Cendres et Flammes
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Cendres et Flammes

Un univers carcéral violent et sans limites où les prisonniers n'ont plus aucun droit.
 
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 Un homme blessé, une lueur d'humanité...

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Pythagoras de la Flaam
6277 Directeur Sadique
Pythagoras de la Flaam


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MessageSujet: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeMar 4 Nov - 22:12

Une douleur cuisante me vrille le dos, la haine m'envahit, la rage aussi. Mon père. C'est mon père et je vais le tuer ! Il doit mourir, il doit payer pour ce qu'il m'a fait, pour ce qu'il a fait à ma mère, pour ce qu'il… Oui, il doit mourir. Peut importe les conséquences. Mon dos me lacère, je hurle. Il est hors de question qu'il reste en vie, il ne le mérite pas, il n'en est pas digne, il n'a pas le droit de partager mon air… Je sens la fureur m'envahir, la violence. J'ignore où je suis, je ne sais pas ce que je fais ni qui est à côté de moi. Mais il doit être là, mon dos… Mon dos… Je sens le sang qui coule, pourquoi m'a-t-il encore frappé ? Comment peut-il se permettre de la faire maintenant qu'il n'est plus rien comparé à moi ? Il doit mourir, être réduit à néant, être détruit… Je veux qu'il disparaisse. J'entends encore le fouet qu'il claque. J'entends encore son rire démentiel. Je sens encore la douleur du viol… Mes yeux se brouillent et je sens qu'il est là, entre mes doigts, je vais le tuer…

"PYTHAGORAS !"

Brusquement la réalité refait surface. J'entends des voix tout d'abord. Des "Monsieur le Directeur" que je n'ai pas perçu dans mon délire. J'ignore qui a prononcé mon prénom. J'ignore qui m'a arrêté. Etait-ce un employé ? L'un de mes amants ? Ou simplement mon amour, dans mon inconscient ? Je ne le saurais jamais réellement. Que disent-ils ? Qui est inconscient ? Qui dois-je lâcher ? Je tiens quelqu'un ?

Ouvre les yeux, mon gars, observe la réalité.

Mes doigts enserrent le cou d'un homme dont le visage est très blanc. Plusieurs mains tentent de me faire lâcher prise. On ne me touche pas, on ne me tire pas, mais on essaie d'ouvrir mes doigts. Qui est cet homme ? L'ai-je tué ? N'était-ce pas mon père à l'instant ? Non, c'est un prisonnier sans intérêt. Et la douleur dans mon dos, pourquoi persiste-t-elle maintenant que je ne délire plus ? N'était-ce pas le fouet de mon père ? N'était-ce pas mon cauchemar ? Mes doigts relâchent la gorge du détenu pour se diriger vers mon omoplate, là où la douleur est la plus forte. L'homme tombe dans les bras des gardiens. Il est inconscient mais visiblement il respire, son teint reprend des couleurs. Mais cela n'a plus d'importance à mes yeux, j'ai trouvé la source de la douleur. C'est froid, c'est long. Ne touchez pas ? Qui me donne des ordres comme ça ? J'arrache sans hésiter la fourchette plantée dans mon dos et mon regard brûlant de haine se pose sur le prisonnier.

En fait, je crois qu'il n'est pas difficile de comprendre ce qu'il vient de se passer.


"Emmenez le à l'infirmerie."

Ma voix est blanche. J'ai failli tuer un homme en voulant tuer mon père. Cet idiot a du m'attaquer par derrière et la douleur dans mon dos a réveiller mes souvenirs les plus sombres. Est-ce le choc contre le mur qui lui a fait perdre connaissance pour ma main sur sa gorge. Je ne me souviens plus, mais je me connais. Il m'a blessé, je l'ai violemment éloigné de moi et j'ai voulu l'éliminer… C'est évident. Mais j'ai failli le tuer. Je regarde les hommes qui l'emmènent le portant plus ou moins bien risquant d'aggraver d'éventuelles blessures. Peu importe tant qu'il vit. Je ne veux pas devenir un meurtrier. Je ne veux pas devenir comme lui… Je ne suis pas mon père. Même si son sang coule dans mes veines, c'est à Stephen que je ressemble et non à ce monstre. Je ne suis pas un violeur ni un meurtrier. Je ne suis pas comme lui. Je n'ai pas tué.

N'est-ce pas ?


"Monsieur le Directeur, allez vous faire soigner vous aussi, vous saignez beaucoup."

On m'a appelé. Une voix m'a sorti de mon délire, m'a ramené à la réalité, m'a sauvé de la malédiction de mon père. Je ne suis pas comme lui. Mais à qui dois-je mon salut ? J'ai beau chercher dans la foule je ne vois personne qui aurait eu le cran et l'autorité pour m'appeler par mon nom, pour me sortir de là où j'étais. Je ne suis pas comme lui, je ne suis pas un meurtrier. Je suis Pythagoras de la Flaam, Prince Héritier du Luxembourg. Ce n'est pas moi qui ai tord, ce sont les autres les déviants. Ces pensées me calment, je me redresse.

Un bruit de métal achève de me faire redevenir moi.

J'ai lâché la fourchette qui était plantée dans ma peau. J'ai certainement du déchirer encore plus la plaie en la retirant. Les mouches qui insistent pour que je me soignent me portent sur les nerfs. Je lance un regard dur et brûlant à l'assemblée.


"Foutez moi la paix, je n'ai pas besoin d'une nounou. Occupez vous plutôt des prisonniers, je ne veux pas d'attroupements comme ça, c'est bien trop dangereux. Tous les prisonniers doivent être ramenés dans les cellules, ils n'en sortiront qu'à l'ouverture demain matin. Ils doivent comprendre qu'on ne s'attaque pas au Directeur des Lieux impunément."

Je sens un moment de flottement. On dirait qu'ils hésitent…

"EXECUTION !"

Ma voix a résonné dans le couloir les faisant tous sursauter. J'attends qu'ils commencent à évacuer les prisonniers et à les rapatrier vers leurs cellules puis je tourne les talons et me dirige d'un pas ferme vers l'infirmerie. Ma main se pose sur mon épaule, plus haut que la plaie et se referme avec force. Je n'aime pas avoir mal, ça brouille mon esprit, ça altère mon jugement. Mais heureusement la traversée de la cours vide et froide me calme et j'ai retrouvé ma personnalité quand j'entre en coup de vent dans l'infirmerie. Les gardiens, brancardiers de fortunes, sont là à se tourner les pouces, je les renvois à leurs devoir en les informant que j'ai déclaré la mise en cellule anticipée des prisonniers puis je me dirige vers la salle d'opération.

Le médecin et plusieurs infirmières sont occupés à soigner mon agresseur. Je pose un regard vide sur la scène puis mes yeux se pose sur la jeune stagiaire visiblement pas dans son élément.


"Docteur, je vous emprunte Mademoiselle Roche, s'il y a une zone que je ne suis pas capable de panser seul, c'est bien mon dos."

Sans se déconcentrer de sa tâche et sans me répondre, il lui fait signe de me suivre et nous ignore totalement, il a une vie à sauver… Et il a intérêt à réussir, je ne suis pas un meurtrier. Mais son geste me semble agacé. Est-ce qu'elle ne le satisfait pas ? Il veut se débarrasser d'elle ? Non, je pense que c'est juste parce que je le dérange, mais elle risque de le prendre contre elle, ça lui ressemblerait bien… Je me détourne et me dirige vers la seconde salle de soin. Je ne portais pas ma veste aujourd'hui, juste ma chemise. Et je crois qu'elle est imbibée d'une belle coulée de sang. A moins que ça ne soit que la sueur qui ait ainsi collé le tissus à mon dos, mais j'en doute, les gardiens semblaient inquiets tout à l'heure.

Avant même qu'elle n'ait eu le temps de fermer la porte derrière nous, j'ôte ma chemise et retenant un grognement. Je ne devrais pas faire ce genre de geste sans connaître l'ampleur des dégâts. Négligemment, je m'approche d'un miroir mais il y a trop de sang, je ne vois rien. Je ne peux même pas vérifier si ce connard a abîmé mon tatouage ou pas… Finalement, je soupire et m'installe sur le lit après l'avoir baissé (je suis grand, elle pourrait pas atteindre mon dos, sinon).


"Je vous laisse faire, je ne peux rien faire moi même, là, je ne suis pas assez souple…"

Ma voix exprime une certaine lassitude. Je me demande un instant pourquoi c'est elle que j'ai choisie. Elle est stagiaire, je n'ai même pas besoin de sentir ses doigts sur ma peau pour savoir que l'idée de me soigner doit la terrifier… Est-ce uniquement parce que j'envisage d'en faire la mère de mon héritier ? Non, cette idée n'a pas encore pris vraiment forme dans mon esprit…

Je crois que c'est parce que je suis certain qu'elle ne dira à personne ce qu'elle verra sous mon tatouage… Ces cicatrices de mon enfance. Ces marques du traitement que mon père m'a fait subir…

Le fouet…

Je frissonne. Pourquoi le Phénix ne peut renaître sans garder de séquelles des ses blessures d'antan ?
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Adélie Roche
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeDim 9 Nov - 13:42

Le temps a passé depuis que j'ai commencé à travailler ici, et l'automne est à présent bien avancé. Je ne vois pas le temps passer, car je m'efforce de m'absorber dans mon travail, sans quoi je pense que je déprimerais – plus que d'habitude, je veux dire. Ma vie dans ce château n'est qu'un éternel recommencement. Je continue à me lever tôt, à éviter le plus possible de croiser des gens. Je vais au réfectoire environ un jour sur deux, histoire de ne pas être trop maigre. Je n'arrive pas à me convaincre à y aller davantage. C'est à dire qu'en général, ça se passe plutôt mal. Crise de panique sur crise de panique. Alors forcément, j'évite d'y aller, parce que je suis loin d'être courageuse. Bref. Ce matin, donc, comme tous les matins, je me suis levée en silence après m'être habillée sous la couverture, je vais prendre une douche, et puis je me hâte en direction de l'infirmerie, les écouteurs sur les oreilles et rasant les murs. Rien de nouveau. Chaque matin, toujours la même chose. Je connais mon trajet par cœur, c'est sécurisant. Je crois que je saurais reconnaître la moindre pierre.
Or donc, j'arrive à l'infirmerie, où je passe ma blouse. La matinée promet d'être calme... Il y a un ou deux prisonniers qui ont besoin de soins, mais rien d'urgent ou de vraiment compliqué. Deux pansements à changer, quelques médicaments à donner et puis c'est tout. Après ça, il faudra que je trouve quelque chose à faire pour m'éviter d'avoir trop le loisir de penser. Quand mes idées commencent à partir, ça finit généralement mal, alors le mieux c'est que je n'aie pas le temps d'en arriver là. Autrement dit, je m'abrutis autant que possible, et ça me permet de supporter cet endroit. Parfois, c'est limite. Mais apparemment je suis toujours en vie, c'est bon signe... Non ? Ouais, pas forcément, en fait. Je n'arrive toujours pas à évoluer. Pourtant, je fais des efforts. Dans mon travail, ça doit se voir un peu. Pas beaucoup, il faut le reconnaître. Mais j'ai moins de mal à toucher les patients pour les soigner, c'est un début. Et reconnaissez que ça peut être utile de pouvoir toucher quelqu'un quand on veut le recoudre ou lui faire un pansement. Bon, en revanche, je ne parle toujours pas beaucoup, et j'évite d'avoir à prendre trop de décisions. En somme, j'obéis sans trop me mouiller, et je ne me fais pas remarquer – par mon zèle ou au contraire ma paresse. Malheureusement, je doute de passer vraiment inaperçu. Mais bon, je commence à avoir l'habitude. Je crois que lorsque j'étais à l'école d'infirmière, je devais avoir plus ou moins un rôle de vilain petit canard. La fille un peu bizarre qui ne se mêlait pas au reste du groupe, celle qui bossait au lieu de sortir. Je ne pense pas que j'étais très appréciée. Et franchement, je pense que ça doit être un peu pareil, ici. Ça paraît logique, vu que je n'ai pas changé.

