ça pour le moment. »

Je pose mon regard bleu sur lui et réponds à sa question, enfin… commence à répondre :

« Ouais, j’ai bossé dans une boîte d’informatique. Et sinon, j’ai appris par moi-même. Histoire de parer à toute éventualité, on sait ja… Mais pourquoi tu m’poses cette question ?! Ca t’sert à quoi de savoir ça ? Je sais même pas pourquoi j’te réponds ! Tu les revends à qui les infos que tu pioches ? »

Tout en crachant ses mots, je me suis dangereusement approché du jeune homme, que je n’ai pas tardé à saisir au niveau du col. Mes yeux rivés dans les siens, un seul faux pas et je suis capable du pire. Mais… non… je tremble. Le relâche. Me recule. Mes yeux se révulsent un peu. Mes lèvres s’animent. Et ce n’est plus moi.
Je le regarde incrédule. Le scrute pour finalement sourire. Un sourire malsain, trop fin pour être désintéressé. Ange ou démon, à toi d’en décider. Le regard de ce type est posé sur moi, aurait-il peur ?

« C’est moi que tu regardes comme ça ? »

Ton insolent. Regard calculateur. Allez, noie-toi dans mes yeux bleus.
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