Je commence à me mettre au travail. Je ne suis pas très rapide, mais je pense être précise, c'est déjà ça. Et puis je n'ai jamais été quelqu'un de rapide, je ne vois pas comment ça pourrait changer. En cas d'urgence, je sais me dépêcher, et j'ose estimer que cela suffit. Pour l'instant, on ne m'a pas reproché mon flegme, j'espère que ça va durer. J'ai toujours envie d'être licenciée, mais je n'ai pas envie de décevoir le médecin, ni le directeur, d'ailleurs. C'est viscéral, je crois... Je ne supporte pas d'avoir l'impression d'être mal aimée. Une sorte de manque affectif, sans doute. Un truc très chiant, en tout cas. Je ne vous le souhaite pour rien au monde. Bon, revenons au travail. Il y a ce prisonnier qui est sorti amoché d'une salle du Donjon – je ne veux pas savoir ce qu'il s'y est passé précisément, politique de l'autruche oblige. Franchement, je suis bien contente de ne plus être prisonnière, on ne sait jamais. Quelle horreur ce doit être que de se retrouver dans une salle de... Je ne parviens même pas à terminer cette phrase, tellement ça me retourne l'estomac. Quelle horreur ! Pourquoi des lieux pareils doivent-ils exister ? Le pauvre homme était bien amoché en arrivant ici, heureusement que le docteur était là. En plus, il n'a pas l'air d'être quelqu'un de violent ou de franchement désobéissant. Sadisme ? J'ai tendance à me poser la question, quand je vois parfois les gardiens qui travaillent ici.
Il y a aussi celui qui a eu l'appendicite il y a trois jours. Là encore, heureusement que le médecin était là. Ce genre de maladie ne pardonne pas, si on laisse traîner. Ah oui, et il y a une gardienne qui a été blessée, aussi. Je n'aime pas beaucoup la violence qui règne ici. Heureusement pour elle, elle a eu moins à souffrir que le prisonnier torturé, je crois. Blessée à l'arme blanche. Par qui, je l'ignore, et très franchement, je crois que je ne veux pas le savoir. Donc, si on récapitule, je dois refaire les pansements du blessé, de la gardienne et de l'opéré, et puis leur distribuer les antibiotiques et prendre leur température, histoire d'éviter les infections. C'est à peu près tout pour ce matin, si rien de notable n'arrive. Je commence donc à faire ce que j'ai à faire, tranquillement. Je balbutie un « Bonjour... » dès que j'arrive à proximité de l'une des personnes que je dois soigner, c'est déjà un progrès mais ce n'est pas grand chose quand on voit qu'après ça, je ne leur adresse plus la parole s'ils ne le font pas en premier. Et vu qu'ils ne sont visiblement pas très enclins à discuter avec moi, le silence a quelque chose de pesant. Un peu trop lourd à mon goût. Mais je fais mon travail sans me plaindre, car je sais que c'est entièrement ma faute et que je mériterais des baffes.

Je finis assez tôt de faire ce que j'ai à faire. Et maintenant ? Eh bien je crois que je n'ai pas trop le choix, si je ne veux pas avoir à croiser quelqu'un ou à discuter. Je prends un livre de soins infirmiers dans une des armoires, et je me mets dans un coin. Étudier, c'est bien. C'est intéressant, d'abord, et puis utile. Et d'autre part, ça dissuade généralement les gens de venir engager la conversation : ils ne veulent pas déranger. Enfin je crois. À l'école, cette technique marchait assez bien, pendant les pauses. Je ne sais pas si les gardiens seront aussi corrects, mais ça ne coûte rien de tenter le coup. Je m'absorbe donc dans ma lecture dans un coin de l'infirmerie, assise dans un coin du mur, en essayant de ne plus prêter attention à ce qui m'entoure. Je sais juste que s'il y a un problème – un nouvel arrivant, un appel de l'un de ceux qui sont déjà ici ou autre – je le remarquerai. Cela suffit. La lecture m'absorbe, ça fait du bien de s'oublier un peu, parfois.
Soudain, je suis tirée de ma réflexion par la porte qui s'ouvre d'un coup de pied. Deux gardiens entrent, les bras chargés d'un prisonnier inconscient. Je me lève immédiatement, et déjà le médecin et les infirmières arrivent. Je suis le mouvement. Les gardiens déposent l'homme sur un lit et expliquent qu'il a essayé de tuer quelqu'un. Ils n'en disent pas plus, mais apparemment ça devait être quelqu'un d'important, d'après leur ton. Ils nous annoncent que cet homme ne doit pas mourir, mon estomac se noue. Personne ne doit mourir ! Pas comme ça, pas ici. C'est comme s'il y avait des prisonniers importants et d'autres insignifiants. Celui-là serait important ? Pour quelle raison ? Je l'ignore et je ne chercherai pas plus loin. C'est un humain, point. Je sais que tous ceux qui travaillent à l'infirmerie sont des gens bien – il me semble –, aussi ferons-nous l'essentiel pour sauver cette vie-là. Autant que les autres. Le médecin commence à donner des ordres et à se mettre au travail. Le cou du patient est violacé, par endroits. Étranglé ? Sans doute. Il est toujours inconscient. Mais le médecin a l'air plutôt confiant... dans la limite du raisonnable, du moins. Je ne pense pas que la vie du prisonnier soit en péril. Toujours est-il que cet endroit est horrible. Déjà, je ne pense pas qu'il faille s'étonner de la violence de certains prisonniers. Dans le règlement, il est clairement établi qu'ils ne sont plus rien. Leurs conditions de vie sont assez révoltantes, et la nourriture servie ici est difficilement qualifiée de nourriture. Je suis certaine qu'avec un cadre un peu plus agréable – ce qui ne coûte pas forcément plus cher – et quelques égards, tous ces gens seraient beaucoup plus sympathiques. La plupart d'entre eux ont du souffrir autrefois, pour en arriver là... J'en ai la conviction.
Nous nous efforçons de ranimer le patient, de lui insuffler l'air qui lui manque. J'essaie de faire de mon mieux, mais j'ai l'impression de plus gêner qu'autre chose. Ce n'est pas que je ne fais rien, mais j'ai l'impression que ce n'est jamais assez rapide, jamais assez bien. Peut-être suis-je trop critique envers moi-même... Ou un peu paranoïaque. Probable. Mais le médecin et les deux infirmières qui sont ici ont l'air de pouvoir s'en sortir très bien sans moi. Néanmoins j'essaie de les aider autant que possible, histoire de ne pas me sentir trop inutile.

Pendant que nous – surtout eux, en fait – travaillons à sauver le prisonnier, la porte s'ouvre une nouvelle fois, mais pas avec le pied, cette fois. Je ne regarde pas qui arrive, j'essaie de me concentrer et de réfléchir à ce qu'il faudrait que je fasse pour être un peu plus utile. Mais une phrase est lâchée, qui me fait un peu froid dans le dos. Je crois que l'espace d'un instant, mon cœur s'est arrêté de battre. Ou alors le temps a soudain été suspendu, arrêté. Je l'ai reconnu sans aucun problème. Le directeur. À croire que sa voix m'a traumatisée. Je ne voulais pas le croiser à nouveau, surtout pas être seule avec lui. Je savais bien que ça se produirait un jour – un directeur peut avoir à convoquer ses employés dans son bureau, non ? Mais pas maintenant, pas pour le soigner... Pourquoi moi ? Parce que je ne sers à rien ici ? Le regard que je lève vers le médecin doit avoir quelque chose de terrifié, je pense. Mais lui ne lève pas les yeux vers moi. Juste un geste, une autorisation. Il a l'air un peu excédé. La chaleur me monte violemment aux joues. Ai-je fait quelque chose de mal ? Veut-il se débarrasser de moi parce que je suis inutile et que je les empêche de travailler correctement ? Pourtant j'ai fait des efforts, non ? Je baisse les yeux et n'ose plus les lever. J'ai l'impression que tout le poids du monde vient de s'échouer sur mes épaules. Je n'aime pas décevoir, et là j'ai la nette intention d'avoir échoué. Si ça se trouve, il ne voudra plus que je travaille avec lui. Il va me mépriser, me détester. J'ai soudain envie de pleurer, mais j'essaie de le cacher et de retenir ces connes de larmes. Et puis je suis le directeur dans une petite salle attenante. Je risque un regard vers lui pendant qu'il marche, sa chemise est pleine de sang. Que s'est-il passé ? Je l'ignore, et je crois que je ne le saurai jamais.

« J'arrive. »

Ma voix est blanche et timide, comme toujours. . Je me hâte vers les armoires pour prendre ce dont j'ai besoin : une petite bassine et un gant de toilette pour nettoyer tout ce sang, un désinfectant, et puis une aiguille et du fil, des fois que la plaie soit profonde. Puis je me dépêche de revenir, pour ne pas le faire attendre. Ce n'est pas que je considère qu'il mérite plus de soin qu'un autre, mais il en mérite autant, et lui est mon supérieur, je ne veux pas le décevoir. C'est très con, je sais. J'en ai pleinement conscience, croyez-moi. Bon. Changeons de sujet. J'arrive dans la salle de soin, pose tout ce que j'ai pris et ferme la porte. Ensuite, je remplis la bassine d'eau à bonne température et me lave les mains. Enfin, je me dirige avec une boule dans la gorge vers l'homme assis qui m'attend et qui m'annonce qu'il me laisse faire. Quel est son nom, déjà ? Ah oui, Pythagore de la Flaam, je crois. Non. Pythagoras. Oui, voilà, c'est ça. Après notre rencontre, j'ai regardé rapidement dans son dossier. Je me fais l'impression d'un voyeur, mais je me sentais mal à ne pas savoir à qui je m'adressais. Pythagoras de la Flaam... Un nom qui lui va tout à fait, je trouve. Aussi impressionnant que lui. Je me mets derrière lui et commence par écarter ses cheveux, certains maculés de sang. Je crois qu'il va devoir les laver, mais ce n'est pas le plus important. Je ne vois presque pas son dos, tellement il a saigné. Je m'empresse donc de lui passer le gant imbibé d'eau chaude. J'essaie d'agir assez rapidement, parce que tant que je ne sais pas où est la plaie, je ne peux pas le soigner et il va continuer à saigner. Enfin, je la vois, dans son omoplate. Il y a quatre petits trous régulièrement espacés. Cela ressemble bien à une fourchette. Nausée.
Mais cette blessure n'est pas tout ce que j'aperçois. Il y a aussi une sorte de grand tatouage. Un oiseau, un dragon ? Je pencherais plutôt pour un oiseau. Il est superbe, en tout cas. Impressionnant, lui aussi. À croire que tout chez cet homme est fait pour m'intimider. Mais pas le temps de m'appesantir là-dessus, car ce n'est pas tout. Sous le tatouage, il y a des myriades de cicatrices. Je dois devenir soudain assez blanche, bien qu'il ne puisse pas le remarquer. Tout ça sur une seule personne... Abominable. Comment peut-on faire subir cela à autrui ? A-t-il été torturé, lui aussi ? Sans aucun doute. Pourtant, il semble solide, fort. Dans son enfance ? Je n'ose même plus le toucher, peut-être par peur de lui faire mal, alors que je sais très bien que c'est idiot. Il a du bien souffrir. Quelle horreur... On dirait que chaque petite parcelle de peau a été sciemment blessée, pour que nulle régularité ne subsiste. Comme si l'on avait calculé précisément. Peut-être ai-je été un peu dure avec lui, la dernière fois. En pensée, du moins. Il a du beaucoup souffrir. Mais est-ce vraiment une raison pour faire subir à d'autres ce que lui a du subir ? Je ne crois pas... Mais franchement, j'en sais rien.
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeDim 9 Nov - 13:45

Bon, c'est pas tout ça, je suis quand même là pour le soigner, il me semble. Il est déjà bien assez amoché comme ça. Je mets un peu de désinfectant sur une compresse et approche doucement de la blessure, avec une infinie douceur. Je ne veux pas lui faire mal, il a déjà trop souffert je pense. Attention, ça va piquer. D'ailleurs, je le lui dis d'une petite voix désolée. On prévient toujours quand on est sur le point de faire quelque chose de douloureux. Et les gens sont souvent plus douillets et fragiles qu'ils veulent bien le montrer. Je me retiens – avec peine – de m'excuser pour ce que je vais faire, je ne veux pas qu'il s'énerve encore contre moi. Et puis finalement, je désinfecte les plaies. En y regardant de plus près, je constate qu'elles sont assez profondes. C'est un forcené qui a fait ça. Je repense au prisonnier dans la salle à côté. J'ai eu le sentiment qu'il avait essayé de tuer quelqu'un d'important. Le directeur ? Mais dans ce cas, pourquoi faut-il absolument que le prisonnier vive ? Enfin, je veux dire... D'habitude, il ne tient pas tant que ça à la vie de ces gens, je crois... Pour lui, ils ne sont rien, c'est ce que j'avais cru comprendre. Alors si c'est lui que le prisonnier a voulu tuer, pourquoi veut-il à tout prix le garder en vie ?
Bon, ça ne sert à rien de s'interroger à ce sujet, je n'en saurai pas davantage, de toute façon. J'ai fini de désinfecter, je pose la compresse à côté de moi et je prends le fil et l'aiguille stérilisée avant de me mettre au travail. Un point devrait suffire pour chaque plaie. Je réalise les points un peu mieux que la dernière fois, un peu plus rapidement, aussi. J'espère qu'il le verra, même s'il remarque que je n'ai pas beaucoup changé.


[T_T]
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeMer 10 Déc - 0:06

[HJ : Tout d'abord, désolée pour l'attente… Ca fait un mois si j'arrive à répondre ce soir, plus sinon… -_-"]

L'infirmière a fermé la porte et je me rends compte qu'un silence de plomb règne dans la pièce. Ca me calme, ça me rassure. Jusque là, j'étais focalisé sur les ordres du médecin dans la salle voisine, je guettais les mouvements des infirmières, leurs commentaires sur l'état du patient… Là, il n'y a plus rien et c'est comme si un poids venait de me quitter. Je respire mieux, l'air n'est plus oppressant, le silence me permet de me retrouver. Je suis seul, je suis moi, je suis bien.

Ce n'est pas moi qui ait tord. Ce sont les autres les déviants.

Pour un peu, je dirais cette phrase à voix haute, mais ce n'est pas moi que je veux entendre, c'est le timbre sûr et fier de Stephen qui me calme, me rassure, me permet de reprendre pied. Et il me dit ses paroles, il me les donne pour que je m'appuie dessus et que je me relève. Je n'ai pas tué cet homme, il survivra… Il survivra et il paiera. Il n'aura pas de procès, quel intérêt ? Il n'a plus le droit à la justice, de toutes façons. Il sera puni au sein de la prison. Isolement à perpétuité. Torture ? Je pourrais le dépecer à la fourchette et au couteau pour qu'il se rende compte… Je grimace. Etrange comme j'ai perdu le goût à l'art familial qu'est la torture. Etrange aussi que Stephen ne m'en ai pas fait le reproche. Je ne pense pas qu'il ait compris. Comment pourrait-il ? C'est Moxie qui m'a fait un électrochoc. C'est Edward qui m'a fait regretter… Non, je n'ai plus envie. D'autres s'en chargeront si cela les amuse. Moi, je ne veux plus.

La voix de la jeune fille me fait sortir de mes pensées. La voilà qui m'annonce que ça va "piquer". J'en rirait presque. Piquer ? S'inquiète-t-on d'une si infime irritation quand on a devant soi quelqu'un qui a failli tuer un homme ? Piquer… Le mot est bien choisi, je trouve. Mais je pense que j'ai croisé quelque chose qui pique bien plus qu'un peu de désinfectant : une fourchette. Et celui qui me l'a plantée dans le dos n'a pas pris la peine de me prévenir. "Attention, ça va piquer"… La bonne blague. J'ai un sourire au lèvre quand elle pose sa compresse. La douleur est infime par rapport à la blessure. C'est amusant qu'elle s'en soit inquiété en fait. Mais, franchement… Je suis passé par tellement de choses… A une époque, avoir mal me permettait de savoir que j'étais encore vivant. Quand je gisais sur le sol sale des salles de torture de mon père, par exemple. Oui, j'avais mal donc je n'étais pas mort. Aujourd'hui, je n'apprécie pas à la douleur, mais à l'époque c'était ce qui me tenait éveillé, ce qui m'évitait de perdre conscience… Je m'y accrochais de toutes mes forces.

Elle prépare le kit de suture. C'est donc assez profond pour nécessiter des points ? C'est ennuyant, ça. Si elle doit recoudre, c'est qu'il y aura des cicatrices. N'en ai-je pas assez, déjà ? Je me tourne un peu vers elle, regarde ses mains au travail et reprends ma position. S'il le faut… Puis-je seulement m'y opposer ? Ca serait ridicule. Ridicule et enfantin. Je soupire.


"Est-ce que les cicatrices seront visibles sur le Phénix ?"

Voilà bien la seule chose qui m'inquiète. Mon tatouage. Il est là pour dissimuler l'héritage que j'ai de mon père, je ne souhaite pas qu'il soit défiguré par d'autres blessures. Mon dos est mon histoire. Mon passé et, je l'espère, mon avenir. Je veux me relever, je veux sortir de ces flammes, revivre, recommencer, renaître… Ne détruisez pas mon avenir. Non, c'est l'omoplate, la tête de l'oiseau ne doit pas être touchée. Le bout de l'aile éventuellement, mais peut être même pas. Le décor, peut être, les flammes… Détruisez les flammes, oui. Je ne supporte plus ces Flaam… Mais ne touchez pas au Phénix !

Aiguille, nœud, ciseaux, aiguille, nœud… Elle s'est améliorée. Elle va plus vite, elle est un peu plus sure d'elle. C'est bien. Je suis content pour elle. Elle apprend des choses en étant ici, ce n'est pas un stage stérile. C'est une bonne chose. Elle coupe le dernier fil, met le pansement… Tiens, ses doigts tremblent un peu… Oh ! Bien sûr ! Si elle a nettoyé la plaie, si elle a vu le tatouage… A cette distance, elle a vu ce qu'il cache. Quel spectacle je dois lui offrir. Quelle image de moi a-t-elle donc ?


"Je vous remercie. Vous vous êtes améliorée depuis la dernière fois. Le stage vous est donc bénéfique ? Vous avez pu vous entraîner un peu. Dites moi, comment ça se passe avec l'équipe médicale, avec le médecin… et avec les détenus que nous vous avons envoyés ? Vous vous en sortez ?"

Je me tourne vers elle et mes cheveux rencontrent la compresse. Mauvaise idée. Mes doigts plongent dans une poche de mon pantalon pour en sortir un petit élastique noir qui vient rapidement prendre place dans ma tignasse afin de la discipliner un peu. Il y a du sang sur ma main. En aurais-je dans les cheveux ? Bah, rouge sur rouge, peu importe… Je vais pour me rincer les mains quand je remarque la bassine pleine d'eau rougie… Ai-je donc saigné tant que ça ? Je fronce les sourcils puis je soupire. Peu importe, j'en ai vu de pire. Tout en écoutant attentivement sa réponse, je balance ma chemise au linge sale et m'installe pour lui faire face. Elle doit encore ranger tout le matériel, nous avons le temps de parler un peu si elle le veut bien.

[HJ : bon, j'ai réussi, mais c'est pas génial... désolée...]
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeLun 15 Déc - 1:49

Le directeur ne parle pas, ne bouge pas. Il semble absorbé dans ses pensées, un peu soucieux. Je fais donc mon travail au mieux dans ce silence lourd que je n'aime pas. Je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il pense. Est-il en train de me juger, de penser du mal de moi ? Trouve-t-il que je fais mal mon travail ? Estime-t-il que je ne me suis pas améliorée ? Je sais que de telles pensées sont idiotes, il doit plutôt penser à lui, à ce qui vient de lui arriver. Cependant, je ne peux pas m'en empêcher : c'est plus fort que moi. Toujours ce 'et si' qui traîne quelque part, entre conscience et inconscient et qui me pourrit la vie. Foutue conscience. Je m'efforce de ne rien montrer de mon malaise, comme à mon habitude. J'exécute mon travail en parvenant à retenir quelques tremblements, car je ne voudrais pas le blesser davantage. Il a suffisamment souffert, et je ne veux pas lui donner une bonne raison de m'en vouloir personnellement.
Soudain, sa voix profonde brise le silence. Une question. Est-ce que les cicatrices seront visibles sur le phénix ? Tiens, l'oiseau était donc un phénix. Je ne sais pas grand chose de ces animaux mythiques, sinon qu'ils renaissent de leurs cendres. Y a-t-il un lien avec la vie de cet homme ? Ou bien... Simple coïncidence ? On pourrait presque croire que cet oiseau de feu est là pour effacer les cicatrices... comme une renaissance. Mais il est aussi très possible que je me trompe complètement. De toute façon, une nouvelle fois, c'est totalement inutile de me poser ce genre de questions, car je n'aurai pas de réponse. Cessons donc d'y penser. Les cicatrices seront sur l'omoplate et marqueront un peu le tatouage, j'en ai peur. Le phénix n'est pas vraiment touché, mais les flammes, oui. Je me racle la gorge en silence avant de répondre enfin au directeur :

« Euh... Sur les flammes, un peu... »

Je faillis ajouter 'Désolée' ou quelque chose du même type, mais je me retiens à temps. Avec peine, cela dit. Je n'ai pas l'habitude de retenir mes excuses, mais avec lui je crois que je n'ai pas trop le choix. Je termine mon ouvrage, mets le pansement, et puis commence à ranger, toujours en silence. Je suis un peu rouge à cause de mon comportement. Peut-être attendait-il de moi que je lui parle... Mais je ne sais pas parler, alors je me suis tue au maximum. Mais si ça se trouve, il est en train de penser que je ne l'aime pas, que sa présence m'indispose, ce qui n'est pas le cas. Certes, je ne suis pas très à l'aise en sa compagnie, mais c'est peut-être parce que sa présence est trop imposante. En tout cas, c'est clair que je n'ai rien contre lui. Mais comment peut-il le deviner si je m'obstine à ne rien dire et à fuir son regard comme sa présence ? Quelle idiote, je suis peut-être en train de me mettre mon patron à dos, ce n'est vraiment pas malin. D'autant plus qu'il n'est peut-être pas aussi dur qu'il en a l'air...
Le directeur prend une nouvelle fois la parole, pour me poser de nouvelles questions. Je me fige un instant avant de reprendre ce que j'étais en train de faire. Avec un peu de chance, il n'aura rien remarqué à mon trouble. D'un côté, je suis soulagée qu'il ne m'ait pas demandé d'accomplir le même exercice que la dernière fois. Je me vois mal présenter ce patient à lui-même. Non pas que ce soit quelque chose d'incongru ou quoi, mais je trouverais ça vraiment gênant. Pourquoi, je n'en ai aucune idée. Si ça se trouve, il trouverait ma réaction parfaitement ridicule. Mais bon, je commence à savoir que je le suis, ridicule. Toujours est-il que je n'aime pas trop non plus la question qu'il me pose. Je n'aime pas avoir à juger – même en bien, on ne sait jamais – les gens que je côtoie... des fois que ce que je dis arrive à leurs oreilles. Bon, en même temps, c'est pas comme si j'allais les critiquer. Le problème, c'est que parfois les gens comprennent mal ce que je dis – ce qui est assez logique, quand on réfléchit, vu ma manière de parler.

J'ai envie de m'enfuir, une fois de plus. Je me sens presque écrasée par sa présence. Cet homme me domine sous tous les plans. Il est imposant, impressionnant. À côté de lui, je ne suis pas grand chose. Que ce soit physiquement, mentalement, émotionnellement et tout ce que vous voulez d'autre. Je ne sais pas trop quoi lui répondre. Est-ce que je dois lui avouer que je passe le moins de temps possible avec le reste de l'équipe médicale ? Que je m'isole dès que je peux, que je fuis à chaque fois que c'est possible ? Franchement, je sais pas trop si c'est une bonne idée... Je suis ici pour travailler en équipe, non ? Bon... Qu'est-ce que je peux lui dire ? Le tout, c'est d'en dire le moins possible tout en ne mentant pas. C'est mal, de mentir. Et surtout, il y a toujours un risque pour que ça soit découvert. Bref, je préfère éviter. Le tout, c'est de rester vague. Mais pas trop, cela dit. Il risquerait d'insister un peu trop... Bon, lançons-nous !

« Hum... Oui, ça se passe bien... Ce n'est pas toujours très facile, mais bon... »

J'esquisse un faible sourire. Non, ce n'est pas toujours facile. Certains prisonniers – et certains gardiens également – sont plutôt désagréables. Il faut dire que se retrouver face à quelqu'un comme moi doit être assez agaçant. Je dois leur paraître molle et inefficace. Je mérite très certainement leur comportement. En fait, j'ai une tête à claques, et j'en suis parfaitement consciente. L'ennui, c'est qu'apparemment, ça ne me déplait pas suffisamment pour que j'essaie de changer. Je me répète, je sais. Mais bon, j'ai pris l'habitude de penser beaucoup trop, et une telle habitude ne disparaît pas aisément. Quant aux pensées, elles tournent, retournent, se mêlent, se mélangent, se répètent, vont et viennent. Je ne peux rien y faire. Ou alors, je ne veux rien y faire. Quelle importance ? Cela ne change rien.
Le silence retombe comme il s'est brisé : brusquement. Que faire, à présent ? J'ignore si le directeur veut continuer à faire la conversation. Moi, je veux juste aller me cacher. Pourtant, j'ai envie qu'il ne s'en aille pas tout de suite. J'ai envie de me montrer que je suis capable de... de ne pas agir comme une merde, pour une fois. Si ça se trouve, je peux discuter avec lui. Si ça se trouve, nous deviendront même amis. Sauf qu'il ne faut pas trop rêver. Je ne vois pas pourquoi nous deviendrions amis alors que nous sommes si différents. Et puis surtout, entre nous, il y a une sorte de relation d'ordre, comme en maths. Pythagoras de la Flaam est supérieur à Adélie Roche. C'est évident, impossible d'essayer de le nier, ni même d'en douter.
De toute façon, je préfère amplement que notre relation reste professionnelle. On ne sait jamais comment peut évoluer la situation entre un homme et... une jeune fille – ne cherchez pas à comprendre, je suis incapable de me considérer comme une femme. Je préfère donc qu'il reste – lui et tous les autres hommes que je côtoie, d'ailleurs – plutôt loin de moi : on ne sait jamais, j'ai bien trop peur que l'un d'entre eux me fasse un jour des avances, même si je doute que ça puisse arriver. Ça me terrifie.
Et si... ?

[Aucun problème pour l'attente, et je trouve que ton post était très bien, pas de soucis là non plus =D]
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeVen 2 Jan - 20:59

Seules les flammes seront touchées. Ce n'est pas bien grave alors. J'aimerai bien savoir ce que ça donne et si il serait possible de faire une retouche, mais de toutes façons, il faudrait attendre que la cicatrice soit ancienne, donc ça ne serait pas pour toute suite… Et puis je me vois mal quitter les Terres Brûlées sans prévenir pour partir à la recherche de l'extraordinaire tatoueur français qui m'a dessiné ce phénix sur la peau. Ce n'est pas très important, et visiblement ça reste discret. Je me demande si Stephen s'en rendra compte, il ne s'attarde jamais trop sur mon dos. Pas qu'il ait un problème avec mon tatouage… C'est plutôt les marques de mon père qui le dérangent passablement. Et je ne peux que le comprendre sur ce point là.

Après s'être accordé un moment de réflexion, elle me répond enfin. Pas que j'attendais avec une impatience non dissimulée, juste qu'elle ne fait jamais les choses bien vite, elle réfléchis toujours, pèse ses mots… Je me demande ce qu'elle peut bien penser dans ses moments de silence. Elle me dit que ce n'est pas toujours facile. Cela ne m'étonne pas, une poupée fragile comme elle n'a pas vraiment sa place dans une prison de haute sécurité. Mais je ne lui demanderais pas de partir. Lors du dernier rapport que j'ai reçu sur l'infirmerie, il m'a semblé que sa discrétion était appréciée même si parfois un peu trop… omniprésente. Les jeunes filles que nous avons affectées à l'infirmerie, bien que criminelles, sont assez calmes et facile d'abord. Malheureusement pour elle, ça implique aussi la présence des gardiens… Je crois qu'elle déteste les gardiens. Ce n'est pas étonnant, soit dit en passant puisqu'elle a été prise pour un prisonnière là-bas et plus d'une fois ici…

Elle ne doit pas m'avoir en haute opinion. C'est vraiment dommage parce que je la trouve de plus en plus adéquate pour moi. Il faudrait peut être qu'elle arrive à me faire un peu plus confiance, qu'elle arrive à me parler et à me donner son opinion des choses… Mais qu'elle ne parle pas aux autres ne me dérange pas. Elle mesure ses paroles, justement, elle ne risque pas de faire une gaffe ni de dire une bêtise, elle maîtrise cet exercice à la perfection. Je me prends à l'imaginer à un banquet donné par le Grand Duc avec les amis de Stephen… Serait-elle pétrifiée de terreur ? Arriverait-elle à surmonter cette peur pour faire bonne figure ? Quoi qu'il en soit, je crains bien qu'elle n'y soit pas heureuse. Puis-je me permettre d'enlever cette enfant pour l'enfermer dans un monde qui ne lui permettrait pas de s'épanouir ? Mais dans quel monde pourrait-elle être pleinement elle, elle qui vient s'enfermer dans une prison ?

Je soupire. Voilà que je me mets moi aussi à plonger dans mes pensées et à rêvasser. Je la regarde un instant puis me souvient d'un détail. Un détail de la plus haute importance. La raison même pour laquelle c'est elle que j'ai choisie pour s'occuper de ma blessure.


"Adélie…" Je me reprends aussitôt : "Mademoiselle Roche. J'aurais un service à vous demander. Lorsque vous remplirez mon dossier pour faire état de votre intervention, comme vous ne manquerez pas de le faire puisque vous y êtes obligée… Pourriez vous éviter de mentionner… ce que cache mon tatouage, s'il vous plaît ? Ma voix est assez basse, nostalgique, je dirais. Douce. Je m'explique. "Il s'agit d'un… détail… qui ne doit figurer sur aucun document officiel, vous comprenez ? Pause. "Je vous remercie."

Nouveau soupire. Je suis certaine qu'elle fera ce que j'ai demandé. Mais est-ce une preuve qu'on peut lui faire confiance ou uniquement qu'elle est très obéissante ? J'aimerai croire qu'elle est une personne de confiance, mais je ne la connais pas vraiment en réalité. Comment savoir ce qu'elle pense, ce qu'elle croit, ce qu'elle comprend… Est-ce seulement parce que je suis le directeur de la prison qu'elle obtempèrera ? Certainement. Ce n'est pas pour l'homme que je suis qu'elle gardera ce secret, c'est pour ce que je représente, parce que je suis le pouvoir… Elle sait que j'ai été un gardien. Un de ceux qu'elle doit détester, d'ailleurs, puisqu'elle a vu de quelle violence gratuite j'étais capable. Je m'appuie dans le dossier du fauteuil en retenant un grognement de désagrément quand le pansement touche le cuir puis je soupire une énième fois :

"Vous ne m'aimez pas, n'est-ce pas ?"

Je ferme les yeux. Qu'importe qu'elle me réponde ou non. Je suis un homme égoïste et, moi, j'aime sa présence. Je ne crois pas que ce calme et cette paix qui m'envahisse ici soient dues à l'infirmerie, je suis convaincu que c'est le fait de l'infirmière. Je suis détendu et je goûte à un repos auquel j'aspire depuis un moment déjà. Oui, je suis bien trop nombriliste pour faire cas de son mal aise ou de son animosité envers moi. Sa présence paisible me rend serein et c'est agréable. Quelle chance j'ai d'avoir une excuse pour lui imposer de passer un peu de temps avec moi tous les jours pour changer mon pansement…
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeDim 4 Jan - 21:02

Le silence s'installe, le directeur semble être dans ses pensées. Moi, j'attends, en m'efforçant de ne pas trop replonger dans ces pensées qui me pourrissent la vie. Par chance – puisque cela m'évite de me perdre une nouvelle fois – le directeur reprend bientôt la parole. Je sursaute, car ça 'fait bizarre' qu'il m'appelle par mon prénom. Visiblement, lui non plus n'est pas très à l'aise, puisqu'il reprend en m'appelant par mon nom de famille, cette fois. Il me demande de cacher l'existence des cicatrices qu'il porte... Je le regarde – ça m'arrive, parfois – sérieusement, presque grave. Je ne sais pas pourquoi il ne veut pas que ça se sache, mais cela semble être important pour lui. Son ton a changé, il semble presque triste. Bien sûr que je vais garder cela pour moi, je ne pense pas que cela pose un problème. Les patients ne sont pas forcés de crier sur les toits leur histoire, que je sache. Et puis de toute façon, il est mon supérieur.
En réfléchissant – oui, je sais, il faudrait que je songe à faire une cure de désintoxication –, je me dis que ce n'est peut-être pas forcément une bonne idée. Pourquoi cela doit-il rester secret ? Veut-il protéger quelqu'un ? Hum... après tout, il est adulte. Et puis ces cicatrices sont anciennes. Ce n'est pas à moi d'en faire mention, je suppose que si ça devait être écrit quelque part, ça le serait déjà. Et tant pis si je m'attire des ennuis avec ça – ce qui est assez improbable, à mon avis. Je saurai bien m'expliquer... Enfin non, mais ce n'est pas important. Si quelqu'un a quelque chose à me dire, je subirai ses remontrances et ça ne sera qu'un mauvais – très mauvais – moment à passer. De toute façon, je me vois mal annoncer à cet homme que je refuse d'accéder à sa requête. Alors ce sera oui. Je suppose qu'il faut aussi que je n'en parle à personne, cela semble évident. Reste à voir si j'y parviendrai. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que je ne suis pas très loquace... Cependant, ce qui me marque a tendance à s'imposer parfois à mon esprit, et je parle généralement sur un coup de tête, quand je ne trouve rien à dire alors que je voudrais trouver – et quand je suis dans une discussion plutôt intime avec une personne qui m'est proche. Il ne faudrait pas que je fasse ce que j'ai déjà fait...

Un jour, j'ai trahi ma grand-mère. J'étais encore à l'école primaire, alors. Elle m'avait raconté quelque chose d'assez choquant sur son enfance, surtout pour la gamine plutôt naïve que j'étais. Et moi, je n'ai rien trouvé de mieux à faire que de le raconter à une amie, alors que je lui avais promis que je garderais ça pour moi. Je crois que j'étais si horrifiée que j'ai eu besoin de me confier. Je ne crois pas que quiconque d'autre ait appris cette histoire. Quelques mois après, l'amie en question avait déjà oublié ce que je lui avais dit, elle n'avait en mémoire que des bribes peu importantes. Mais moi, j'avais l'impression d'être sale. Une petite menteuse, une petite... je n'ai pas de terme, mais j'avais l'impression que l'on ne pouvait pas me faire confiance. C'est grave de trahir sa famille. Cela doit faire dix ans, et je m'en veux encore. L'on ne m'a plus jamais confié de secret, depuis ce jour-là, alors je ne sais pas... si je peux me taire. Et garder tout cela au fond de moi. Je ne suis pas vraiment un coffre fort, voyez-vous... Il suffit souvent d'un peu de douceur et d'insistance pour que je dise ce que j'ai sur le cœur.
Mais là, ce n'est pas pareil. Ce n'est pas de moi qu'il s'agit, mais d'un autre. C'est comme autrefois... Quelque chose que l'on me confie. Cette fois, je dois le garder, ce secret. Je veux que l'on puisse me faire confiance, même si je doute que ce soit réellement possible. Ce sera la première fois depuis longtemps que j'aurai quelque chose à protéger, et je me dois de le faire avec soin. C'est pourquoi j'acquiesce enfin :

« Euh... Oui, bien sûr, je n'en ferai pas mention. »

Comme j'ai parlé il y a peu, ma voix est un peu moins rauque que précédemment. Je dois avouer que ce n'est pas désagréable. Bien. Maintenant que j'ai promis, je n'ai plus le choix. Je n'en ferai pas mention à qui que ce soit, à commencer par ce morceau de papier que je remplirai tout à l'heure. Et là, je pense que je pourrai tenir cette promesse. Je ne suis plus une petite fille, je dois bien être capable de garder pour moi les choses que je dois garder pour moi, même ce qui est choquant. Cet homme a du beaucoup souffrir... Mais cela ne me regarde en aucune façon, donc je n'en parlerai à personne. Que ce soit bien clair, Adélie. De toute façon, vu qu'il me fait un tout petit peu peur, je crois que ça pourra m'aider à me taire. Bon, certes, ce n'est pas forcément une bonne chose. Parce que si je garde son secret par peur, cela veut dire que je peux briser n'importe quel secret pour quelqu'un qui me fait plus peur encore. Hors de question. Je me montrerai digne de sa confiance, et uniquement parce que j'ai promis.
Na.
Comment ? Vous aussi me trouvez ridicule ? Ah ah, voilà qui m'épate ! Non, mais plus sérieusement, ne riez pas encore. Ce n'est pas parce que j'étais une idiote quand j'étais petite que rien n'a changé aujourd'hui. Oui, parfaitement. Et ce, même si beaucoup de choses sont restées identiques – voire ont empiré. Moi, je vous dis que je veux y arriver et que j'y arriverai. Voilà un pas que je pense être capable de faire... C'est justement ce que je cherchais depuis quelques temps : un pas à ma taille pour évoluer un peu ou prendre confiance en moi. Je crois que je l'ai trouvé, alors... Ne me cassez pas tout et ravalez vos moqueries. Super Adélie est en marche...

Soudain, alors que je me sentais un peu mieux – malgré ce silence qui semblait bien décidé à s'installer là et à camper – le directeur reprend la parole. Je blêmis, et tout s'effondre. Finalement, je ne me sens pas mieux. Du tout. C'est même tout le contraire, à la vérité. Le problème ? Vous ne m'aimez pas, n'est-ce pas ? Je n'aime pas, mais alors là pas du tout, ce genre de questions. Surtout lorsqu'elles sont posées aussi directement. Et que la personne en face se trompe à ce point à propos de quelque chose qui me semble aussi important. Et que je ne vois pas comment changer son opinion... Sans même réfléchir, précipitamment, presque paniquée, je réponds :

« Euh... Non, non ! C'est faux... »

Pitoyable. On dirait quelqu'un qui cherche à se justifier parce qu'il ne veut pas admettre que l'autre a raison. Quelqu'un qui a peur des représailles s'il avoue. Ma voix est faiblarde, blanche. Comme moi. Et le pire, c'est qu'il se trompe vraiment. Ce n'est pas la peur qui me fait dire ça. Pour une fois, ce serait plutôt le contraire. J'ose avouer que l'on se trompe sur moi, souligner l'erreur d'un autre. J'en suis la première étonnée. Et pourtant, j'ai bien l'impression que je ne me trompe pas. Mais alors, pourquoi ? Peut-être pour que l'on n'ait pas une trop mauvaise opinion de moi... Il y a déjà bien assez d'excellentes raisons pour ne pas m'estimer, inutile d'en chercher d'autres qui découlent d'une erreur. Parce que j'ai beau me détester moi-même, c'est toujours fort agréable de voir un sourire sur le visage d'autrui. Être détestée n'est pas vraiment ce à quoi j'aspire, croyez-moi ! Et puis mince, là c'est trop grave ! Lui fais-je une aussi mauvaise impression ?
La vérité, c'est que je ne le déteste pas. Il est imposant, certes. Il lui arrive de m'effrayer un peu et je n'approuve pas vraiment ses méthodes, certes. Mais je sais aussi qu'il a été vraiment patient avec moi – et qu'il peut être un très bon professeur. Et puis... Même si sa manière de traiter les prisonniers n'est pas forcément très tendre – humaine ? –, envers moi il s'est montré plutôt affable, et même... gentil. Même si je suis quelqu'un de détestable et de parfaitement incompétent, il a été courtois depuis le début, et même s'il a un peu abusé en faisant peur à un prisonnier pour me secouer, il n'a finalement pas fait de mal à ce détenu, la dernière fois. Il lui a même donné droit à une douche et un repas, ainsi qu'un séjour un peu prolongé à l'infirmerie. Preuve qu'il prend quand même soin de ceux qui sont blessés ou affaiblis. Et puis... après avoir vu son dos, je crois pouvoir dire que tous ses mauvais côtés ne sont pas vraiment là de son fait. Je ne pensais pas qu'il puisse être possible d'avoir autant de cicatrices sur un dos. Cet homme a du vraiment souffrir, autrefois.
Alors non, je ne le déteste pas.
Bon. Mais là, il ne va pas me croire, c'est clair. Si c'était moi qui avais posé la question à quelqu'un pour obtenir cette réponse en retour, je ne l'aurais pas cru, j'en ai la conviction. Il faut dire que c'est assez maladroit. Qu'est-ce qui prouve mes dires ? Rien. Qu'est-ce qui peut faire que l'on aie confiance dans ce que je viens de dire ? Rien. Aucun argumentaire, aucune raison valable. Nada. Comme toujours. Mes paroles sont juste pleines de vide. Il faut que j'ajoute quelque chose. Je ne veux même pas lui faire croire que je l'aime par-dessus tout, je ne veux pas m'attirer ses faveurs. Je veux juste rétablir la vérité, histoire qu'il ne me déteste pas pour ce rien. C'est pourquoi j'ajoute, l'air sombre et sur un ton d'excuse – qui ne me lâchera décidément jamais :

« J'suis comme ça avec tout le monde... »

Et là, comme pour appuyer sur mon caractère ridicule d'entité négligeable, je baisse la tête.

[Raaaah nan ! @_@ Après les partiels, j'avais dit... Après les partiels ! ><
Pas pu m'empêcher de répondre ^^' Même que je le trouve pas toujours top é_è
Mais le suivant, après les partiels, Adélie ! è_é
Voui m'dame.
*S'enfuit*]
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeSam 31 Jan - 22:00

A peine ai-je posé ma question qu'elle se précipite pour répondre et démentir. Je n'ai pas bougé, je suis toujours dans se fauteuil, appuyé au dossier, torse nu, les yeux clos, les cheveux attachés. Mais un sourire se dessine sur mon visage. C'est inhabituel qu'elle réagisse ainsi, si vite, presque impulsivement. Elle est vraiment mignonne, cette petite… Mais elle ne m'aime pas. Visiblement, j'ai touché juste. Il faut dire que je l'ai bien cherché. Je n'ai jamais cherché à plaire, j'en ai toujours fait qu'à ma tête, agissant impulsivement, selon mes désirs, mes passions, ignorant la volonté des autres. Oui, c'est bien compréhensible, mais je trouve ça vraiment dommage.

Le silence tombe soudain dans la pièce, comme pour ponctuer ma réflexion. Elle ne m'apprécie pas, je la dérange, même, peut être. Elle n'a rien à me dire. Donc le silence envahit la pièce. Mais ce dont elle ne se rend pas compte c'est de la paix que sa présence m'apporte. Je pourrais presque m'endormir, là. D'ailleurs, je somnole déjà quand elle rajoute une phrase comme pour défendre sa cause. Je souris à nouveau et ouvre les yeux pour les poser sur elle. Voilà qu'elle est de nouveau prostré, soumis, absente. Je soupire. Je n'ai peut être pas touché juste, finalement… Mais je ne vais pas me laisser convaincre aussi facilement, si ça peut la pousser à réagir, je vais l'encourager dans cette voie.

D'une voix douce, presque triste, calme, je reprends, regardant dans le vide :


"Ce n'est pas grave, vous savez. C'est dommage, c'est certain, mais je ne peux pas vous le reprocher. Je ne suis pas un être qui cherche à être apprécié. Certainement pas ici. Je préfère faire peur et inciter au respect pour éviter que ce qui s'est produit aujourd'hui se produis encore. Je suis cruel et sans cœur. Il est normal de ne pas m'aimer. Et je suis bien trop égoïste pour m'en formaliser." Je marque une pause, pose mon regard sur elle, sourit doucement, puis reprends. "Malheureusement, j'aime bien votre compagnie et je risque de vouloir en profiter régulièrement. Vous êtes comme un havre de paix dans cette prison. Une douceur inattendue, agréable, un baume calmant… Un ange tombé du ciel. Mais vous êtes tellement renfermée, on dirait que les gens vous dérangent, que vous n'aspirez qu'à vous en débarrasser… Pourtant vous me plaisez bien et… Oui ?"

On a frappé à la porte, je me redresse dans mon fauteuil et détaille attentivement l'infirmière qui vient d'entrer. Elle lance un regard que je n'arrive pas à déchiffrer à Adélie et se tourne vers moi.

"La vie du prisonnier n'est plus en danger, Monsieur. Mais nous n'avons pas les moyens pour le garder ici, il faut le transférer vers l'hôpital général du Grand Duché."

"Entendu. Apportez moi les papiers à signer pour le transfert du prisonnier et pour le détachement des gardiens qui l'accompagneront. J'arrive. Je veux le voir."

Si mon visage s'était adouci en parlant avec Adélie, le voilà redevenu dur, fermé, cruel, déterminé. Je veux voir cette enflure qui vivra. La messagère se retire et tire la porte derrière elle. Je me lève et m'approche de mon infirmière. Peut être trop près, je ne sais pas… Sûrement… Je souris, assez énigmatique.

"Vous allez voir comme les gens refusent de voir ce qu'ils ont sous le nez. Le phénix fait son office quand les gens ne sont pas aussi purs que vous, ils ne voient rien car ils savent qu'ils ne doivent pas voir. Mais… si vous pouviez me trouver une chemise ou une blouse, ça m'arrangerait, s'il vous plait."

Je m'avance vers la porte et avant de sortir, je me tourne de nouveau vers elle. Je ne sais pas pourquoi je vais dire ce que je vais dire, mais je le fais…

"90% des prisonniers des Terres Brûlés sont là pour meurtre. Je pense que ceux qui prennent la vie d'autrui n'ont que peu de considération pour l'humanité et pour leur propre vie, ils abandonnent donc leur statut d'homme. Je me refuse à faire comme eux. Pourtant, il y a trois choses que je ne supporte pas. Les fouets, le viol et qu'on m'attaque dans le dos… ça me donne des envies de meurtre… Mais ce n'était pas ce prisonnier que je voulais tuer…"

Je quitte la pièce et rejoins la salle voisine. Mon regard se pose aussitôt sur le prisonnier inconscient. Je n'avais même pas visage à la tête qu'il avait, je ne me souvenais même pas à quoi il ressemblait. Je m'avance vers la table sans vraiment écouter le rapport du médecin qui m'explique ce qu'il a fait et comme il a évité que cet homme meurt. On m'apporte les papiers de transfert que je signe en jetant juste un rapide coup d'œil aux noms des gardiens qui vont sortir avec lui. Puis je lève mon regard vers la porte de la salle, ma jeune infirmière est-elle revenu avec ce que je lui ai demandé ? Elle est bien capable de ne pas oser me donner cette chemise de peur de déranger…

[HJ : j'ai essayé de mettre un peu d'action...]
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Adélie Roche
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeMer 4 Fév - 0:58

[Désolée, j'ai essayé de prendre mon temps... ^^' Pas pu faire mieux é_è]

Je crois que le silence va s'installer à nouveau. Apparemment, le directeur n'en est pas gêné. La seule tension que je peux ressentir dans la petite pièce émane de moi. Moi, je n'ose plus lever les yeux, et mes sourcils se lèvent, formant des rides sur mon front, comme lorsque je suis triste. Je suis à peu près certaine que tout ce que je viens de dire ne l'a pas convaincu. Je ne vois pas qui ça pourrait convaincre. Pourtant, c'était sincère... Je crois. J'aimerais bien qu'il m'ait crue. Mais cela ne se peut pas. Et en effet, il ne m'a pas crue. Le directeur répond enfin, d'un ton calme, le genre de calme qui peut précéder une tempête ou être le résultat d'un certain fatalisme. Le genre de calme qui peut venir lorsqu'on sait que s'énerver n'apportera plus rien. Que la partie est perdue.
Ce n'est pas grave, me dit-il. J'ai le droit de le détester, après tout. Qu'est-ce qu'il y peut ? Et là, une espèce de boule me monte dans la gorge tandis que l'envie de pleurer me vient, parce que je ne sais pas quoi faire pour me défendre. C'est con, je le sais bien, de me mettre dans un tel état juste parce que quelqu'un croit que je le déteste. C'est tout moi, ça. Bordel, pourquoi est-ce qu'il ne me croit pas ? Le directeur poursuit en m'expliquant qu'il est égoïste, cruel. Il a une bien mauvaise opinion de lui, mais je suis certain que c'est seulement une coquille. Au fond, je veux croire qu'il est quelqu'un de gentil. La vie l'a fait ainsi mais il pourrait en être autrement. Et il pourrait bien changer, j'en suis sûre.
Je crois.
Au Père Noël ? Peut-être... Sans doute, même. Mais ne dit-on pas que l'espoir fait vivre ?
Pendant que je me perds dans mes pensées, mon patron n'a pas cessé de parler. Je rougis à ce qu'il me dit, sans vraiment y croire. Un havre de paix, moi ? Heureusement qu'il ne voit pas ce qui se passe sans cesse dans mon esprit, sinon je doute qu'il puisse continuer à penser de la sorte. La fin de ses propos me gêne terriblement, mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir plus en profondeur, car quelqu'un frappe à la porte. Je me retourne vers l'entrée de la salle pour me retrouver face à une autre infirmière. Je dois avoir un air bizarre, proche des larmes, le front toujours plissé. Je ne parviens pas à interpréter le regard qu'elle me jette, mais j'opterais pour un mélange de mépris, de suspicion et de... de je ne sais quoi. Mais je préfère ne pas m'avancer sur l'origine de ce regard, car je n'ai aucun moyen d'en être certaine. Du coup, je baisse les yeux une nouvelle fois. Je n'ai pas la force de soutenir ce regard.

Les deux personnes discutent brièvement. Le prisonnier est sauvé, mais il faut le transférer à l'hôpital. Le directeur annonce qu'il va aller le voir. Cela veut dire que... notre entrevue est probablement terminée. Et je n'ai pas eu l'occasion de dire quoi que ce soit de plus pour m'expliquer. Autrement dit, il ne me croit pas et ne me croira pas davantage. Lorsque l'infirmière est ressortie en fermant la porte, le directeur reporte son attention sur moi. Il s'approche de moi, et je me force à ne pas reculer : je ne veux pas que sa croyance grandisse encore. Il m'est cependant assez difficile de contenir ce réflexe. Bref. Le directeur reprend la parole tandis que je lève un peu les yeux vers lui. Ses paroles sont un peu énigmatiques, mais la fin quant à elle est limpide. Il veut une chemise. Je crois que ceci m'éclaire un peu sur le reste de ses propos : il veut cacher ce qui se trouve dans son dos. L'oiseau, ou plutôt le phénix, ainsi que toutes les cicatrices. Je hoche simplement la tête en signe d'acquiescement, puis il s'éloigne de moi. Malgré moi, je me sens un peu soulagée. Peut-être a-t-il raison, peut-être que je n'aime tout simplement pas les autres. En fait, je dois être misanthrope.
Merde, ferme ta gueule Adélie ! T'es pas là pour débattre d'une éventuelle anthropophobie.
Le directeur reprend une dernière fois la parole avant de sortir de la pièce. J'ai l'impression qu'il essaie de changer l'opinion que je suis censée avoir de lui. Il se livre à moi, me dévoilant les trois choses qu'il ne supporte pas. Il ne veut pas tuer. Il ne veut pas être comme eux, perdre son humanité. Je frissonne. Je suis certaine que tous les prisonniers ne sont pas comme il le dit. Une suite de malheureuses aventures a du les mener là. Certains tuent parce que c'est tout ce qu'on leur a appris à faire. Je suis sûre que ce ne sont pas tous des bêtes sans âme ou sans cœur. Je veux le croire, et même si c'était un mensonge, je continuerais de le croire. Ils sont toujours humains, attendant simplement que l'on les aide à retrouver la clé de... d'un chemin plus droit ?
Ce n'était pas ce prisonnier, qu'il voulait tuer. Voulait-il donc en tuer un autre ? Peut-être. Sans doute. Mais je ne suis pas là pour le juger. Après tout, lui aussi est ici parce que la vie l'y a conduit. Je regarde l'homme sortir en me demandant en vain ce que je suis censée répondre pour me défendre ou le défendre, puis je me dirige – lorsque j'ai compris que c'était inutile – vers une armoire fermée dans laquelle on range généralement du linge propre pour ceux qui restent quelques temps à l'infirmerie ou qui ont taché ou abîmé leurs tenues en se blessant, par exemple. J'en sors une chemise blanche, la plus grande que je peux trouver – je ne connais pas la taille du directeur, mais je doute qu'il porte du 's'.

Enfin, j'ouvre la porte donnant sur l'infirmerie. Le directeur est en train de parler au médecin. Il faudrait que je lui donne cette chemise, il me l'a demandée, et s'il veut cacher ses cicatrices, c'est sans doute assez urgent. Pourtant, je ne parviens pas à me résoudre à leur couper la parole, à l'un comme à l'autre. Je n'ai pas vraiment peur d'être réprimandée, plutôt d'être ignorée, en fait. S'ils ne m'entendent pas, par exemple... Et je ne supporte pas ce genre de situation. Alors j'attends dans l'embrasure de la porte que quelqu'un me remarque. Le directeur finit par se tourner vers moi, sans doute pour voir ce que je fabrique. Voyant qu'il me remarque, je m'avance timidement, sur un petit : « Euh... Voilà votre chemise... », les joues toujours rouges. L'air de rien, comme ça. Genre, il va croire que je viens juste d'arriver.
La bonne blague.

[A croire qu'elle fait tout pour casser l'action que t'essaies de mettre dans notre rp, la petite è_é
^^']
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeVen 1 Mai - 12:37

Comme je m'y attendais, elle est là à attendre qu'on lui dise quoi faire, une chemise blanche entre les mains. Nos regards se croisent une seconde, je lui souris et elle s'avance toute rougissante. Cette fille est vraiment celle qu'il me faut, plus je la vois, plus j'en suis certain. Mais je me demande comment faire pour obtenir sa confiance. Déjà elle ne me regarde plus.

"Merci beaucoup, Mademoiselle Roche."

J'essaie d'avoir une voix assez douce, mais je ne suis pas vraiment rompu à ce genre d'exercices. J'enfile la chemise avec vivacité. Elle est un peu large mais c'est parfait, plus cintrée elle aurait été trop petite. Les vêtements de la prison ne correspondent pas particulièrement à mon gabarit… Quand je pense qu'il y a un prisonnier aussi grand que moi… Mon regard se repose sur la jeune fille. Cette univers n'est vraiment pas fait pour elle, elle serait bien mieux au château Grand Ducal.

Je boutonne ma chemise tout en donnant les derniers ordres. Puis me dirige vers la porte. Pour l'emmener là bas, il faudrait vraiment que j'obtienne sa confiance, mais ça à l'air tellement difficile… Je vais la travailler à l'usure, mais je ne suis pas certain que quelques semaines de changement de bandage quotidien soit suffisantes.


"Messieurs, Dames, bonnes journées. Mademoiselle Roche, à demain."

Je lui souris franchement et quitte les lieux.

***


J'y ai pensé toute la journée et une partie de la nuit, aussi. Pour obtenir la confiance de Adélie, il faut que je la sorte de la prison. Tant que j'y suis, je suis le tyrannique et sadique directeur et elle ne peut pas m'apprécier. Mais si je l'invite ailleurs, hors de cet univers macabre, peut être se dévoilera-t-elle un peu plus. Mais, alors que mes pas me mènent à l'infirmerie, je me demande bien comment mettre ça sur le tapis sans qu'elle se sente obligée d'accepter… Comment la convaincre de me dire ce qu'elle pense, ce qu'elle veut vraiment ? Je pousse la porte des lieux en soupirant.


"Bonjour, Mademoiselle Roche est elle déjà arrivée ?"

Il est tôt, j'aurais du venir un peu plus tard, mais la douleur devient très désagréable. Je m'avance vers la réserve de la pharmacie.

"Oui Monsieur de Directeur, je vais la chercher tout de suite mais… heu… vous ne devriez pas vous auto-médicamenter, Monsieur. Souhaitez vous que j'aille aussi chercher un médecin ?"

Visiblement, mon regard est assez éloquent. Elle se retire pendant que je me prépare un petit mélange à ma façon. Je me demande si elle va quand même prévenir le médecin de garde… C'est bien possible. Enfin, peu importe ce ne sont que des anti-douleur et je sais très bien comment les doser. Au pire, je ferais à Adélie une liste exhaustive de ce que j'ai pris pour le dossier médical. Je me dirige vers la salle d'examen n°1 en laissant la porte ouverte de façon à ce qu'ils sachent où je suis.

Tout en me servant un verre d'eau pour prendre tout ça, je réfléchis à l'endroit où je vais l'inviter. Nous ne sommes pas bien loin de Luxembourg, en fait. Enfin… il y a moins d'une heure de voiture, quoi. Donc tous les types de restos sont à disposition. Tiens, je vais faire ça, elle choisira où on va aller manger…

La pauvre, je suis vraiment cruel avec elle…



[HJ : je fais très court mais je suis bloquée, c'était ça ou clore le topic… Je te laisse jouer l'infirmière en PNJ ainsi que le médecin si tu veux qu'il intervienne. Si tu ne joues pas un peu de PNJs, j'ai vraiment du mal à répondre parce que Adélie ne parle pas et ne fait rien, ça me laisse pas assez d'ouvertures.]
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeVen 15 Mai - 18:03

Le directeur me sourit, me remercie et enfile la chemise que je lui tends. Elle est pile à la bonne taille, j'ai de la chance. Enfin, l'homme se dirige vers la porte et prend congé sur un dernier sourire auquel je réponds volontiers et l'assurance de le revoir dès demain. Le sourire est contagieux, ne le saviez-vous pas ? Et le sien était franc, impossible de rester indifférent. Cet homme n'est sans doute pas aussi dur qu'il veut bien le laisser croire. En tout cas, ce sourire me remonte un peu le moral. Peut-être qu'il ne m'en veut pas de « ne pas l'aimer », ou bien peut-être ai-je réussi à le convaincre de son erreur, bien que j'en doute.
Dans tous les cas, il va falloir que je fasse quelque chose, ce qu'il m'a dit m'a fait un peu mal mais c'est moi qui suis à remettre en cause. Je donne l'impression de ne pas apprécier les autres. C'est peut-être vrai. Je n'aime pas que l'on m'envahisse... mais si on sait entrer avec douceur dans ma bulle, ça se passe généralement bien. Et je n'ai rien contre les autres, généralement je m'entends bien avec tout le monde. Je me savais distante, mais j'ignorais que je donnais cette impression. Il va vraiment falloir que je fasse quelque chose pour que ça change. Mais quoi ? Aucune idée, pour changer.
On verra ça demain. Non, après demain. Ne jamais remettre à demain ce que l'on peut faire après demain, c'est vital et je fais ça très bien.

La fin de ma journée se passe un peu plus calmement. J'essaie de me forcer un peu à sourire aux gens quand ils me parlent, de me montrer ouverte. Pas trop quand même, il ne faut pas exagérer. Mais je ne veux plus que l'on puisse penser ce genre de choses de moi. Faire bonne figure, avoir l'air d'être contente d'être parmi eux. Même si mon plus grand désir serait de m'enfuir et d'aller me terrer dans les puys. Je fais mon travail aussi tranquillement et silencieusement que d'habitude, j'obéis quand on me demande quelque chose, puis lorsque j'ai terminé ce que j'avais à faire, je vais me coucher. Sans parler au prêtre, pour changer. Il doit vraiment me trouver impolie et désagréable, le pauvre. Mais il m'impressionne toujours, alors je n'arrive pas à faire le premier pas pour le saluer. Et lui, pourquoi ne fait-il pas le premier pas ? Peut-être que je ne l'intéresse pas... ou qu'il a de moi une mauvaise opinion, ce qui ne serait pas étonnant vu mon comportement.

**

Je m'éveille à l'aube, comme tous les matins. Je vous ferai grâce de mon rituel quotidien, pour une fois : cela risque de devenir énervant, à force. Une fois tout cela terminé, je me dirige vers l'infirmerie, comme tous les matins, puis je passe ma blouse et me mets au travail en essayant de réitérer mes efforts de la veille : je souris... un peu. Je ne sais pas quand le directeur doit revenir, alors je vaque à mes occupations tout en me préparant psychologiquement pour ce moment. Jusqu'au moment où une infirmière vient me voir avec un sourire. Elle est assez gentille et souriante, en général. Je crois que je l'aime bien. La jeune femme m'annonce en plaisantant et en me faisant un petit clin d'œil :

« Le directeur est là et t'attend, je crois bien que tu lui as tapé dans l'œil ! »

Comme je ne la connais pas vraiment, je ne suis pas assez à mon aise pour répondre à sa plaisanterie... donc je rougis – assez violemment, comme toujours – en balbutiant simplement :

« J'arrive... »

L'infirmière me conduit devant la petite pièce où se trouve le directeur. Je suis toujours rouge, et elle rit un peu. Malgré tout, histoire de m'aider vu qu'elle voit que je galère pas mal, elle parle pour moi tout en me poussant dans la pièce et sans pouvoir s'empêcher de pouffer gentiment :

« La voilà, monsieur le directeur. Je vous laisse. »

Les bras ballants et les joues rouges, je dois avoir l'air d'une gamine – ou d'une conne, à voir. Je ne comprends pas pourquoi ce genre de remarques me met toujours dans cet état. Comme si on s'introduisait là où c'est dangereux. On brave ma pudeur et mon intimité, je déteste ça. Même si je sais qu'elle ne pensait pas à mal, qu'elle plaisantait et que de toute façon, ce qu'elle disait est complètement faux. Enfin j'espère, il ne manquerait plus que ça ! De toute façon, je ne vois pas comment un homme comme lui pourrait tomber amoureux – ou je ne sais quoi d'autre – d'une fille comme moi. Non, vraiment. Et pourtant, l'effet est là, je suis une écrevisse.
Malgré tout, je le salue d'un bonjour en entrant, et je souris un peu. L'infirmière sort en refermant la porte, me laissant seule avec lui et sa présence toujours aussi grande et impressionnante. Et là, je ne sais plus ce que je dois dire. Je suis là pour lui refaire son pansement, mais si je le fais sans rien dire, je ne vais pas paraître malpolie ou quelque chose comme ça ? Et si oui, que dois-je dire ? « Je vais vous changer votre pansement » ? Voilà des paroles inutiles et bien inintéressantes ! Il va juste me trouver ennuyeuse. Alors quoi ? Déjà, ne pas rester là à attendre qu'il me dise quoi faire. Il va finir par en avoir marre. Sérieusement. Non parce que quand je fais ça, je suis vraiment lourde, un sacré boulet. Oui oui, voyez, j'en ai conscience. Un bon début, hein ! Ouais bof, je sais, ça suffit pas.

Bref. N'ayant toujours pas trouvé ce que je devais dire – il doit me manquer certaines notions de conventions sociale – je souris un peu et m'approche du placard pour y prendre ce dont j'aurai besoin pour changer le pansement du directeur, avant de venir enfin vers lui. C'est alors que la porte s'ouvre derrière moi. Je me retourne pour voir l'un des médecins de la prison dont je ne connais pas le nom. Il me regarde d'un air étrange avant de reporter son attention sur le directeur et de s'adresser à lui :

« Monsieur le directeur, je sais que vous êtes quelqu'un d'important au Luxembourg, mais je vous rappelle que vous ne pouvez pas prendre librement les médicaments qui se trouvent à l'infirmerie si vous n'êtes pas médecin – ce qui est visiblement le cas. »

Absolument pas gêné de faire des réprimandes à son propre patron – quel cran, au passage, je n'aurais jamais osé – le médecin attend tranquillement la réponse du directeur. Et moi je garde les yeux baissés, essayant de me faire oublier : je ne voudrais pas que l'un ou l'autre des deux hommes me prennent à témoin dans cette affaire qui ne me concerne absolument pas. Bon, il n'y a pas vraiment de raison que ça arrive, mais on ne sait jamais. Je n'ai rien demandé, je n'ai aucune envie que l'un d'entre eux m'en veuille ou soit déçu par mon attitude. Oui, c'est con, mais j'aimerais que tout le monde m'aime. Même si dans mes moments de lucidité, je sais que c'est impossible de plaire à tout le monde... Bref, tout ce que je veux, c'est changer le pansement du directeur le plus vite possible et aller m'isoler toute seule dans mon coin pour jouer à l'asociale.

[Désolée, j'ai du mal à faire du rp qui bouge avec Adé'... >< J'espère que ça t'ira quand même éè]
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeSam 13 Juin - 16:05

J'ai mes médicaments dans une main et mon verre d'eau dans l'autre quand la jeune infirmière revient avec Adélie… Et sans le médecin de garde. Je me félicite d'avoir été assez explicite avec juste un regard, la remercie et elle se sauve. Adélie est comme figée, pour changer, et rouge comme une tomate. Je me demande bien ce que sa collègue a pu lui dire pour qu'elle soit dans cet état… En fait, c'est pas bien difficile à deviner… Pauvre enfant.

Le temps se fige un bon moment alors qu'elle doit être en train de chasser les idées que sa collègue lui a mis dans la tête et se demander ce qu'elle doit faire. Je me rends compte qu'en prenant le temps de la regarder attentivement, il devient plus aisé de comprendre ce qu'elle pense. Son corps parle pour elle. Elle s'approche enfin du placard et commence à préparer le matériel. Ses doigts tremblent encore un peu. Je souris et m'approche d'elle pour lui tendre mon verre d'eau – auquel je n'ai pas encore touché.


"Je ne sais pas ce que vous a dit cette jeune fille mais je n'ai aucune mauvais intention, Mademoiselle Roche… Uniquement vous inviter au restaurant. Buvez donc un peu, vous êtes tellement rouge qu'on vous croirait malade."

Ce que je peux être cruel avec elle. Mais sa réaction est tellement agréable à décrypter. Finalement, je crois que je l'aime vraiment bien, cette petite. Je vais pour me servir un autre verre – j'ai toujours pas bouffé mes médocs et j'ai mal à l'épaule – quand la porte s'ouvre. Mon sourire disparaît alors, remplacé par une mimique de contrariété.

Le médecin de garde.

Et voilà qu'il me fait la morale. Je soupire ouvertement en remplissant tranquillement mon verre d'eau. Il est évident qu'il ne va pas m'empêcher d'avaler ce que j'ai prévu de prendre, mais il compte bien faire en sorte que je le regrette… On verra qui est le meilleur à ce petit jeu. Je mets mon cocktail dans ma bouche et vide mon verre avant de lui répondre enfin :


"Docteur Mâshain, vous n'êtes pas sans savoir que mon corps est tolérant à une grande quantité de drogues et poisons différents. Cela a pour triste conséquence qu'un anti-douleur classique n'a aucun effet sur moi. Que préconisez vous donc dans un tel cas si ce n'est le cocktail que je viens de prendre et que vous connaissez parfaitement puisqu'il est décrit dans mon dossier médical ?"

Son regard me donne sa réponse, mais je ne peux m'empêcher de sourire en attendant qu'il la dise à haute voix. Il semble hésiter et attend que j'ai rompu le contact visuel avant de se lancer pendant que je m'installe pour que Adélie puisse faire son travail.

"Je ne lui donnerais rien. Vous connaissez ma manière de penser et vous savez que je ne cautionne pas cette habitude qu'a la famille royale de se prémunir contre les poisons en en consommant tous les jours."

Déboutonnant tranquillement ma chemise, je lui souris à nouveau :

"Croyez bien que j'étais de votre avis à 15 ans, quand mon père m'empoisonnait un petit peu toutes les semaines à m'en rendre fiévreux et délirant. Mon corps en est, certes plus résistant, mais se faire planter une fourchette dans le dos n'est pas ce que je connais de plus agréable. Si vous voulez, vous pouvez essayer, vous comprendrez que j'ai eu envie d'un peu de drogues… Me priver de ces calmants est très égoïste de votre part. Non pas envers moi, mais envers les employés et les prisonniers qui seront amenés à croiser ma route alors que je soufrerai. D'ailleurs, Docteur, c'est bien parce que vous en avez conscience que vous vous contentez de me faire la morale. Si ça peut vous rassurer, je dirais à Mademoiselle Roche ce que j'ai pris et elle pourra le consigner dans le dossier. De cette manière, vous serez couvert."

Je me tais et plonge mes yeux bruns-rouges dans les siens. Il ne soutient pas longtemps mon regard et maugrée encore un peu pour sauver les apparences… Mais je n'en ai pas fini avec lui, je vais lui porter l'estocade afin qu'il ne lui vienne plus à l'idée de m'emmerder à l'avenir. J'ôte ma chemise et la pose sur mes genoux. Un regard rapide à Adélie me permet de comprendre qu'elle attend que la tension baisse avant de commencer son travail. Je termine donc :

"D'ailleurs, Docteur, vous êtes vraiment de mauvaise foi. Vous me faites confiance quand il s'agit d'injecter une dose de morphine à un patient, de lui faire une attelle ou quelques points de suture et vous prétendez que je ne suis pas assez responsable pour savoir quels médicaments vont faire de l'effet sur moi."

Il se redresse, prêt à répondre contre mon attaque… Je dis quand même clairement qu'il est irresponsable, là… Mais il croise mon regard et se résigne. Je lui souris, moqueur.

"Vous pouvez avoir la conscience tranquille, Docteur, vous m'avez prévenu des dangers de l'automédications. Maintenant, retournez à vos activités et laisser à Mademoiselle Roche le soin de s'occuper de moi. Bonne journée."

C'est plus un ordre qu'une proposition et il le comprend très bien. Il me salue à son tour et quitte les lieux sans un regard de plus. Je soupire. Le silence s'installe dans la pièce mais je ne le laisse pas prendre le contrôle des lieux. Retirant d'un geste sûr mes cheveux de mon dos afin de les passer, en avant, sur mes épaules, je lance :

"A nous, Mademoiselle Roche. Je suis tout à vous… Enfin, mon dos est tout à vous…"

Je ne suis pas certain qu'elle remarque le sourire mutin qui orne mon visage…
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeSam 20 Juin - 20:09

Pendant que je cherche mon matériel dans le placard, le directeur s'approche de moi sans un bruit – ou alors je suis trop perturbée pour m'en rendre compte – et me tends son verre d'eau. Je ne sursaute pas, par chance, car le verre aurait sans doute terminé par terre. Je me retourne, plus rouge encore, car je me dis que s'il me propose de boire, c'est qu'il a du remarquer mon trouble, trouble qu'il ne doit pas comprendre tant il est ridicule. Et s'il le comprend, je crois que c'est pire encore. C'est vrai, n'est-ce pas un peu – beaucoup – prétentieux que de croire aux inepties de l'infirmière ? En tout cas, moi, je trouve que si. Bref. Je le regarde, il me sourit. Avant que j'aie pu prendre le verre, mon patron m'explique qu'il n'a aucune mauvaise intention. Jusque là, je m'en doutais, mais je crois que si j'avais été en train de boire, la suite m'aurait fait m'étouffer. Pour le coup, je me fige simplement, en rougissant davantage encore, lui a l'air de bien s'amuser. Pas méchamment, certes, mais tout de même. D'un côté, il a bien raison. Je suis tellement pitoyable que moi-même, j'ai envie de me mettre des baffes.
Et là, pour le coup, je ne sais plus quoi faire. Je prends le verre avec hésitation puis le porte à mes lèvres pour boire tout en réfléchissant. Est-ce qu'il plaisantait ? Et s'il ne plaisantait pas, est-ce qu'il vient de m'inviter ? Est-ce que je dois lui répondre ? Ou bien attendre qu'il me pose la question ? Ou bien n'ai-je pas le choix ? Dans tous les cas, je me sens coincée. Si je réponds – par oui comme par non – il se peut tout à fait que je réponde à côté. C'est même fort probable. Mais si ça se trouve, il attend ma réponse. Cela dit, je préfère lui mettre un vent involontaire que me ridiculiser, je crois. Quoi que... Et voilà, indécise, comme toujours ! Un de ces quatre, il faudra que je me mette au fait des conventions. Que suis-je censée faire dans une telle situation ? Y a-t-il une règle ? Sans doute, sinon les autres ne s'en sortiraient pas mieux que moi. C'est juste que je ne connais pas la règle en vigueur. Voilà, c'est ça. Une question de convention, de règlement. Facile, n'est-ce pas ?
En tout cas, très lâche.

Bon. Lorsque le médecin rentre, j'entends les deux hommes se disputer devant moi. J'essaie de ne pas trop écouter ce qu'ils disent – cela ne se fait pas – mais je ne peux m'empêcher d'écouter l'histoire du directeur. Empoisonné par son père pour être résistant ? Quelle horreur ! Décidément, cet homme a dû beaucoup souffrir... ce qui explique sans doute certains aspects de son comportement. Enfin je ne suis pas psy, je ne voudrais pas raconter de conneries. Mais je ne vois pas comment on pourrait être équilibré et en harmonie avec le monde qui nous entoure après une enfance pleine de souffrance. C'est mon avis et je le partage. Cet homme a enduré beaucoup de choses, et il s'est relevé. Sûrement seul. On est toujours seul dans la souffrance. Ou presque. Moi j'ai eu de la chance. Ce n'est pas le cas de tout le monde, loin de là.
Je regarde le directeur sans trop y faire attention. Lui s'occupe du médecin, il n'a pas du faire attention. C'est fou comme le regarde que l'on porte sur les autres change au fil du temps. J'ai été dure avec lui, la première fois que je l'ai vu. Je juge souvent un peu vite. Je devrais faire plus attention à être tolérante, une fois de plus c'est démontré. Bref. Une fois que le médecin est parti, le directeur me présente son dos et me dis de commencer. « Oui », réponds-je un peu plus fermement que d'habitude – quand on en a assez d'être une imbécile, on essaie de faire un travail sur soi... Ne croyez pas, néanmoins, que cette fermeté toute nouvelle va durer, personnellement j'en doute. Mais bon, c'est mieux que rien. Je pose mon verre, prends ce qu'il me faut pour les soins du directeur et m'approche de lui. En silence. Il ne faut pas abuser non plus.

Bon, et cette histoire d'invitation, alors ? Je n'aime pas rester comme ça dans l'ignorance. Je devrais lui demander. Vous m'avez dit... laisser la fin de la phrase en suspens, pas mal pour lui laisser le choix dans sa réponse. Mais est-ce que je veux vraiment savoir ? Je veux dire, s'il m'a invité, je réponds quoi, moi ? Ai-je envie de manger avec mon directeur, de passer une soirée à rougir et à être gênée, à ne pas savoir où me mettre ? S'il me demande, pourrai-je dire non ? Pour cela, encore faudrait-il savoir si je veux répondre non. Je ne sais pas ce que je veux. Ce serait vraiment gentil de sa part, mais... et s'il avait une arrière pensée ? Malgré mon apparence – et mon comportement – de gamine, je suis une femme, même si ça me répugne de le reconnaître. Et lui est un homme. Il se pourrait donc qu'il ait une arrière pensée, même si ça semble assez peu probable. Pas impossible, donc. Et si c'est le cas, accepter un repas, n'est-ce pas accepter ce qui pourrait en découler ?
Je ne veux pas imaginer seulement ce qui pourrait en découler, ça me fait bien trop peur. Rien que d'y penser, je sens mon cœur qui s'emballe tandis que je soigne le directeur, ma respiration qui s'accélère. Je fais une courte pause dans mon travail, le temps de retrouver mon calme. Souffler, respirer. Je ne dois pas me mettre dans un tel état pour si peu. Ce n'est qu'un repas, après tout. Et encore, je ne suis même pas sûre. Si ça se trouve, il plaisantait. Juste pour me charrier. Ce qui serait compréhensible quand on voit ma manière de me comporter. Je ne pourrais pas lui en vouloir, si c'était le cas – à moi oui, en revanche, vu comment je pars au quart de tour !
Bon, une seule manière de le savoir. Au pire, quoi ? Je me prends la honte ? Et alors ? Ça n'a jamais tué personne, et me casser la gueule de temps à autre ne me ferait pas de mal. Allez, on se lance. De toute façon, se taire et attendre n'a jamais rien résolu. Je crois. Il va vraiment finir par croire que je le déteste ! Et puis de toute façon, si je ne dis rien il finira par me demander pourquoi j'ai arrêté de m'occuper de son dos. Et comme je ne suis pas tout à fait calmée, si je m'y remets il va sentir les tremblements de mes mains. Donc il me demandera aussi. Je n'ai pas le choix, je dois...
Prendre la parole, si si, tout ça, vous ne vous rendez pas compte !

« Vous... »

C'est presque ça, encore un effort. Avec quelques mots en plus, peut-être qu'il comprendra même ce que j'ai voulu dire, c'est magique !

« Tout à l'heure, vous avez dit... »

Et là, la panne. Je ne peux pas aller plus loin, c'est plus fort que moi. Le risque de me ridiculiser l'emporte. Comme toujours. Une gamine, je vous dit. Ce sont mes émotions qui me font agir, la plupart du temps. Là, par exemple. Il n'y a plus qu'à espérer qu'il comprendra de quoi je veux parler. Ou que ça réponse répondra à ma question, sans qu'il s'en rende compte. C'est beau, de rêver. Ah au fait, devinez quoi ! Ma voix a retrouvé son timbre habituel et son hésitation naturelle ! Super, non ?

[Désolée, toujours pas beaucoup d'action avec Adé' :/]
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeDim 12 Juil - 2:50

Elle met encore un moment à se décider puis vient commencer les soins. Visiblement, entre mon invitation et le passage du médecin, elle est particulièrement perturbée. Elle se met au travail laissant le silence prendre le contrôle de l'ambiance. Je laisse faire pour le moment, elle a assez à penser. Je me demande à quoi elle pense. Se demande-t-elle a quel point je suis sérieux ? Peut être pense-t-elle que je plaisantais, il faut que je fasse en sorte d'être clair, mais il ne faut pas non plus qu'elle se sente obligée d'accepter, ce n'est pas facile. Elle risque de se sentir forcée et ce n'est pas le but.

Soudain, elle arrête de travailler, elle hésite, elle réfléchi… que se passe-t-il dans sa tête, j'aimerai bien le savoir. En plus, je ne peux pas la voir, ça n'aide pas. Alors que je vais briser le silence, elle prend enfin la parole. Un sourire ravi illumine mon visage. Elle doute totalement mais d'un autre côté, si elle me demande des explications c'est qu'elle y croit. Elle m'a donc bien pris au sérieux, c'est un bon début. Maintenant, il faut que je trouve un moyen de ne pas la faire fuir en répondant…


"Je vous ai invité au restaurant, oui… Je me demandais ce que vous faisiez de vos jours de congé. Le Luxembourg est un pays magnifique, vous venez de France, il me semble. Je me propose de vous faire visiter mon pays et la capital est un premier pas, non ? Nous sommes à moins de 10 minutes en voiture du palais, je pourrais…"

Je me tais brusquement. Qu'es-tu donc en train de faire, Pyth ? On dirait un adolescent. Je me tourne vers elle et plonge mon regard dans le sien en souriant. Un sourire calme, ni moqueur ni manipulateur. Juste un sourire doux, franc. C'est fille m'est vraiment sympathique, je ne veux pas la troubler de trop.

"Je suis sérieux, Mademoiselle Roche, j'aurais grand plaisir à vous inviter au restaurant mais pas en tant que votre supérieur, juste en tant que… ami ? Vous ne devez en aucun cas vous sentir obligée d'accepter et je ne vous en voudrai aucunement si vous refusez."

Je crois que c'est trop pour elle, là. Je lui tourne à nouveau le dos, elle n'a pas encore fini de refaire le pansement, ça va lui donner l'occasion de faire quelque chose pendant que ses pensées tournent et retournent dans tous les sens.

"J'ai bien conscience de vous prendre au dépourvu et je ne vous demande pas de réponse dans l'immédiat. Je commence à vous comprendre un peu et il vous faut du temps pour admettre les choses et les accepter. J'attendrai donc votre réponse et je ne vous en reparlerai pas le premier. Je suis patient, ne vous inquiétez pas. Quand vous serez décidée, je vous laisserai choisir où vous voudrez manger, il y a de tout à Luxembourg : chinois, italien, français…"

Je n'ai rien d'autre à ajouter pour le moment. Le silence reprend ses droits peu à peu et je me décide à ne pas le rompre. Mais les évènements en décident autrement, elle n'a pas encore eu le temps de faire quoi que ce soit que la porte s'ouvre à la volée. C'est l'infirmière qui m'a accueillie à mon arrivée.

"Adélie, dépêches toi, on vient d'avoir une entrée on a besoin de toi : une bagare entre prisonniers, il y en a deux en sale état. Tu es attendue en salle 3."

La porte se referme aussi brusquement qu'elle s'est ouverte et nous nous retrouvons de nouveau seuls. Comme si brusquer Adélie était la chose à faire ! Quels idiots ! N'ont-ils donc pas compris comment elle fonctionnait ?
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MessageSujet: Re: Un homme blessé, une lueur d'humanité...   Un homme blessé, une lueur d'humanité... Icon_minitimeMar 14 Juil - 0:26

Je n'aime pas trop le silence que le directeur me laisse tranquillement installer dans la pièce. Non, vraiment pas. Mais je fais mon travail en silence, parce que je ne sais pas quoi dire. Et parce que je crois que le directeur apprécie ce vide. Sans ça, je ne vois pas pourquoi il voudrait toujours que ce soit moi qui le soigne. De toute façon, je ne suis pas là pour discuter, je suis là pour apprendre à soigner les gens. Bon, il est vrai que le métier d'infirmière est presque autant social que médical, mais toujours est-il que ce n'est pas de discuter avec les patients, en particulier s'ils ne le désirent pas. Voilà une bonne raison de ne pas essayer de changer, parfait. J'aime le confort.
A ma question, le directeur répond assez rapidement, et je sens un sourire dans sa voix. D'après ce qu'il me dit, je ne me suis pas rendue ridicule, et j'ai bien compris. Et lui a compris ce que je voulais dire par ma phrase plus qu'évasive. Ouf, un stress de moins. Maintenant, il va falloir réfléchir à cette invitation. Est-ce que je peux refuser ? Est-ce que je veux refuser ? Me montrer son pays ? J'avoue que je suis flattée, c'est vraiment gentil de sa part. Pourquoi moi ? Je l'ignore. Mais ça me fait plaisir, même si ça me terrifie aussi. D'aller manger avec lui, je veux dire. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas terrifiée par lui précisément. Depuis que je suis dans ce château, je ne suis pas sortie une seule fois. Et même avant, à part pour aller chez le psy ou, encore avant, la fois où Damara m'a fait visiter le village près de Sadismus, je ne suis quasiment jamais sortie. Tous ces gens, dehors, ça me rend malade. Non pas que j'aie vraiment peur d'eux, mais... ils sont comme maintes petites forteresses imprenables. Je ne sais pas comment les aborder, comment me comporter. Et c'est ça qui me fait mal, je crois.
D'un autre côté, si je suis avec le directeur, avec la présence qu'il a je n'aurai pas trop à me soucier d'autrui, je pense. Il suffit de me focaliser sur lui – pas trop quand même, je ne voudrais pas passer pour... je ne sais pas, quelqu'un de désagréable ou d'intrusif. C'est peut-être ça, la solution. Mais pourquoi moi ? Franchement, ça me perturbe un peu... enfin d'un autre côté, j'ai remarqué qu'il appréciait être avec moi. Peut-être... qu'il m'aime bien ? Ce qui signifie qu'il va falloir être prudente, je n'ai pas envie qu'il finisse par s'amouracher ou je ne sais quoi. Non, vraiment pas. Ce n'est pas que je le juge indigne de moi ou quelque chose comme ça – je ne vois vraiment pas qui pourrait l'être – mais plutôt que ça me terrifie encore plus que d'aller au restaurant. Normal, me direz-vous. En attendant, le mot « ami » qu'il prononce avec un sourire franc me rassure un peu. Ami, ce n'est pas ambigu. Alors on met ses œillères et on croit le monsieur. C'est vachement pratique, la naïveté, je trouve.

La dernière phrase du directeur me prend encore plus au dépourvu que l'invitation, mais elle me fait aussi vraiment plaisir. Il ne veut pas me brusquer, il agit comme... un ami, justement. Et il m'a cernée en peu de temps. S'il me regardait à cet instant, c'est un sourire de gratitude troublée qu'il verrait sur mon visage. Mais il me tourne le dos. Pour l'instant, je ne réponds rien, je réfléchis à toute vitesse, mine de rien. Un constat. Si je ne lui réponds pas tout de suite et qu'il ne m'en reparle pas, alors je ne lui répondrai jamais. Ce ne sera même pas un refus, ce sera un silence, une absence de réponse. S'il ne m'en reparle pas, je n'oserai tout simplement pas remettre ça sur le tapis. Ni pour refuser – de peur de le décevoir peut-être – ni pour accepter – de peur qu'il ait changé d'avis. Je commence à me connaître un peu. Donc puisque ne pas lui répondre le décevrait sans doute aussi, il faut que je réponde tout de suite. Par oui ou par non, mais maintenant. Par oui ou par non, telle est la question.
Bon. Face à une décision difficile – ne riez pas, ça l'est – l'idéal est de peser le pour et le contre. Déjà, est-ce que j'en ai envie ? Je crois que oui, même si ça me fait un peu peur. J'aimerais bien être quelqu'un de sociable, même si je ne suis pas sûre d'être prête pour ça. Sortir de cet endroit, ça ne me ferait quand même pas de mal. Et puis... malgré tout, je crois que je commence à l'apprécier. D'autre part, même s'il ne veut pas que je me sente forcée, moi je n'ai pas envie de le décevoir ou quelque chose comme ça. Ce serait trop ingrat, vu comment il est gentil avec moi. Et vu que ce n'est pas mon seul argument... Après, ce qui est moins bien, c'est la proximité avec un homme. Ça me fait un peu peur, on ne sait pas ce qui peut en découler. Mais j'ai envie de croire à ce mot « ami ». Et si je vois qu'il se rapproche trop, il sera toujours temps d'aviser. Ou pas, c'est sûr. S'il se rapproche trop, il sera sans doute trop tard. Mais ça n'arrivera pas, n'est-ce pas ?
Voilà, il faut que je dise oui. Maintenant. Mais les mots ont du mal à dépasser le seuil de mes lèvres. Une hésitation, toujours. A présent que j'ai pris ma décision, il faut que je trouve le courage de lui en faire part. Et ça, ce n'est malheureusement pas gagné. Une minute passe, il faut que je fasse quelque chose.

« Merci... »

Bon, déjà le remercier de m'avoir invitée et d'avoir tant d'égards et de patience, c'est un bon début. Ça fait gagner du temps, c'est toujours ça de pris. Revenons à nos réflexions... Je n'ai malheureusement – heureusement ? – pas le temps de m'appesantir davantage sur cette invitation, car une personne entre en trombe dans la pièce où nous nous trouvons. Un peu perturbée, je l'écoute m'expliquer que je dois me dépêcher, il y a des blessés. L'infirmière sort, nous laissant seuls une fois de plus. Et voilà que j'en suis toute dévariée. Je n'ose plus réfléchir, car je suis là avant tout pour faire mon travail – ça vous en bouche un coin, non ?! Je me remets donc à faire le pansement du directeur, que j'avais un peu négligé depuis quelques minutes, le plus vite possible tout en essayant de faire attention à ce que je fais. Je me sens plus mal à l'aise que précédemment, car je dois faire en sorte d'obéir tout en m'occupant de mon patient. Et je ne sais pas doser, on ne m'a pas appris. Je sais, c'est censé être inné. C'est à chacun de connaître ses priorités, ses valeurs. Moi, je ne les connais pas. J'aimerais pouvoir plaire à tout le monde. C'est impossible, je le sais. Mais ça ne m'empêche pas de le vouloir. Et de paniquer quand je perds le peu de contrôle que j'ai.
J'ai fini. Je range et nettoie le matériel, puis m'apprête à sortir. Je n'ai plus prononcé un mot, il va croire que je suis vexée ou que je ne veux pas, ou... ou je ne sais pas quoi. Il faut que je dise quelque chose. « Au revoir », ou bien « Désolée, je dois y aller », ou quelque chose comme ça. Pourtant, ce qui sort, ce n'est pas ça...

« Je veux bien... pour le restaurant. »

Eh oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est ça qui sort d'entre mes lèvres. J'ai dû le bluffer, là. D'ailleurs, je me suis bluffée, moi. Je rougis, baisse la tête et souris. Comme quoi, c'est toujours impulsivement que j'arrive à dire les choses que je veux dire. Au moment où je n'y pense plus, au moment où je ne m'y attends pas. Enfin c'est déjà ça. Mais du coup, je ne sais pas si je dois sortir ou attendre qu'il m'ait répondu. Alors je reste bêtement à un mètre de la porte, à fixer mes pieds tout en l'observant à l'orée de mon champ de vision, faisant mine de ne pas faire attention à lui. Mon cœur bat vite, trop vite, comme si je m'attendais encore à ce que ce fût une blague. Je sens comme un nœud à mon plexus, je stresse. Une vraie gamine !
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